mercredi 1 avril 2015

Poisson d'Avril !

Hé non, ce billet n'est pas une blague mais bien une collection d'album d'artistes ayant un nom de poisson. Parfait pour un 1er avril, non ? Enjoie !

PoiSSSoN PRoG'
Fish "Sunsets on Empire" (1997)
ou "Son Second Classique"

C'est l'autre chef d'œuvre de l'ex-vocaliste de Marillion en solo après son originel tour de force de Vigil in a Wilderness of Mirrors, c'est aussi un album qui, bien qu'étant clairement progressif, transcende les limites habituellement attribuées au genre de part sa variété, voici Sunsets on Empire, un secret vraiment trop bien gardé.
A l'époque, alors qu'il sort de deux expériences négatives avec deux majors, EMI et Polydor, Fish décide qu'il en a assez et se lance, les yeux plus gros que le ventre, dans l'aventure de l'indépendance allant jusqu'à installer un studio high-tech dans sa résidence d'Haddington, Ecosse. Las, si le projet donnera quelques excellentes choses, dont Sunsets on Empire, il s'avèrera un gouffre financier amenant le vocaliste au bord de la banqueroute. Mais, pour l'instant, en cette année 1997, s'adjoignant les services d'un compositeur/producteur qui monte, Steven Wilson de Porcupine Tree, Fish est encore plein de l'enthousiasme naïf qui permettra la création d'un album d'une très belle qualité. Un album tout en diversité où on l'on croise ce qu'il est convenu d'appeler du hard rock progressif (l'introductif The Perception of Johnny Punter et son bon gros riff à la Led Zeppelin), de la pop de belle qualité (Change of Heart), une ballade quasi-Trip Hop dédiée à sa fille (Tara), du rock progressif plein de groove (What Colour Is God?, Jungle Ride et le bonus Do No Walk Outside This Area), un obligatoire décrochage vers ses racines celtiques (l'infectieux Brother 52 et son violon dingue), du rock épique à la Pink Floyd (Sunsets on Empire), ou une jolie petite douceur acoustique (Say It With Flowers) en plus de chansons plus classiquement progressives (Goldfish & Clowns, Worm in the Bottle) mais nullement passéistes. Parce que c'est de rock progressif moderne dont il s'agit avec des mélodies fortes, des arrangements détaillés, luxuriants et, évidemment !, puisqu'on retrouve Steven Wilson à la console, une production comme le Poisson n'en avait pas jusqu'alors connu. Tout était donc réuni pour faire de l'opus un triomphe commercial en plus de son évidente réussite artistique, sauf à compter avec la faute à pas de chance, une vraie difficulté à le faire entendre au-delà du petit cercle qui continue de le suivre fidèlement. Et donc, malgré son indéniable qualité, l'album restera beaucoup trop confidentiel pour devenir la relance dont rêvait Derek William Dick (son vrai nom).
Cependant, 18 ans déjà après sa sortie, Sunsets on Empire, un album se moquant des modes et évitant par conséquent un vieillissement prématuré, reste une réussite dépassant largement ce que la plupart de ses collègues (ses anciens comparses de Marillion en tête) sont capable de produire. Il n'en faut pas plus pour recommander cet excellent opus à qui ne l'aurait pas encore écouté.

1. The Perception of Johnny Punter 8:36
2. Goldfish & Clowns 6:36
3. Change of Heart 3:41
4. What Colour is God? 5:50
5. Tara 5:11
6. Jungle Ride 7:33
7. Worm in a Bottle 6:23
8. Brother 52 6:05
9. Sunsets on Empire 6:54
10. Say it with Flowers 4:15
Bonus
11. Do Not Walk Outside This Area 6:30

Fish – lead vocals
Steven Wilson – guitars and keyboards
Foss Patterson – Hammond, piano, keyboards, backing vocals
Ewen Vernal – bass
Dave Stewart – drums
Robin Boult – guitars
Frank Usher – guitars
Dave Haswell – percussion
Chris Gaugh – cello
Brian Hale – violin
Martyn Bennett – violin
Terence Jones – French horn
Fraser Speirs – harmonica
Doc – voice on "Brother 52"
Lorna Bannon, Katherine Garrett, Don Jack, Chris Thomson, Annie McCraig – backing vocals

FISH

PoiSSoN PRoG' 2
Beardfish "Mammoth" (2011)
ou "Yesterday Is Today"

Dire le contraire serait nier l'évidence, le rock progressif est un genre largement ancré dans son propre passé où les contributions de jeunes formations valent surtout par la qualité de leurs compositions et la modernité éventuelle de leurs approches sonores. Sinon ? Le rock progressif est un genre largement ancré dans son passé (bis).
Prenez Beardfish, formation suédoise auteure de sept long-jeux, et plus particulièrement, Mammoth, leur sixième, monument au revivalisme triomphant assumé et, précision utile puisque c'est loin de toujours être le cas, de bon goût. Hé bien ces petits gars ne se compliquent pas l'existence en tentant de tracer leur propre chemin, de réinventer la roue, ils recyclent à tout-va ce qui a fait ses preuves et conquis des hordes de chevelus "septantisants" amateurs de cigarettes qui font rire et d'anticipation artistique (parce que ça fait mieux que science-fiction) en rêvant de la fille trop belle qu'il ne serreront jamais dans leurs bras pales et malingres. Bref, si l'audience n'est pas physiquement réjouissante (d'autant qu'elle est largement mâle, boutonneuse ou dégarnie, le choc des générations !), elle est fidèle et généreuse quand elle rencontre une formation de qualité, comme c'est le cas ici. Et Beardfish auraient d'autant plus tort de se priver qu'ils accomplissent leur tâche avec un allant et un enthousiasme qui fait plaisir à entendre, parce qu'ils aiment ce qu'ils font, ces gars-là, c'est évident, en plus de posséder un savoir-faire présentement jamais démenti.
Pour les pattes de velours, vous repasserez mais pour ceux qui aiment leur prog' référencé, ludique comme un jeu de piste, haletant comme un bon thriller "blade-runnerisé" revu et corrigé à l'éclairage naturel, authentique d'un Barry Lyndon. On y croise donc, pêlemêle de vieilles connaissances : un petit coup de saxo qui rappelle Pink Floyd, une certaine idée de la lourdeur clairement héritée de King Crimson mais aussi de Black Sabbath, des orgues que Jon Lord n'aurait pas renié, des petits détours jazzés à la moustache de Frank Z, une emphase pas étrangère d'Emerson Lake & Palmer, une sympho-capacité qui rappelle fugitivement Procol Harum... Dans des chansons bien troussées et, évidemment, épiques qui on le bon goût de ne jamais se trop se vautrer les excès, l'indulgence instrumentale quasi-masturbatoire de certains de leur contemporains et aînés (Yes et ses Tales from Topographic Oceans, non mais, j'vous jure !). Pour tout dire, dès The Platform, pièce d'ouverture de l'opus et démonstration de heavy prog implacable de classe, jusqu'au délicat, accrocheur et complexe à la fois (la maison aime donner dans la composition à tiroirs) Without Saying Anything qui referme le bal, on est saisi par la capacité de Beardfish à rester totalement passéiste tout en appartenant indéniablement à ce millénaire.
Sans doute pas révolutionnaire mais si parfaitement construit et exécuté que nul amateur de rock progressif de qualité ne peut passer à côté de Beardfish et de son poids lourd d'album, le bien nommé Mammoth.

1. The Platform 8:06
2. And The Stone Said: If I Could Speak 15:07
3. Tightrope 4:33
4. Green Waves 8:53
5. Outside/Inside 1:43
6. Akakabotu 5:41
7. Without Saying Anything 8:10

Rikard Sjöblom - vocals, keyboards
David Zackrisson - guitars
Robert Hansen - bass
Magnus Östgren - drums

BEARDFISH

PoiSSoN FuSioN
Fishbone "Truth and Soul" (1988)
ou "Classique des 80s"

Pile-poil au goût du jour, les angelenos de Fishbone sortaient en 1988 l'album encore aujourd'hui considéré comme leur magnum opus et un sommet d'un rock fusion qui, s'il est indéniablement passé de mode, n'a, en l'occurrence, pas pris une ride. Clairement, Truth and Soul a marqué et marque encore les esprits.
Deux ans plus tôt, pourtant, Fishbone n'avait pas exactement transcendé grand monde avec un premier album, In Your Face, encore trop maladroit pour être convaincant. 22 mois, de nombreux concerts et une cohésion d'ensemble nettement accrue plus tard vient le tour de force, un album puissant fusionnant ska, punk, rock, soul, funk dans une bonne humeur revendicatrice bienvenue. Tout commence avec une excellente reprise, Freddie's Dead de Curtis Mayfield, continue avec un ska bien énervé, Ma and Pa, et se poursuit jusqu'à un surprenant et acoustique Change, 14 titres durant donc, dans une ambiance surchauffée donnant d'irrésistibles envies de secouer du chef autant que du popotin. Tout ici, tout en étant la continuation de leur originel galette, a été notablement amélioré : l'écriture bien sûr, l'énergie aussi, la production enfin pour offrir à un public qui n'en croit pas ses oreilles une version surboostée d'un groupe qui brillait jusqu'alors plus en scène qu'en studio. Des défauts dans ce Truth and Soul ? Nada ! C'est une fête de tous les instants admirablement habitée par un sextet de feu qui aura, d'ailleurs, du mal à renouveler l'exploit par la suite (quoique le successeur, The Reality of My Surroundings, qui mettra 3 ans à voir le jour, est presque du même tonneau divin).
En 1988 Fishbone sort son classique, un des meilleurs albums du style et des années 80 aussi, c'est aussi simple que ça.

1. Freddie's Dead 4:31
2. Ma and Pa 3:19
3. Question of Life 3:02
4. Pouring Rain 5:13
5. Deep Inside 1:22
6. Mighty Long Way 3:26
7. I Like to Hide Behind My Glasses 4:43
8. Bonin' in the Boneyard 4:44
9. One Day 4:34
10. Subliminal Fascism 1:28
11. Slow Bus Movin' (Howard Beach Party) 2:38
12. In the Name of Swing 2:46
13. Ghetto Soundwave 4:24
14. Change 2:58

Chris Dowd – vocals, keyboards, trombone
John Norwood Fisher – vocals, bass guitar
Philip "Fish" Fisher – drums, percussion
Kendall Jones – vocals, electric guitar, acoustic guitars
Walter A. Kibby II – vocals, trumpet
Angelo Moore – vocals, saxophone

FISHBONE

HaRD RoCKiN' PoiSSoN
Great White "Psycho City" (1992)
ou "Blanc de Blanc"

Une bande de californiens hâtivement assimilée au hair metal des années 80 (vous savez, Mötley Crüe, Ratt, Poison, Cinderella, j'en passe et des pires), Great White était bien plus qu'une congrégation de chevelus en Licra moule-poutre comme le démontre leur discographie ou, plus précisément, son 1992, l'excellent Psycho City.
Parce que les racines de Jack Russell, vocaliste au timbre gorgé de blues, et Mark Kendall, guitariste ayant sans aucun doute biberonné au Jimmy Page et au Steve Marriott, les deux évidentes têtes de proue de la formation, on plus avoir avec le classic rock des années 70 qu'avec le clinquant MTVisé développé par leurs "collègues".  Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Great White a, l'année précédent ce Psycho City, enregistré et sorti un EP, The Blue EP, a la texture plus blues qu'aucune autre galette de leur répertoire. Un signe donc qu'on entend dans ce Psycho City qui, tout en restant un album de hard rock américain, sait faire dans la nuance comme aucun autre groupe/album concurrent. Evidemment, tout ceci tient à la qualité des compositions, de leurs arrangements, pour le genre, raffinés et d'une production suffisamment organique pour ne pas gâcher la fête. On notera, par exemple, les deux obligatoires mais néanmoins bienvenues power ballads (Old Rose Motel et Love Is a Lie surtout) où, à renfort de lead-guitares inspirées et de mélodies vocales accrocheuses, le groupe brille particulièrement. Mais Great White s'y entend aussi pour "envoyer du bois" comme le démontres quelques excellentes saillies (la chanson titre de l'opus, Psycho City, l'énergique Doctor Me, ou encore l'accrocheur Big Goodbye ou le délicieusement bluesy Get On Home) où les riffs/soli tranchent et l'énergie du groupe est tout à fait communicative, sans parler des cordes vocales en acier trempé d'un Russell au sommet de sa forme. Allez, pour mégoter, on regrettera que tout ceci n'aille jamais au-delà d'un solide mid-tempo et que les chansons, toutes à une exception près (le rocker d'ailleurs assez accessoire, le seul de l'album, I Want You) au dessus des cinq minutes, aient parfois un tout petit peu tendance à s'éterniser, parce que, c'est bien connu, si c'est long c'est que c'est ambitieux, message que les quatre musiciens tiennent fermement à faire passer. Mais bon, c'est juste pour trouver quelques (légers) points négatifs à une galette qui ravira les amateurs du genre (d'un rock hard solide et intemporel) au-delà de leurs plus folles attentes.
Hélas pour Great White, la vague grunge naissante a alors tout emporté sur son passage et son excellent album n'aura pas le succès, critique ou commercial, qu'il méritait. Ceci dit, presque 25 ans plus tard, il porte encore beau et mérite vraiment qu'on se penche sur son cas et sur celui de ses auteurs tant tout ça a admirablement bien tenu le choc des ans, s'est même, un excellent signe, patiné d'un vernis de classicisme. Bref, on recommande, chaudement.

1. Psycho City 6:07
2. Step on You 5:50
3. Old Rose Motel 7:24
4. Maybe Someday 7:24
5. Big Goodbye 5:57
6. Doctor Me 6:13
7. I Want You 3:42
8. Never Trust a Pretty Face 5:29
9. Love Is a Lie 8:15
10. Get On Home 5:28

Jack Russell - lead and backing vocals
Mark Kendall - guitar, backing vocals
Michael Lardie - guitar, keyboards, percussion, backing vocals, producer, arranger, engineer
Audie Desbrow - drums
&
Alan Niven
- backing vocals, percussion, producer, arranger
Dave "The Beast" Spitz - bass

GREAT WHITE

InDie PoiSSoN
Eels "Blinking Lights and Other Revelations" (2005)
ou "Les belles histoires de l'oncle E"

Une collection de chansons enregistrées en 1998 et 2004, un machin sur deux CDs et 33 chansons, dire que la sixième sortie des Eels de Mark Oliver Everett est une impressionnante somme tient du doux euphémisme. Comme, en plus, la qualité est au rendez-vous, on l'accueille avec tout l'enthousiasme mérité. Ha oui, Blinking Lights and Other Révélations porte beau.
Alors forcément, comme il y a beaucoup d'outtakes et de sessions différentes, le tout ne brille pas forcément de la folle cohésion qu'avaient chacun des précédents albums d'Eels. Mais il y a le songwriting de Mark Oliver Evertt et, là, on est assuré que la qualité sera au rendez-vous parce qu'indéniablement, le monsieur s'est affirmé comme une belle plume ce que confirme la massive sélection du double album. Il y a aussi de belles guests venues prêter main forte, tout en entérinant sa place dans un club informel de happy-fews d'exception, dont Peter Buck de R.E.M. sur deux chansons (To Lick Your Boots, To See Natalie), John Sébastian (oui de Lovin' Spoonful, sur le délicieux Dusk: a Peach in the Orchard), ou, honneur ultime, de Tom Waits venu pousser la chansonnette sur un très réussi Going Fetal. Pas qu'Everett ait vraiment besoin de tous ces gens, puisque de nombreux autres musiciens renforce son quatuor d'alors. A la limite, Mister E ne nous balancerait que des machins enregistrés seul dans sa chambre, à l'acoustique et au chant, qu'on n'ergoterait pas sur le minimalisme du bidule tant l'écriture se suffit à elle-même. Mais pas ici, même si en effet la tessiture acoustique domine, où la richesse des arrangements vient taquiner la couenne des 33 bulles d'inspiration.
Vous avez besoin de plus pour vous ruer sur cet excellemment réussi Blinking Lights and Other Révélations ? Mais vous êtes fous ? Quand il s'agit de Mark Oliver Everett et de ses frémissantes Anguilles, le nom seul devrait suffire !

CD 1
1. Theme from Blinking Lights 1:44
2. From Which I Came/A Magic World 3:13
3. Son of a Bitch 2:27
4. Blinking Lights (For Me) 2:01
5. Trouble with Dreams 4:33
6. Marie Floating Over the Backyard 2:03
7. Suicide Life 2:41
8. In the Yard, Behind the Church 4:05
9. Railroad Man 4:16
10. The Other Shoe 2:32
11. Last Time We Spoke 2:22
12. Mother Mary 3:21
13. Going Fetal 2:21
14. Understanding Salesmen 2:43
15. Theme for a Pretty Girl That Makes You Believe God Exists 2:06
16. Checkout Blues 2:27
17. Blinking Lights (For You) 2:00

CD2
1. Dust of Ages 2:21
2. Old Shit/New Shit 3:17
3. Bride of Theme from Blinking Lights 1:52
4. Hey Man (Now You're Really Living) 3:02
5. I'm Going to Stop Pretending That I Didn't Break Your Heart 3:56
6. To Lick Your Boots 3:30
7. If You See Natalie 3:41
8. Sweet Li'l Thing 3:27
9. Dusk: A Peach in the Orchard 1:17
10. Whatever Happened to Soy Bomb 2:26
11. Ugly Love 2:58
12. God's Silence 1:26
13. Losing Streak 2:52
14. Last Days of My Bitter Heart 1:35
15. The Stars Shine in the Sky Tonight 3:31
16. Things the Grandchildren Should Know 5:22

E (Mark Oliver Everett)– vocals, guitar, keyboards, melodica, production
Butch – drums, percussion
The Chet – guitar
Koool G. Murder – bass guitar
&
Puddin' – drums
Wayne Bergeron – trumpet
Bobby, Jr. – "wails" ("Last Time We Spoke")
Peter Buck – guitar ("To Lick Your Boots", "If You See Natalie")
Matt DeMerritt – saxophone
Wally Gagel – keyboards
Ludvig Girdland – violin
Joe Gore – guitar
Probyn Gregory – horns
David Hlebo – saxophone
Jim Jacobsen – keyboards, horn, string arrangements, programming
Jim Lang – strings, mixing
Bill Liston – woodwinds
Andy Martin – trombone
Joe Meyer – horn
Dick Mitchell – flute
John Sebastian – organ ("Dusk: A Peach in the Orchard")
Todd Simon – trumpet
Gerri Sutyak – cello
Michael Valerio – bass guitar
Tom Waits – vocals ("Going Fetal")

E (de EELS)

PoiSSoN BLueS
Walter Trout Band "Live (No More Fish Jokes)" (1992)
ou "Blues sans arête"

Il a peut-être le nom d'un poisson d'eau douce (Trout = truite), Walter est avant tout une fine gâchettes d'un blues rock un peu à la Stevie Ray Vaughan pour simplifier, jamais passé de mode parce que jamais à la mode. Pour introduire cette figure trop peu souvent citée, intéressons-nous à son live de 1992, Live (No More Fish Jokes), enregistré au Danemark en 1991, un bel exemple du genre et de la classe de son auteur. 
Alors, même si le monsieur le demande à corps et à cri dans le sous-titre de l'album, disons le tout de go, c'est à un beau gros poisson de blues live auquel nous avons présentement affaire. Avec quelques standards que le groupe réussit à bien s'approprier (du Dust My Broom de nul autre que Robert Johnson en intro énergique du concert au Girl from the North Country de Bob Dylan très joliment bluesé en pasant par un Going Home, de Don Nix, "pêcheusement" troussé), qu'à des originaux qui tiennent parfaitement la route. Et le son, cru mais clair, est au rendez-vous pour que la fête soit, encore !, plus belle. Et, oui, Trout glisse sur son manche avec une classe folle si parfois un peu bulldozer, parce que le monsieur ne plaisante pas !, que ce soit sur les morceaux les plus énergiques que sur des blues lents (If You Just Try, The Love That We Once Knew) ou même acoustiques (Earrings on the Table) bien maitrisés. Et, oui, il est entouré de vrais bons professionnels donnant corps à ses bluesy ambitions (on citera, en particulier, le vocaliste Bernie Pershey, parfait pour le genre, rocailleux juste ce qu'il faut, ou le claviériste Mongo, qui doit être cousin de Lou Martin du Rory Gallagher Band pour faire aussi bien chanter son Hammond). Tout ça nous fait un live qu'on s'enfile avec un vrai plaisir et dont on regrette la relative confidentialité passé le petit cercle des amateurs de blues rock.
Parce que Walter Trout, pas plus que ses admirables complices, n'est pas un alevin du dernier frai mais bien une valeur sûre dont on ne conseillera jamais assez les impeccables galette qui, si elles ne réinventent nullement le genre participent à son attrait, cet électrisant Live en particulier.

1. Dust My Broom 6:27
2. If You Just Try 7:05
3. False Alarm 5:34
4. Life In The Jungle 6:21
5. Girl From The North Country 8:10
6. Victor The Cajun 6:11
7. Earrings On The Table 1:41
8. Motivation Of Love 6:25
9. Playing With Gloves On 4:02
10. The Love That We Once Knew 6:29
11. Prisoner Of A Dream 6:13
12. Going Down 6:57

Walter Trout - guitars, vocals
Bernie Pershey - lead vocals
Jimmy Trap - bass guitar
Mongo - keyboards
Frank Cotinola - drums, percussion

WALTER TROUT

PSyCHé PoiSSoN
Country Joe & the Fish "Electric Music for the Mind and Body" (1967)
ou "Psychessentiel"

Premier album des californiens de Country Joe & the Fish, Electric Music for the Mind and Body est à la fois un document et un monument d'un rock psychédélique alors en pleine explosion, et une belle folie aussi.
Il faut dire qu'on a affaire à une belle bande de zozos, c'est évident dès le patronyme de la formation référençant, petits malins qu'ils sont, deux figures historiques d'un communisme qu'on peut encore voir comme bonne idée : Joseph Staline (le Country Joe est pour lui) et Mao Zedong (le Fish faisant référence à une de ses célèbres citations). Dans une Amérique encore sous le choc des déchainements anti-rouges des exactions "black-listeuses"  du sénateur paranoïaque et alcoolique Joseph McCarthy, ça t'a un petit goût de provocation pas désagréable. Alors, oui, le label Vanguard, pourtant plus spécialisé dans la folk et le blues que dans de telles préoccupations jeunistes, a eu le nez creux en engageant les services d'une jeune pousse psychédélique en pleine floraison artistique. Parce que si la base musicale de Country Joe & the Fish est somme toute classique, country rock et folk rock, typiquement ricain, quoi, le traitement que lui fait subir l'iconoclaste formation est tout bonnement jouissif. Avec de l'humour à en revendre, sens de la mélodie infusant jusqu'au plus délirants instants de la galette, une qualité instrumentale indéniable si peu démonstrative, Joe la Campagne et les Poissons, ce nom !, a créé un parfait cocktail se trouvant, qui plus est, être tout à fait compatible avec la philosophie ou les substances louées par Timothy Leary ("turn on, tune in, drop out" et LSD) qui est justement la fondation d'un mouvement psyché et/ou Flower Power qui marquera son époque.
Accessible jusque dans sa folie douce et chamarrée, Electric Music for the Mind and Body est un indéniable jalon, une galette historique qui, vieillie comme un bon vin, et, franchement, délicieuse de bout en bout est un monument du psychédélisme américain. Recommandé ? Obligatoire !

1. Flying High 2:38
2. Not So Sweet Martha Lorraine 4:21
3. Death Sound Blues 4:23
4. Happiness Is a Porpoise Mouth 2:48
5. Section 43 7:23
6. Superbird 2:04
7. Sad and Lonely Times 2:23
8. Love 2:19
9. Bass Strings 4:58
10. The Masked Marauder 3:10
11. Grace 7:03

Country Joe McDonald: vocals, guitar, bells, tambourine
Barry Melton: vocals, guitar
David Cohen: guitar, organ
Bruce Barthol: bass, harmonica
Gary "Chicken" Hirsh: drums

COUNTRY JOE & THE FISH

PoiSSoN SaNS FRoNTièRe
Rupa & the April Fishes "Este Mundo" (2009)
ou "Tous azimuts"

Pour le dernier, de la formation au nom de circonstance (Rupa et les Poissons d'Avril), je vous livre le blah-blah promotionnel qui vise assez juste : "Avec ce nouvel album, Rupa & The April Fishes donnent à la vie des reflets de carnaval et font part de leurs pensées, humoristiques et parfois troublantes. Cachés derrière des mélodies imparables, des thèmes viennent en effet susciter la réflexion, sur la vie, l'amour, la mort et les divisions - réelles ou artificielles - qui séparent les hommes. Ces agitateurs musicaux de San Francisco, spécialistes dans l'art de franchir les frontières et de lancer des ponts entre les genres, brouillent encore allègrement les pistes avec ''Este Mundo'', créant un son trans-genres que le magazine Time Out a qualifié « d'agit-pop global. » " Et, pour tempérer un peu l'enthousiasme, la chronique de chez voir.ca qui tempère un peu tout ça : "Moitié doctoresse dans un hôpital californien, moitié musicienne romanichelle sur les scènes du monde entier, la belle Rupa pouvait-elle rééditer l’exploit inouï que fut son premier album Extraordinary Rendition? À la première écoute, on dirait que non. Il n’y a pas ici une interprète transcendante, ni non plus un talent d’écriture qui se démarque de manière exemplaire. Pourtant, on s’y attache drôlement au fil des écoutes. Certes, ce mélange incongru de swing gitan, de cumbia bâtarde et de reggae «grano» en français et en espagnol est comme un folk fourre-tout. Mais même si «sa bohème s’use», Rupa a un je-ne-sais-quoi. Une sorte de Lhasa plus délurée, aux antipodes des pop stars excentriques et puériles qui infestent le monde virtuel." La vérité est au milieu mais l'album mérite que les curieux y jettent une oreille.

1. (La Frontera) 1:46
2. C'est Moi 4:10
3. Por La Frontera 2:43
4. La Linea 2:16
5. La Rose 3:01
6. Culpa De La Luna 3:07
7. L'éléphant 4:41
8. Soledad 3:18
9. (El Camino Del Diablo) 1:57
10. Este Mundo 3:20
11. Soy Payaso 5:43
12. Neruda 3:14
13. Trouble 4:14
14. La Estrella Caída 2:47
15. Espero La Luna 2:34

Rupa Marya - vocals, guitar, glockenspiel
Aaron Kierbel - drums, percussion
Mario Alberto Silva - trumpet
Misha Khalikulov - cello
Safa Shokrai - bass
&
Isabel Douglass
- accordion, bandoneon
Jorge Molina - berimbau
Eliyahu Sills - bansuri
Ara Anderson - pump organ, sousaphone, trumpet 
Boots Riley - Rap 
Ralph Carney - saxophone

RUPA & THE APRIL FISHES

La CoMPiL' BoNuS (uPDaTe TaRDiF)
V/A "April Fools, Prankin' Is Easy" (2010)
ou "Souvenir Moqueurs"

J'avais conconté cette compilation pour le 1er avril 2010, sur Baistophe à l'époque. Je l'avais recyclé sur la défunte Année du Dragon... Pour le premier avril 2012 ! Comme c'est pratique ! Mais bon, comme les deux versions sont désormais indisponible et que je venais de pondre un nouveau post sur le thème du 1er avril, qu'en plus Charlu évoquait dans les commentaires sa compilation avortée sur le thème poissonnier, et même si j'avais choisi comme thème graphique, comme "bonne blague d'April Fool's Day (le nom amerloque de la chose), la banane et sa fameuse peau qui ripe, j'ai décidé de re-recycler une compilation que je viens de m'envoyer avec délectation. C'est varié, dans les ambiances, dans les styles, sans trop ratisser large, on évite le maximum "Pouet-pouet", et devrait donc plaire à pas mal de monde (Keith, je te vois ! Jimmy, es-tu là ?) d'autant qu'on a aussi le droit de zapper si on aime pas tel ou tel morceau (c'est même recommandé, on est pas là pour s'emmerder !). Y a plus qu'à dire enjoie et d'aller voir dans les commentaires le lien pour tout pécho et d'apprécier le joli travail que j'avais fait sur le "package" (sans me vanter ! franchement, il en jette c't'artwork !) ! Bonne(s) écoute(s).

1. Eric Dolphy "April Fool" 4:05
2. Pete Townsend and Ronnie Lane "April Fool" 3:30
3. Akira Yamaoka "April Fool Song" 3:45
4. The Merrymakers "April's Fool" 3:42
5. Robby Valentine "April Fool" 5:15
6. Soul Asylum "April Fool" 3:43
7. Phil Hummer "I Was Born on April Fool's Day" 2:00
8. The Zutons "April Fool" 3:32
9. Loudon Wainwright III "April Fool's Day Morn" 4:25
10. Roy Hargrove "April's Fool" 3:51
11. Cave Catt Sammy "April's Fools" 3:22
12. Goodnight Monsters "April Fooling" 4:58
13. Beady Belle "April Fool" 4:19
14. Fair to Midland "April Fools and Eggmen" 3:14
15. Rufus Wainwright "April Fools" 4:55
16. Mimi Blais "April Fool Rag" 3:26
17. Isis "April Fool" 5:19
18. Loudspeaker "April Fool" 3:10
19. The Steam Donkeys "April Fool for You" 2:52
20. Fabulous Disaster "April Fools" 2:43
21. The Allentons "April Fools Dub" 3:51

L'ARTWORK:



pour Keith...

11 commentaires:

  1. Poisson d'Avril !

    Fish "Sunsets on Empire" (1997)
    - http://www74.zippyshare.com/v/SiNlFpMy/file.html

    Beardfish "Mammoth" (2011)
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    Fishbone "Truth & Soul" (1988)
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    Great White "Psycho City" (1992)
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    Eels "Blinking Lights and Other Révélations" (2005)
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    Walter Trout "No More Fish Jokes" (1992)
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    Country Joe and the Fish "Electric Music for the Mind and Body" (1967)
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    Rupa & the April Fishes "Este Mundo" (2009)
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  2. Des poissons qui volent ?!? On aura tout vu !!!!!
    Beaucoup de bonnes choses dans cette sélection aquatique !

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    1. Et des bananes qui glissent ?
      Allez, y a un bonus pour toi !

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    2. Si je prends, c'est bien parce qu'il y a des bananes !!!!!

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    3. A se demander si la forme phallique ne t'influence pas un peu...

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  3. Une de mes filles a 20 ans aujourd'hui.. y'a qq jours j'avais eu cette idée de monter une compile avec le thème poiscaille.. pas eu le temps.. y'avait coquillages et crustacés..puis je me suis dit, il est ou le poisson ??!! du coup, j'ai rien fait et ta sélection me donne des remords ;D

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    1. Ben, justement, puisqu'on parle de compil', j'ai ajouté un petit supplément à la collection. Tu m'en diras des nouvelles ! ;-)

      V/A "April Fool's Day, Prankin' Is Easy" (2010)
      - http://www27.zippyshare.com/v/WHlqtvnf/file.html

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    2. comment tu fais !!! un travail de dingue. Je balance le lien à ma grande.. et en plus..à part la piste 2 et 15..je connais rien..mais shutttt..on fait souvent des blind test en famille.
      Merciii

      ps : c'est un maquereau dans la raie ??

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    3. Bon, la compilation n'est qu'un recyclage donc pas de quoi pavoiser sur ma prétendue rapidité. ^_^
      Enjoie.

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  4. J'ai pris Country Joe, l'année de ma naissance, et une de mes périodes musicales préférées (67-69). Je ne l'avais entendu que sur Woodstock, donc ici je vais pouvoir le découvrir, merci !
    Vincent

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