vendredi 5 décembre 2014

Tire le fil #1

Faut-il que je vous explique le principe de ce post où vous voyagerez d'album en album, de musicien en musicien ? Vu la présentation que j'en ai faite, je ne pense pas... Alors embarquez avec moi, tirez le fil et découvrez, surtout !, découvrez !
 
aRCHaNGe SoLo
Peter Gabriel "Car" (1977)
ou "ReGenesis"

Un artiste qu'on ne présente plus et un album qui gagnerait à être plus connu, c'est la combinaison que je vous propose avec le tout premier album solo de l'ex-Genesis Peter Gabriel.
On ne s'en souvient par forcément mais, quand elle fut annoncée, la sépartation d'un des groupes phares du rock progressif anglais et son charismatique vocaliste causa quelque émoi et beaucoup d'interrogations quand à la suite que chacune des parties allait donner à leur carrière. Genesis tirèrent les premiers rassurants leur dévots par une impeccable doublette avec Trick of the Tail et Wind and Wuthering (février et décembre 76) réussissant magnifiquement la transition qu'on pensait pourtant - si ce n'est impossible - extrêmement hasardeuse.
L'Archange s'en trouva d'autant plus mis sous pression mais releva parfaitement le gant, dès février 77, avec ce qui reste une des plus belles réussites de sa longue et fructueuse discographie.
Il faut dire que, sous la houlette de Bob Ezrin (qu'on ne présente plus et que je ne présenterai donc pas), Peter rassemble un sacré casting avec, notamment, Robert Fripp et Tony levin (tous deux de King Crimson), Steve Hunter (Alice Cooper), Allan Schwartzberg (James Brown, Mountain, Roxy Music), etc.
Dès la première chanson (du Genesis sans Genesis) les fans sont rassurés, Peter est toujours ce vocaliste théâtral à l'imagination fertile et à la fêlure presque soul. On notera la stratégie de mettre en ouverture le titre le plus proche des exploits passés de Gabriel, bien joué. D'autant que la suite démontre que Gabriel est bien parti pour faire autre chose que du rock progressif (même si cette musique demeurera une des composantes de son style). De fait, Solsbury Hill oscille entre folk et pop, Excuse me est gentiment jazzy/désuet, etc. Pas deux chansons ne se ressemblent ici et pourtant le tout est cohérent et s'imbrique à merveille. Certains reprocheront la relative froideur de la production (qui est le signe avant-coureur du glissement "New Wave" à venir), mais certains sont prompts à toujours chercher la petite bête là où il faut simplement s'esbaudir de tant de talent ! Et quand, pour achever l'affaire, Peter délivre un Here Comes the Flood richissime en émotion, c'est la critique toute entière qu'il achève, magistralement.
Peter Gabriel est grand, tous ses albums sont indispensables, c'est un fait. Juste, celui-ci est peut-être encore plus indispensable que les autres.

1. Moribund the Burgermeister 4:20
2. Solsbury Hill 4:21
3. Modern Love 3:38
4. Excuse Me 3:20
5. Humdrum 3:25
6. Slowburn 4:36
7. Waiting for the Big One 7:15
8. Down the Dolce Vita 5:05
9. Here Comes the Flood 5:38

Peter Gabriel – vocals, keyboards, flute, recorder
Allan Schwartzberg – drums
Tony Levin – bass, tuba, leader of the Barbershop Quartet
Jimmy Maelen – percussion, synthibam, bones
Steve Hunter – electric, acoustic & rhythm guitar, pedal steel
Robert Fripp – electric & classical guitars, banjo
Jozef Chirowski –keyboards
Larry Fast – synthesizer, programming
Dick Wagner – backing vocals and solo guitar on "Here Comes the Flood" & "Slowburn"
London Symphony Orchestra on "Down the Dolce Vita" and "Here Comes the Flood"
Michael Gibbs – arrangement of orchestra

avec Allan Schwartzberg (batterie)

FeRRy PouR La PoP
Roxy Music "Flesh and Blood" (1980)
ou "A new Roxy?"

Ce n'est pas le meilleur album de la bande de Bryan Ferry et Phil Manzanera, pour certains c'est même le pire !, Flesh and Blood est le coup de semonce de l'ultime tournant stylistique des glam-heroes de Roxy Music, et donc un album important.
Un bon album pour autant ? Certes pas mais pas la cagade que d'aucun dépeigne avec une délectation vengeresse. Parce que, si l'ambition artistique a clairement été remisée, il y a tout de même quelques chansons qui feraient dresser l'oreille, frétiller la queue du plus endurci des cabots... Si on parvient à en encaisser la production présageant d'une décennie ou le clinquant prendra le pas sur le substantiel. En l'occurrence, cette légèreté va bien au teint d'un Ferry tout à tour crooner d'opérette, romantique bien nippé (oui, ça s'entend !),  ou pâle figure androgénique d'un night club à boule à facette.
Musicalement, on navigue entre soul, pop et new wave qui pousse très fort derrière ce qui n'est pas, à priori, ce qu'on attend d'un groupe qui a commis des albums de la trempe de l'éponyme de 1972 ou de son glorieux et indispensable successeur, For Your Pleasure, ni même d'albums moins obligatoires mais pas moins bien troussés (en résumé, tout ce que sortit la formation les deux années suivant le départ d'Eno).  Mais ça fonctionne, comme ça aurait sans doute fonctionné avec une approche moins radicalement radiophonique, parce que les chansons sont bonnes (et que Manzanera y a de temps en temps voix au chapitre) si, ultimement, un peu plus oubliables que le reste de leur catalogue.
Roxy Music, poursuivant sur lancée, reviendra une dernière fois pour le slick et chic Avalon, concrétisation en forme d'apothéose final d'un Avalon toujours recommandé. Comme Flesh & Blood mais surtout aux fans du groupe et du son des années 80 où même d'absolus classiques tels qu'In the Midnight Hour (Wilson Pickett) ou Eight Miles Eyes (Byrds) se paraient d'habits de lumière 100% synthétiques.

1. In the Midnight Hour 3:09
2. Oh Yeah 4:51
3. Same Old Scene 3:57
4. Flesh and Blood 3:08
5. My Only Love 5:16
6. Over You 3:27
7. Eight Miles High 4:55
8. Rain, Rain, Rain 3:20
9. No Strange Delight 4:44
10. Running Wild 5:03

Bryan Ferry – vocals, keyboards, piano, synthesiser (on track 4), guitar (on track 4), and strings (on track 5)
Andy Mackay – saxophones, oboe
Phil Manzanera – guitar, bass (on track 6)
&
Paul Carrack – strings (on track 2), organ, piano (on track 10)
Neil Hubbard – guitar (on tracks 1, 2, 5, and 7–10)
Neil Jason – bass (on tracks 2, 7, and 9)
Andy Newmark – drums (on tracks 4 and 5)
Simon Phillips – percussion (on track 5)
Allan Schwartzberg – drums (on tracks 1-3 and 6–10), percussion (on tracks 4 and 5)
Alan Spenner – bass (on tracks 3–5, 8, and 10)
Gary Tibbs – bass (on track 1)

avec Alan Spenner (basse)

HoRS-PouRPRe
David Coverdale "Northwinds" (1978)
ou "Purple & White"

Northwinds est le second album de David Coverdale depuis la fin d'activité de Deep Purple. Son prédécesseur, WhiteSnake avait proposé un rock gorgé de soul et de blues, cette fois, le vocaliste opte pour une approche plus directement rock sans toute fois totalement dévier de sa ligne.
Produit par Roger Glover et accessoirement dernière sortie, en mars 1978, d'un Purple Records en voie de cessation d'activité, Northwinds est, grosso modo, l'embryon de ce qui va devenir un vrai groupe seulement quelques mois plus tard, dès septembre 78 et l'EP Snakebite d'ailleurs supplémenté, gonflé, de 4 titres du présent opus, dont les trois co-créées avec Micky Moody, pour le grossir en album. En attendant, toujours sous le nom de son mâle leader, avec déjà Moody, donc, distillant quelques licks six-cordés juteusement bluesy, on n'y est pas tout à fait, mais presque. Il manque encore de la niaque développée par le Serpent Blanc avant qu'il ne glisse irrémédiablement vers des sonorités plus FM et américanisées. Parce qu'il reste quelques fantaisies, un petit violon par-ci, un harmonica par-là, des invités, M. et Mme Dio venus pousser la chansonnette sur Give Me Kindness, Lee Brilleaux de chez le Docteur Feelgood (duquel on retrouve aussi le claviériste Tim Hinkley) soufflant furieusement dans son harmo sur le très réussi Keep On Giving Me Love, et même un Coverdale tâtant du piano sur trois titres (Northwinds, Time and Again, Give Me Kindness), autant d'éléments atypiques qui contribuent à la relative légèreté d'un David hésitant encore à se relancer dans le hard rock qui a fait de lui ce qu'il est.
Tout ça nous donne un album sympathique et distrayant, un peu le séant entre deux chaises, entre le soul blues rock de White Snake, première offrande solo de l'ex-vocaliste de Deep Purple, et le hard bluesy d'un Whitesnake (le groupe cette fois) qui fera sa seconde gloire. Un bon album bourré de relents 70s, chaud comme la saucisse qu'on glisse dans le petit pain (ha ha ha !), et recommandé, bien sûr parce qu'encore frais de l'innocence d'un futur en devenir.

1. Keep on Giving Me Love 5:16
2. Northwinds 6:13
3. Give Me Kindness 4:34
4. Time & Again 4:02
5. Queen of Hearts 5:16
6. Only My Soul 4:36
7. Say You Love Me 4:21
8. Breakdown 5:15
Bonus
9. Shame the Devil 3:35
10. Sweet Mistreater 3:45

David Coverdale - lead vocals, piano ("Northwinds" and "Time and Again"), electric piano ("Give Me Kindness")
Micky Moody - guitars, backing vocals
Tony Newman - drums, percussion
Alan Spenner - bass
Tim Hinkley - keyboards, backing vocals
Roger Glover - synthesizer, clavinet, cowbell, production
Graham Preskett - violin
Lee Brilleaux - harmonica on "Keep On Giving Me Love"
Ronnie James Dio - backing vocals on "Give Me Kindness"
Wendy Dio - backing vocals on "Give Me Kindness"

avec Tim Hinkley (claviers)

FeeLGooD RoCK & RoLL
Dr. Feelgood "Sneakin' Suspicion" (1977)
ou "Le bon remède du docteur"

Ils ont sans doute influencé l'explosion punk par leur franche simplicité rock and rollesque, cette fois ils se frottent directement avec ces jeunes énervés, parce que Sneakin' Suspicion sort en mai 1977, en plein dans l'explosion britannique de la crête et de l'épingle à nourrice. Vous croyez qu'ils auraient peur les p'tits gars de Dr. Feelgood ? Même pas !
Parce qu'ils ont la foi avec eux, la foi en un rock and roll franc et direct, énergique et classieux (oui !), la foi en un nouvel album, Sneakin' Suspicion dont la formule est connue, et la qualité toujours présente, la foi qu'avec une solide section rythmique, un guitariste sec et nerveux (physiquement comme dans son jeu) et un vocaliste/harmoniciste charismatique et possédé tout roulera aussi bien que certaines pierres dans les déjà distantes sixties. Et ils ont encore raison cette fois atteignant la dixième place des charts britanniques et un vrai beau succès, au moins d'estime, dans le reste de l'Europe mais pas aux Etats-Unis qu'ils négligeront d'ailleurs définitivement après l'excellent opus présent. Un opus où ils produisent de racées hymnes électriques sans oublier, bien sûr !, quelques salutaires saluts vers le passé parce que, de tous temps, Dr. Feelgood aura plus été dans la transmission que dans la révolution, sauf à considérer que prendre le contre-pied des excès instrumentaux progressifs des années 70 et proposer une musique sèche et frontale tient d'une démarche révolutionnaire (on dirait réactionnaire si le terme n'était pas si chevillé à un droitier conservatisme).
Groupe aux personnalités attachantes (voir le documentaire qui leur est consacré), jalon immanquable d'un retour aux sources bienvenu, Dr. Feelgood est un groupe toujours aussi recommandé, particulièrement sur ses quatre premières sorties : Down by the Jetty, Malpractice, Stupidity (un grand live !) et ce Sneakin' Suspicion, donc... Rock and Roll !!!

1. Sneakin' Suspicion 3:50
2. Paradise 4:03
3. Nothin' Shakin' (But the Leaves on the Trees) 3:28
4. Time and the Devil 2:59
5. Lights Out 1:54
6. Lucky Seven 2:46
7. All My Love 3:47
8. You'll Be Mine 3:17
9. Walking on the Edge 3:39
10. Hey Mama, Keep Your Big Mouth Shut 3:58

Lee Brilleaux - vocals, guitar, harmonica, slide guitar
Wilko Johnson - guitar, backing vocals
John B. Sparks - bass guitar, backing vocals
The Big Figure - drums, percusion, backing vocals
Tim Hinkley - keyboards

avec Wilko Johnson (guitare)

ReNCoNTRe au SoMMeT
Wilko Johnson & Roger Daltrey "Going Back Home" (2014)
ou "Rock'n'roll Rendez-vous"

Il est des rencontres qui tombent sous le sens, des associations qu'on imagine sans se forcer, la collaboration de l'historique guitariste de Dr. Feelgood et du légendaire vocaliste des Who est de celles là, même si elle a mis longtemps à venir...
Qu'il ait fallu les dramatiques circonstances qu'on connaît (la nouvelle que Wilko souffrait d'un cancer du pancréas en phase terminale et n'avait plus que quelques mois à vivre), est malheureux mais finalement symptomatique de l'état d'esprit d'un guitariste refusant de céder, repartant en tournée (triomphale !) et se voyant, finalement, proposé par Roger Daltrey d'aller en studio enregistrer ce que bon lui semblait.
Le répertoire, ce n'est pas une surprise, fait la part belle aux compositions de la référentielle formation où il n'est pourtant pas resté bien longtemps avec, toutefois, quelques originaux de récente conception, qui ne déparent pas, et une belle reprise de Bob Dylan, Can You Please Crawl Out Your Window?. Stylistiquement, pas de surprise, on retrouve Wilko dans on élément en un rock sec et nerveux diablement efficace qui, de fait, est aussi un retour aux sources pour Daltrey qui n'avait plus goûté à cette simplicité rock'n'rollesque depuis que Pete Townsend s'était épris de synthétiseurs et avait décidé que l'ambition avait du bon, pour les excellents résultats que l'on sait (Who's Next, Tommy, Quadrophenia). Tel n'est donc pas le propos ici et c'est, en vérité, un réel plaisir que d'entendre Roger s'époumoner sur une musique qui lui va parfaitement au teint.
Exceptionnel ce Going Back Home qui porte si bien son titre ? Certes pas mais un très bon album de rock franc du collier bien enthousiasmant tout de même, pour les raison précitées mais, surtout !, pour son impeccable abattage... Et Wilko vous me direz ? Toujours vivant, le vieux guitariste a suivi un traitement radical et va mieux, hallelujah !

1. Going Back Home 4:00
2. Ice on the Motorway 2:50
3. I Keep It to Myself 3:21
4. Can You Please Crawl Out Your Window? 3:37
5. Turned 21 3:06
6. Keep On Loving You 2:57
7. Some Kind of Hero 2:25
8. Sneaking Suspicion 3:45
9. Keep It Out of Sight 2:43
10. Everybody's Carrying a Gun 2:55
11. All Through the City 2:50

Wilko Johnson - Lead guitar
Roger Daltrey - Lead vocals, Acoustic guitar
Norman Watt-Roy - Bass guitar
Dylan Howe - Drums, percussion
Mick Talbot - Piano, Hammond organ
Steve Weston - Harmonica

avec Roger Daltrey (chant)

WHo'S WHo
The Who "Endless Wire" (2006)
ou "Qui a peur du grand méchant Who?"

John Entwistle vient alors de nous quitter, Keith Moon lui est mort depuis plus d'un quart de siècle, ça n'empêche pas les deux survivants de relancer encore une fois (une dernière fois ?) leur bonne vieille machine. Voici Endless Wire ou comment Pete Townsend déguise ses œuvres solitaires sous le nom de son historique formation.
Or donc, Endless Wire est le onzième album des Who, le premier depuis près d'un quart de siècle, c'est dire si on l'attendait au tournant, ce retour sans Keith, sans John, surtout quand il était si distancié de la première mort de l'immense groupe. Endless Wire est aussi un album en deux temps, deux tiers collection de chansons, un tiers opéra-rock (Wire & Glass), rien que de très normal, finalement, pour un groupe s'étant, dans le passé, aussi bien exprimé dans l'un que dans l'autre, mais un césure étrange, cependant.
Et commençons par ce dernier, tiens, qui par sa durée et son appellation de mini-opéra évoquerait presque A Quick One While He's Away mais dont l'imagination et l'approche harmonique est nettement moins iconoclaste et furibarde que son glorieux devancier. Ca reste cependant une jolie suite démontrant, s'il en était besoin, que Townsend sait toujours trousser une chanson et déployer ses facultés d'arrangeur même si une certaine "pépèritude" est définitivement présente.
Et donc 9 chansons, une demi-heure seulement, pour la première partie, et un petit coup de modernité pour commencer avec un Fragments épicé d'électronique qui fait son petit effet, à défaut de totalement nous chavirer, et rappelle l'intro du fameux Baba O'Riley, accessoirement. Le reste de neuf titres est un égal festival revival avec, en tête de pont immanquables, des chansons telles que Mike Post Theme ou Black Widow's Eyes qu'on croirait tout droit sorti des sessions de Who's Next s'il n'y avait la voix forcément vieillie, mais toujours de belle tenue, de Daltrey. Alors, évidemment il manque les roulement incessants et périlleux d'un Keith Moon et la basse baladeuse d'Entwistle pour que le bonheur soit vraiment complet mais, en l'espèce, on s'en approche très près ce qui n'est pas un mince exploit.
Alors, non, Endless Wire n'est pas la triomphante campagne résurrectionnelle d'une des plus importantes formations de l'histoire du rock'n'roll, ce n'est pas non plus le fiasco que l'on pouvait craindre, juste un album finalement logique dans le canon des Who, un album ambitieux avec ses erreurs souvent attachantes et ses réussites qui nous prendraient presque de court. Et d'espérer, du coup, que Roger et Pete repiquent un jour, avant qu'il ne soit trop tard, à la Qui-aventure., on l'attend de pied ferme sans, toutefois, se faire trop d'illusion. Bref, Endless Wire est recommandé, et pas seulement si vous êtes fans.

1. Fragments 3:58
2. A Man in a Purple Dress 4:14
3. Mike Post Theme 4:28
4. In the Ether 3:35
5. Black Widow's Eyes 3:07
6. Two Thousand Years 2:50
7. God Speaks of Marty Robbins 3:26
8. It's Not Enough 4:02
9. You Stand by Me 1:36
- Wire & Glass: A Mini-Opera
10. Sound Round 1:21
11. Pick Up the Peace 1:28
12. Unholy Trinity 2:07
13. Trilby's Piano 2:04
14. Endless Wire 1:51
15. Fragments of Fragments 2:23
16. We Got a Hit 1:18
17. They Made My Dream Come True 1:13
18. Mirror Door 4:14
19. Tea & Theatre 3:24
Bonus
20. We Got a Hit (Extended Version) 3:03
21. Endless Wire (Extended Version) 3:03

Roger Daltrey – lead vocals
Pete Townshend – guitars, vocals, bass guitar, drums, piano, keyboards, violin, banjo, mandolin, drum machine
&
Lawrence Ball – electronic music on "Fragments"
Ellen Blair – viola on "Trilby's Piano"
John "Rabbit" Bundrick – Hammond organ, backing vocals
Jolyon Dixon – acoustic guitar on "It's Not Enough"
Rachel Fuller – keyboards on "It's Not Enough", orchestration supervisor on "Trilby's Piano"
Peter Huntington – drums
Gill Morley – violin on "Trilby's Piano"
Vicky Matthews – cello on "Trilby's Piano"
Billy Nicholls – backing vocals
Pino Palladino – bass guitar
Stuart Ross – bass guitar on "It's Not Enough"
Zak Starkey – drums on "Black Widow's Eyes"
Simon Townshend – backing vocals
Brian Wright – violin on "Trilby's Piano"

avec Pete Townsend (guitare)

L'auTRe HeRoN
Mike Heron "Smiling Men with Bad Reputations" (1971)
ou "Freaky Feast"

Quand un membre des excellents écossais de l'Incredible String Band (une valeur à révaluer, pas de doute !) se lance en solo, ça donne un Smiling Men with Bad Reputations à la pochette aussi ridicule que son titre et son contenu sont savoureux, c'est dire !
En vérité, si vous connaissez le travail de Mike Heron avec son habituelle formation, vous ne serez pas fondamentalement surpris par la présente galette, on y retrouve un identique esprit mélodique et compositionnel. Mais une liberté instrumentale accrue du fait, logique !, de la présence de nombreux invités, tous plus prestigieux les uns que les autres, les invités, pensez, une moitié des Who (Townsend et Moon), John Cale, toute la formation irlandaise Dr. Strangely Strange, Ronnie Lane des excellentes Small Faces, Richard Thompson... On s'arrête là mais, franchement, le line-up ressemble à un who's who des belles figures peuplant un rock/folk/pop aventureux mais pas progressif en ces septantes naissantes.
Et la musique ? Du rock qui rythme'n'bluese (avec le saxophoniste Dudu Pukwana en guest star sur Call Me Diamond, avec les Who sur Warm Heart Pastry), de la pop rock typique de l'époque dans ce qu'elle offrait de meilleur (Flowers of the Forest), de l'acoustique caressant au coin du feu (Audrey), en cordes baroques (Brindaban), ou glissant vers un Harrison sous influence indienne (Spirit Beautiful)... Varié, de qualité, à l'ancienne forcément, avec toujours cette petite fêlure, ce je ne sais quoi qui rend un album attachant.
Ce qu'est définitivement Smiling Men with Bad Reputations, un pépite à exhumer de la tombe d'oubli où il a trop longtemps été enterré.

1. Call Me Diamond 4:46
2. Flowers of the Forest 5:48
3. Audrey 4:14
4. Brindaban 3:59
5. Feast of Stephen 4:42
6. Spirit Beautiful 5:23
7. Warm Heart Pastry 6:06
8. Beautiful Stranger 7:27
9. No Turning Back 3:22
Bonus
10. Make No Mistake 3:09
11. Lady Wonder 4:20

Mike Heron - Guitar, Keyboards
John Cale - Bass, Guitar, Vocals, Harmonium, Piano, Viola
Gerry Conway - Drums
Tony Cox - VCS3 Synthesizer
Pat Donaldson - Bass
Dr. Strangely Strange - Backing Vocals
Ronnie Lane - Bass
Sue Glover - Vocals
Mike Kowalski - Drums
Malcolm Le Maistre - Clarinet
Sunny Leslie - Vocals
Dave Mattacks - Drums
Keith Moon - Drums
Simon Nicol - Guitar
Dave Pegg - Bass
Dudu Pukwana - Saxophone, Piano
Rose Simpson - Bass
Liza Strike - Vocals
Richard Thompson - Guitar
Pete Townshend - Guitar
Heather Wood - Vocals

avec Dudu Pukwana (saxophone)

JaZZaFRiCa
Chris McGregor's Brotherhood of Breath "Brotherhood of Breath" (1970)
ou "Fusion Tribe"

Quelque part à la croisée de la musique africaine, du jazz fusion et de l'improvisation, dans la nouvelle mouvance alors peuplée par un Miles Davis en plein recyclage électrique et un Fela Kuti en pleine explosion, sévissait un collectif aujourd'hui hélas trop souvent oublié : Chris McGregor's Brotherhood of Breath, une sacrée bande de musiciens comme le démontre leur impeccable opus éponyme.
Mené par le pianiste/xylophoniste Chris McGregor, comprenant des instrumentistes aussi talentueux et inspirés que les saxophoniste britannique (Mike Osborne) ou sud-africain (Dudu Pukwana),  l'extraordinaire batteur Louis Moholo et son idéal compagnon de section rythmique, le bassiste Harry Miller, c'est une vibrant mini-big band qui s'offre à nous. Un big band, donc, bien de son époque, se perdant avec plaisir dans de jammesques constructions compositionnelles dont l'énorme Night Poem et ses presque 21 minutes sont le pinacle trippant, le nexus afro-jazzé électrique par excellence. Et c'est impressionnant ! Certes, il faut pouvoir encaisser les moult bavardages instrumentaux composant l'œuvre, des bavardages de qualité capables de vriller de trop chastes ou orthodoxes oreilles. Parce que ça part dans tous les sens, avec l'audible bonheur d'une formation nouvellement réunie mais se trouvant déjà formidablement bien, en plus de prendre beaucoup de plaisir à l'exercice de la confection périlleuse mais ultimement réussie d'un hypothétique chaînon manquant entre Count Basie et sa majesté Fela.
Album oublié, rare même, l'initial long jeu de Chris McGregor et de sa Confrérie du Souffle a pris la patine qu'on attend d'une œuvre plus que quadri-décennale. C'est, en 2014, un Objet Musical Non Identifié qu'on redécouvre avec appétit et jubilation, un précurseur d'un afrobeat dont on ne se lasse pas, un cousin d'un Bitches' Brew couronné, lui, d'une plus universelle réputation que cette pépite cachée, et chaudement recommandée ça va sans dire (mais disons le quand même !).

1. MRA  5:06 
2. Davashe's Dream  7:30 
3. The Bride  7:16 
4. Andromeda  4:10 
5. Night Poem  20:42 
6. Union Special  1:50 

Harry Miller - bass
Marc Charig - cornet
Louis Moholo - drums
Ronnie Beer - flute, tenor saxophone
Chris McGregor - piano, xylophone
Dudu Pukwana - alto saxophone
Mike Osborne - alto saxophone
Alan Skidmore - tenor saxophone
John Surman - soprano saxophone
Malcolm Griffiths - trombone
Nick Evans - trombone
Harry Beckett - trumpet
Mongezi Feza - trumpet

Pour cette fois, l'étrange groupe se compose de :
Roger Daltrey (chant),
Wilko Johnson (guitare), Pete Townsend (guitare),
Tim Hinkley (claviers), Dudu Pukwana (saxophone),
Alan Spenner (basse), Allan Schwartzberg (batterie),
...ça aurait pu marcher !

11 commentaires:

  1. Tire le fil #1

    Peter Gabriel "Car" (1977)
    - http://www48.zippyshare.com/v/96911962/file.html

    Roxy Music "Flesh + Blood" (1980)
    - http://www48.zippyshare.com/v/53841920/file.html

    David Coverdale "Northwinds" (1978)
    - http://www48.zippyshare.com/v/6645259/file.html

    Dr. Feelgood "Sneakin' Suspicion" (1977)
    - http://www48.zippyshare.com/v/61630826/file.html

    Wilko Johnson & Roger Daltrey "Going Back Home" (2014)
    - http://www48.zippyshare.com/v/10830373/file.html

    The Who "Endless Wire" (2006)
    - http://www48.zippyshare.com/v/6406303/file.html

    Mike Heron "Smiling Men with Bad Reputations" (1971)
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    Chris McGregor's Brotherhood of Breath "Brotherhood of Breath" (1970)
    - http://www48.zippyshare.com/v/82970888/file.html

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  2. Yeah !
    Je tire bien volontiers le fil ... sans m'arrêter vraiment sur ce que j'ai déjà dans le jukebox, ni sur ce qui me fait moins vibrer (Endless Wire par exemple). Par contre tu me fais grand plaisir avec ce vieux docteur de 1977, et je découvre le disque de W.Johnson & R.Daltrey, un simple et excellent disque de rock'n'roll !
    Merci à toi et bonne journée !

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    1. Merci de ton passage, déjà. Ensuite, content de voir que ton cœur de rocker fut contenté par une partie de ma sélection. Une bonne façon, aussi, de louer des musiciens pas souvent mis en lumière.

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  3. Avec de tels sujets métaphysiques, tu vas finir par nous cramer les neurones… et comme je n'en ai plus qu'un, j'essaie de le préserver !!!!!
    Riche idée ! Deux ou trois trucs à découvrir

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    1. Y a du rock. Le docteur, Wilko et Roger évidemment mais tu peux aussi glisser sur Mike Heron, David Coverdale et, bien sûr, les Who.
      A plus !

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  4. Une pensée émue pour Mongezi Feza, l'homme qui fini d'illuminer le "Rock bottom".
    Bravo, aussi, pour tout le reste!

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    1. Ha ! Rock Bottom ! J'y reviens bientôt.
      Merci de ton passage.

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  5. Pour le « Peter » que j'ai bien reçu dès sa sortie et que j'adore encore... Mais quand tu évoques la cohérence de l'ensemble, ce n'est vraiment pas ce que j'ai ressenti, en tout cas c'est presque injuste vis a vis du suivant et des suivants, qui cette fois ci adopteront chacun un style riche, je trouve... C'était histoire de.
    Pour le « Roxy » d'accord avec toi, je l'ai même usé. Il collait bien sur les 80's je trouve, peut-être qu'avec un arrangement musclé comme Manifesto...
    « Coverdale » Sympa et distrayant... Ha ha ha, tu lui en veux ou quoi. Tu viens de le tuer. Bon, sérieux, je n'irai pas, j'ai trop loupé de bonnes choses. Et contrairement à d'autres artistes, je n'ai pas assez d'attache, pas du tout même, pour me lancer. J'ai mes autres chouchou(x?)
    en parlant de chouchou, des Dr Feelgood, je suis même prêt à écouter les albums moyens. Mais celui ci, flotte au dessus !!
    Sinon, réac ? Non ! Mais conservateur ? Oui, quand même. Mais comme je n'ai pas vécu le rock des années 60, un Dr pour nous le rappeler.
    Et le Wilco !! La voix de Daltrey y est extraordinaire sur le premier titre, méconnaissable et sacrément bandat !! Tiens je me le refais et casse mon Charles Ives, j'ose tout.
    « Wire & Glass » m'avait touché directement... disons entre le Foie et le Coeur. Ce titre frise parfois le Grandiose. Je suis content que tu l'aimes toi aussi
    Enfin une belle occasion de découvrir vraiment le Incred avec « The Hangman's Beautiful Daughter » et vu ta chronique, Who, Thompson et l'idée que tu arrives à nous souffler aux oreilles, je plonge et attrape le Heron au passage, voyons voir si il me reste un fond baba ?
    Pour finir, par le biais de Jimmy, j'avais été pêcher ces artistes à la recherche de Mongezi Feza
    Merci pour tout ça et peut-être qu'à la sortie je vais tomber sous le charme des « Incredible.. «  ce qui serait déjà pas mal. Pas perdu mon temps !!

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    1. Pauvre Coverdale dis-tu ? Mais on a aussi besoin de musique distrayante, non ?
      Gabriel cohérent, oui da ! Explosé stylistiquement (quoique...), transitoire de Genesis (Moribund ! Flood ! Dolce Vita !). Cohérence temporelle.
      Et merci pour ce long et détaillé commentaire, une bonne habitude avec toi. Et désolé de ne pas être très présent chez toi, j'y viens, je lis mais je ne commente que trop rarement...

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    2. Pas de soucis, il faut bien casser ce cycle infernal je commente parce que tu commentes ... ha ha... j'aime faire des chroniques et j'aime les commentaires mais il n'y as pas de lien de cause à effet, donc vraiment pas de soucis (je me contente du nombre de visites pas jour, histoire quand même de flatter mon égo :-) )

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    3. Si l'égo est la force qui nous porte, vive l'égo ! ;-)

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