Une série sur la musique qui excitait les jeunes anglais lors de bouillonnantes années 90 ? Il faudra l'étaler sur deux sessions parce qu'il y a à faire et à dire sur les divers phénomènes musicaux apparus, disparus, sauvés des eaux ou bons à noyer... Présentement on s'intéresse aux cinq premières années. Enjoie !
1989, aVaNT La DaTe
The Stone Roses "The Stone Roses"
ou "Madchester"
Un essentiel qui définira la décennie à venir, et un album toujours moins connu qu'on pourrait le croire, le premier et éponyme long-jeu des Stone Roses méritait une mise en mots adéquate, c'est à A.F. de Contre Culture que je cède bien volontiers la place :
"Fin des années 80, l’Angleterre découvre l’électro, remet la tradition pop au goût du jour, et se souvient du psychédélisme. C’est un mélange de tout ça que propose les Stone Roses en 1989, groupe le plus populaire de la scène de Manchester (appelé à l’époque « Madchester » pour la folie des nuits engendrés par la naissance de la musique house mêlée à la pop et aux arrangements psychés, dont les Stones Roses sont avec les Happy Mondays les représentants les plus fameux), sortant ainsi un album rempli de magnifiques hymnes et de ballades bouleversantes.
Formé en 1984 à Manchester, les Stone Roses ont eu une carrière pour le moins atypique. Après avoir enregistré un premier album en 1985, ils décident de ne pas le sortir, n’étant pas pleinement pas satisfaits du résultat (ne tiendrait-on pas là la définition d’un groupe « non-commercial » ?).
C’est donc 5 ans plus tard que le public découvre ces petits génies de la pop à l’anglaise, grâce au magnifique single « Made Of Stone », probablement le meilleur titre de l’album, et un sérieux prétendant au titre de plus belle mélodie du XXe siècle. Sorti en début d’année, le single est désigné « single de la semaine » par le NME (New Musical Express, magazine musical anglais renommé), et avance la sortie du disque au mois de mars.
L’album sort donc sur le label Silvertone Records (un label indépendant bien sûr), et est d’emblée un succès national (il se classe 19e dans les charts), aussi bien au niveau du public que des critiques.
Bob Stanley dira : « This is simply the best debut LP I've heard in my record buying lifetime. Forget everybody else. Forget work tomorrow. », et l’album sera élu meilleur disque de tous les temps par les lecteurs du NME, juste devant Doolittle des Pixies et Pet Sounds des Beach Boys (finalement ils sont pas si cons au NME). Autant dire qu’on a pas affaire à n’importe quel disque sans influence…
On attaque en douceur mais en beauté avec « I Wanna Be Adored » et ses guitares ciselées à la production parfaite, et sa ligne de basse plus qu’efficace, qui est en fait une des armes fatales du groupe avec ses mélodies qui semblent taillées dans l’or.
On enchaîne ensuite sur deux chansons au rythme plus enjoué mais aux mélodies toujours aussi réussies, servies par la guitare de John Squire trempée dans la saturation et la reverb’, pour notre plus grand plaisir. Ce sont aussi deux chansons sur le thème de l’amour dont les refrains rentrent dans la tête comme un couteau dans un motte de beurre, et dont le texte devrait servir de modèle à tous ceux qui ont un jour rêvé d’écrire une chanson correcte.
Tout s’enchaine ensuite comme dans un rêve, chansons après chansons, jusqu’à cette surprenante ballade folk qu’est « Elizabeth My Dear », bel intermède pour repartir de plus belle sur deux des plus beaux tubes de l’histoire, puis tout ça s’achève gentiment le funky « I Am The Resurrection » de plus de huit minutes.
On a donc ici un disque oublié par l’histoire, mais aussi considéré unanimement pas les critiques comme un des plus grands et des plus aboutis, à un niveau que seulement quelques groupes ont atteints, et que les Stone Roses n’atteindront eux-mêmes plus jamais. Relevant du mythe, de telles mélodies se pointent rarement dans l’histoire de la musique, et il semble que la dernière fois était belle et bien sur Doolittle. De quoi remettre les points sur les ii à tous les détracteurs de la musique indépendante."
Formé en 1984 à Manchester, les Stone Roses ont eu une carrière pour le moins atypique. Après avoir enregistré un premier album en 1985, ils décident de ne pas le sortir, n’étant pas pleinement pas satisfaits du résultat (ne tiendrait-on pas là la définition d’un groupe « non-commercial » ?).
C’est donc 5 ans plus tard que le public découvre ces petits génies de la pop à l’anglaise, grâce au magnifique single « Made Of Stone », probablement le meilleur titre de l’album, et un sérieux prétendant au titre de plus belle mélodie du XXe siècle. Sorti en début d’année, le single est désigné « single de la semaine » par le NME (New Musical Express, magazine musical anglais renommé), et avance la sortie du disque au mois de mars.
L’album sort donc sur le label Silvertone Records (un label indépendant bien sûr), et est d’emblée un succès national (il se classe 19e dans les charts), aussi bien au niveau du public que des critiques.
Bob Stanley dira : « This is simply the best debut LP I've heard in my record buying lifetime. Forget everybody else. Forget work tomorrow. », et l’album sera élu meilleur disque de tous les temps par les lecteurs du NME, juste devant Doolittle des Pixies et Pet Sounds des Beach Boys (finalement ils sont pas si cons au NME). Autant dire qu’on a pas affaire à n’importe quel disque sans influence…
On attaque en douceur mais en beauté avec « I Wanna Be Adored » et ses guitares ciselées à la production parfaite, et sa ligne de basse plus qu’efficace, qui est en fait une des armes fatales du groupe avec ses mélodies qui semblent taillées dans l’or.
On enchaîne ensuite sur deux chansons au rythme plus enjoué mais aux mélodies toujours aussi réussies, servies par la guitare de John Squire trempée dans la saturation et la reverb’, pour notre plus grand plaisir. Ce sont aussi deux chansons sur le thème de l’amour dont les refrains rentrent dans la tête comme un couteau dans un motte de beurre, et dont le texte devrait servir de modèle à tous ceux qui ont un jour rêvé d’écrire une chanson correcte.
Tout s’enchaine ensuite comme dans un rêve, chansons après chansons, jusqu’à cette surprenante ballade folk qu’est « Elizabeth My Dear », bel intermède pour repartir de plus belle sur deux des plus beaux tubes de l’histoire, puis tout ça s’achève gentiment le funky « I Am The Resurrection » de plus de huit minutes.
On a donc ici un disque oublié par l’histoire, mais aussi considéré unanimement pas les critiques comme un des plus grands et des plus aboutis, à un niveau que seulement quelques groupes ont atteints, et que les Stone Roses n’atteindront eux-mêmes plus jamais. Relevant du mythe, de telles mélodies se pointent rarement dans l’histoire de la musique, et il semble que la dernière fois était belle et bien sur Doolittle. De quoi remettre les points sur les ii à tous les détracteurs de la musique indépendante."
Voilà, un essentiel. Si vous l'avez raté...
1. I Wanna Be Adored 4:52
2. She Bangs the Drums 3:42
3. Waterfall 4:37
4. Don't Stop 5:17
5. Bye Bye Badman 4:00
6. Elizabeth My Dear 0:59
7. (Song for My) Sugar Spun Sister 3:25
8. Made of Stone 4:10
9. Shoot You Down 4:10
10. This is the One 4:58
11. I Am the Resurrection 8:12
Ian Brown – vocals
Mani – bass guitar
Reni – drums, backing vocals
John Squire – guitars, paintings
THE STONE ROSES |
BoNuS 'eN BReF'
Soul II Soul "Club Classics Vol. One"
ou "Pre-Hop"
Avant le trip-hop ou quand l'Angleterre soul se réveille en digital, c'est ce que propose le premier album du Soul II Soul de Nellee Hooper et Jazzie B., deux britanniques à la peau sombre qui ont l'avantage, par rapport à leurs collègues étatsuniens, soi-disant détenteurs de la formule originelle (quand que la soul américaine connaît son heure la plus noire via une mainstreamisation écœurante), d'un certain décalage qui fait, justement, toute leur saveur.
Déjà parce qu'il y a les belles et bonnes chansons fomentées par le duo, ensuite parce que le casting voix de divas noires extrêmement bien choisies pour leur donner corps et âme fonctionne au-delà des plus folles espérances, ce Club Classics Vol. One qui sait si bien mixer la house de Chicago à la northern soul que pratiquent avec tant de savoir-faire certains sujets de sa Grâcieuse Majesté et au hip-hop de la east-coast, en devient, parce que presque parfait en plus d'annoncer l'explosion trip-hop qui ne tardera plus, un essentiel de toute collection qui se respecte.
1. Keep on Movin' 6:00
2. Fairplay 5:55
3. Holdin' On 4:13
4. Feeling Free 4:13
5. African Dance 6:00
6. Dance 3:40
7. Feel Free 5:00
8. Happiness 5:30
9. Back to Life 3:12
10. Jazzie's Groove 3:12
Crispin - percussion
Kushite - flute
Simon "The Funky Ginger" Law - keyboards, piano
Andrew Levy, Graham Silbiger, Carol Wheeler, Rose Windross, Shikisha, Aitch B. - Vocals
Jazzie B. - Rap, producer
Nellee Hooper - producer, composer
SOUL II SOUL |
1990
The Shamen "En-Tact"ou "Intelligent Raving"
Ca bouge, ça groove, ça beate, ça chante aussi, et c'est vachement bien parce qu'en plus ça fait avancer le schmilblick, c'est En-Tact, cinquième long-jeux des écossais électroniques de Shamen, une vraie bombe d'album plus qu'à danser.
Parce que les Shamen, un duo qui n'en est pas à ses premières armes et a largement eu le temps de murir une dance music évoluée et quasi-progressive, sont alors au sommet de leur force, et en plein accord avec le courant "intelligent techno" qui déferle alors sur la prude albion. Leur différence avec les Prodigy, Orbital, Fluke et autres Underworld ? Ce lien avec le format chanson qui n'est que subrepticement présent chez les "collègues" et fait, en vérité, toutes la force d'En-Tact. Dans les faits, les débuts rock alternatifs des écossais sont loin, bien loin, l'évolution, dès leur second opus (Drop, 1987), vers les musiques électroniques suantes et tribales trouve ici son paroxysme, son pinacle qualitatif aussi. Parce que les écossais font fort, balançant 69 minutes où beats plombés, synthés ambient et malins complimentent et complémentent de vraies chansons qui, tantôt rapées, tântôt chantées, atteignent toutes leur "gigotatoire" but. Et puis il y a la piste "alien" de l'opus, le gros morceau épique et théâtral qui en remontre, hommage aussi, à des sommités du passé telles que Tangerine Dream, Kraftwerk ou King Tubby (appréciez au passage le grand écart !), ce Evil Is Even et ses 13 minutes de total trip où, à défaut de lumières stroboscopiques et de l'ambiance si particulière des rave-parties de la période, l'imagination prend aisément le relais.
Voilà, tout ça nous fait un album de musique électronique à la fois abordable, prospectif et ambitieux, un tour de force que, hélas, les Shamen ne reproduiront jamais tout à fait même s'ils ne passèrent vraiment pas loin avec un Boss Drum du même tonneau. En Tact ? Un essentiel des années 90 tous genres et origines confondus.
1. Human NRG 3:22
2. Progen (Land of Oz Edit) 4:07
3. Possible Worlds 3:45
4. Omega Amigo (Steve Osbourne Mix) 4:44
5. Hyperreal 4:32
6. Lightspan (Irresistible Force Mix)5:48
7. Make it Mine (v2.5 Evil Ed) 3:57
8. Oxygen Restriction 3:48
9. Evil Is Even 13:16
10. Human NRG (Massey) 4:36
11. Make it Mine (v1.3 pirate radio) 4:54
12. Oxygen Reprise v2.0 5:20
13. Hear Me O My People (Mix by Orbital) 7:24
Colin Angus – vocals, guitar, keyboards, bass guitar
Richard West – vocals, keyboards
Bob Breeks – keyboards
Gavin Knight – drums, electronic percussion
Richard Sharpe – keyboards
Will Sinnott – bass guitar, keyboards, vocals
THE SHAMEN |
BoNuS 'eN BReF'
Beats International "Let Them Eat Bingo"
ou "Beats and Thrills"
Un ex-Housemartins, Norman Cook, qui se lance dans une dance-pop recyclante et maline pour un premier album qui fera son petit effet, c'est Let Them Eat Bingo, premier des deux albums, le plus réussi aussi, de Beats International.
Si la formule est simplissime sur le papier, piquer des petits hooks mélodiques de partout et les arranger en de sautillants hymnes plein de bonne humeur et d'entrain, la réaliser prouve que monsieur Cook et ses nouveaux collègues ont de la suite dans les idées comme quand ils détournent la ligne de basse du Guns of Brixton des Clash sur le supra-efficace Dub Be Good to Me, par ailleurs une adaptation du Just Be Good to Me du SOS Band. La suite de l'album est à l'avenant balançant funk, blues, dub et reggae et, plus généralement, tout ce qui passe par la tête de ces petits chimistes doués, pour un résultat fun et frais auquel on ne résiste pas, gardant cependant en tête le côté profondément "novelty" de pareille entreprise.
Comme vous le savez tous, Norman Cook deviendra un multiplatiné DJ "Big Beat" sous le sobriquet de Fatboy Slim mais, ça, c'est une autre histoire qui ne doit pas nous faire oublier que l'étape intermédiaire, ce Beats International presque tombé dans l'oubli, mérite le détour.
Si la formule est simplissime sur le papier, piquer des petits hooks mélodiques de partout et les arranger en de sautillants hymnes plein de bonne humeur et d'entrain, la réaliser prouve que monsieur Cook et ses nouveaux collègues ont de la suite dans les idées comme quand ils détournent la ligne de basse du Guns of Brixton des Clash sur le supra-efficace Dub Be Good to Me, par ailleurs une adaptation du Just Be Good to Me du SOS Band. La suite de l'album est à l'avenant balançant funk, blues, dub et reggae et, plus généralement, tout ce qui passe par la tête de ces petits chimistes doués, pour un résultat fun et frais auquel on ne résiste pas, gardant cependant en tête le côté profondément "novelty" de pareille entreprise.
Comme vous le savez tous, Norman Cook deviendra un multiplatiné DJ "Big Beat" sous le sobriquet de Fatboy Slim mais, ça, c'est une autre histoire qui ne doit pas nous faire oublier que l'étape intermédiaire, ce Beats International presque tombé dans l'oubli, mérite le détour.
1. Burundi Blues
2. Dub Be Good to Me
3. Before I Grow Too Old
4. The Ragged Trousered Percussionists
5. For Spacious Lies
6. Blame It on the Bassline
7. Won't Talk About It
8. Dance to the Drummer's Beat
9. Babies Makin' Babies (Stoop Rap)
10. The Whole World's Down on Me
11. Tribute to King Tubby
12. For Spacious Lies (12" Version)
ils ont participé à l'album :
Norman Cook
Lindy Layton
Lester Noel
David John-Baptiste
MC Wildski
Andy Boucher
BEATS INTERNATIONAL |
1991
Primal Scream "Screamadelica"
ou "Northern Groove"
Une ode à la danse, un hommage à des musiques qui réchauffent parce que quand on vient du nord, de Glasgow plus précisément, ce n'est pas inutile, un album qui transcende les genres et les époques, évoque le passé autant qu'il explore de nouveaux possibles et, surtout !, propose de l'excellente musique, c'est Screamadelica, troisième opus des écossais de Primal Scream, et c'est Dariev Stands de chez Guts of Darkness qui nous l'évoque :
"Attention car là c’est du très lourd. Screamadelica, chef d’œuvre insurpassable de Primal Scream (que faire après ça ?), est et restera le témoignage d’une période de défonce et de délire comme rarement en a connu la musique anglaise.
Difficile de trouver une ambiance plus propice à la fête au ralenti sous les étoiles, retranscrivant l’expérience d’une rave en pleine nature, où les montées de trip se conjuguent aux rythmiques tribales de la house music. C’est d’ailleurs au cours d’une rave que le groupe rencontre Andrew Weatherall, DJ et pilier de scène électronique anglaise, personnage culte au rôle déterminant sur cet album. C’est pourtant Alan McGee, parton du label Creation, qui leur fait découvrir l’acid house en 88, lors du fameux "Second Summer of Love". A partir de là, le groupe, alors considéré comme ringard, est associé à la découverte de la house et de l’ecstasy, aux smileys et à la scène Madchester, bien qu’ils viennent à la base de la très artisanale scène indie ecossaise (Jesus & Mary Chain bien sûr, Edwyn Collins, les Vaselines.. que du bon).
Ils ne lâcheront d’ailleurs jamais leur fascination pour le rock et la soul, plaçant un Movin’ On Up comme rescapé de l’année 69 en première piste, ainsi qu’une photo de livret qui semble ouvrir sur un monde disparu, dans la lignée des futurs Brian Jonestown Massacre… Et n’oublions pas Slip Inside His House, chanté "trip inside this house", qui reprend en mode house bordélique la chanson-monstre du psychédélisme américain, des 13th Floor Elevators. Inner Flight, lui, invite au voyage intérieur, à l’introspection, et annonce Damaged, I’m Coming Down et Shine Like Stars, quatre ballades magnifiques, instants de beauté capturés sous les étoiles entre les chants des criquets et le carillon du marchand de sable... Trois perles venues d’on ne sait quelle constellation qui justifient à elles seules l’achat du skeud, même si vous n’aimez pas la house old school et les effets dub. Come Together et Loaded, les deux machines à dancefloors (ayant déjà cartonné en single avant la sortie du disque), réveillent l’auditeur pour mieux le plonger dans une transe groggy primale et tribale, une gigue spatiale sans fin, endiablée, aux accents gospel. Les relents acides se confondent avec percussions 60’s et le tout semble avoir macéré assez longtemps pour devenir dangereusement hallucinogène.
En effet, Weatherall a travaillé et remixé les bandes du groupe, sans que celui-ci lui ait demandé ! Après avoir écouté le remix de Loaded (à la base un morceau de l’album précédent), Gillepsie, alors écœuré par l’échec total du groupe sur la scène rock, prend le morceau comme un choc. C’est décidé, son groupe ne ratera pas le train de l’Acid House qui déferle alors telle une avalanche sur la pauvre angleterre. Weatherall, sorcier des loops, justifie ici tout un procédé, en accouchant probablement d’un des plus grands remixes de tous les temps, aux côtés de Paid in Full par Coldcut (même famille, et ça s’entend) et Karmacoma par Massive Attack. La jonction entre le Summer Of Love ’67 et celui de 88 est faite ici. Entre Acid Rock et Acid House. S’ensuit une descente dans les tréfonds du dub le plus moite et bariolé, et la redescente en douceur façon Gillepsie : Shine Like Stars, comptine cristalline à la Jesus & Mary Chain qui nous laisse chancelant, à peine remis de cette expérience hautement psychédélique. La reprise de Higher Than The Sun à la fin de l’album (A Dub Symphony In Two Parts, rien que ça) propulse l’auditeur dans un maelstrom tribal digne des heures les plus barrées du Floyd 70’s ! Le trip commence vraiment vers 3min30, quand une basse rondelette déboule (Jah Wobble, ladies and gentlemen) et sonne l’arrivée du remix dub de Weatherall. A partir de là, on entre dans un espace sonore inédit, entre respiration de Darth Vader, chants africains et la voix de Gillepsie, quasiment disparue dans un brouillard d’ecstasy et d’herbe, tandis que Martin Duffy égrène ses lignes de claviers délicieusement vintage, entre mélodica jamaïcain et orgue à la Booker T...
A noter la présence du duo ambient-house The Orb à la production de Higher Than The Sun et Come Together, aux côtés de Jimmy Miller - fameux pour avoir mis en boîte Beggars Banquet des Stones – au mixage. Grand écart improbable, mais improbable n’est pas anglais. “I’m gonna live the life I love/I’m gonna love the life I live” chante Denise Johnson (diva house typique de chez typique de l’époque) sur Don’t Fight It, Feel It, déclaration d’intention hédoniste (“I’m gonna get high ‘til the day I die”)... L’intrusion de voix et d’éléments black dans le rock anglais de l’époque n’était pas dû au hasard : c’était la conséquence de l’influence de la house de Chicago, musique 100% black, qui allait mettre la scène indé anglaise, depuis trop longtemps en autarcie, face à ses vieilles influences 60’s et 70’s. Ainsi on peut entendre le prêche de Jesse Jackson lors du Wattstax de 1972, festival du label Stax désigné comme le Woodstock noir, en ouverture de Come Together, et les maniaques auront peut-être reconnu le rire de Sly Stone à la fin de Slip Inside This House.
Si vous voulez savoir comment est sorti le groupe de cette expérience (tout l’album est construit comme un trip, dès la deuxième piste, la sobriété est proscrite et le basculement est irréversible), il suffit d’écouter l’immense Damaged, aux paroles lucides de Gillepsie, qui aura laissé quelques neurones dans l’affaire, avant de déclarer aux anges, les bras grands ouverts "IIiiiiiii’ve neeveeer beeeeen so haaaaaaaappyyyyyy"… Putain de grand disque."
C'est dit et bien dit, si vous ne connaissez pas encore... Foncez !
1. Movin' On Up 3:47
2. Slip Inside This House 5:14
3. Don't Fight It, Feel It 6:51
4. Higher Than the Sun 3:36
5. Inner Flight 5:00
6. Come Together 10:21
7. Loaded 7:01
8. Damaged 5:37
9. I'm Comin' Down 5:59
10. Higher Than the Sun (A Dub Symphony in Two Parts) 7:37
11. Shine Like Stars 3:45
Bobby Gillespie - lead vocals
Andrew Innes - guitar
Robert Young - guitar, vocals on "Slip Inside This House"
Martin Duffy - keyboards, piano
Henry Olsen - bass, guitar solo on "Damaged"
Phillip "Toby" Tomanov - drums, percussion
&
Denise Johnson – lead vocals on track 3
Jah Wobble – bass on track 10
PRIMAL SCREAM |
BoNuS "eN BReF"
Massive Attack "Blue Lines"
ou "Hop-Révolution"
S'il y a un album qui définit le trip-hop, qui représente la quintessence du genre, c'est bien le premier Massive Attack, l'exceptionnel Blue Lines.
Aussi, on se demande s'il est bien utile de rentrer dans le détail, d'évoquer ces beats soyeux où se rencontrent le côté le plus doux et cotonneux de la house de Chicago, la lourdeur planante du dub jamaïcain et un vrai talent pour trousser de belles mélodies et dénicher les bonnes voix pour mener tout ça (jusqu'à ressortir l'excellent Horace Andy d'un injuste oubli). Parce qu'au-delà des tubes (Safe From Harm, Be Thankful for What You've Got, Unfinished Sympathy), Massive Attack commet l'album parfait, de ceux où on cherche vainement la faille avant de rendre les armes et de, bêtement, apprécier le tour de force. Et s'il y a un truc vraiment incroyable là-dedans (et dans les deux successeurs de cet historique Blue Lines, nommément Protection et Mezzanine, la suite étant moins marquante, c'est entendu), c'est que, près d'un quart de siècle plus tard, alors que l'album ne sort plus que très épisodiquement d'une étagère qu'il a commencé à occuper le mois de sa sortie, il fonctionne toujours aussi bien, pas pris une ride le machin, inusable !
Voilà, comme vous l'avez déjà sûrement (si ce n'est pas fait, foncez !), vous savez exactement de quoi je parle, d'ailleurs, vous opinez probablement du chef en lisant ces quelques lignes parce que, en plus, il est universellement bien accueilli, ce fichu Blue Lines, immense classique d'un Massive Attack peut-être débutant mais déjà dans la plénitude de son art.
1. Safe from Harm 5:18
2. One Love 4:48
3. Blue Lines 4:21
4. Be Thankful for What You've Got 4:09
5. Five Man Army 6:04
6. Unfinished Sympathy 5:08
7. Daydreaming 4:14
8. Lately 4:26
9. Hymn of the Big Wheel 6:36
Robert "3D" Del Naja: vocals – keyboards
Grantley "Daddy G" Marshall: vocals
Andrew "Mushroom" Vowles: keyboards
&
Shara Nelson: vocals
Horace Andy: vocals
Adrian "Tricky" Thaws: vocals
Paul Johnson: Bass guitar
Tony Bryan: vocals
Claude "Willie Wee" Williams: vocals
Wil Malone: Strings
Neneh Cherry: backing vocals
Michael "Mikey General" Taylor : backing vocals
MASSIVE ATTACK |
1992
Spiritualized "Lazer Guided Melodies"
ou "Space Tunes"
Le Space Rock n'est pas mort. Si les monstres du genre, d'Hawkwind à Pink Floyd, ronronnent ou ont cessé toute activité en 1992, quelques anglais bien décidés font revivre la chose, la réinvente même !, en y ajoutant des références indépendantes cultes (VU !, who else?) du meilleur goût. Ce sont les débuts de Spiritualized avec un Razor Guided Mélodies resté dans les annales. Mais place aux mots de Andybell de chez XSilence.net qui va plus précisément nous évoquer la chose :
"Attention mesdames et messieurs, voici l'album le plus barré de l'année 1992.
Vous aimez le shoegazing, vous aimez le Velvet Underground, vous avez aimé Spacemen 3, vous aimerez le premier album de Spiritualized.
Ambiance de drogués, époque Swinging London, en plein tournage de Blow Up, ou alors en pleine descente d'un trip qui se serait finit dans votre lit douillé, voici un peu ce que va vous procurer la douceur de cet album, loin d'être agressif.
"You Know It's True" ouvre le bal avec tout son cortège d'hallucinogènes, mais détrompez vous, ce morceau est une magnifique ballade.
"If I Were With Her Now" continue sur les mêmes sujets, l'amour perdu, l'amour recherché, et ce voyage continue comme cela sur tous les titres de ce bel ouvrage (notamment "Angel Sigh", "Take Your Time")
"Run" est une magnifique reprise du Velvet, "Smiles" est encore une très belle ballade. Mais détrompez mesdames et messieurs, quand je dis ballade, ce n'est pas un slow, j'entends plusieurs musiciens, flutistes, trompettistes, saxophonistes, violonistes et violoncellistes qui accompagnent cet enivrant parcours dans la galaxie, faut-il le rappeler, du shoegaze de l'époque.
Alors oui, cet album n'est peut-être pas le plus abouti du groupe, mais le plus sensible, le plus timoré et doux, tellement doux, que je vais vous souhaiter une bonne nuit ! Amateurs du Velvet et de Pink Floyd, cet album est pour vous."
Le Zornophage valide et recommande cet essentiel pour planer en beauté !
1. You Know It's True / If I Were with Her Now / I Want You 13:12
2. Run / Smiles / Step into the Breeze / Symphony Space 14:45
3. Take Your Time / Shine a Light 14:09
4. Angel Sigh / Sway / 200 Bars 18:54
Jason Pierce - guitar, dulcimer, autoharp, piano, vocals
Kate Radley - keyboards, vocals
Mark Refoy - guitar, acoustic guitar, dulcimer
Will Carruthers - bass
Jonny Mattock - drums, percussion, dulcimer
Simon Clarke - flute
Roddy Lorimer - trumpet
Will Gregory - saxophone
Colin Humphries - cello
Martin Robinson - cello
SPIRITUALIZED |
BoNuS 'eN BReF'
James "Seven"
ou "James Who?"
C'est l'histoire d'un groupe qui méritait mieux, un groupe qui eu la malchance de ne pas avoir le soutien médiatique et promotionnel d'un Blur, d'un Oasis ou d'un Suede, et que c'est bien dommage comme le démontre leur très réussi cinquième album, Seven.
Les gars dont il s'agit sont les mancuniens de James, formation indie pop/rock tout à fait typique de son époque au point d'avoir été, un temps, considéré comme le futur Smiths, madeleine élusive d'une scène britannique en constante recherche de la nouvelle sensation mais toujours fermement ancré dans son passé. Ce que font les gars de James d'ailleurs, sur leur album le plus richement produit où Tim Booth et ses amis font ce qu'ils savent faire de mieux : de bonne chansons. Déjà parce que le sieur Booth a une voix qu'on retient, ensuite parce que des arrangement enrichis (des cuivres notamment) ne déroutent pas tout à fait ces racines freak et folk toujours identifiables si nettement plus "tenues", James réussit le tour de force de se "vendre" sans aucunement se trahir c'est à dire de cocher toutes les cases de ce qu'attend le public "cible" d'un album indie à gros budget en conservant sa personnalité inviolée.
Après les Smiths, les Stone Roses et autres Inspiral Carpets (pour ne citer qu'eux), Manchester rappelle au monde sa vivacité via le peut-être plus anonyme (ce nom aussi...) de ses représentants, des quasi-oubliés qui existent pourtant toujours et à qui je vous intime de laisser leur chance, ils la méritent.
1. Born of Frustration 4:21
2. Ring the Bells 4:45
3. Sound 6:40
4. Bring a Gun 3:42
5. Mother 2:40
6. Don't Wait That Long 6:39
7. Live a Love of Life 4:18
8. Next Lover 5:27
9. Heavens 3:56
10. Protect Me 3:05
11. Seven 3:22
Tim Booth - vocals
Larry Gott - guitar
Jim Glennie - bass guitar
Saul Davies - guitar
Mark Hunter - piano, keyboards
Andy Diagram - trumpet
Dave Baynton-Power - drums
&
Durga McBroom — backing vocals
JAMES |
1993
Suede "Suede"
ou "BritGlam"
Alors que le courant brit-pop, pour ce que ça peut bien vouloir signifier, assied sa domination dans les préoccupations musicales de la jeunesse d'Albion, apparaît un groupe de glamsters qui doivent beaucoup à David Bowie et Marc Bolan, Suede, évidemment. Laissons Seijitsu de chez Forces Parallèles nous raconter sa version des faits :
"L’Angleterre s’est-elle remise de la séparation des SMITHS ? Quand on constate le succès qu’a remporté SUEDE lors des défuntes 90s, on a la confirmation que ce n’était pas le cas. Un chanteur exubérant et un guitariste doué au style unique débarqués de nulle part… Il n’en faut pas plus pour faire de ce groupe, la nouvelle coqueluche d’un pays en manque d’idoles à admirer.
La britpop, c’est décidément une question de contexte. Il faut avoir vécu cette époque en direct pour en comprendre le succès ou alors s’être très bien documenté dessus. Non pas que ce style (ne parlons pas de genre s’il vous plait) ait vieilli, mais qu’une musique aussi ancrée dans le passé ait pu faire vibrer autant les foules, cela peut sembler aberrant pour n’importe quels mélomanes. Cependant, les Etats Unis avaient bien le grunge, qui remettait au goût du jour la lourdeur de BLACK SABBATH et le hard rock 70s mais joué par des punks, alors pourquoi pas l’Angleterre ? Pourquoi le berceau d’une quantité faramineuse de mythes du rock and roll, ne pourrait-il pas lui aussi puiser dans son passé pour créer quelque chose de nouveau ?
Si OASIS reste le groupe emblématique de la britpop avec BLUR, SUEDE est pourtant un des premiers à sortir un album. Mieux encore, c’est un des quelques privilégiés à obtenir les faveurs du public et des critiques alors qu’ils n’avaient sorti aucun disque ! Une réaction banale aujourd’hui tant les critiques musicaux s’emballent sur n’importe quoi de peur de ne pas être dans le vent, mais à l’époque, cela l’était beaucoup moins.
On peut aussi expliquer cela par un fait : SUEDE aime la provocation et saura en jouer. Brett Anderson est un personnage excentrique clamant sur tous les toits sa bisexualité. La pochette de ce premier disque confirme cette volonté de défrayer la chronique. Fort heureusement, malgré cette image pouvant se montrer détestable (qui n’a pas eu envie de baffer Brett quand il fait son fameux déhanché en concert ?), leur musique est d’une qualité forçant le respect.
Brett Anderson a une voix originale et apte à toutes les prouesses vocales. Aussi bien capable de chanter de manière nasillarde à la DAVID BOWIE époque Ziggy Stardust, que de prendre une voix de tête sur les chansons les plus calmes. Ce qui impressionne également est sa complémentarité avec le guitariste Bernard Butler. Ce dernier est un instrumentiste non seulement compétent mais aussi inventif. Son jeu étant plus porté sur les textures de ses notes plutôt que sur l’impact de ses riffs. Certains de ses plans prennent régulièrement une couleur psychédélique troublante, mais parfaitement intégrée dans leur glam rock (« Moving »).
Faire un récapitulatif des chansons est un exercice ennuyeux, mais on ne peut passer sous silence l’incroyable efficacité des singles (« Animal Nitrate », « The Drowners » et « Metal Mickey ») et la beauté nocturne des ballades (« Breakdown », « She's Not Dead » et surtout « Pantomime Horse » avec son très réussi crescendo). Ces morceaux démontrent que SUEDE n’est pas seulement un faiseur de tubes efficaces, mais aussi des gens adeptes de sophistication. Ce qui se confirmera justement par la suite avec Dog Man Star.
Malgré un son un peu daté, SUEDE frappe très fort dès son premier album. Souvent considéré comme un de leurs chefs d’œuvre, leur glam rock mutera pourtant régulièrement au fil de leurs sorties. Que ce soit pour le bonheur et le malheur de leurs fans.
Un disque qui marque le début d’une grande aventure. "
Un immanquable de la britpop triomphante, incontournable et recommandé.La britpop, c’est décidément une question de contexte. Il faut avoir vécu cette époque en direct pour en comprendre le succès ou alors s’être très bien documenté dessus. Non pas que ce style (ne parlons pas de genre s’il vous plait) ait vieilli, mais qu’une musique aussi ancrée dans le passé ait pu faire vibrer autant les foules, cela peut sembler aberrant pour n’importe quels mélomanes. Cependant, les Etats Unis avaient bien le grunge, qui remettait au goût du jour la lourdeur de BLACK SABBATH et le hard rock 70s mais joué par des punks, alors pourquoi pas l’Angleterre ? Pourquoi le berceau d’une quantité faramineuse de mythes du rock and roll, ne pourrait-il pas lui aussi puiser dans son passé pour créer quelque chose de nouveau ?
Si OASIS reste le groupe emblématique de la britpop avec BLUR, SUEDE est pourtant un des premiers à sortir un album. Mieux encore, c’est un des quelques privilégiés à obtenir les faveurs du public et des critiques alors qu’ils n’avaient sorti aucun disque ! Une réaction banale aujourd’hui tant les critiques musicaux s’emballent sur n’importe quoi de peur de ne pas être dans le vent, mais à l’époque, cela l’était beaucoup moins.
On peut aussi expliquer cela par un fait : SUEDE aime la provocation et saura en jouer. Brett Anderson est un personnage excentrique clamant sur tous les toits sa bisexualité. La pochette de ce premier disque confirme cette volonté de défrayer la chronique. Fort heureusement, malgré cette image pouvant se montrer détestable (qui n’a pas eu envie de baffer Brett quand il fait son fameux déhanché en concert ?), leur musique est d’une qualité forçant le respect.
Brett Anderson a une voix originale et apte à toutes les prouesses vocales. Aussi bien capable de chanter de manière nasillarde à la DAVID BOWIE époque Ziggy Stardust, que de prendre une voix de tête sur les chansons les plus calmes. Ce qui impressionne également est sa complémentarité avec le guitariste Bernard Butler. Ce dernier est un instrumentiste non seulement compétent mais aussi inventif. Son jeu étant plus porté sur les textures de ses notes plutôt que sur l’impact de ses riffs. Certains de ses plans prennent régulièrement une couleur psychédélique troublante, mais parfaitement intégrée dans leur glam rock (« Moving »).
Faire un récapitulatif des chansons est un exercice ennuyeux, mais on ne peut passer sous silence l’incroyable efficacité des singles (« Animal Nitrate », « The Drowners » et « Metal Mickey ») et la beauté nocturne des ballades (« Breakdown », « She's Not Dead » et surtout « Pantomime Horse » avec son très réussi crescendo). Ces morceaux démontrent que SUEDE n’est pas seulement un faiseur de tubes efficaces, mais aussi des gens adeptes de sophistication. Ce qui se confirmera justement par la suite avec Dog Man Star.
Malgré un son un peu daté, SUEDE frappe très fort dès son premier album. Souvent considéré comme un de leurs chefs d’œuvre, leur glam rock mutera pourtant régulièrement au fil de leurs sorties. Que ce soit pour le bonheur et le malheur de leurs fans.
Un disque qui marque le début d’une grande aventure. "
1. So Young 3:38
2. Animal Nitrate 3:27
3. She's Not Dead 4:33
4. Moving 2:50
5. Pantomime Horse 5:49
6. The Drowners 4:10
7. Sleeping Pills 3:51
8. Breakdown 6:02
9. Metal Mickey 3:27
10. Animal Lover 4:17
11. The Next Life 3:32
Brett Anderson – vocals
Bernard Butler – guitar, piano
Mat Osman – bass guitar
Simon Gilbert – drums
&
Shelley Van Loen – violin
Lynne Baker – viola
Caroline Barnes – violin
John Buller – horn arrangements
Trevor Burley – cello
Simon Clarke – baritone saxophone, tenor saxophone
Phil – percussion
SUEDE |
BoNuS 'eN BReF'
Depeche Mode "Songs of Faith and Devotion"
ou "Increvables"
Jamais tout à fait distancé, ayant su mieux que tout autre groupe des années 80 faire évoluer son son sans perdre son identité, Depeche Mode est toujours au top en 1993 sur un excellent Songs of Faith and Devotion.
Mais comment font-ils ? Comment ceux-ci parviennent mieux que leur condisciples co-générationnels pour ainsi, sans qu'on ne trouve quoique ce soit à y redire ? La réponse est dans l'écriture d'un Gore à la patte immédiatement reconnaissable et la voix de Gahan également identifiable, à des arrangements qui, toujours péri-électroniques, voisinant la synth pop new-waveuse de leurs débuts, ont su s'orner de nouveaux colifichets, s'adapter en douceur à leur temps, et, évidemment !, à un travail du vieux pote Flood (qui fut ingénieur du son dès Shake the Disease en 1985) qui remet la casquette de producteur qu'il avait si bien honoré sur Violator, 3 ans plus tôt. Côté chanson, si rien ne déçoit, certaines s'imposent comme les perles de la collection : I Feel You, Condemnation et In Your Room, trois qui n'auront pas été choisis au hasard comme les étendards de l'album, et connaîtrons d'ailleurs un destin populaire assez flamboyant.
Voilà, n'entrons pas plus dans le détail d'un album qui, plus de 20 ans après sa sortie, demeure d'une brûlante actualité sonique (ça a mieux que bien vieilli, ça n'a pas vieilli du tout) et un des tous meilleurs albums d'un groupe à la pourtant presque parfaite discographie.
1. I Feel You 4:35
2. Walking in My Shoes 5:35
3. Condemnation 3:20
4. Mercy in You 4:17
5. Judas 5:14
6. In Your Room 6:26
7. Get Right with Me/Interlude #4 3:52
8. Rush 4:37
9. One Caress 3:32
10. Higher Love 5:56
Dave Gahan – lead vocals
Martin Gore – keyboards, backing and lead vocals, guitars
Andy Fletcher – keyboards, backing vocals, bass guitar
Alan Wilder – keyboards, piano, backing vocals, drums
DEPECHE MODE |
1994
The Prodigy "Music for the Jilted Generation"
ou "Electrostars"
Un vrai choc, un album électronique qui marque alors et influencera beaucoup après, Music for the Jilted Generation, seconde création de The Prodigy (alias Liam Howlett), est ce qu'il est convenu d'appeler une galette légendaire, un classique, à raison.
Parce que la vague techno qui déferlait alors sur le Royaume-Uni avait besoin de son Sex Pistols, de ses sales gosses bruyants et mal-élevés, des garnements qui veulent tout casser mais qu'on est bien convaincu que c'est juste pour le fun, pour l'adrénaline d'un bon coup de speed sur le dancefloor. Bon, Prodigy n'est pas encore le groupe, la troupe, qu'ils deviendra dès Fat of the Land, en guise de bande de chenapans c'est de Liam Howlett et de ses invités dont il s'agit mais dans l'esprit, on y est.
Et ce dès Break & Enter (effraction) où Howlett concasse les beats de bruits de verre brisé et d'entêtantes boucles mélodiques. Et comme c'est de techno-punk dont il s'agit on se retrouve, pas loin, avec deux exercices de mix guitare/electro d'une exemplaire efficacité, Their Law avec les industrialistes dansants de Pop Will Eat Itself, Voodoo People avec un dénommé Lance Riddler au (gros) riff de guitare. Rajoutez-moi un coup d'accélérateur (Speedway, rugissante mécanique), trois singles qui se graveront durablement dans l'occiput de l'auditeur (Poison, No Good, One Love), et une suite qui porte bien son nom de narcotique en emballage final aux vapeurs de substances prohibées (on ne résiste pas à 3 Kilos et à sa flûte baladeuse). Et de bout en bout, on est pris de compulsifs gigotements par une musique à danser, à transer néologiserais-je, ce qui est bon signe, c'est fait pour ça.
Mais pas que. Parce Music for the Jilted Generation (musique pour la génération abandonnée), est aussi un album musical, un bonheur de tous les instants pour qui s'attache aux petits détails qui font souvent la différence et sont massivement présents dans les riches mixes d'Howlett.
Tout ça nous fait ? Un classique, sapristi !
1. Intro 0:45
2. Break & Enter 8:24
3. Their Law 6:40
4. Full Throttle 5:02
5. Voodoo People 6:27
6. Speedway (Theme from Fastlane) 8:56
7. The Heat (The Energy) 4:27
8. Poison 6:42
9. No Good (Start the Dance) 6:17
10. One Love (Edit) 3:53
The Narcotic Suite
11. 3 Kilos 7:25
12. Skylined 5:56
13. Claustrophobic Sting 7:13
Liam Howlett – performer, producer (on tracks 1, 2, 3, 6, 8, 11, 12, and 13) at Earthbound studios, co-producer (other tracks) at The Strongroom
Neil McLellan – co-producer (on tracks 4, 5, 7, 9, and 10) at The Strongroom
Maxim Reality – vocals on "Poison"
Pop Will Eat Itself – performer on "Their Law"
Phil Bent – live flute
Lance Riddler – live guitar on "Voodoo People"
THE PRODIGY |
BoNuS 'ReCyCLaGe'
Portishead "Dummy"
ou "Yesterday and Today"
Ce son ! Quel énorme choc quand, en 1994, un trio de Bristol balance sa musique à la fois absolument nouvelle mais, dans un même temps, totalement revivaliste. Un exercice d'équilibriste tout en grâce, et des chansons... Ha, ces chansons !
Nouveau, Dummy l'est, dans l'accaparation electro-sensuelle d'un héritage où l'on croise aussi bien John Barry qu'Henry Mancini ou qu'Ennio Morricone, et donc vintage il l'est aussi, dans les sources auxquelles il se réfère, rétro-moderniste dira t-on. Le reste, la magie qui fait d'un album un vrai phénomène de société, une référence sur laquelle se construisent de nombreuses autres carrières (de Morcheeba à Hooverphonic en passant par Neneh Cherry et j'en passe, ils se reconnaîtront), tient à l'équilibre entre les deux tendances, à la transformation réussie d'une vieille grammaire en rutilant nouveau style littéraire. Et à la qualité des chansons, évidemment !, onze merveilles de grâce ouatée avec le tube, l'énorme, implacable, impeccable tube, ce Glory Box si totalement inusable, si hors du temps qu'il continue d'hanter les ondes aujourd'hui sans paraître plus vieux d'un jour du moment de sa sortie.
Elle est là la magie de Portishead, avoir su marier un groove électronique délicat à une faconde compositionnelle d'un extrême classicisme, avoir su créer des ambiances où le rêve peut se muer à tout instant en cauchemar (parce que Dummy n'est pas que lumière, certainement pas !), réussir à communiquer une sensualité d'un autre monde par la voix magnifiquement habitée de Beth Gibbons, parfaite partenaire des arrangements précieux de Geoff Barrow et d'Adrian Utley en une intemporalité autant bienvenue que rarement aussi totale.
Dummy est un immense album, tout le monde le sait alors, si vous n'en avez pas eu l'occasion, emparez-vous de ce petit moment de l'Histoire de la Musique, vous ne le regretterez pas.
1. Mysterons 5:02
2. Sour Times 4:11
3. Strangers 3:55
4. It Could Be Sweet 4:16
5. Wandering Star 4:51
6. It's a Fire 3:48
7. Numb 3:54
8. Roads 5:02
9. Pedestal 3:39
10. Biscuit 5:01
11. Glory Box 5:06
Beth Gibbons - vocals, production
Geoff Barrow - drums, Rhodes piano, string arrangements, production, programming
Adrian Utley - guitar, bass guitar, theremin, hammond organ, string arrangements, production
&
Gary Baldwin – Hammond organ
Clive Deamer – drums
Andy Hague – trumpet
Dave McDonald - nose flute
Richard Newell – drum programming
Neil Solman – rhodes piano, hammond organ
Strings Unlimited – strings
PORTISHEAD |
Oh!, to be an english youth and love music in the 90s (Pt. 1)
RépondreSupprimerThe Stone Roses "The Stone Roses"
- http://www32.zippyshare.com/v/jb5Y4IH8/file.html
Soul II Soul "Club Classics Vol. One"
- http://www32.zippyshare.com/v/qj5xaQKJ/file.html
Beats International "Let Them Eat Bingo"
- http://www32.zippyshare.com/v/Xa5TPy5U/file.html
The Shamen "En-Tact"
- http://www32.zippyshare.com/v/XFrQ9Bh7/file.html
Massive Attack "Blue Lines"
- http://www32.zippyshare.com/v/Jb0iv60Z/file.html
Primal Scream "Screamadelica"
- http://www32.zippyshare.com/v/eIfCAZ9S/file.html
Spiritualized "Lazer Guided Melodies"
- http://www32.zippyshare.com/v/S3SAg3g0/file.html
James "Seven"
- http://www32.zippyshare.com/v/8f5cd7eq/file.html
Suede "Suede"
- http://www32.zippyshare.com/v/28Y8gZIm/file.html
Depeche Mode "Songs of Faith and Devotion"
- http://www32.zippyshare.com/v/9IsT20L4/file.html
The Prodigy "Music for the Jilted Generation"
- http://www32.zippyshare.com/v/9Gd8u9nw/file.html
Portishead "Dummy"
- http://www26.zippyshare.com/v/RYRMeyUH/file.html
Vind'jiou ! Pas un seul disque de metal… sont vraiment des tafioles, ces English ! Comment veux-tu que ça ne fasse pas des générations de dégénérés !!!!!
RépondreSupprimerLe thème étant la musique populaire au Royaume Uni lors des années 90, le metal est en effet absent, il le sera également du volume 2.
SupprimerJe prends le Spiritualized que je connais un peu (dont l'album Uh! avec un super-titre "Hey jane") mais celui-là je ne connaissais pas et l'étiquette VU me fait envie... Merci!
RépondreSupprimerEnjoie, et n'hésite pas à revenir dire ce que ça t'a fait ! ^_^
SupprimerLes Stone Roses, j'ai jamais complètement validé cette place dans mon panthéon, je les ai toujours trouvé sur estimés, mais il avait l'attitude, l'arrogance qui fait défaut à beaucoup de groupe d'aujourd'hui.
RépondreSupprimerSoul II Soul, je l'ai écouté plusieurs fois en me disant que j'étais prête pour se genre de musique, mais en fait non. C'était il y a très longtemps il est vrai... Je vais le réecouter du coup.
Beats International: je ne connais pas. Mais j'aime les Housemartins et j'ai bien apprécié Fatboyslim. Donc c'est vraiment celui que je suis la plus curieuse de connaitre.
The Shamen: je l'ai également écouté mais il y a très longtemps. Et j'ai toujours préféré à l'époque Underworld ou Orbital.
Massive Attack: je crois que c'est de loin mon préféré du lot. Vraiment un très grand disque. Celui qui m'a ouvert les yeux (avec le Portishead dans la foulée). D'un coup, mes goûts avaient pris un coup de vieux. Cela reste mon préféré du groupe.
Primal Scream: j'étais passé à côté à l'épaoque et je m'y suis revenu il y a quelques années. Et je l'ai mieux compris car entre temps j'avais assimilé une partie de la culture à laquelle il faisait réference. Y a vraiment de très bons morceaux.
Spiritualized: Cela reste l'album que je connais le moins du groupe. Vraiment un groupe incroyable. Il est pour moi celui qui mélange le mieux le rock avec les instruments classique (oui, mieux que John Cale!). Bon, une musique quand même très intoxiquée, mais qui nous transporte avec elle même sans substance...
James: Un labum que j'&avais trouvé très sévèrement accueilli par les inrocks, mais qui n'est quand même pas grandiose. Les deux premiers du groupe (et leur live de leur début est également fabuleux!) sont vraiment très riches, plein d'idées et de mélodies magiques. Reste dans cet album, une chanson magnifique, Heaven.
Suede: J'ai écouté ce groupe (jusqu'à Trash) mais sans jamais être emballé. En fait, j'ai un problème avec la voix du chanteur.
Depeche Mode: un groupe que j'ai adoré ado. Puis que j'ai délaissé au moment où il devenait vraiment intéressant (mais parce que je m'étais éloigné des synthés pour m'intéresser aux guitares). Puis j'y suis revenue avec celui-ci en redécouvrant la force de Violator rétroactivement. Marrant comme la presse s'est foutu d'eux pendant longtemps et de voir la crédibilité qu'ils ont gagné (à juste titre). L'un des groupes les plus dignes aujourd'hui de sa génération (même si je ne me suis pas trop plongé dans leur derniers albums, comme s'ils nous offraient un peu trop ce qu'on attendait d'eux). Sur chacun de leurs albums, il y a des chansons vraiment impressionnantes qui, si on les mets bouts à bout, bâtissent une oeuvre vraiment à part, à la fois très moderne et très classique.
The Prodigy: c'est versant de la techno/indus qui rentre difficilement dans ma tête. Je suis trop attaché à l'aspect mélodique. Le côté rythmique de la musqiue m'inétresse assez peu. Et pourtrant c'est pas faute d'avoir écouté leur suivant.
Portishead: un album qui m'a vraiment ouvert les oreilles. Encore plus que le Massive Attack. Mais pourtant, je le trouve moins bon aujourd'hui. Je dirais même qu'il a un peu vieilli. Reste quand même une bonne moitie chanson grandiose. Les albums suivants sont moins charmeurs mais je les trouve finalement plus intéressants car ils vont un peu contre l'auditeurs, là où celui-ci nous flatte les oreilles. Bref, un album indéniablement important pour plein de raison mais je le trouve aujourd'hui un peu trop sur un piédestal.
Impatiente de découvrir le 2eme partie.
Me voilà bien renseigné sur tes opinions, merci pour cet excellent commentaire. ^_^
SupprimerUne petite remarque concernant The Prodigy qui sont, à mon avis, rythmiques ET mélodiques. Il suffit d'écouter le 3 Kilos en extrait pour s'en convaincre...
Allez, la suite arrive vite. :-)
Finalement, je me suis laissé tenter par Soul II Soul… excellentissime !
RépondreSupprimerHa, je savais bien que même un vieux rocker comme toi avait un cœur ! ^_^
SupprimerMerci.
RépondreSupprimerEt la suite arrive bientôt !