mardi 23 septembre 2014

Transitions Sabbatiques...

Gillan                             Hughes                          Gillen                           Martin
Transitions Sabbatiques...
Première partie (la suite jeudi) d'un post concernant les périodes troubles de deux légendes du hard rock/heavy metal. Cette fois, nous nous intéresserons à Black Sabbath entre 1983 et 1987 (c'est précis !) avec, toutefois, un copieux bonus à la fin. Et ? C'est tout. Enjoyez !
 
iaN GiLLaN
Black Sabbath "Born Again (Deluxe Edition)" (1983/2011)
ou "Mariage arrangé"

Quand la nouvelle tomba que le nouveau vocaliste de Black Sabbath serait Ian Gillan, les réactions furent partagées entre enthousiasme délirant et circonspection. Certes Gillan, via son groupe éponyme, s'était rapproché du Hard Rock qui avait fait sa gloire avec Deep Purple, après l'intermède de quelques albums dans un rock fusion jazzo-progressif du Ian Gillan Band; certes Black Sabbath avait déjà prouvé qu'il pouvait se passer de son historique chanteur en recrutant un petit gars, déjà dans la sphère de Blackmore, pour le remplacer (ha ! Dio !), mais, tout de même, le pari était risqué, et la compatibilité entre les vocalises suraigües d'Ian et le metal lourd d'Iommi & Co, loin d'être une évidence. 
De fait, un peu comme quand on mélange de l'huile et de l'eau dans un verre, ça fait des formes intéressantes mais ça "n'adhère" pas. Enfin, ça n'adhère pas assez souvent. Parce que la première face, trois titres et deux courts instrumentaux/introductions, est tout à fait correcte avec même un Zero the Hero qui fonctionne au-delà des espérances effleurant la possibilité que le vocaliste de Deep Purple soit bien soluble dans le bain "Sabbathesque". C'est, hélas, le seul vrai beau moment d'un album souffrant, outres l'incompatibilité des égosillements gillanesques et des riffs d'airain iommisiens, d'un songwriting en berne. Parce que, franchement, on peine à s'intéresser à des compositions aussi peu passionnantes que Digital Bitch, le lourdaud Born Again ou le carrément raté Hot Line. Tous des morceaux qui ne sont ni du Black Sabbath ni du Deep Purple mais semble tenter de marier les deux, sans résultat probant. Et ce n'est pas la production (quoiqu'un peu meilleure dans le présent remaster) qui viendra apposer un vernis rutilant pour maquiller la laideur.
Le Deluxe alors ? Déjà la composition bonus, The Fallen, est plutôt moins mauvaise que la plupart de celles constituant la face b d'époque, bon point. Ensuite, l'instrumental Stonehenge en version largement allongée (près de 5 minutes au lieu de 2 !) est plutôt sympathique. Enfin, le live au festival de Reading avec Gillan (où même Hot Line et Digital Bitch passent un peu mieux), un live sans Bill Ward qui donne en plus l'occasion d'entendre Iommi se frotter à Blackmore (Smoke on the Water, rien que ça !) et s'en sortir avec les honneurs, et d'entendre Gillan reprendre quelques classiques de la période Ozzy (rien de Dio, trop difficile ?) et en faire du Gillan (on ne se refait pas !) est un beau document d'époque, si seulement pour l'anecdote. Le Deluxe alors (bis) ?
Oui. En vérité, on conseillera à ceux qui n'ont pas encore l'album alors qu'ils ont tout ou presque de Black Sabbath, parce que ça reste un album accessoire, indéniablement, de faire le choix du Deluxe qui est quand même nettement plus fun, ce qui n'est pas rien mais ne fait pas pour autant de Born Again autre chose qu'un vilain petit canard qui n'a que ce qu'il mérite.

CD 1 - Album
1. Trashed 4:16
2. Stonehenge 1:58
3. Disturbing the Priest 5:49
4. The Dark 0:45
5. Zero the Hero 7:35
6. Digital Bitch 3:39
7. Born Again 6:34
8. Hot Line 4:52
9. Keep it Warm 5:36

CD 2 - Bonus
1. The Fallen (previously unreleased album session outtake) 4:30
2. Stonehenge (extended version) 4:46
Live at the Reading Festival (27/08/83)
3. Hot Line 4:54
4. War Pigs 7:25
5. Black Sabbath 7:10
6. The Dark 1:05
7. Zero the Hero 6:54
8. Digital Bitch 3:33
9. Iron Man 7:41
10. Smoke on the Water 4:56
11. Paranoid 4:17

Tony Iommi – guitar, flute
Geezer Butler – bass
Bill Ward – drums
Ian Gillan – lead vocals
&
Geoff Nicholls
– keyboards
Bev Bevan – drums (on 2011 Deluxe Edition – Disc 2, tracks 3–11)


GLeNN HuGHeS/Ray GiLLeN
Black Sabbath "Seventh Star (Deluxe Edition)" (1986/2010)
ou "This is not Black Sabbath"

Il y a un indice sur la pochette, "featuring Tony Iommi". Seventh Star n'est un album de Black Sabbath en rien sauf en nom et, de fait, fut conçu pour le nouveau projet d'Iommi et de l'ex-Deep Purple et Trapeze Glenn Hughes (l'air de rien, le troisième chanteur à avoir travaillé avec Blackmore avant de rejoindre Iommi, que voleur ce Tony !). Mais bon, la pression du label préférant le nom qui fait vendre au projet "bis", on fini par se laisser convaincre qu'en fait... Vous connaissez l'histoire aussi bien que moi.
Du coup, en toute logique, Seventh Star ne sonne pas comme du Black Sabbath. Evidemment, avec Iommi à la guitare et la composition, il reste des traces, mais elles sont diffuses et plutôt bien planqué dans un hard rock souvent un poil FMiné où la voix puissante et soul-compatible d'Hughes fait merveille. Signe ultime, si vous n'étiez pas encore convaincus, que Seventh Star n'est pas un album de Black Sabbath, et ça s'entend dans le son, Geezer n'y est pas. Mine de rien, c'était le dernier membre original à continuer d'accompagner Tony, et un instrumentiste suffisamment volubile pour occuper pas mal de place (parfait dans un quatuor avec une seule guitare), ce n'est donc pas rien. En plus, ce qui n'est pas une nouveauté sauf à compter le responsable du poste dans le line-up, ce qui est fait ici, il y a un claviériste, Geoff Nichols (peut-être inclus à la fidélité, lui qui est guest musician depuis Heaven & Hell, premier album avec Dio), qui prend pas mal de place et contribue indéniablement à l'adoucissement du ton par rapport aux habitudes du groupe que ce groupe n'est pas, donc.
Ceci conclus, Seventh Star est-il un bon album ? Oui. C'est un bon album de hard rock racé où de bon riffs (Iommi !) viennent complimenter un songwriting classique mais efficace. On retrouve d'ailleurs tous les éléments d'un album du genre de cette époque, un peu de sève (In for the Kill ou Turn to Stone et leur bel abattage), un peu de sueur (Danger Zone en rocker bien troussé, Heart Like a Wheel on hard un poil bluesy bien chaud), un peu de sang (Seventh Star qui aurait des allures plus guerrières avec une production moins allégée), et une giclée de parfum (le pop metal accrocheur de Angry Heart). Ca nous donne un album varié, bien produit, pas exceptionnel mais vraiment très sympathique à écouter pour qui aime ce qu'il est désormais convenu d'appeler du "Melodic Heavy Metal".
La version Deluxe rajoute un live mais ce n'est plus Glenn Hughes qui chante, remplacé au débotté qu'il fut par l'ex-Rondinelli Ray Gillen (le groupe d'un ex-batteur de Rainbow) après qu'il se soit blessé à la gorge lors d'une rixe. Y perd-on au change ? Pas vraiment étant donné que Gillen (plus Coverdale qu'Hughes en matière de référence "purplesques") a une voix puissante et un registre suffisamment étendu pour pouvoir s'adapter aux œuvres de ses prédécesseurs (Ozzy, Dio et Hughes, Ian Gillan étant laissé de côté). La performance, enregistrée à l'Hammersmith Odeon de Londres en juin 1986, est solide et inspirée, en grande partie grâce à la prestation de Ray. Son défaut majeur ? C'est d'un bootlegg de qualité très moyenne dont il s'agit. Sinon, c'est aussi beaucoup trop court mais vu le son, on s'en contente... Ca fait tout de même un bonus satisfaisant dans le registre "ça c'est du document !" et un bel hommage à Mr. Gillen, décédé en 1993, enfin honoré d'une partie de ses travaux pour Black Sabbath (l'autre est dans le Deluxe de The Eternal Idol).
Seventh Star n'est pas un album de Black Sabbath, ça ne l'empêche pas d'être une sympathique galette bien de son époque mais pas trop usée par les ans, et dans la version "riche", c'est encore mieux. Testez voir si vous ne me croyez pas.

CD 1 - Album
1. In for the Kill 3:48
2. No Stranger to Love 4:28
3. Turn to Stone 3:28
4. Sphinx (The Guardian) 1:12
5. Seventh Star 5:20
6. Danger Zone 4:23
7. Heart Like a Wheel 6:35
8. Angry Heart 3:06
9. In Memory... 2:35
bonus
10. No Stranger to Love (Single Remix) 4:00

CD 2 - Bonus
Live at Hammersmith Odeon in London (02/06/86)
1. The Mob Rules 2:59
2. Danger Zone 4:44
3. War Pigs 8:10
4. Seventh Star 5:02
5. Die Young 3:58
6. Black Sabbath 9:33
7. N.I.B. 1:37
8. Neon Knights 4:36
9. Paranoid 1:28

Tony Iommi – guitar
Geoff Nicholls – keyboards
Glenn Hughes – vocals
Dave Spitz – bass guitar
Eric Singer – drums
&
Gordon Copley
– bass guitar (No Stranger to Love)
Ray Gillen – vocals (CD 2)


Ray GiLLeN/ToNy MaRTiN
Black Sabbath "The Eternal Idol (Deluxe Edition)" (1987/2010)
ou "Black Dio II"

A l'origine prévu pour être le premier album de Black Sabbath avec Ray Gillen qui vient d'assurer quasiment toute la tournée Seventh Star, The Eternal Idol finira dans les paluches de Tony Martin, dont le mimétisme vocal avec Ronnie James Dio ne dut pas nuire.
Il faut comprendre que le Black Sabbath de 1987 n'est plus le géant triomphant des années 70. Relevant du départ de Dio, de l'échec commercial et artistique de Born Again avec Gillan, de l'échec commercial de Seventh Star avec Glenn Hughes, du départ de Geezer Butler qui n'y croit plus, du départ de Glenn sur blessure, du départ de Ray Gillen parce que les choses n'avançaient pas, c'est un Black Sabbath qui a vu les galères s'accumuler et auquel plus grand monde ne croit.
Iommi y croit, lui. Et il a raison, Tony. Parce qu'il tient là une belle collection de chansons, et un chanteur capable de faire revivre un passé désormais révolu à quelques auditeurs nostalgiques. Il y croit mais avec, sans doute, un petit fond de rancœur pour les mauvais choix, la faute à pas de chance, et un peu de jalousie de voir ses anciens vocalistes triompher, qui dans une carrière solo managée par sa compagne (Dio, Ozzy), qui dans la reformation de son groupe légendaire (Gillan avec Deep Purple, quoique là aussi, il commence à y avoir de l'eau dans le gaz). Aussi, après l'essai infructueux du "super groupe" (avec un chanteur star !, Gillan), après un nouveau projet prestement renommé Black Sabbath pas un label cupide alors que la musique n'en est clairement pas, il se regroupe sur ses fondamentaux, sur un Heavy Metal aux rares excès de vitesse, aux riffs absolument centraux et qui doivent donc nécessairement être bons (ils le sont), à des ambiances sombres menées par un chanteur habité... Evidemment, en 1987, il a fallu s'adapter, moderniser à minima, côté production principalement mais aussi dans l'omniprésence des claviers de Geoff Nichols en ambianceurs de service, ce qui ressemble tout de même à s'y méprendre à une tentative de refaire Heaven & Hell, ou Mob Rules... Du Black Dio, quoi.
Et ça fonctionne. Alors, certes, Tony Martin n'est pas tout à fait Ronnie James Dio, et tant mieux pour lui d'ailleurs, un poil moins lyrique et théâtral il amène une inclinaison presque pop metal à sa prestation (calquée sur celle de Gillen comme démontré par cet utile Deluxe), il est, comment dire, moins grand que Dio, mais très correct, vraiment (il fera d'ailleurs 4 autres albums, ce n'est pas pour rien). Présentement, donc, il se voit offrir un matériel de première bourre avec en particulier The Shining (un mid-tempo tout en ambiances et puissant avec une excellente mélodie de chant et de bons riffs, ça ne pouvait pas mieux commencer), Ancient Warrior (et son petit côté Led Zep via un riff orientalisant), Born to Lose (plutôt rapide, qui rappelle assez Rainbow avec Joe Lynn Turner), Lost Forever, (où le groupe se fait presque prendre en excès de vitesse !), et le titre donnant son titre à l'album, Eternal Idol (morceaux aux ambiances particulièrement réussies et au riff principal typique), dans un opus où, fondamentalement, rien n'est décevant. Du Black Sabbath solide, le meilleur depuis Mob Rules, objectif atteint.
Et ce Deluxe alors ? Deux B-sides solides quoiqu'accessoires viennent complèter l'album sur le premier disque argenté, merci. L'intérêt, toutefois, se situe surtout dans les "démos" (un album presque fini en fait) avec Ray Gillen, bonne occasion de voir à quelle sauce ce vocaliste, proche de David Coverdale, allait assaisonner son Black Sabbath. Les mélodies, inflexions, sont les mêmes que celles que Martin délivre dans l'album officiel, la voix, par contre, avec son côté bluesy, amène un vrai supplément de chaleur qui va, en vérité, bien au teint de la blafarde formation de Birmingham. Ce n'est ni mieux ni moins bien que l'album proprement dit, juste différent tout en étant, pourtant, identiquement conçu, c'est dire l'importance du choix du chanteur.
Un bon album, des bonus intéressants, Eternal Idol, dont la bonne réputation dépasse rarement le petit cercle des admirateurs hardcore de Iommi & Co, est une addition nécessaire à toute collection de hard'n'heavy qui se respecte.

CD 1 - Album
1. The Shining 6:00
2. Ancient Warrior 5:28
3. Hard Life to Love 5:00
4. Glory Ride 4:49
5. Born to Lose 3:43
6. Nightmare 5:19
7. Scarlet Pimpernel 2:05
8. Lost Forever 4:03
9. Eternal Idol 6:33
bonus
10. Black Moon (Single B-side) 3:39
11. Some Kind of Woman (Single B-side) 3:15

CD 2 - Bonus
Versions with Ray Gillen
1. Glory Ride 5:21
2. Born to Lose 3:41
3. Lost Forever 4:17
4. Eternal Idol 6:48
5. The Shining 6:30
6. Hard Life to Love 5:19
7. Nightmare 4:49
8. Ancient Warrior 4:54

Tony Iommi – guitar
Geoff Nicholls – keyboard
Eric Singer – drums
Bob Daisley – bass
Tony Martin – lead vocals
&
Bev Bevan
– percussion (CD 1: 7, 9)
Ray Gillen – lead vocals (CD 2), laugh (CD1: 6)



La seule photo trouvable de Ronnie et Ozzy !
Les retours successifs de Dio, puis d'Ozzy, puis de Dio mais sous un autre nom de groupe, ont cessé quand Ronaldo Padavona s'est éteint, le 16 mai 2010, des suites d'une longue maladie. Voici dont le dernier Sabbath en date (Ozzy !), suivi de l'unique album d'Heaven & Hell, un Black Sabbath qui ne voulait pas dire son nom...
 
...et Maintenant
oZZy aGaiN !
Black Sabbath "13 (Deluxe Edition)" (2013)
ou "Retour gagnant"

(recyclage de la rubrique d'époque)
Black Sabbath is back! Le vrai (enfin presque) avec Ozzy, Geezer et Tony (mais pas Bill Ward, c'est physique la batterie alors c'est le Rageux Machineur Brad Wilk qui prend le relais). A la prod', ça devient une habitude quand on revient aux sources (musicales comme commerciales, voir Metallica ou ZZ Top récemment), c'est Rick "jamais sans mes shades" Rubin dont on espère qu'il a fait plus que maugréer derrière la console en mangeant des chips cette fois (wink wink à Greg Fidelman, ingé-son qui porte bien son nom !).
Bon, trêve de mauvais esprit, Black Sabbath is back! crénonvindiou ! Et, vu les inquiétantes nouvelles concernant la santé de son inamovible compositeur/guitariste, Tony Iommi, seul membre du groupe à avoir honoré de sa présence toutes les formations, c'est un bonheur rare auquel on risque de ne va pas devoir trop s'habituer... Ca ressemblerait même à la dernière salve du vieux soldat, mais un vieux soldat encore furieusement vaillant ! Parce qu'il dépote bien ce 13 !
Bien évidemment, c'est de Black Sabbath (le style musical) dont il s'agit, soit ce qu'une jeune pousse appellerait volontiers du proto-doom/psychedelic heavy rock ou quelque chose du genre (vous connaissez les jeunes, toujours à vouloir faire leurs intéressants !). Plus prosaïquement c'est par l'alliance des riffs d'albâtre d'un rythmicien six-cordés expert, d'une basse lourde et dense et d'un marteleur à la fois heavy et tribal (qui amène un certain groove, donc) que s'opère la magie. Il n'y manque plus que l'organe si particulier d'un Osbourne peut-être trépané mais encore vocalement viable (sur des paroles exclusivement de Geezer, ceci se devait d'être précisé) et les mélodies qui vont bien avec pour que l'affaire soit dans le sac...Elle l'est !
Pour le coup, la vraie surprise de 13 c'est de ne pas en rencontrer la moindre, c'est de Black Sabbath pur jus dont il s'agit comme l'annonce clairement End of the Begining au riff si cousin de Black Sabbath, première composition du premier album de Black Sabbath, que le clin d'œil, loin d'être délicat, n'aura échappé à personne. Ca a, au moins, le mérite de marquer clairement les intentions éminemment revivalistes de la galette. Ceci dit, c'est une bonne compo, avec d'excellentes interventions d'Iommi soliste et une tonalité qu'on dirait stoner rock s'il ne s'agissait de Black Sabbath qui sont arrivés avant et sont même à (à minima co-)créditer de la paternité du genre... Faut pas déconner, quoi !
God Is Dead? confirme l'inclinaison 70s stoner doom dans une composition qui s'éloigne du format chanson puisque construite en plusieurs mouvements qui ne se répèteront pas. L'effet en est étrange et inhabituel mais si bien habité par les riffs et, surtout !, un Ozzy créateur d'ambiance de toute première bourre qu'on valide dès la première écoute. En vérité, dans le genre, on imagine pas d'autre formation maîtriser aussi bien l'exercice et réussir nous tenir en haleine pendant près de 9 minutes.
Ha oui, c'est une autre constance de l'album, les chansons y sont longues (3 autour des 5 minutes, les 5 restantes au-delà des 7) sans en donner pour autant l'impression... Parce que Black Sabbath ne cherche pas sciemment à  rallonger la sauce, défaut qu'on a pu régulièrement constater chez deux autres légendaires formations de heavy metal, Iron Maiden et Metallica nommément. Black Sabbath développe ses ambiances, laissent le naturel, le hasard avoir voix au chapitre et les porter là où ils doivent, comme ils doivent.
Mais revenons à nos moutons et au passage en revue des forces vives de l'opus. Loner y tient le rôle du Paranoid nouveau (ça groove, ça dépote, un peu moins violemment qu'à l'époque mais bien comme il faut). Zeitgeist celui du nouveau Planet Caravan soit de la belle ballade acoustique qui permet de respirer juste ce qu'il faut avant de replonger dans le magma brûlant du heavy metal. Zeigeist est très bon d'ailleurs, avec de jolies guitares acoustiques, quelques discrètes percussions et une mélodie typique d'Ozzy dans ce genre d'exercice. Impeccable.
Etc. parce que la suite continue de décliner les cannons des travaux du Black Sabbath circa 1969/72. Pas idiot d'ailleurs de miser sur ses forces bien connues, de brosser l'auditeur dans le sens du poil en lui donnant exactement ce qu'on savait qu'il attendait... De là à y réussir, c'est une autre histoire. Présentement, aucun morceau ne déçoit vraiment. Allez, j'aime un tout petit peu moins Live Forever, c'est facilement contrebalancé par, au hasard, un  Damaged Soul bluesy et jammy du plus bel effet où Ozzy ressort même l'harmo et Iommi rappelle aux oublieux le grand soliste qu'il sait être... Lovely! Et puis, au final, 7 satisfactions sur 8, c'est déjà énorme !
Formellement, on regrettera juste (mais c'est vraiment pour pinailler !) la production un poil monolithique de Rubin dont la nuance n'est pas le fort, c'est acquis, y a qu'à entendre la pluie et la cloche de fin, re-clin d'œil appuyé pour ceux qui n'auraient pas compris, alors qu'ils arrivent au bout de l'album, que la boucle est bouclée. Sans gâcher un tableau quasi-idyllique, le travail accompli par Rick n'est définitivement pas le point fort d'un 13 sinon fort recommandable.
Evidemment, il y aura toujours quelques mauvais-chagrins pour pointer l'opportunisme commercial de l'entreprise, ceux-là n'y verront qu'une grossière approximation du légendaire trademark sound du combo... Laissons-les parler, Black Sabbath is back! et dans une si belle forme qu'on ne boude pas son plaisir et salue, comme il se doit, la splendide performance de trois papys finalement encore très verts... En souhaitant la voir bientôt renouvelée, on peut toujours rêver !

PS: Version deluxe, trois morceaux de plus ! Pas de blablas des résultats ! Trois compositions pour prolonger l'expérience. Les rejects de 13 ? Possible mais ce n'est pas si mal avec pour commencer, Methademic qui trompe son monde avec une petite intro acoustique avant de se muer en gros heavy lourd (et rapide pour du Black Sabbath). Suit Peace of Mind qu'on croirait, avec son riff détourné de Sabbra Cadabra, échappé des outtakes de Sabbath Bloody Sabbath, mineur mais efficace. Last but not least, Pariah, son riff et son groove de la mort n'apportent rien de plus qu'un piqûre de rappel de ce que savent faire ces grands anciens. Comme les autres titres de ce bonus disc, on est juste en deçà du niveau de 13 mais suffisamment proche pour ne pas regretter le (petit) investissement supplémentaire.

CD 1 - Album
1. End of the Beginning 8:05
2. God Is Dead? 8:52
3. Loner 4:59
4. Zeitgeist 4:37
5. Age of Reason 7:01
6. Live Forever 4:46
7. Damaged Soul 7:51
8. Dear Father 7:20

CD 2 - Bonus
1. Methademic 5:57
2. Peace of Mind 3:40
3. Pariah 5:34

Ozzy Osbourne – vocals, harmonica
Tony Iommi – guitars
Geezer Butler – bass guitar
&
Brad Wilk
– drums, percussion

..."faux" Sabbath
L'iNTéRiM Dio
Heaven & Hell "The Devil You Know" (2009)
ou "En tout sauf en nom"

Soyons clairs, The Devil You Know, unique album studio d'Heaven & Hell, est un album de Black Sabbath en tout sauf en nom. D'ailleurs, on y retrouve l'exact line-up qui avait enregistré Mob Rules et Dehumanizer, respectivement 28 et 17 ans plus tôt.
Aucune surprise, donc, à retrouver ce heavy metal classieux et puissant, dont la gamme va de la power ballad au déboulé furieux, où les riffs sont l'axe central, la voix la cerise sur le gâteau et la section rythmique (dont l'excellent Vinnie Appice qui s'associe bien avec Geezer) la fondation nécessaire et irremplaçable à l'accomplissement de pareille entreprise.
Oui mais, la dernière fois, sur Dehumanizer donc, ça n'avait pas tellement fonctionné, la faute à un répertoire très moyennement inspiré et une production franchement pas au niveau et agaçante. Vlam ! Balayé tout ça, on se retrouve, outre une production plus moderne, avec le même groupe que celui qui relança la carrière d'un géant des années 70 alors en pleine déliquescence. Avec Dio (R.I.P.) dont la voix est toujours aussi précieuse et n'a pris qu'une légère patine avec le poids des ans, avec Iommi qui a retrouvé la formule du riff qui tue; et un Geezer totalement impliqué puisque crédité sur tous les titres on se doutait bien... On espérait... Sans doute trop d'où une certaine déception, retombée du soufflé, à l'époque de la sortie. Et d'une réévaluation depuis parce que, si ce n'est pas exactement du niveau de l'irréprochable Heaven & Hell (l'album), c'est très proche du très beau niveau de Mob Rules et, donc, un très net cran au dessus du cru 1992 précité.
De bons titres ? Plus de deux tiers de la tracklist. En tête, l'excellent Bible Black qui, commençant doucement, s'épanouit en composition épique typique du Sabbath de Ronnie James, formule plus ou moins répétée sur Follow the Tears qui reste correct mais ne reproduit pas l'exploit et l'ultime titre, Breaking Into Heaven, qui lui y parvient. Sinon, Atom & Evil, du Sabbath lent et lourd avec une ambiance bien noire fonctionne très bien, le mid-tempo nerveux Double the Pain itou, idem pour Rock and Roll Angel qui sonne très Dio solo, et la même pour le coup de speed de l'album (Eating the Cannibals) qui réveille juste comme il faut, juste quand il faut.
C'est donc bel et bien de bon Black Sabbath dont il s'agit. Alors pourquoi ce nom ? Pour ne pas vexer Ozzy & Sharon et donc éviter de tuer la poule aux œufs d'or qu'est devenue Black Sabbath lors de juteuses tournées ? Possible. Pour démarquer la mouture Dio de celle Ozzy (c'est l'explication officielle) ? On va dire ça... Reste que The Devil You Know, dernière sortie de Ronnie James de son vivant, est une belle galette, là est l'essentiel.

1. Atom and Evil 5:15
2. Fear 4:48
3. Bible Black 6:29
4. Double the Pain 5:25
5. Rock and Roll Angel 6:02
6. The Turn of the Screw 5:02
7. Eating the Cannibals 3:37
8. Follow the Tears 6:12
9. Neverwhere 4:35
10. Breaking into Heaven 6:53

Ronnie James Dio – vocals
Tony Iommi – guitar
Geezer Butler – bass guitar
Vinny Appice – drums, percussion
&
Mike Exeter
– keyboards

...la suite jeudi

13 commentaires:

  1. Transitions Sabbatiques...

    Black Sabbath "Born Again (Deluxe Expanded Edition)" (1983/11)
    - http://www16.zippyshare.com/v/91535190/file.html

    Black Sabbath "Seventh Star (Deluxe Expanded Edition)" (1986/2010)
    - http://www16.zippyshare.com/v/48537817/file.html

    Black Sabbath "The Eternal Idol (Deluxe Expanded Edition)" (1987/2010)
    - http://www16.zippyshare.com/v/50050007/file.html

    Black Sabbath "13 (Deluxe Edition)" (2013)
    - http://www74.zippyshare.com/v/96097565/file.html

    Heaven & Hell "The Devil You Know" (2009)
    - http://www74.zippyshare.com/v/45637786/file.html

    RépondreSupprimer
  2. Pour les intégristes métalliques, il n'y a qu'un chanteur de Black Sabbath : Ozzy Osbourne. Pour les puristes, il y en a deux avec Ronnie James Dio.
    Après, soyons honnêtes, ça devient une véritable entreprise de colmatage de brèches. Bien que Tony Iommy nous alimentent toujours de riffs pachidermiques et de mélodies affutées comme des lames de rasoir, la magie n'opère plus… faute de vocaliste charismatique capable de revêtir le costume d'icône maléfique. Non pas qu'ils soient mauvais — Gillan demeurant une référence absolue — mais aucun ne parviendra jamais à marquer de son empreinte le répertoire si particulier du groupe.
    Magnifique chronique, toujours aussi précise et documentée. Un tel groupe n'en méritait pas moins.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le vrai problème, c'est qu'on a les albums légendaires comme comparaison parce que, sinon, à part Born Again qui n'a quand même pas grand chose pour lui, ça reste du bon et beau boulot. Une vraie faiblesse pour Seventh Star qui n'est peut-être pas du Black Sabbath mais atteint sa cible.

      Supprimer
    2. On est toujours sévère avec les gens qu'on adore… peut-être qu'on a tort !!!!! En plus "Born Again" ne me déplait pas tant que ça !!!!!

      Supprimer
    3. Une face correcte, l'autre piteuse... C'est tout de même très décevant pour se qui devait être une rencontre au sommet.

      Supprimer
  3. Comment ? Gillan a chanté avec Black Sabbath ?
    Quoi ? Glen Hughes chantait ?
    Hein ? Ozzy s'est remis au Sabbath ?

    Mais à quoi sert le JT de TF1 si on n'a même pas ces infos ?

    Ceci étant, Sabbath et Purple early 70's ça me va mais après je lâche l'affaire. Plus mon truc.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Glenn Hughes chante très bien, d'abord. Le problème c'est qu'il sait tellement qu'il chante très bien, est tellement imbu de sa personne qu'il finit trop souvent par trop en faire... Pas toujours.
      Ensuite ? Hé bien merci de commenter sur un billet où je ne pensais pas te voir poindre tellement c'est éloigné de tes préoccupations. Quoique, 13, vu que le Sabbath des débuts des 70s te va, ça pourrait le faire.

      Supprimer
    2. Purple période In Rock, Machine Head, même jusqu'à Burn ça me va toujours. J'écoute pas souvent mais de temps en temps ça fait pas de mal.
      Pareil pour le Sabbath période Paranoid et un ou deux autres dont j'ai oublié les titres. Plus tard j'ai lâché parce que j'étais passé à autre chose (ah le punk !), du coup il n'y a pas le côté nostalgie qui me fait réécouter les premiers albums. Et forcément eux aussi ont évolué.

      Supprimer
    3. Ben tu peux plonger sur le Concerto, Come Taste the Band (parce que Purple funke bien !) voire Purpendicular qui, album tardif et sans Blackmore, est une belle réussite. Et sur Sabbath, je ne peux que te conseiller 13, et Born Again pour une petite rigolade !

      Supprimer
  4. Pendant longtemps, j'ai limité ma culture du hard à... Led Zep et Hendrix. Et encore, j'étais au lycée ou à la fac... Donc les disque avait presque 15 ou 20 ans.
    Deep Purple, j'écoute sans être fan, je trouve qu'il y a un peu une virtuosité gratuite de celui qui s'écoute jouer. Et pis, Smoke on the water, franchement,...

    Par contre, le Sabbath me botte plus. J'aime leur minimalisme surpuissant. J'ai même écouté un peu Ozzy Osbourne.

    Cela dit, cela reste très à la marge de ce que j'écoute. Mais comme j'ai lu du bien du dernier Sabbath, je vais y jeter une oreille.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pour Purple, je ne peux que te conseiller Come Taste the Band, si tu as la même impression de vaine virtuosité, c'est à n'y rien comprendre !
      Pour Sabbath, n'hésite pas à revenir commenter sur ton expérience de 13.

      Supprimer