dimanche 6 avril 2014

France Dimanche (1)

La Foule "La Foule" (1996)
ou "Emporté par La Foule"


     Ha le rock en français, le rock français en français même... Souvent un sujet d'embarras quand on parle avec un anglais ou un américain et qu'on n'a qu'un "maigre" Jojo lalalidé , un Trust qui porte beau sur quelques albums avec ses diatribes péri-syndicalistes mais est de toute façon plus hard que rock, un Téléphone dont on bénit que son interlocuteur ne comprenne pas les paroles douloureusement adolescentes (ce à quoi vous me répliquerez que les Beatles, les Beatles !, en leur temps, etc. Oui mais en anglais ça sonne !). Bref, si notre langue est riche elle se prête assez mal à l'adaptation rythmée et vocalisée de la musique de danse de jeunes originaires des fifties finissantes étatsuniennes.
 
     A chaque règle, évidemment, il y a des exceptions et, justement, avec La Foule, groupe mené par l'excellent toulousain Antoine Essertier, nous en tenons une belle, à défaut d'une qui fit florès mais tout ce qui est bon n'a pas forcément la chance de rencontrer le succès comme vous ne le savez que trop bien...
     Et donc, en 1996 parait le premier, et hélas unique, d'une formation de rock française, s'exprimant en français sans que jamais la moindre gêne, le moindre décalage culturel, ne se fasse jour. La recette du miracle ? Une forte personnalité déjà parce que j'ai eu beau chercher à quel luminaire anglophone les petits français me faisaient penser, et rien. Il y a bien des influences, des effluves de quelques grands anciens comme Led Zeppelin (et les orientalismes bienvenus de Robert Johnson et d'autres), des rapprochements avec le meilleur de quelques "collègues" (Bertignac sur Ecoutez-moi, Daran, un grand pote d'Essertier avec lequel il a justement collaboré ceci dit en passant, sur la Folie) mais rien qui ne soit criant ou particulièrement envahissant. La Foule sont avant tout eux-mêmes, on ne les voudrait pas autrement.
     Parce qu'on a là une fine équipe de musiciens, un groupe resserré, un quatuor au line-up assez inhabituel pour le genre de musique pratiqué puisqu'au classique de chez classique guitare, basse et batterie se voient ajoutées des percussions. Une fine équipe donc, possiblement des virtuoses mais la démonstration technique n'étant pas l'objet on ne pourra parler que d'une absolue maîtrise instrumentale en la circonstance. Quoiqu'il en soit, on ne peut que remarquer une basse particulièrement riche ici (L'âge du capitaine), des riffs si bien trouvés qu'on a parfois l'impression de les avoir entendu ailleurs sans vraiment pouvoir définir d'où ou de qui, des chœurs riches supportant la voix médium d'Antoine et ses "pétages de plombs" énervés bienvenus, une batterie à la lourdeur proverbialement Bonhamienne, et des percus qui sont définitivement un élément décisif offrant un supplément d'allant, d'énergie autant que de finesse au son de la formation. Et de foutues bonnes compositions surtout ! Des refrains qu'on retient instantanément et ne lassent pourtant pas (Demain c'est dimanche, Ecoutez moi, La chanson préférée). Des paroles bien troussées, poétiques et pas connes qu'on n'en entend pas tous les jours en rock francophone (évoquant même des sujets parfois difficiles, voir Constance Lerouge). Des idées musicales comme s'il en pleuvait dans un cadre rock pourtant toujours respecté stricto sensu. En un mot comme en mille, une formation DOUEE. Et bien mise en son avec la voix bien dans le mix comme il se doit pour le rock'n'roll, et une clarté d'ensemble d'autant plus appréciable que la performance est, je me répète, pas grave, belle.

     Hélas, mille fois hélas le succès ne fut pas au rendez-vous et de suite à La Foule il n'y eut point. Antoine Essertier disparut d'ailleurs de la sphère exposée de la musique française même si je ne doute pas que, quelque part, il ronge son frein et prépare son retour (vivement !). Reste cet album, quasi-introuvable aujourd'hui (sauf d'occasion), une vraie belle réussite prouvant que rock et français peuvent fonctionner ensemble quand ils sont confiés à d'habiles artisans comme c'est clairement le cas ici.


1. Robert Johnson 3:43
2. Demain c'est Dimanche 5:13
3. Ecoutez-moi 4:18
4. La Folie 3:19
5. L'âge du Capitaine 4:20
6. Au Sexe Moderne 3:00
7. Les Fantômes 3:49
8. Je reste au lit 4:12
9. Viens voir ailleurs 5:04
10. La chanson préférée 3:06
11. Constance Lerouge 3:57
12. Terence Hill 3:43


Skiz - basse, chœurs
Syl East - batterie, chœurs
Fab "Koala" Drigues - percussions, chœurs
Antoine Essertier - chant, guitares

7 commentaires:

  1. Français ? Rock ? Tu m'étonnes que je prends !!!

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    1. A mon avis ça devrait beaucoup te plaire... ^_^

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    2. Super belle surprise. Celui-ci va rester dans mon lecteur MP3 un sacré bon bout de temps.
      La preuve qu'en France, on sait aussi faire du très bon rock.
      Zornie, t'es un frère !!!

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    3. En vérité, c'est à toi que j'ai pensé en choisissant cet album dont j'étais sûr que tu ferais tes choux gras.
      Allez, encore une jolie surprise demain et je te perds pour le reste de la semaine ! ;-)

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  2. ;) http://eltalentodering.blogspot.mx/2014/04/utopium-utopium.html

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    1. Pas tout compris mais il me semble bien y décrypter un discret hommage. Merci donc.

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  3. on dit aussi des aveugles ceux qui ne veulent pas voir

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