lundi 8 septembre 2014

en-Ferré en Poésie

Changement radical ! Des barbares chevelus à l'anarchiste poète, des guitares hurlantes à la chanson romantique, c'est le grand écart. Enjoie !

Léo Ferré "Rimbaud et Verlaine" (1964)
ou "Les po(è)tes de Léo"


Il a fait déjà fait Les Fleurs du Mal (en 57) puis les Chanson d'Aragon (en 61), c'est dire si Léo n'est plus un débutant de la mise en musique d'œuvres poétiques quand il s'attaque à un nouvel, et double !, hommage : Verlaine et Rimbaud.
 
Des deux auteurs choisis, et accouplés leur textes se répondant tout au long de l'album, Verlaine est le plus évidemment adaptable et d'ailleurs déjà adapté par Fauré ou Debussy. illustrer musicalement, chanter Rimbaud, plus freestyle comme on dit maintenant, est une entreprise moins aisée. Comme l'un comme pour l'autre, inséparables du fait de leur tumultueuse passion, Ferré "rentre dedans", peur de rien, pour un résultat puissant (au moins en émotion) et évocateur.
Formellement, c'est de chanson orchestrale classique dont il s'agit, registre ou Léo, l'anar formé par des curés, est particulièrement roué. Dévoué corps et esprit (l'âme, pour un athée...), il réussit sans peine, mais avec, on imagine, pas mal de travail, à capturer l'esprit de chaque texte et, mieux !, à entremêler deux œuvres, deux conceptions de la rime et de la prose, sans la moindre anicroche. Au contraire, ce faisant, il donne à sa lecture, à son interprétation un supplément d'âme (la voilà qui s'impose, finalement, cette fiction religieuse !), un naturel dans le déroulement qu'on n'aurait pas imaginé les deux amants sommairement, artificiellement séparés. 
Pour l'anecdote, on rappellera que ce Verlaine et Rimbaud est aussi le premier double album studio de musique populaire jamais sorti, le format étant alors réservé aux œuvres classiques ne tenant pas sur une simple galette, on pense aux opéras, notamment. Mine de rien, ça prouve la confiance du label, Barclay, pour son poulain et son projet, confiance bien placée, en l'occurrence.
 
Parce que voilà, un demi-siècle après sa sortie, alors que moult évolutions et révolutions sont venus changer le monde le la musique, Verlaine et Rimbaud, classique donc indémodable, n'a pas pris une ride. Il reste, dans un registre plus sage, plus académique que ce qui viendra chez Ferré, mais non dénué d'une liberté déjà bien acquise, un opus de référence et, donc, un objet, plus particulièrement dans la réédition de 2010 avec la vraie pochette (signée Maurice Frot), aisément recommandable que vous soyez amateurs du genre ou pas.


1. Ecoutez La Chanson Bien Douce 2:47
2. Chanson De La Plus Haute Tour 2:15
3. Il Patinait Merveilleusement 1:50
4. Mon Rêve Familier 2:04
5. Soleils Couchants 1:49
6. Les Assis 3:13
7. L'Espoir Luit Comme Un Brin De Paille Dans L'Etable 2:13
8. Art Poétique 3:28
9. Pensionnaires 2:29
10. Ame Te Souvient-Il 2:41
11. Le Buffet 2:03
12. Les Poètes De Sept Ans 5:10
13. Chanson D'Automne 2:32
14. Les Corbeaux 2:18
15. Green 2:47
16. Mes Petites Amoureuses 2:26
17. Je Vous Vois Encor 2:06
18. L'Etoile A Pleuré Rose 1:31
19. O Triste, Triste Etait Mon Ame 2:47
20. Rêve Pour L'Hiver 2:03
21. Clair De Lune 2:15
22. Les Chercheuses De Poux 3:01
23. Ma Bohême 1:20
24. Sérénade 2:48


Léo Ferré - chant, piano, composition
Jean-Michel Defaye - arrangements et direction musicale
&
Lionel Gali
- violon
Barthélémy Rosso - guitare
Janine de Waleyne - voix
(Les autres musiciens n'ont pas été identifiés)

6 commentaires:

  1. Et les arrangements... quelle merveille ! Ce disque est un pur trésor, celui qui m'a révélé Verlaine et Rimbaud.

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    1. Il ne m'a pas révélé les poètes mais m'a, au moins, confirmé qu'il faut un grand pour "s'attaquer" à de pareils monstres littéraires. Il suffit d'ailleurs de voir ce qu'en firent les autres, loin, très loin de Léo.

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  2. Avec des textes aussi sublimes, Léo ne pouvait pas se planter - remarque, il ne se plante pas beaucoup avec les siens non plus!

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    1. Avec des textes sublimes, Léo prenait un énorme risque, encore plus qu'avec ses propres écrits. C'est d'autant plus fort !

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  3. Avec Léo on embarque toujours pour un voyage. Merci pour celui-ci que je n'avais pas (on essaye toujours d’être complétiste avec lui, mais il y a tous les albums avec grand orchestre qui me sont encore inconnus). Ph

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    1. Je reviendrai sans doute sur Léo, peut-être même sur des albums moins souvent proposés qu'ils le méritent. En attendant, enjoie !

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