jeudi 8 mai 2014

[Une semaine en 1971] Les Immanquables (10/11)

Cette semaine c'est mon anniversaire alors, chaque jour, je vous proposerai un  album (ou deux aujourd'hui) de mon année de naissance : 1971. Enjoie !

Little Feat "Little Feat" (1971)
ou "My Little Weird America"


     Si vous cherchez une bonne raison de porter aux nues le Little Feat de Lowell George, rien n'est plus simple, il vous suffit de vous reporter à leur tout premier et éponyme album, pas le plus connu, pas le mieux vendu, pas le plus représentatif non plus mais, cornegidouille !, quelle galette !
 
     Et on commence, comme il se doit, par remercier Frank Zappa sans qui rien n'aurait été possible s'il n'avait eu la bonne idée de démanteler ses Mothers of Invention laissant Lowell George et Roy Estrada sur le bord de la route, pas pour longtemps.
     Il ne faudra pas longtemps aux deux amis pour lancer leur nouveau projet, Little Feat, en compléter le line-up et en enregistré l'opus inaugural qui nous intéresse présentement. Un opus assurément alien dans la discographie du combo, moins funky, radio friendly dirait-on si elle avait jamais eu l'occasion de passer à la radio en son temps. Un album marqué par un songwriting de qualité très supérieure et un style qu'on qualifiera de classic roots rock où les influences blues, folk, country et pop s'allient pour le meilleur soit 11 chansons mélodiquement très réussies, aux paroles souvent marquées par une étrangeté que l'ancien employeur d'Estrada et George ne renierait pas. Un album qui a dû pas mal faire fantasmer Mick et Keith (de "qui-vous-savez") dans sa capacité à appréhender des racines musicales évidemment nord-américaines pour les faire leurs.

     Comme en plus, l'album est aptement mis en son, possède quelques guests désormais légendaires (Ry Cooder sur deux titres dont l'extraordinaire Willin' destiné à devenir un classique, excusez du peu), et résiste admirablement à des années d'écoutes répétées, il n'en faut pas plus cour le considérer, en continuant à pester contre sa frustrante brièveté (33 minutes !), comme un immanquable de toute discothèque rock qui se respecte, tout simplement !


1. Snakes on Everything 3:04
2. Strawberry Flats 2:20
3. Truck Stop Girl 2:32
4. Brides of Jesus 3:20
5. Willin' 2:24
6. Hamburger Midnight 2:30
7. Forty-Four Blues / How Many More Years 6:25
8. Crack in Your Door 2:16
9. I've Been the One 2:20
10. Takin' My Time 3:45
11. Crazy Captain Gunboat Willie 1:55
vous pouvez écouter des extraits de l'album ICI


Lowell George - vocals, lead, rhythm and slide guitars, harmonica
Richard Hayward - drums, backing vocals
Bill Payne - piano, keyboards, vocals
Roy Estrada - bass, backing vocals
&
Russ Titelman
- percussion, backing vocals, piano on "I've Been The One"
Ry Cooder - slide guitar on "Willin'" and "Forty Four Blues / How Many More Years"
Sneaky Pete Kleinow - pedal steel on "I've Been The One"


David Bowie "Hunky Dory" (1971)
ou "Premier coup d'éclat"

     Hunky Dory a beau être le, déjà !, 4ème album de David Bowie, c'est une avancée décisive dans une carrière qui peine à combler les rêves de gloire d'un jeune auteur, compositeur, interprète et multi-instrumentiste plein de talent mais n'ayant pas encore à son catalogue une collection aussi intouchable artistiquement parlant que commercialement gorgée de tubes imparables... Jusqu'à Hunky Dory, donc.

     On peut attribuer, outre le hasard cosmique qui fait se rencontrer un artiste et sa muse, le succès de l'entreprise à une équipe et d'abord à un groupe - avec le guitariste /co-arrangeur Mick Ronson et le batteur Mick Woodmansey déjà présents sur The Man Who Sold The World, le récemment disparu (21 mai 2013) Trevor Bolder à la basse et à la trompette, et le revenant Yes-man Rick Wakeman (déjà aperçu sur Space Oddity où il mélotronisait à merveille le morceau éponyme) au piano - mais aussi un producteur, Ken Scott, transfuge des studios Abbey Road présentement résident des studios Trident qui suivra Bowie jusque Pin Ups (soit 4 albums consécutifs), avant que Bowie ne prenne lui-même les choses en main pour Young Americans. Historiquement, l'association, moins Wakeman, se cristallisera sous le nom des Spiders from Mars dès l'album suivant, le fameux Ziggy Stardust, avec le résultat qu'on connait... C'est dire si Bowie tient là une fine équipe !
     Mais, évidemment, refrain connu, sans bonnes chansons tout ceci serait vain et, pour le coup, alors que ses précédents long-jeux de David, pour recommandables furent-ils, étaient marqués du sceau de l'inconsistance, de l'irrégularité, Hunky Dory est une collection sans faille menée qu'elle est par les deux tubes absolument imparables et immortels que sont Changes et Life on Mars?. Ces deux là n'étant plus, vous en conviendrez, à présenter nous nous intéresserons aux autres, malchanceux petits moments de grâce n'ayant pas connu les spotlights et les charts alors qu'ils les méritaient autant ! On citera naturellement un Oh! You Pretty Things totalement addictif que ce soit pour sa mélodie de chant, sa partie de piano (jouée par Wakeman) et son démarrage glam pop du refrain... Succulent ! et merveilleusement enchaîné à un Eight Line Poem, jazz/blues transitoire où Ronson brille par sa retenue et son feeling. La suite ne vient jamais démentir l'exceptionnel niveau que ce soit sur le jazz pop Kooks (qui m'a toujours fait l'impression de finir trop vite tant il est bon), Quicksand avec ses crescendos divins et ses relents de Dylan folk et de Beatles orchestral, Fill Your Heart avec sa préciosité et ses arrangements gentiment surannés, petite bulle de nostalgie joyeuse (si, si !), Andy Warhol avec son intro bizarroïde et le folk quasi-Kinksien qui suit... Bref, arrêtons là l'énumération... Il suffit de dire que les trois qui restent ne déparent pas du lot, que tout y est (très) bon et fonctionne magnifiquement en cohérence (une première chez David). Certes, ce n'est pas encore tout à fait le Bowie rock, on s'en approche sur Queen Bitch ceci dit, qui ravira son monde dès l'année suivante avec l'album que vous savez mais, quelle inspiration, quelle maîtrise, quel pied !

     Pas vraiment par hasard, l'album décrochera le premier numéro 1 de David Bowie en sa natale Angleterre, marquera le décollage de la carrière du même outre-Atlantique... Et ce n'est que justice parce que David Bowie a tout bon sur Hunky Dory et a pondu sa première Grande Œuvre, une galette imparable, signe d'un artiste dont l'état de grâce ne fait alors que commencer. Décisif, je vous dis !


1. Changes 3:37
2. Oh ! You Pretty Things 3:12
3. Eight Line Poem 2:55
4. Life on Mars? 3:54
5. Kooks 2:53
6. Quicksand 5:07
7. Fill Your Heart 3:07
8. Andy Warhol 3:56
9. Song for Bob Dylan 4:12
10. Queen Bitch 3:18
11. The Bewlay Brothers 5:22
vous pouvez écouter des extraits de l'album ICI


David Bowie - chant, guitare, saxo, piano
Mick Ronson - guitare, chant, mellotron
Trevor Bolder - basse, trompette
Woody Woodmansey - batterie
Rick Wakeman - piano

7 commentaires:

  1. Deux autres Masterpieces! Practiquement toute la musique sur laquelle vous ecrivez sont des Masterpieces. Enhorabuena!
    A+

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  2. Mais c'est qui ce David Bowie ??????????

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  3. Deux très beaux disques (mon Bowie préféré). J'espère que Keith va se pencher sur le Little Feat - au cas où ça ne serait déjà fait.

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    1. @ Jimmy
      C'est fait. Excellent.
      Oui mais c'est qui ce David Bowie ??????????

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    2. @ Jimmy
      Oui, mon préféré aussi, ce n'est pas peu dire.

      @ Keith
      Voir plus haut, mais si tu pouvais développer sur le Little Feat, parce qu'il n'est pas commun, celui-là !

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