Retour au cœur avec une collection d'albums hétéroclite de qualité. De la France à l'Angleterre en passant par les Etats-Unis et l'Allemagne, du psyché, au soul, à la chanson bien de chez nous, au metal qui arrache, au jazz de film et à la pop de référence, il y en aura pour tous les goûts alors... Enjoie !
PSyCœuR
The Flaming Lips "Transmissions from the Satellite Heart" (1993)
ou "Reçu 5 sur 5"
Pour commencer, je cède la parole à N°6 de chez Guts of Darkness qui parle avec passion et intelligence de ce sixième album des revivalistes psychédéliques de l'Oklahoma, les Flaming Lips, bien-sûr !, ce Transmissions from the Satellite Heart d'une immense importance dans leur évolution :
"Changement de personnel chez les Flaming Lips, et l'air de rien cela va pas mal changer de choses. Exit Jonathan Donahue, retourné faire saigner les amplis exclusivement chez Mercury Rev, enter Ronald Jones avec qui les Lips gagnent une autre espèce de guitariste, du genre surdoué, aucune texture floue et abrasive ne lui fait peur mais il sait aussi faire péter des riffs gargantuesques, imiter tout un tas de cris d'animaux, endosser le rôle du bruiteur attitré et doit probablement être capable de décoller les papiers peints avec une seule note bien choisie.
Comme si un cador ne suffisait pas, le batteur sortant se voit remplacé par Steven Drozd, qui va bientôt prendre une importance considérable dans le groupe au point de devenir le deuxième cerveau créatif et cramé officiel. Multi-instrumentiste touche à tout, junkie à ses heures et batteur phénoménal, l'arrivée de Drozd coïncide avec un goût de plus en plus prononcé pour les belles mélodies affleurantes sous les strates de bruits gargouillants, pour une écriture plus soignée quoiqu'en rien moins dégénérée qu'avant, laissant un peu en amont les jams psychédéliques indéchiffrables. Autre détail notable, l'absence à la production de Dave Fridmann (sans doute occupé à empêcher les membres de Mercury Rev de s'entretuer), même si à l'écoute ce n'est pas évident tellement le son des Lips est en soi totalement submergé par la démesure défoncée propre au petit David. Ce premier album de la formation historique, du moins le trio de tête Coyne/Ivins/Drozd, sent bon le rock des sixties après consommation excessive de cachets mélangé au gros envoyage de bois millésimé Angleterre début des seventies passé au filtre du DIY abreuvé de bibine tiède du hardcore californien des eighties le tout cautérisé au noise-rock mélodique des meilleurs pourvoyeurs de décibels dissonants du début de la décennie en cours. De la musique intemporelle donc, parce que de toutes les époques et d'aucune à la fois. Avec quand même un ancrage bien de son temps qui feront des Flaming Lips des candidats très sérieux au hit interlope le plus bizarre de cette jeunesse américaine là. Explication : le merveilleusement absurde "She Don't Use Jelly" avec ses considérations intimement surréalistes, sa dynamique stop-start de folk-rock psyché dopé aux amphètes noise-pop va se retrouver, de la façon la plus improbable qui soit, intégré à la série très wasp, sexy et friquée Beverly Hills 90210. Avec le groupe, en vrai, qui joue le morceau incriminé dans une scène rétrospectivement à la fois parfaitement hallucinante et tout à fait en raccord avec ce que le groupe projette de décalage entre avant-garde et bubblegum, entre apparente niaiserie et profondeur bouleversante, entre son idiosyncrasie farouche et sa faculté de toucher un large public. Mais quand même, entendre un des minets de 90210 déclarer le fameux "I usually don't like alternative music but these guys rocked the house !" reviendrait sous nos auspices moins audacieux à ce que José d'Hélène et les Garçons déclare d'une façon emphatique (et mal jouée) "Whaou, d'habitude je n'aime pas le rock indépendant, mais ces types sonnent du tonnerre !" après une prestation où Kat Onoma feraient bruisser "La Chambre" à la cafét de la fac. Les Lips, en attendant, héros d'un jour devant un public mainstream médusé, étaient encore loin de leurs triomphes à venir. A l'heure qu'il était, Drozd envoyait les vumètres au-delà de leur limite à chaque frappe, Jones tintinnabulait et crissait à qui mieux-mieux, Ivins troussait imperturbablement ses lignes de basses gouleyantes, et Wayne Coyne, la voix plus à côté que jamais, la ferveur au cœur, poussait la chansonnette interdite de contrôle technique, avec toujours ces fulgurances sentimentales en refrain de barbapapas illicites, "Be my head and I'll be yours" disait-il. Et ça produit une série de tueries pop erratiques comme ce "Turn It On" liminaire qui annonce un programme auquel le groupe se tiendra jusqu'au bout, aux auditeurs le soin de monter le volume à donf et faire tourner le produit de leur choix. Avec au passage comme de coutume, une façon de prière, en écho peut-être au "Shine On Sweet Jesus" et "You Have to Be Joking" des albums précédents, cette fois une vieille ballade folk jadis entonnée par Paul Newman dans Cool Hand Luke, écrite comme un gag mais interprétée avec une sincérité bluffante par Coyne, sa voix brisée en rappelant une autre, de Loner canadien. En germination aussi, une première tentative vers l'épique qui ne tardera pas à devenir florissant dans la musique des Lips, en seulement quatre minutes et quelque, un "Moth In The Incubator" fabuleux se développe de ritournelle folk à un brouet de rock noisy qui éclate en orgasme psyché au crescendo flingué par la batterie frénétique de Drozd. Des perspectives alléchantes s'ouvrent alors devant les quatre mousquetaires du rock déglingué."
C'est exactement ça et c'est, évidemment, chaudement recommandé !
1. Turn It On 4:39
2. Pilot Can at the Queer of God 4:16
3. Oh My Pregnant Head (Labia in the Sunlight) 4:06
4. She Don't Use Jelly 3:40
5. Chewin the Apple of Your Eye 3:52
6. Superhumans 3:13
7. Be My Head 3:15
8. Moth in the Incubator 4:12
9. Plastic Jesus 2:18
10. When Yer Twenty Two 3:34
11. Slow•Nerve•Action 5:55
Wayne Coyne - Guitar, Vocals
Steven Drozd - Drums, Guitar, Keyboards, Vocals
Michael Ivins - Bass, Vocals
Ronald Jones - Guitar, Vocals
THE FLAMING LIPS |
HeaRT oF THe SoNG
Rachel des Bois "Au Cœur des Foyers" (1993)
ou "Chansons des Bois"
Si vous ne connaissez pas encore Rachel des Bois, ne vous inquiétez pas, ils sont nombreux dans ce cas et, même si c'est extrêmement dommage parce que ce petit bout de femme à l'univers riche et chamarré a de quoi attirer le chaland comme sur cet Au Cœur des Foyers débutant, ce n'est hélas pas un exemple isolé dans un paysage musical français où le culte de la différence est trop souvent une vue de l'esprit.
Parce qu'avec ses petites histoires à la marge, son sacré sens de l'humour aussi, avec sa musique dynamique et fraiche aux influences folk européennes (de l'est sur Mon P'tit Monde, portugaise pour Le Fado des Bras Cassés), funk (Qui c'est, Une Pizza), blues (Moi, les Garçons), latines (Laisse-moi partir), jamaïcaines (un Italian Lover en mode reggae/dub revisité), orientales (Simone et Paul), jazz (Nicky), trip-hop (La Mégère), pop rock 60s (Ca tue l'amour) ou carrément dans une sorte de musique de foire/cirque dont la folie lui va bien au teint (L'Enfant du Placard), c'est un sacré kaléidoscope qu'a concocté Rachel. Peut-être trop "dans tous les sens" d'ailleurs parce qu'on finit par se demander où la demoiselle veut bien en venir, si elle se rêve en nouvelle Piaf/Fréhel, en Lio nouveau modèle (Ca tue l'amour le fait !) ou en artiste mâtinant world music et chanson (ce qui lui va d'ailleurs le mieux). Ceci dit, comme la Dame réussit tout, un peu moins le jazz avec un Nicky un peu toc, on aurait mauvaise grâce à faire les difficiles, disons simplement qu'une ligne directrice aurait donné à l'album un cohérence ici absente.
Mais si l'album est si réussi, que même cet éparpillement stylistique ne réussit pas à le minorer, pourquoi Rachel des Bois n'a-t-elle pas rencontré le succès qu'elle méritait ? Peut-être parce qu'avec un allant qui fait un peu tâche dans le petit monde de la nouvelle chanson française d'alors qui préfère se regarder la pointe des chaussures en pensant à son nombril, Rachel des Bois était définitivement trop à part et ne fut donc considérée comme difficile à promouvoir pour un label, Barclay, qui avait souvent de plus évidentes priorités qu'une fille qui chante un funk en honneur de la pizza. Reste que ce petit monde, toujours disponible si on se donne la peine de chercher un peu, possède un vrai charme qui saura vous coller un bon gros et durable sourire au visage... Que demander de plus ?
Mais si l'album est si réussi, que même cet éparpillement stylistique ne réussit pas à le minorer, pourquoi Rachel des Bois n'a-t-elle pas rencontré le succès qu'elle méritait ? Peut-être parce qu'avec un allant qui fait un peu tâche dans le petit monde de la nouvelle chanson française d'alors qui préfère se regarder la pointe des chaussures en pensant à son nombril, Rachel des Bois était définitivement trop à part et ne fut donc considérée comme difficile à promouvoir pour un label, Barclay, qui avait souvent de plus évidentes priorités qu'une fille qui chante un funk en honneur de la pizza. Reste que ce petit monde, toujours disponible si on se donne la peine de chercher un peu, possède un vrai charme qui saura vous coller un bon gros et durable sourire au visage... Que demander de plus ?
1. Mon P'tit Monde 3:01
2. Qui C'Est 3:30
3. Moi, Les Garçons 3:35
4. Laisse Moi Partir 3:40
5. Le Fado Des Bras Cassés 3:40
6. Italian Lover 2:53
7. Simone Et Paul 4:23
8. Nicky 3:17
9. La Mégère (Ca Fait Mal) 3:55
10. Une Pizza 4:11
11. L'Enfant Du Placard 2:45
12. Ca Tue L'Amour 4:07
Rachel des Bois - chant, chœurs, fouet, paroles
François Marillier - percussions, programmations, batterie, orgue, composition
Emmanuel Claude - programmations, chœurs, composition
&
Franckie Kutner - guitares
Steve Lewinson - basses
Sfezzy Wan Kenz'oby - sifflets
Vince Delico - accordéon
Peter Lewinson - batterie
Henry Teryne - trombone
Dédé Sicam - violon
...et pleins de choristes invités pour la Pizza !
RACHEL DES BOIS |
CœuR De SouL
Aaron Neville "Warm Your Heart" (1991)
ou "Warm Collection"
Une voix qui fait vibrer les cœurs depuis les années soixante, avec ou sans une fratrie presque aussi recommandable, un label qui a dans l'idée d'imposer ledit organe auprès d'un grand public toujours sensible à l'or soul, une impressionnante collection d'intervenants, dont certains particulièrement prestigieux, réunis pour la circonstance, c'est le programme du cru de 1991 d'Aaron Neville, Warm Your Heart.
Dès les premières caresses des cordes sur la reprise du Lousiania 1927 de Randy Newman, on comprend que la soul moite ne sera pas au programme de l'exercice mais, même alourdie de cordes mélodramatiques, de chœurs doucereux, la mélodie est belle et, forcément, admirablement servie par la voix chaude et sensuelle d'Aaron. Un petit machin de soul pop dansante plus loin (le sympathique si anecdotique Everybody Plays the Fool), c'est à Robert Hiatt que Neville s'attaque via un It Feels Like Rain où, tempo de sénateur pour un soul blues bien troussé, quelques jolies guitares (Ry Cooder est dans les parages !) viennent rehausser le bouillon, épatant ! On aime moins quand Aaron s'essaye à la grande variété américaine via le Don't Go, Please Stay de Burt Bacharach ici mollasson et ampoulé, on aime beaucoup, par contre quand, sur un original typique de son répertoire, Angola Bound, il convoque une partie de la fratrie pour une funk soul rythmée et entrainante ou quand, sur la chanson qui donne son titre à l'opus, il jazze/bluese tout doux avec ce bon Dr. John et même quand, se rappelant sans doute de son jeune temps, il détourne le doo-wop dans un acoustique et la très réussie adaptation du traditionnel I Bid You Goodnight ou ose l'ultime crossover avec une reprise gorgée de soul (dans sa voix !) de l'Ave Maria de Schubert. Le reste ? Beaucoup de ballades plus ou moins réussies, quelques tentatives de soul-pop souvent outrageusement saccharosées... On s'y ennuie pas mal, en fait.
Parce qu'il faut bien se l'avouer, si Warm Your Heart a ses vrais bons et beaux moments (voyez plus haut, il y a de quoi faire !), il n'est pas exempt de quelques fautes de goût qu'il est, ceci dit, facile de zapper pour ne garder que la substantifique moelle, 8 à 10 morceaux selon vos préférences et votre exigence, un petit effort pour le gain de quelques excellentes vocalises d'Aaron Neville sur de la bonne musique facile d'accès dans le bon sens du terme, le sacrifice n'est pas trop grand.
Parce qu'il faut bien se l'avouer, si Warm Your Heart a ses vrais bons et beaux moments (voyez plus haut, il y a de quoi faire !), il n'est pas exempt de quelques fautes de goût qu'il est, ceci dit, facile de zapper pour ne garder que la substantifique moelle, 8 à 10 morceaux selon vos préférences et votre exigence, un petit effort pour le gain de quelques excellentes vocalises d'Aaron Neville sur de la bonne musique facile d'accès dans le bon sens du terme, le sacrifice n'est pas trop grand.
1. Louisiana 1927 3:04
2. Everybody Plays the Fool 4:25
3. It Feels Like Rain 4:56
4. Somewhere, Somebody 3:01
5. Don't Go, Please Stay 2:40
6. With You in Mind 3:32
7. That's The Way She Loves 4:45
8. Angola Bound 4:32
9. Close Your Eyes 3:10
10. La Vie Dansante 3:21
11. Warm Your Heart 3:49
12. I Bid You Goodnight 4:00
13. Ave Maria 4:41
Aaron Neville - cowbell, drums, vocals
Cyril Neville - congas
Jason Neville - rap
Russ Kunkel - drums, programming
Robbie Buchanan - organ
Larry Carlton, David Lindley - guitar
Bob Glaub - bass, percussion
Willie Green, Jim Keltner - drums
Don Grolnick - keyboards, piano
Tony Hall, Larry Klein, Darryl Johnson, Jimmy Johnson - bass
Dean Parks - guitar, mandolin
Brian Stoltz - guitar, percussion, backing vocals
Carlos Vega - drums, percussion
Ry Cooder - guitar, slide guitar
Dr. John - noise, percussion, piano, backing vocals
Bob Seger - percussion,backing vocals
Linda Ronstadt - backing vocals, whistle
John Fenstermaker - choir master
Stephen Ferrand, Kevin Ames, Renee Armand, Robert "Kool" Bell, Rosemary Butler, Scott Campbell, Valerie Carter, Rita Coolidge, Donny Gerrard , William "Bill" Greene, Bobby King, Arnold McCuller, Aiden Miles - backing vocals
Greg Adams - horn arrangements, trumpet
Emilio Castillo, Plas Johnson - tenor sax
Steve Grove - alto sax
Stephen Kupka - baritone sax
Glen Fischthal, Lee Thornburg - trumpet
Mark Lawrence - trombone
Dave Krehbiel - french horn
Angela Koregelos - flute
Pavel Farkas - concert master, violin
Jeremy Cohen, Jeremy Constant, Gail Cruz, Ronald Erickson, Stephen Gehl, Daniel Kobialka, Roy Malan, Patrice May, Nathan Rubin, James Shallenberger, Dan Smiley - violin
Don Ehrlich, Susan Bates, Ruth Freeman, Jim Hurley, Roxanna Jacobson, Becky Sebring, Nanci Severance, Basil Vendryes - viola
Larry Epstein, Shinji Eshima, Jeff Neighbor, Bill Ritchen - contrabass
Allen Gove, Judiyaba, David Kadarauch, Dennis Karmazyn, Thalia Moore - cello
AARON NEVILLE |
à CœuR GeRMaiN...
Accept "Metal Heart (remaster)" (1985)
ou "Teutons terribles !"
C'est l'âge d'or du metal. Alors même les vilains petits canards, ces teutons menés par un gnome au timbre abrasif par exemple, semblent tout oser, et tout réussir. Pour Accept, dont les deux précédents opus avaient fait sérieusement grimper la réputation (Restless And Wild et Balls to the Wall), l'oeuvre est venue de récolter les lauriers de leur dur labeur avec ce qui est, sûrement, le début de la fin de leur période de gloire, Metal Heart.
Evidemment, il y a l'énorme classique d'ouverture et son ambiance quasi-opératique, son solo, du six-cordiste en chef, Wolf Hoffmann, empruntant la Lettre à Elise de Beethoven, celui-là est rigoureusement inattaquable jusque dans le chant possédé d'un Udo Dirkschneider qui a, certes, beaucoup à voir avec Brian Johnson (d'AC/DC, évidemment) mais sait user de son organe éraillé dans un tout autre registre avec un vrai savoir-faire. Parce qu'Accept est un vrai groupe de heavy metal, de ceux qui frappent fort, riffent dru, balancent du solo épique à gogo, bref, remplissent précautionneusement chaque case du cahier des charges du bon metal d'alors. Mais Accept a aussi sa propre identité, son propre son avec, notamment, outre cet Udo tellement atypique dans un domaine souvent réservé aux vocalistes techniques et lyriques (sur le modèle d'un Rob Halford ou d'un Bruce Dickinson), une propension à pondre du refrain à reprendre en chœur par des voix mâles et fières (un peu fête de la bière à Munich mais effet baeuf garanti, particulièrement en concert), un habitude qui perdurera chez pas mal de leur compatriotes dont, le plus fameux, chez Helloween. Cependant, c'est quand ils surprennent, osent s'éloigner du pré-carré qu'on leur connaît, qu'Accept nous prennent de court par leur talent, ici sur un Teach Us to Survive aux relents rockabilly aussi inattendus que satisfaisants. Le reste est d'une impeccable efficacité à défaut d'offrir quelque nouveauté que ce soit dans le répertoire de la formation, il y aurait même, ces fichus refrains encore, un petit côté radiophonique... Enfin, si la personnalité vocale du gnome précité n'était pas si peu compatible avec ce genre de choses, mais, tout de même, reconnaissons que Midnight Mover, Screaming for a Love-Bite ou Living for Tonite ne sont pas exempts de ces tentations. Ailleurs, Accept sait "envoyer du bois" comme sur les costauds et bien troussés Wrong Is Right ou Bound to Fail, mais parfois aussi s'approcher d'AC/DC sur un Too High to Get It Right où ils rockent comme si leur vie en dépendait.
Hélas, ce sera le dernier coup d'éclat d'Accept dans cette formation et dans les années 80, dès le successeur d'icelui, Russian Roulette, la mayonnaise prendra moins. Mais, présentement, tout ceci nous donne un album supra-efficace, un authentique classique aussi où les cinq teutons ne révolutionnent rien mais font avec talent, assurance et énergie. Comme c'était exactement ce qu'on attendait d'eux, on recommande ce Metal Heart justement passé à la postérité.
Evidemment, il y a l'énorme classique d'ouverture et son ambiance quasi-opératique, son solo, du six-cordiste en chef, Wolf Hoffmann, empruntant la Lettre à Elise de Beethoven, celui-là est rigoureusement inattaquable jusque dans le chant possédé d'un Udo Dirkschneider qui a, certes, beaucoup à voir avec Brian Johnson (d'AC/DC, évidemment) mais sait user de son organe éraillé dans un tout autre registre avec un vrai savoir-faire. Parce qu'Accept est un vrai groupe de heavy metal, de ceux qui frappent fort, riffent dru, balancent du solo épique à gogo, bref, remplissent précautionneusement chaque case du cahier des charges du bon metal d'alors. Mais Accept a aussi sa propre identité, son propre son avec, notamment, outre cet Udo tellement atypique dans un domaine souvent réservé aux vocalistes techniques et lyriques (sur le modèle d'un Rob Halford ou d'un Bruce Dickinson), une propension à pondre du refrain à reprendre en chœur par des voix mâles et fières (un peu fête de la bière à Munich mais effet baeuf garanti, particulièrement en concert), un habitude qui perdurera chez pas mal de leur compatriotes dont, le plus fameux, chez Helloween. Cependant, c'est quand ils surprennent, osent s'éloigner du pré-carré qu'on leur connaît, qu'Accept nous prennent de court par leur talent, ici sur un Teach Us to Survive aux relents rockabilly aussi inattendus que satisfaisants. Le reste est d'une impeccable efficacité à défaut d'offrir quelque nouveauté que ce soit dans le répertoire de la formation, il y aurait même, ces fichus refrains encore, un petit côté radiophonique... Enfin, si la personnalité vocale du gnome précité n'était pas si peu compatible avec ce genre de choses, mais, tout de même, reconnaissons que Midnight Mover, Screaming for a Love-Bite ou Living for Tonite ne sont pas exempts de ces tentations. Ailleurs, Accept sait "envoyer du bois" comme sur les costauds et bien troussés Wrong Is Right ou Bound to Fail, mais parfois aussi s'approcher d'AC/DC sur un Too High to Get It Right où ils rockent comme si leur vie en dépendait.
Hélas, ce sera le dernier coup d'éclat d'Accept dans cette formation et dans les années 80, dès le successeur d'icelui, Russian Roulette, la mayonnaise prendra moins. Mais, présentement, tout ceci nous donne un album supra-efficace, un authentique classique aussi où les cinq teutons ne révolutionnent rien mais font avec talent, assurance et énergie. Comme c'était exactement ce qu'on attendait d'eux, on recommande ce Metal Heart justement passé à la postérité.
1. Metal Heart 5:19
2. Midnight Mover 3:05
3. Up to the Limit 3:47
4. Wrong Is Right 3:08
5. Screaming for a Love-Bite 4:06
6. Too High to Get It Right 3:47
7. Dogs on Leads 4:23
8. Teach Us to Survive 3:32
9. Living for Tonite 3:33
10. Bound to Fail 4:58
Bonus
11. Love Child (live) 4:49
12. Living for Tonite (live) 3:50
Udo Dirkschneider – lead vocals, harmony vocals (4, 9, 10), backing vocals (1, 8), finger snapping (8)
Wolf Hoffmann – lead & rhythm guitars (all except 9), rhythm guitar (9), acoustic guitar (1, 10), backing vocals (1, 6, 7, 10), sitar (1)
Jörg Fischer – rhythm guitar (all except 4, 9), lead & rhythm guitars (4, 9), 8-string bass (3), backing vocals (1, 6, 7, 10), finger snapping (8)
Peter Baltes – bass, Moog Taurus (1, 5, 7, 10), 8-string bass (1, 8, 10), backing vocals (1, 6, 7, 10), harmony vocals (2, 5), acoustic bass guitar (8)
Stefan Kaufmann – drums, backing vocals (1, 6, 7, 10), timpani (1, 8, 10), cymbals and gongs (1), drum effects and gang vocals (3)
ACCEPT |
au CœuR De La Nuit
Tom Waits and Crystal Gayle "One from the Heart" (1982)
ou "Duo gagnant pour FFC"
Une impeccable bande-son pour une comédie romantique musicale de Francis Ford-Coppola qui n'a pas trouvé son public, c'est le programme de la rencontre entre le déjà culte Tom Waits et la chanteuse de country recyclée Crystal Gayle, une petite merveille, ceci dit en passant.
A plusieurs titres, c'est un album important pour Tom. Important parce que ça permet à l'animal de s'essayer à un exercice encore inédit pour lui, et pas pour n'importe qui, en plus, et pour un film musical, où sa musique est donc l'une des authentiques stars de l'affiche. Important, ensuite, parce qu'il y fait la rencontre de celle qui deviendra non seulement sa compagne dans la vie mais aussi dans ses création, Kathleen Brennan qui travaille au studio où il enregistre son album. C'est aussi une vraie belle rencontre, celle avec la voix chaude et parfaitement complémentaire de l'organe cassé de Waits, Crystal Gayle qui "remplace" Bette Midler, qui avait interprété un duo avec Tom sur son album de 1977, Broken Blossom, qui avait été un temps envisagée mais n'était pas disponible. Et c'est heureux parce qu'on imagine pas une autre voix que celle de Miss Gayle sur le cocktail jazzy concocté par Mister Waits. Et quel cocktail parce que Tom était particulièrement en verve en cette occurrence et que, d'une introduction de piano vite rejointe par l'échange vocal de Tom et Crystal, avant la rencontre, d'un jazz qu'on croirait issu des années 40 ou 50, de toutes ces belles ballades, ces charmants swings, jusqu'à une petite boîte à musique de clôture, c'est un festin de tous les instants, jusque dans les transitions instrumentales, c'est dire !, qui permettent même à Tom d'élargir le spectre et de, sans doute, satisfaire son envie de recréation d'un temps dont on le sait nostalgique. De fait, comme tout y est bon, très bon même, que l'ensemble est varié en restant toujours jazz et ne perdant donc nullement en cohérence, que les performances instrumentales sont au diapason de la partition, on n'en attendait pas moins du chef Bob Alcivar, c'est à un réel triomphe que nous assistons mais aussi, comme la suite de la carrière de Tom le démontrera, à un au-revoir de Waits à ces jazz et musicals qui hantèrent tant sa première partie de carrière.
Pour la petite histoire, on précisera que Waits reçut une nomination pour l'Oscar de la meilleure chanson pour un film, qu'il n'obtint pas, sans doute du fait du retentissant fiasco au Box Office de son support image. Ca ne retire évidemment rien à une soundtrack d'une absolue beauté qu'on n'a de cesse de recommander à tous ceux, sans doute pas fans de Tom, qui seraient jusqu'à présent passés à côté, il est plus que temps de s'y mettre !
Pour la petite histoire, on précisera que Waits reçut une nomination pour l'Oscar de la meilleure chanson pour un film, qu'il n'obtint pas, sans doute du fait du retentissant fiasco au Box Office de son support image. Ca ne retire évidemment rien à une soundtrack d'une absolue beauté qu'on n'a de cesse de recommander à tous ceux, sans doute pas fans de Tom, qui seraient jusqu'à présent passés à côté, il est plus que temps de s'y mettre !
1. Opening Montage (Tom's Piano Intro/Once Upon a Town/The Wages of Love) 5:16
2. Is There Any Way Out of This Dream? 2:13
3. Picking up After You 3:54
4. Old Boyfriends 5:53
5. Broken Bicycles 2:53
6. I Beg Your Pardon 4:26
7. Little Boy Blue 3:43
8. Instrumental Montage (The Tango/Circus Girl) 3:00
9. You Can't Unring a Bell 2:20
10. This One's from the Heart 5:45
11. Take Me Home 1:37
12. Presents 1:00
Crystal Gayle – vocals
Tom Waits – vocals, piano, orchestral arrangement
Bob Alcivar – piano, orchestral arrangement, conductor
Ronnie Barron – organ on "Little Boy Blue"
Dennis Budimir – guitar on "Opening Montage" & "Old Boyfriends"
Larry Bunker – drums on "The Tango"
Gene Cipriano – tenor saxophone on "The Tango"
Greg Cohen – bass
Teddy Edwards – tenor saxophone
Victor Feldman – timpani on "You Can't Unring a Bell"
Chuck Findley – trumpet on "Circus Girl"
Dick Hyde – trombone on "Circus Girl"
Pete Jolly – piano, accordion, celeste
Gayle Levant – harp
John Lowe – woodwind on "Circus Girl"
Shelly Manne – drums on "Opening Montage", "Is There Any Way Out of This Dream?" & "Old Boyfriends"
Lonny Morgan – woodwind
Joe Porcaro – glockenspiel on "Presents"
Emil Richards – vibes on "I Beg Your Pardon"
Jack Sheldon – trumpet
John Thomassie – percussion on "Little Boy Blue"
Leslie Thompson – harmonica on "Circus Girl"
Don Waldrop – tuba on "Instrumental Montage"
CRYSTAL GAYLE / TOM WAITS |
LiVe au CœuR
Whitesnake "Live...in the Heart of the City (remaster)" (1980)
ou "the Best Snake is a Live Snake"
Un groupe au sommet de son art hard'n'blues dans un live historique, c'est le programme de l'excellent Live...in the Heart of the City du Whitesnake de l'ex-vocaliste de Deep Purple, David Coverdale.
La première chose qui saute à l'oreille à l'écoute de la double galette en général et de la performance de son vocaliste en particulier est cette volonté fermement chevillée au corps de présenter un hard rock gorgé de blues et de soul ce qui, pour ceux qui suivirent le bref parcours de Coverdale au sein de Deep Purple, ce si sous-estimé Come Taste the Band précisément mais pas seulement, est tout sauf une surprise. Alors, ici, entourée d'une équipe qu'il a lui-même construite, et où deux de ses anciens partenaires de jeu l'ont rejoint (Ian Paice l'année précédente, qui du coup n'est pas du second disque, antérieur à son arrivée et Jon Lord un an plus tôt encore, sur Trouble en 1978), vous vous doutez bien que le chevelu ne s'est pas privé. D'ailleurs, ce qui était déjà évident en studio (sur les albums "solo" de David bien-sûr, mais sur ceux du groupe également) ne l'est que plus dans un format live permettant des développements supplémentaires, et une ambiance encore plus chaude aussi.
Et donc, en deux CDs, pour une captation lors de trois concerts, le premier de 1980, le second de 1978, tous les deux à l'Hammersmith Odeon de Londres, le sextet démontre que ses préoccupations dépassent largement le cadre du riff lourd et des vocalises perce-oreilles. Il faut dire qu'avec une paire de guitaristes aussi complémentaire et bluesy que celle formée par Micky Moody et Bernie Mardsen, le groupe est bien servi et peu, sans risque, s'adonner à l'art de la jam "bleu à l'âme" comme sur un quelques pistes particulièrement étirées, sans qu'on trouve quoique ce soit à y redire, comme Love Hunter, de Take Me With You et de la reprise de Deep Purple, Mistreated. Et même sur le reste de la galette, qui sonne comme un vrai live, pas un de ceux lourdement retouchés en studio, quand l'interprétation est plus resserrée, il est évident que Coverdale & Cie n'ont d'autre envie que de nous blueser jusqu'au bout de la nuit.
Alors, évidemment, il serait aisé de moquer le groupe pour ses paroles un poil machistes et pas toujours très maline, parfait relais du jeu d'un jeu de scène où David prend souvent son pied de micro pour un irréaliste substitut pénien, mais quand la musique est si bonne, jouée avec autant de fougue et de passion, on aurait mauvaise grâce de faire la fine bouche parce que ce Live...in the Heart of the City, chaud et moite comme il se doit, est avant tout un excellent moment de hard rock où blues et soul sont les remarquables épices. Ca en en fait, logiquement, le vrai sommet de la carrière d'un Serpent Blanc qui n'a pas encore été ensorcelé par les sirènes des charts étatsuniens, un petit goût de paradis perdu...
Et donc, en deux CDs, pour une captation lors de trois concerts, le premier de 1980, le second de 1978, tous les deux à l'Hammersmith Odeon de Londres, le sextet démontre que ses préoccupations dépassent largement le cadre du riff lourd et des vocalises perce-oreilles. Il faut dire qu'avec une paire de guitaristes aussi complémentaire et bluesy que celle formée par Micky Moody et Bernie Mardsen, le groupe est bien servi et peu, sans risque, s'adonner à l'art de la jam "bleu à l'âme" comme sur un quelques pistes particulièrement étirées, sans qu'on trouve quoique ce soit à y redire, comme Love Hunter, de Take Me With You et de la reprise de Deep Purple, Mistreated. Et même sur le reste de la galette, qui sonne comme un vrai live, pas un de ceux lourdement retouchés en studio, quand l'interprétation est plus resserrée, il est évident que Coverdale & Cie n'ont d'autre envie que de nous blueser jusqu'au bout de la nuit.
Alors, évidemment, il serait aisé de moquer le groupe pour ses paroles un poil machistes et pas toujours très maline, parfait relais du jeu d'un jeu de scène où David prend souvent son pied de micro pour un irréaliste substitut pénien, mais quand la musique est si bonne, jouée avec autant de fougue et de passion, on aurait mauvaise grâce de faire la fine bouche parce que ce Live...in the Heart of the City, chaud et moite comme il se doit, est avant tout un excellent moment de hard rock où blues et soul sont les remarquables épices. Ca en en fait, logiquement, le vrai sommet de la carrière d'un Serpent Blanc qui n'a pas encore été ensorcelé par les sirènes des charts étatsuniens, un petit goût de paradis perdu...
CD 1
Live in the Heart of the City (23/24 June 1980)
1. Come On 3:38
2. Sweet Talker 4:16
3. Walking in the Shadow of the Blues 5:00
4. Love Hunter 10:41
6. Fool for Your Loving 4:58
7. Ain't Gonna Cry No More 6:21
8. Ready an' Willing 4:46
9. Take Me with You 6:28
CD 2
Live at Hammersmith (23 November 1978)
1. Come On 3:22
2. Might Just Take Your Life 5:35
3. Lie Down 4:41
4. Ain't No Love in the Heart of the City 6:03
5. Trouble 4:51
6. Mistreated 10:49
David Coverdale – vocals
Micky Moody – guitar
Bernie Marsden – guitar
Jon Lord – keyboards
Neil Murray – bass guitar
Ian Paice – drums on disc 1 recordings from 1980
Dave Dowle – drums on disc 2 recordings from 1978
WHITESNAKE |
FReNCH aT HeaRT
Téléphone "Au Cœur de la Nuit" (1980)
ou "Ca sonne !"
Après deux premiers albums les ayant vu passer de groupuscule de club à stars absolues d'un rock français en pleine renaissance, c'est confiant mais avec une certaine pression, celle de faire aussi bien, que Téléphone a préparé son troisième opus, Au Cœur de la Nuit.
Faire aussi bien mais pas forcément en faisant exactement la même chose parce que, clairement, Aubert, Bertignac, Kolinka et Marienneau ont des envies d'élargissement du spectre de leur musique qui s'était contentée, jusqu'ici, à suivre pas à pas les modèles anglo-saxons. Ainsi, si on retrouve bel et bien le style, la patte du quatuor, on entend aussi de vraies nouveautés dans leur répertoire telles qu'un couplet aux atours rythmiques inhabituellement groovy (Seul), une ballade aux inclinaisons soul discrètes mais évidentes (Laisse Tomber), un tribalisme étonnant qu'on aurait plus imaginé sur un album d'Higelin que chez ces jeunes-gens (Un Homme + Un Homme), un petit coup de funk rock aussi (Les Ils et les Ons) voire des allures rhythm'n'blues directement héritées des modèles britanniques du genre (La Laisse) ou un blues acoustique rondement mené (Le Silence) tout ceci avec un goût et une maîtrise qu'on n'attendait pas mais qui, franchement, fait un bien fou à entendre amenant un vrai beau courant d'air frais dans un style qui, sinon, risquait fortement de se scléroser. Mais que les fans des deux premiers albums se rassurent, Téléphone n'a pas totalement abandonné ce rock franc et post-adolescent qui avait fait leur gloire. Ainsi se plait-on à retrouver le trademark sound désormais familier de Téléphone sur quelques brûlots bien servis. Des exemples ? Le morceau titre déjà où des feulements de Jean-Louis, des petits soli malins de Louis, de l'abattage rythmique "moonsien" de Richard on réside définitivement en territoire connu, qualité comprise. Quelques morceaux aux tempi bien appuyés aussi (Ploum Ploum, Ordinaire), juste ce qu'il faut pour mettre à rude épreuve les nuques suivant tant bien que mal le rythme effréné. Quelques singles potentiels extrêmement accrocheurs évidemment (Argent Trop Cher, dont vous vous souvenez forcément de l'excellent clip, Fleur de Ma Ville, power-ballad de grande classe) parce que les gars et la fille ont ça dans le sang pour compléter une fort belle sélection de chansons, peut-être même leur meilleure.
Album d'une maturité musicale évidente, Au Cœur de la Nuit rencontrera évidemment un énorme succès, totalement mérité ceci dit, contribuera encore un peu à affirmer la place de Téléphone comme leader naturel du rock de chez nous de ces débutantes 80s, une place ô combien méritée pour quatre parisiens dont on n'a pas fini de vanter les mérites aux nouvelles générations qui ont encore eu la chance de pouvoir les découvrir, les chanceux !
Album d'une maturité musicale évidente, Au Cœur de la Nuit rencontrera évidemment un énorme succès, totalement mérité ceci dit, contribuera encore un peu à affirmer la place de Téléphone comme leader naturel du rock de chez nous de ces débutantes 80s, une place ô combien méritée pour quatre parisiens dont on n'a pas fini de vanter les mérites aux nouvelles générations qui ont encore eu la chance de pouvoir les découvrir, les chanceux !
1. Au cœur de la nuit 3:28
2. Ploum ploum 1:54
3. Pourquoi n'essaies-tu pas ? 3:26
4. Seul 3:02
5. Laisse tomber 4:26
6. Un Homme + un Homme 1:56
7. Les Ils et les Ons 2:56
8. Argent trop cher 4:10
9. Ordinaire 2:37
10. 2000 Nuits 2:57
11. Fleur de ma ville 3:14
12. La Laisse 3:24
13. Le Silence 4:36
Jean-Louis Aubert : chant, guitare rythmique
Louis Bertignac : guitare solo, chœurs
Corine Marienneau : basse, chœurs
Richard Kolinka : batterie, percussions
&
Dominique "Cow-Boy" Forestier : saxophone (Argent Trop Cher)
TELEPHONE |
CœuR De RoCKeuR
Queen "Sheer Heart Attack (remaster)" (1974)
ou "La Reine Change"
Queen III, le premier à avoir son propre titre, Sheer Heart Attack. Album transitoire s'il en fut, inégal mais passionnant de bout en bout.
Déjà Brighton Rock, furieux rappel des épisodes précédents, ouvre le bal avec un May simplement au sommet et un groupe au diapason. Ca défouraille sévère ! Killer Queen suit et c'est une autre affaire et, sans aucun doute, le morceau fondateur du versant pop du son que le groupe peaufinera dès son album suivant, grande classe et chanson imparable. Ensuite, Taylor fait du bon boulot sur Tenement Funster mais on se dit que Mercury eût fait bien mieux et, du coup, on reste un peu sur sa faim... D'autant que la triplette qu'il aurait pu former (les trois morceaux s'enchainant) avec l'efficace art/hard rock Flick of the Wrist et sa conclusion aérienne (Lily of the Valley) eût pu être légendaire, dommage. Ce qui suit s'inscrit directement dans la légende, un autre futur grand classique (versant rock cette fois) habite la fin de cette face A, c'est du lourd, du Queen emblématique, celui-là même qui trônera longtemps en tête des charts avec son pomp rock parfois presque pop, parfois franchement hard. Oui, Now I'm Here est une grande chanson, de celles qui redéfinissent le son d'un groupe qui, présentement, réussit à être chatoyant tout en riffant dru, du bel ouvrage, vraiment... Que ne vient pas contredire le grandiloquent In the Lap of the Gods que les petits gars de Muse ont dû user jusqu'à la corde avant de commettre leurs hommages de Resistance. Las, ce qui fait merveille pour certains n'est qu'accessoire pour les maîtres et on passera donc vite sur cet aimable mais secondaire intermède pour plonger dans le furieux et presque punkoïde Stone Cold Crazy, un rocker court et d'une rare efficacité, parfait jusque dans les feulements félins d'un Mercury toutes griffes dehors. On s'arrêterait bien là, tiens, en fanfare, mais nous n'en sommes qu'au second morceau de la face B et les gars nous ont réservé quelques douceurs dont ils ont le secret : une berceuse avec Dear Friend (jolie), un petit rock presque latino avec un Misfire un peu kitsch mais sympathique ou une faux-swinguerie rigolote avec Bring Back That Leroy Brown. Pas bien sérieux tout ça mais tellement bon ! Mais il est temps, Fin des intermèdes et arrivée du morceau de Brian, autre étape incontournable de tout album de Queen. En l'occurrence Brian fera mieux que ce She Makes Me (Stormtrooper in Stilletos), probablement le morceau le plus faible de tout l'album d'autant qu'il a tendance à s'éterniser (ou à en donner l'impression) malgré une durée de seulement 4 minutes. Heureusement, Freddie relève le niveau avec son In the Lap of the Gods... Revisited, sorte de power ballad typiquement Queenesque (théâtrale à souhait donc) où le piano et la voix de Mercury font la différence. Une conclusion au niveau d'un bel album (presque) sans temps mort.
Les bonus du présent deluxe sont quasi exclusivement live et pas que d'époque... On se dit qu'EMI n'avait probablement pas beaucoup de matériel pour nous proposer un enregistrement venant d'un live officiel, en l'occurrence le Wembley de 86. Et ce n'est pas un acappella mix de Leroy Brown (oui, bon, rigolo mais fondamentalement sans intérêt) qui relèvera le niveau. Heureusement qu'il y a les BBC sessions et - surtout ! - le remaster tip top de l'album qui font de l'objet un investissement valable, indéniablement.
Déjà Brighton Rock, furieux rappel des épisodes précédents, ouvre le bal avec un May simplement au sommet et un groupe au diapason. Ca défouraille sévère ! Killer Queen suit et c'est une autre affaire et, sans aucun doute, le morceau fondateur du versant pop du son que le groupe peaufinera dès son album suivant, grande classe et chanson imparable. Ensuite, Taylor fait du bon boulot sur Tenement Funster mais on se dit que Mercury eût fait bien mieux et, du coup, on reste un peu sur sa faim... D'autant que la triplette qu'il aurait pu former (les trois morceaux s'enchainant) avec l'efficace art/hard rock Flick of the Wrist et sa conclusion aérienne (Lily of the Valley) eût pu être légendaire, dommage. Ce qui suit s'inscrit directement dans la légende, un autre futur grand classique (versant rock cette fois) habite la fin de cette face A, c'est du lourd, du Queen emblématique, celui-là même qui trônera longtemps en tête des charts avec son pomp rock parfois presque pop, parfois franchement hard. Oui, Now I'm Here est une grande chanson, de celles qui redéfinissent le son d'un groupe qui, présentement, réussit à être chatoyant tout en riffant dru, du bel ouvrage, vraiment... Que ne vient pas contredire le grandiloquent In the Lap of the Gods que les petits gars de Muse ont dû user jusqu'à la corde avant de commettre leurs hommages de Resistance. Las, ce qui fait merveille pour certains n'est qu'accessoire pour les maîtres et on passera donc vite sur cet aimable mais secondaire intermède pour plonger dans le furieux et presque punkoïde Stone Cold Crazy, un rocker court et d'une rare efficacité, parfait jusque dans les feulements félins d'un Mercury toutes griffes dehors. On s'arrêterait bien là, tiens, en fanfare, mais nous n'en sommes qu'au second morceau de la face B et les gars nous ont réservé quelques douceurs dont ils ont le secret : une berceuse avec Dear Friend (jolie), un petit rock presque latino avec un Misfire un peu kitsch mais sympathique ou une faux-swinguerie rigolote avec Bring Back That Leroy Brown. Pas bien sérieux tout ça mais tellement bon ! Mais il est temps, Fin des intermèdes et arrivée du morceau de Brian, autre étape incontournable de tout album de Queen. En l'occurrence Brian fera mieux que ce She Makes Me (Stormtrooper in Stilletos), probablement le morceau le plus faible de tout l'album d'autant qu'il a tendance à s'éterniser (ou à en donner l'impression) malgré une durée de seulement 4 minutes. Heureusement, Freddie relève le niveau avec son In the Lap of the Gods... Revisited, sorte de power ballad typiquement Queenesque (théâtrale à souhait donc) où le piano et la voix de Mercury font la différence. Une conclusion au niveau d'un bel album (presque) sans temps mort.
Les bonus du présent deluxe sont quasi exclusivement live et pas que d'époque... On se dit qu'EMI n'avait probablement pas beaucoup de matériel pour nous proposer un enregistrement venant d'un live officiel, en l'occurrence le Wembley de 86. Et ce n'est pas un acappella mix de Leroy Brown (oui, bon, rigolo mais fondamentalement sans intérêt) qui relèvera le niveau. Heureusement qu'il y a les BBC sessions et - surtout ! - le remaster tip top de l'album qui font de l'objet un investissement valable, indéniablement.
1. Brighton Rock 5:08
2. Killer Queen 3:01
3. Tenement Funster 2:48
4. Flick of the Wrist 3:19
5. Lily of the Valley 1:43
6. Now I'm Here 4:10
7. In the Lap of the Gods 3:20
8. Stone Cold Crazy 2:12
9. Dear Friends 1:07
10. Misfire 1:50
11. Bring Back That Leroy Brown 2:13
12. She Makes Me (Stormtrooper in Stilettos) 4:08
13. In the Lap of the Gods... Revisited 3:42
Bonus
1. Now I'm Here (live at Hammersmith Odeon, December 1975) 4:25
2. Flick of the Wrist (BBC session, October 1974) 3:24
3. Tenement Funster (BBC session, October 1974) 2:58
4. Bring Back That Leroy Brown (a cappella mix 2011) 2:17
5. In the Lap of the Gods... Revisited (live at Wembley Stadium, July 1986) 2:35
Freddie Mercury: lead and backing vocals, piano, jangle piano on "Killer Queen" and "Bring Back That Leroy Brown"
Brian May: guitars, backing vocals, piano on "Dear Friends", banjo ukelele on "Bring Back That Leroy Brown", lead vocals on "She Makes Me (Stormtrooper in Stilettos)"
Roger Taylor: drums, percussion, backing vocals, lead vocals on "Tenement Funster", screams on "In the Lap of the Gods"
John Deacon: bass guitars, acoustic guitar, rhythm and lead guitar on "Misfire", double bass on "Bring Back That Leroy Brown"
QUEEN |
CœuR PLaNeuR
Pink Floyd "Atom Heart Mother (remaster)" (1970)
ou "Psychétrip"
Dès sa remarquable pochette, pas qu'elle soit belle mais avouez qu'elle est immédiatement identifiable, Atom Heart Mother, 5ème album des psyché-progueux de Pink Floyd, s'impose comme un album différent de tout ce qui le précède (et de ce qui le suit comme nous le savons désormais).
Dans les faits, succédant au bâtard Ummagumma (mi-live, mi-studio), Atom Heart Mother pourrait apparaître comme un retour à la normalité pour une formation qui n'a plus fait d'album "normal" depuis 1968 et A Saucerful of Secrets (More étant un soundtrack), où Barrett trainait encore dans les parages, une paille pour l'époque ! En apparence seulement parce que les membres du Floyd ont d'autres idées en tête à commencer par la création de ce qui deviendra l'épique pièce centrale d'un opus auquel elle donne d'ailleurs son nom, et dont elle occupe toute la première face de la cire noire originelle, Atom Heart Mother, composition collective pour une fois (avec même Ron Geesin, qui sortira un mois plus tard la bande-son de Music from the Body fomentée avec Roger Waters) où le quatuor s'essaye à l'exercice symphonique. Et pour le coup, l'essai est transformé par une construction aussi périlleuse qu'elle est belle qui, d'une intro de cuivres à un premier développement plus classique, de l'entrée de cordes à une chorale post-apocalyptique, d'allures blues à de gros délires psychédéliques est un immense trip qui, bien servi par un bel esprit mélodique et de précieux arrangements voit passer ses presque 24 minutes comme dans un rêve. Après ça, évidemment, la petite folk caressante de Waters (If) a du mal à faire autant d'effet, même si elle est mignonne tout plein. Idem pour le Summer '68 de Wright qui, tout de même doté d'un décollage bienvenu et d'agréables allures pop convoquant Beatles et Beach Boys au festin, fonctionne admirablement bien. Et pas mieux pour le Fat Old Sun de Gilmour, belle ballade qui sans sa montée de sève finale, et le solo de David qui va avec, prendrait presque des airs de remplissage, mais presque seulement, ouf ! Et que dire du collage collectif final, Alan's Psychedelic Breakfast qui, d'une première partie rêveuse à sa modérée explosion de jam finale, occupe le temps plus qu'il n'affole les émotions, mais c'est agréable alors on ne fait pas trop la fine bouche même si on n'en pense pas moins... D'autant que la mise en son du groupe en personne, permet de goûter à tous les détails d'un opus qui n'en manque pas (c'est encore mieux sur le présent remaster d'ailleurs).
Alors, non, ce n'est pas le Pink Floyd qu'on conseillerait à un nouveau venu dans leur monde, Dark Side of the Moon, Wish You Were Here ou The Wall feront parfaitement l'affaire. Cependant, album à part dans la discographie de Waters, Gilmour & Cie, c'est une œuvre qui, sur sa Face A, est aussi magistrale qu'attachante et qui, jusque dans ses défauts et ses maladresses, une Face B tout de même nettement moins enthousiasmante, sait emporter l'auditeur dans un trip à nul autre pareil. Atom Heart Mother n'en demeure pas moins un vrai classique ne serait-ce que pour son impressionnant mastodonte d'ouverture mais, ça, vous le saviez sûrement déjà...
1. Atom Heart Mother 23:44
I. Father's Shout
II. Breast Milky
III. Mother Fore
IV. Funky Dung
V. Mind Your Throats Please
VI. Remergence
2. If 4:31
3. Summer '68 5:29
4. Fat Old Sun 5:22
5. Alan's Psychedelic Breakfast 13:00
I. Rise and Shine
II. Sunny Side Up
III. Morning Glory
Roger Waters – bass guitar, acoustic guitar and vocals on "If", tape effects, tape collages
David Gilmour – guitars, vocals, bass and drums on "Fat Old Sun"
Rick Wright – keyboards, vocals on "Summer '68"
Nick Mason – drums, percussion, tape editing, tape collage, additional engineering on "Alan's Psychedelic Breakfast"
&
EMI Pops Orchestra – brass and orchestral sections (uncredited)
Haflidi Hallgrimsson – cello (uncredited)
John Alldis Choir – vocals
Alan Styles – voice and sound effects on "Alan's Psychedelic Breakfast" (uncredited)
PINK FLOYD |
4 aS De CœuR
The Beatles "Sgt. Pepper's Lonely Heart Club Band (mono remaster)" (1967)
ou "Psychédélice"
Que dire du monument Sgt. Pepper's qui n'ait déjà été écrit ?
Que s'il est régulièrement à la tête des listes des meilleurs albums de tous les temps il doit bien y avoir une raison, non ? Qu'il constitue un véritable tournant dans l'histoire de la pop/rock music non seulement stylistiquement mais aussi, surtout ?, par son ambition artistique alors quasi-unique (Pet Sounds, on ne t'oublie pas !) et ses méthodes d'enregistrements révolutionnaires, merci Mr George Martin ? Que même dans ses moments "faibles" (on "guillemette" avant de citer Fixing a Hole, Being for the Benefit of Mr. Kite, Within You Without You, Lovely Rita parce que c'est tout de même extra, Achille avec un talon renforcé), il surpasse la concurrence de la tête et des épaules ? Oui tout ça et sans doute mille autres "fun facts", anecdotes et records.
Pas de doute, si le Sergent Poivre et son groupe eut un cœur solitaire, il s'est depuis fait beaucoup d'amis. Et sa étendard si immédiatement reconnaissable n'a pas dû nuire, en l'occurrence. Si j'osais, j'ose !, je dirais que c'est ce qu'on appelle un album de légende... Que dis-je ?, L'ALBUM DE LEGENDE ! Indéniablement, après le cru 1967 des Beatles, un grand cru qui vieillit admirablement bien, rien ne sera plus jamais pareil. Obligatoire.
1. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band 2:02
2. With a Little Help from My Friends 2:44
3. Lucy in the Sky with Diamonds 3:28
4. Getting Better 2:48
5. Fixing a Hole 2:36
6. She's Leaving Home 3:35
7. Being for the Benefit of Mr. Kite! 2:37
8. Within You Without You 5:04
9. When I'm Sixty-Four 2:37
10. Lovely Rita 2:42
11. Good Morning Good Morning 2:41
12. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (Reprise) 1:19
13. A Day in the Life 5:39
John Lennon – lead, harmony and background vocals; rhythm, acoustic and lead guitars; Hammond organ and final piano E chord; harmonica, tape loops, sound effects, and comb and tissue paper; handclaps, tambourine and maracas
Paul McCartney – lead, harmony and background vocals; bass and lead guitars; electric and acoustic pianos, Lowrey and Hammond organs; handclaps; vocalisations, tape loops, sound effects, and comb and tissue paper
George Harrison – harmony and background vocals; lead, rhythm and acoustic guitars; sitar; tamboura; harmonica and kazoo; handclaps and maracas; lead vocals on "Within You Without You"
Ringo Starr – drums, congas, tambourine, maracas, handclaps and tubular bells; lead vocals on "With a Little Help from My Friends"; harmonica; final piano E chord
Additional musicians and production
Sounds Incorporated – the saxophone sextet on "Good Morning, Good Morning"
Neil Aspinall – tamboura and harmonica
Geoff Emerick – audio engineering; tape loops and sound effects
Mal Evans – counting, harmonica, alarm clock and final piano E chord
George Martin – producer and mixer; tape loops and sound effects; harpsichord on "Fixing a Hole", harmonium, Lowrey organ and glockenspiel on "Being for the Benefit of Mr. Kite!", Hammond organ on "With a Little Help from My Friends", and piano on "Getting Better" and the piano solo in "Lovely Rita"; final harmonium chord.
Session musicians – four French horns on "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band": Neill Sanders, James W. Buck, John Burden, Tony Randall, arranged and conducted by Martin and McCartney; string section and harp on "She's Leaving Home", arranged by Mike Leander and conducted by Martin; tabla, dilrubas, tamboura and swarmandal on "Within You Without You", played by members of the Asian Music Circle, with eight violins and four cellos arranged and conducted by Harrison and Martin; clarinet trio on "When I'm Sixty-Four": Robert Burns, Henry MacKenzie, Frank Reidy, arranged and conducted by Martin and McCartney; saxophones on "Good Morning, Good Morning", arranged and conducted by Martin and Lennon; and forty-piece orchestra, including strings, brass, woodwinds and percussion on "A Day in the Life", arranged by Martin, Lennon and McCartney and conducted by Martin and McCartney.
THE BEATLES |
SouL au CœuR
Otis Redding "Pain in My Heart" (1964)
ou "Otis première"
Ha, Otis ! Dès les débuts, il a quelque chose de plus, quelque chose dont va vous parler Maniac Blues du webzine Forces Parallèles :
"La genèse du premier album d’Otis Redding retrace tout un pan passionnant de l’histoire de la musique soul et du label Stax. Tout commence réellement en octobre 1962 : Otis Redding, illustre inconnu, fait le chauffeur pour Johnny Jenkins & The Pinetoppers, le groupe d’un ami qui se rend à une séance d’enregistrement organisée à Memphis dans les studios de Stax. Au cours de cette session, Johnny Jenkins ne produit rien de très convaincant ; Otis Redding propose alors en dernier recours d’interpréter une de ses compositions. Personne n’y voit d’inconvénient ; on laisse alors au jeune Otis Redding une opportunité en or d’exprimer son talent. Et quel talent ! Sa voix intense et renversante laisse béat toutes les personnes réunies dans le studio. Sa performance est immédiatement immortalisée. Accompagnés des musiciens maisons de Stax, à savoir le batteur Al Jackson, Steve Cropper au piano, Lewis Steinberg à la basse, auxquels s’est joint Johnny Jenkins à la guitare, Otis Redding signe son premier grand hit : « These Arms of Mine ».
Ainsi naissent les légendes : après des années de galère, un petit coup de pouce du destin finit tôt ou tard par les propulser sur le devant de la scène. La suite de l’histoire est classique : Otis Redding grimpe peu à peu dans les classements pop & R&B, au fur et à mesure que se succèdent les 45 tours. Il se produit même à l’Apollo Theater en novembre 1963, ce qui est synonyme de succès triomphal.
Paru au début de l’année 1964, Pain In My Heart réunit l’ensemble des titres enregistrés en 1962 et 1963. Cet album est un mélange de reprises soul et R&B agrémentées de compositions personnelles. Le chanteur fougueux joue alors en compagnie de la section rythmique des Booker T. & The MGs et de la section de cuivres des Bar-Key’s, les deux groupes incontournable du Memphis Sound du début des années soixante. Otis Redding se frotte aux classiques de ses idoles avec « You Send Me » de Sam Cooke et « Lucille » de Little Richard. Redding idolâtre ces deux artistes pourtant antagonistes. Son style si singulier est né en quelque sorte de la fusion de la rage électrique de Little Richard et de la douceur de Sam Cooke.
Il reprend avec entrain des hits de la soul et du R&B comme l’indémodable « Stand By Me » de Ben E. King, l’excellent « Louie, Louie » de Richard Berry ou encore l’incendiaire « The Dog » de Rufus Thomas, artiste pionnier du label Stax. Sur certaines chansons, la voix de Redding n’est pas encore arrivée tout à fait à maturité : la composition assez convenue « Hey, Hey, Baby » montre qu’il ne s’est pas encore tout à fait libéré de son passé d’imitateur de Little Richard.
En revanche, « These Arms Of Mine », « Pain in My Heart » et « That's What My Heart Needs » s’imposent comme de véritables archétypes de la soul de Redding : sa voix chaude, profonde et mélancolique, nous émeut et préfigure déjà ses futurs chefs-d’œuvre. A l’exception du dépouillé « These Arms of Mine », les cuivres contribuent à embraser l’interprétation fougueuse du prince de la soul. Ils sont utilisés à merveille sur l’étonnant « Security », l'une des meilleures compositions originales de cet album.
Avec Pain In My Heart, Otis Redding exprime déjà avec force son talent. On se laisse facilement charmer par cette succession de ballades profondes et de hits R&B chauffés à blanc. Ce disque met en branle une révolution musicale qui va à terme bouleverser non seulement la face de la musique noire mais aussi celle de la musique populaire américaine."
Voilà, c'est comme ça que commencent les légendes... En beauté !
"La genèse du premier album d’Otis Redding retrace tout un pan passionnant de l’histoire de la musique soul et du label Stax. Tout commence réellement en octobre 1962 : Otis Redding, illustre inconnu, fait le chauffeur pour Johnny Jenkins & The Pinetoppers, le groupe d’un ami qui se rend à une séance d’enregistrement organisée à Memphis dans les studios de Stax. Au cours de cette session, Johnny Jenkins ne produit rien de très convaincant ; Otis Redding propose alors en dernier recours d’interpréter une de ses compositions. Personne n’y voit d’inconvénient ; on laisse alors au jeune Otis Redding une opportunité en or d’exprimer son talent. Et quel talent ! Sa voix intense et renversante laisse béat toutes les personnes réunies dans le studio. Sa performance est immédiatement immortalisée. Accompagnés des musiciens maisons de Stax, à savoir le batteur Al Jackson, Steve Cropper au piano, Lewis Steinberg à la basse, auxquels s’est joint Johnny Jenkins à la guitare, Otis Redding signe son premier grand hit : « These Arms of Mine ».
Ainsi naissent les légendes : après des années de galère, un petit coup de pouce du destin finit tôt ou tard par les propulser sur le devant de la scène. La suite de l’histoire est classique : Otis Redding grimpe peu à peu dans les classements pop & R&B, au fur et à mesure que se succèdent les 45 tours. Il se produit même à l’Apollo Theater en novembre 1963, ce qui est synonyme de succès triomphal.
Paru au début de l’année 1964, Pain In My Heart réunit l’ensemble des titres enregistrés en 1962 et 1963. Cet album est un mélange de reprises soul et R&B agrémentées de compositions personnelles. Le chanteur fougueux joue alors en compagnie de la section rythmique des Booker T. & The MGs et de la section de cuivres des Bar-Key’s, les deux groupes incontournable du Memphis Sound du début des années soixante. Otis Redding se frotte aux classiques de ses idoles avec « You Send Me » de Sam Cooke et « Lucille » de Little Richard. Redding idolâtre ces deux artistes pourtant antagonistes. Son style si singulier est né en quelque sorte de la fusion de la rage électrique de Little Richard et de la douceur de Sam Cooke.
Il reprend avec entrain des hits de la soul et du R&B comme l’indémodable « Stand By Me » de Ben E. King, l’excellent « Louie, Louie » de Richard Berry ou encore l’incendiaire « The Dog » de Rufus Thomas, artiste pionnier du label Stax. Sur certaines chansons, la voix de Redding n’est pas encore arrivée tout à fait à maturité : la composition assez convenue « Hey, Hey, Baby » montre qu’il ne s’est pas encore tout à fait libéré de son passé d’imitateur de Little Richard.
En revanche, « These Arms Of Mine », « Pain in My Heart » et « That's What My Heart Needs » s’imposent comme de véritables archétypes de la soul de Redding : sa voix chaude, profonde et mélancolique, nous émeut et préfigure déjà ses futurs chefs-d’œuvre. A l’exception du dépouillé « These Arms of Mine », les cuivres contribuent à embraser l’interprétation fougueuse du prince de la soul. Ils sont utilisés à merveille sur l’étonnant « Security », l'une des meilleures compositions originales de cet album.
Avec Pain In My Heart, Otis Redding exprime déjà avec force son talent. On se laisse facilement charmer par cette succession de ballades profondes et de hits R&B chauffés à blanc. Ce disque met en branle une révolution musicale qui va à terme bouleverser non seulement la face de la musique noire mais aussi celle de la musique populaire américaine."
Voilà, c'est comme ça que commencent les légendes... En beauté !
1. Pain in My Heart 2:22
2. The Dog 2:30
3. Stand by Me 2:45
4. Hey Hey Baby 2:15
5. You Send Me 3:10
6. I Need Your Lovin' 2:45
7. These Arms of Mine 2:30
8. Louie Louie 2:05
9. Something is Worrying Me 2:25
10. Security 2:30
11. That's What My Heart Needs 2:35
12. Lucille 2:25
Otis Redding - vocals
Booker T. Jones - keyboards, organ, piano
Isaac Hayes - keyboards, piano
Steve Cropper - guitar, piano
Donald Dunn- bass
Al Jackson, Jr. - drums
Johnny Jenkins - guitar
Lewis Steinberg - bass
Charles Axton - tenor sax
Floyd Newman - baritone sax
Wayne Jackson - trumpet
OTIS REDDING |
From the Heart... En Plein Coeur ! (Volume 2: 1993-1964)
RépondreSupprimerThe Flaming Lips "Transmissions from the Satellite Heart" (1993)
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Rachel des Bois "Au Cœur des Foyers" (1993)
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Aaron Neville "Warm Your Heart" (1991)
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Accept "Metal Heart (remaster)" (1985)
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Tom Waits and Crystal Gayle "One from the Heart" (1982)
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Whitesnake "Live... In the Heart of the City (remaster)" (1980)
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Téléphone "Au Cœur de la Nuit" (1980)
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Queen "Sheer Heart Attack (remaster)" (1974)
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Pink Floyd "Atom Heart Mother (remaster)" (1970)
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The Beatles "Sgt. Pepper's Lonely Heart Club Band (mono remaster)" (1967)
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Otis Redding "Pain in My Heart" (1964)
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Bel éventail cardiaque !
RépondreSupprimerJe vais goûter à Rachel des Bois
Bon appétit !
SupprimerY a du "je connais bien mais pas ce disque" (Tom Waits (pourtant j'ai vu le film), Flaming Lips (que je n'écoute plus trop), Otis REDDING) puis y a heureusement quelques très connus (Queen, Beatkes et Pink Floyd).
RépondreSupprimerDu coup, je vais gouter moi aussi à Rachel des Bois (j'aime beaucoup ta présentation) et Aaron NEVILLE (même si ta présentation, sans doute très juste et lucide, invite à passer son tour).
Pour Pink Floyd, c'est marrant, parce que, moi, ce sont surtout les moments de pop solaires ou dépouillés que j'aime dans cet album. En fait, ce que je préfère dans le Floyd, c'est exactement ce style où ils quittent les rivages fous barrettien (que j'aime également beaucoup) avant de devenir cette grosse machine avec bruits d'ambiance conceptuel qui va en imposer à tous.
En gros, les morceaux que je préfère sont sur les disques les moins playbiscités: les morceaux courts de celui-ci, les morceaux chantés de More, un bon tiers d'Obscured by clouds et Meddle.
Ce qui suivra sera certainement plus importants pour la grande histoire du Rock (oui parce que Wish you were here et Darl side of the Moon le sont indubitablement), mais, pour moi, en termes de limpidité d'écriture et d'inspiration mélodique, leur meilleur se trouve ici, en tout cas, je les trouve plus touchants.
Après, ils ont cette conscience de créer un truc énorme, alors qu'ici, ils cherchent encore qui ils sont et restent en ce sens un groupe "normal", mais capable d'écrire de grandes chansons qui n'ont pour elles que leur dépouillement (sans justement avoir besoin d'en rajouter ou surcharger pour impressioner son auditoire). Bref, après, ils sauront qu'ils ont trouvé ce qu'ils cherchaient (et l'esprit de Barrett ne sera alors plus qu'un très vieux souvenir musicial même s'il continuera de planer sur les thématiques de leur oeuvre comme un fantôme).
Dis autrement, comme tu t'en doutais sans doute, j'aime surtout le Floyd quand il n'est pas trop progressif¨ ^-^ Celui en gros qu'on oublie tout le temps, car batard entre cette grande oeuvre et la folie barrettienne.
Tu me diras pour le Neville et le Rachel des Bois, aucun des deux n'est un grand album mais les deux s'écoutent bien (quitte à zapper ce qui est moins réussi). Je te conseille chaudement le Flaming Lips et le Tom Waits (et Crystal Gayle qu'on n'oublie pas !), le premier parce qu'il est "d'avant la gloire", un disque d'autant plus passionnant qu'on sait désormais où les Lips vont, le second parce que c'est l'album le plus commercial de Tom et pas le moins réussi.
SupprimerEnfin, Pink Floyd, tu n'as pas hésité mais bien résumé sur la fin. Hé bien moi j'aime les deux Floyd, les trois même en comptant le psychédélisme originel qui disparaitra avec l'arrivée d'un progressisme dans l'air du temps mais, ici, c'est cette longue pièce presque précaire dans son équilibre, qui me passionne, et un breakfast qui me reste sur l'estomac...
Le breakfast, je ne l'écoute jamais... Mais je vais réecouter cet grand pièce d'introduction pour la peine...
SupprimerJ'ai pour principe que la simplicité et la nudité sont bien plus dures à concevoir en étant orginal que la complexité. "I want you" de Dylan est un exemple parfait. Certes, il y a les arragnements et le son divin de Bolonde on Blonde, mais le coeur (pour moi la mélodie) de la chanson bat très fort quoi qu'on en fasse (et le texte amplifie merveilleusement cette simplicité assumée qui finit par en être profonde) . Mais Wish you were here (la chanson) a de ça aussi, on peut ôter le décor, il restera toujours un coeur qui bat.
Tu n'as pas tort dans ta théorie mais que dire alors de la musique classique, de Beethoven, Wagner, Mozart, certaines de leurs œuvres sont elles aussi valables interprétées par un piano seul ? Pas si sûr...
SupprimerPerso, j'ai besoin de deux selon les circonstances et les envies.
Et pour le Beatles, c'est marrant, parce que c'est un de ceux que j'aime le moins (du moins que j'aimais le moins écouté. Il est très sur-évalué à cause justement de tout ce qui n'est pas strictement musical. Car, tu le dis très bien, les morceaux ne sont pas tous de premier choix. C'est par le travail en studio qu'ils ont réussi à leur donner un éclat qui le dissimule.
RépondreSupprimerMais il a ce petit pouvoir magique: on sent l'amour qui a été mis dedans et il rend surtout heureux comme très peu d'autres disques peuvent le faire. Et rien que pour ça, il mérite sa place dans l'histoire. Quant aux sons, il nous fait basculer dans une enfance éternelle (autre effet magique de ce disque). Et quand il se termine, j'aimerais tant me dire qu'il existe une suite.
Alors, comme je vois que tu m'as mal compris, je me reprends. Quand je dis "second choix" c'est dans le contexte et dans le répertoire alors bouillonnant des Fab Four. Pour moi c'est un grand album si pas tout à fait mon préféré, je le place juste en dessous du trio magnifique composé de Rubber Soul, du Double Blanc et d'Abbey Road.
SupprimerBon, tu en as tout de même saisit la magie, c'est pas si mal. Quand à la suite, faut pas chercher plus loin que la fantastique face B d'Abbey Road !
On est d'accord que ces chansons ne sont pas mauvaises, mais face à la concurrence de l'époque (kinks, small faces, beach boys, byrds, dylan etc.), elles ne font pas le poids. Ce qui fait qu'on ne les oublie pas, c'est bien ce merveilleux travail de studio sur l'atmosphère et les sonorités. Disons que sans elles, la magie de l'album n'opèrerait sans doute pas pareil. Bref, elles n'ont pour moi de valeur que parce qu'elle font partie du tout. T'arrive-t-il d'avoir envie de les écouter? Moi jamais. Et si j'ai envie de me focaliser sur un titre en particulier, c'est A Day in the Life, She's Leaving Home, Sgt. Pepper's Lonely Heart Club Band pas Lovely Rita.
SupprimerMais je viens de me rendre compte que tu proposais la version Mono... Donc je vais la prendre.
Personnellement, les deux qui m'obsèdent sont A Day in the Life et She's Leaving Home, ceci dit, contrairement à toi, il m'arrive d'avoir envie d'écouter n'importe laquelle des compositions de Sgt. Pepper. Je dois être fan.
SupprimerEnjoie le mono remaster, il tue !
Donc on est d'accord sur les deux sommets. Je trouve que le morceau sgt pepper est très intéressant, très moderne. Certes, il a un côté "intro", donc secondaire mais ce n'est que dernièremnt que je me suis surprise à l'aimer.
SupprimerMais je comprends que tu sois fan. La dernière fois que j'ai écouté le disque, j'avais les larmes aux yeux tellement on sent qu'ils y ont mis tout leur coeur pour nous faire partager ce bonheur. Même si je suis très critique, je suis fan également. Seulement, j'entends beaucoup de jugement à l'importe pièce sur ce disque comme si c'était la 8eme merveille du monde, le disque qu'on ne peut pas critiquer (surtout des journalistes TV pseudo musicaux). Et ça m'agace.
Le meilleur (et le pire) de ce disque est en fait sur Magical Mystery Tour. lol
Blue Jay Way et I Am the Walrus ?
SupprimerC'est vrai qu'il n'y a rien de pire que les vaches sacrées, et celle-là en est une belle ! Donc, on a le droit de dire du mal ce qui prouve tout le bien qu'on en prouve (c'est paradoxal mais c'est comme ça).
Oui, gagné pour le pire et le meilleur (quoi Fool on the Hill, j'ai toujours du mal à les départager...)
SupprimerLa version Mono est effectivement somptueuse, je crois que je vais retirer mes réserves sur ce disque à cause d'elle. ^-^
"Fat Old Sun". Petite ballade ?
RépondreSupprimerRéécoute la version des BBC Sessions. Celle du 30 septembre 1971, au Paris Cinema.
Si cela est du remplissage…
Sinon autre chose, chez les italiens il y a "Il Volo", et leur album éponyme, Banco, Le Orme… Quant à Aréa, je ne t'en parle plus. Pour PFM à part leur collaboration avec le grand Fabrizio… Et comme le dit si bien l'ami Devant, "Amico Fragile" est d'une beauté dont on ne résiste pas.
Jean-Paul
Ne décontextualisons pas, veux-tu... Or donc, comparé à Atom Heart Mother et dans la version de l'album, oui, c'est une petite ballade, ce qui n'a rien de péjoratif parce que c'est une belle petite ballade ce qui fait toujours plaisir au cœur d'artichaut du rocker.
SupprimerPas d'accord pour PFM, ça va sans dire mais disons-le tout de même. Tu as oublié quelques beaux italiens que je finirai bien par évoquer, un jour... Je retiens ta suggestion d'Il Volo à côté desquels je suis passé, merci.
Merci de ton passage et de ton commentaire, Jean-Paul.
Mais c'est quoi ce Flaming Lips ??!! et ce Tom Waits ?? c'est pourtant ici qu'on ne devrait pas fléchir.
RépondreSupprimerFloyd Beatles... peu pas rajouter des masses..et du coup ça fait un peu pitié pour mi de me rattraper sur ces opus-pavlov-ci.
Fléchis donc ! Et n'hésite pas à commenter ici ou à en parler "chez toi". ^_^
SupprimerEt, ce Waits, tu m'en diras des nouvelles !!!
Merci de ton passage, Charlu.