vendredi 29 mai 2015

Îles désertes... (volume 1)

Vous connaissez tous le postulat de base de la sélection "île déserte" où l'impossible choix de certains albums plutôt que d'autres se pose, empiriquement, laissant quelques dilemmes et quelques impossibles choix. C'est le petit jeu auquel je me suis livré choisissant un album par style. Evidemment, ces choix sont personnels et donc aucunement supposés représenter quelque vérité universelle que ce soit, cependant, à mon très humble avis, vous trouverez ici une collection qui pourrait combler le Robinson Crusoé qui sommeille en chacun de nous... Enjoie !

Île Déserte: Pop
The Beatles "Abbey Road" (1969)
ou "Pop Heaven"

Si on devait décrire Abbey Road en un mot ? Immense !
Mais ce n'est pas assez, ce n'est pas rendre justice à l'immense album (le dernier enregistré par les Beatles même si Let It Be le suivra dans les magasins), la palpitante collection, le parfait ensemble que la magnifique équipe, parce qu'il ne faut oublier ni George Martin, plus qu'un producteur, assurément, ni Billy Preston venu glisser son Hammond sur deux titres, et pas des moindres !, le Something de George Harrison et le I Want You (She's So Heavy) de Lennon.
Musicalement, c'est comme un Double Blanc qui aurait trouvé une cohérence, aurait resserré sa tracklist à l'essentiel. Ho, bien sûr, on pourra démettre certaines compositions plus légères que la moyenne (le Maxwell's Silver Hammer de McCartney, l'Octopus Garden de Ringo, aussi compositeur et pianiste sur le coup !) mais, d'une, on a besoin de légèreté, de deux, c'est si bien troussé, si fun et frais qu'on ne peut décemment qu'y prendre un immense plaisir. Une autre supposée faiblesse dans la cuirasse ? Oh! Darling (McCartney encore) et ses flaveurs de rock 50s, mais lui aussi est bon, très bon. A part ça, Abbey Road est une Rolls ! Come Together dont on ne se lasse pas, Something qui fera le bonheur de Sinatra mais jamais autant que celui de George, I Want You (She's So Heavy)Lennon trippe et hard-rocke à la fois, Here Comes the Sun ou le triomphe ensoleillé de Cool Georgie, un compositeur trop souvent mésestimé. Et la suite !, cette fantastique suite fomentée par McCartney et Martin à la barre des précieux arrangements et savants enchainements... Un paradis pop, ni plus ni moins.
Qu'on ne s'étonne pas, aujourd'hui encore, du persistant succès des Beatles, de Rubber Soul à Sgt. Pepper, du White Album à ce divin Abbey Road, pour ne citer que les plus marquants, les plus historiques, il ont presque tout inventé, ou transcendé ce qu'ils avaient recyclé d'ailleurs (on a le droit de recycler, ça s'appelle avoir des influences). Ha ! Et la version remasterisée, juste l'album dans sa grâce originelle, est parfaite ! Abbey Road ? Si tu ne l'as pas, tu as raté ta vie !

1. Come Together 4:20
2. Something 3:03
3. Maxwell's Silver Hammer 3:27
4. Oh! Darling 3:26
5. Octopus's Garden 2:51
6. I Want You (She's So Heavy) 7:47
7. Here Comes the Sun 3:05
8. Because 2:45
9. You Never Give Me Your Money 4:02
10. Sun King 2:26
11. Mean Mr. Mustard 1:06
12. Polythene Pam 1:12
13. She Came in Through the Bathroom Window 1:57
14. Golden Slumbers 1:31
15. Carry That Weight 1:36
16. The End 2:05
17. Her Majesty 0:23

John Lennon – vocals; acoustic (six and twelve-string) and electric guitars; acoustic and electric pianos; Hammond organ and Moog synthesizer; white noise generator and sound effects; percussion
Paul McCartney – vocals; acoustic, electric and bass guitars; acoustic and electric pianos; Hammond organ and Moog synthesizer; sound effects; handclaps and percussion
George Harrison – vocals; acoustic, electric and bass guitars; Hammond organ, harmonium and Moog synthesizer; handclaps and percussion
Ringo Starr – drums, handclaps and percussion; background vocals; lead vocals and piano (on "Octopus's Garden")
&
George Martin – piano; electric harpsichord, electronic organ, harmonium and percussion
Billy Preston – Hammond organ (on "Something" and "I Want You (She's So Heavy)")
Mal Evans – "anvil" (on "Maxwell's Silver Hammer")

THE BEATLES

Île Déserte: Hard Rock
Led Zeppelin "Physical Graffiti" (1975)
ou "Divine Rocking Mess"

Il y a des albums pour lesquels on pense ne plus avoir à faire l'article, dont le retentissement universel semble un fait acquis, dont la conception et chaque détail de chaque chanson semblent être connus et reconnus. Et puis, on sonde son entourage, se rend compte que, là encore, l'arbre trop souvent cache la forêt et que, finalement, ce qui apparaissait comme un classique usé jusqu'à la corde recèle encore de mystères trop peu sondés par une vaste majorité.
Prenez Physical Graffiti, le cru 75 du plus gros groupe de rock des années soixante-dix, une formation passée à la postérité bien au-delà de la sphère d'influence habituelle du genre, mais si, Led Zeppelin, vous savez bien, Dazed and Confused, Rock and Roll, Black Dog, The Immigrant Song, Stairway to Heaven évidemment et, puisque c'est sur l'album qui nous intéresse, et que c'est lui l'arbre, Kashmir son riff inoxydable et ses flaveurs orientales si addictives.
Et donc, pour ceux qui ne le sauraient pas encore, Physical Graffiti, ce monument !, n'est pas à proprement parler un album classiquement conçu. Commencé à l'origine en novembre 1973, interrompu pour laisser la place à Bad Company (avec qui Led Zeppelin partage label et manager), ayant souffert des tensions internes et d'un John Paul Jones supposément sur le départ vers un poste plus respectable que celui de bassiste/claviériste d'une bande de chevelus (maître de chorale à la cathédrale de Winchester, pas moins !), il connut un accouchement long et douloureux mais, franchement le jeu en valait la chandelle et les quatre garçons dans l'ouragan firent bien de se remettre à l'ouvrage quelques mois plus tard pour créer ce qui demeure leur œuvre la plus longue et variée. Il faut dire que les 8 titres qui devaient peupler la chose étaient d'imposantes créations dépassant largement la durée maximale de ce qu'il était possible de caser sur la galette de cire noire. D'où la décision du double album et l'adjonction, encore merci les gars !, de chansons déjà enregistrées lors de précédentes sessions et remisées pour une raison ou une autre juste légèrement overdubbées pour la circonstance. Ca pourrait nous donner un album décousu, inégal, il n'en est rien. Que ce soit dans le hard rock qui a fait leur gloire (Custard Pie, The Rover, The Wanton Song, Sick Again, Houses of the Holy), dans un rock quasiment progressif (In the Light), du presque funk énergisant (Trampled Under Foot), de l'acoustique plein d'âme et de sentiment (Boogie with Stu, Black Country Woman), de la power ballad inattaquable (Ten Years Gone), du blues bien "jammesque" (In My Time of Dying), du country rock de compétition (Night Flight), du petit intermède instrumental (Bron-Yr-Aur) ou l'immense rock orchestral oriental (Kashmir !), le groupe ne manque jamais sa cible et offre, au contraire, un panorama vaste et impressionnant dont on ne se remet pas facilement, et sur lequel on revient souvent avec toujours une égale délectation devant tant de maîtrise, de talent et d'imagination. A vrai dire, que les morceaux ait été ou non conçus pour l'album importe peu, le tout, 15 titres et 82 minutes, s'écoute comme une promenade picaresque dans les méandres créatifs d'une formation en état de grâce.
40 ans plus tard, bien célébré par cette belle édition reproduisant enfin l'effet des fenêtres de la pochette originale; doté d'un Cd supplémentaire et d'un copieux livret pour profiter encore plus pleinement, encore plus longtemps de l'expérience, Physical Graffiti continue de s'imposer comme le magnum opus d'un Led Zeppelin au catalogue pourtant d'une immense cohérence qualitative. En bref et en un mot qui résume tout : énorme !

CD 1
1. Custard Pie 4:13
2. The Rover 5:37
3. In My Time of Dying 11:04
4. Houses of the Holy 4:02
5. Trampled Under Foot 5:37
6. Kashmir 8:32

CD 2
1. In the Light 8:46
2. Bron-Yr-Aur 2:06
3. Down by the Seaside 5:13
4. Ten Years Gone 6:32
5. Night Flight 3:36
6. The Wanton Song 4:10
7. Boogie with Stu 3:53
8. Black Country Woman 4:24
9. Sick Again 4:42

CD 3 - Bonus
1. Brandy & Coke (Trampled Under Foot) (Initial/Rough Mix) 5:39
2. Sick Again (Early Version) 2:22
3. In My Time of Dying (Initial/Rough Mix) 10:44
4. Houses of the Holy (Rough Mix with Overdubs) 3:51
5. Everybody Makes It Through (In the Light) (Early Version/In Transit) 6:29
6. Boogie with Stu (Sunset Sound Mix) 3:39
7. Driving Through Kashmir (Kashmir) (Rough Orchestra Mix) 8:41

John Bonham - drums, percussion
John Paul Jones - bass guitar, organ, acoustic and electric piano, mellotron, guitar, mandolin, VCS3 synthesiser, Hohner clavinet, Hammond organ, string arrangement
Jimmy Page - electric, acoustic, lap steel and slide guitar, mandolin, production
Robert Plant - lead vocals, harmonica, acoustic guitar on "Boogie with Stu"
&
Ian Stewart - piano on "Boogie with Stu"

LED ZEPPELIN

Île Déserte : Heavy Metal
Iron Maiden "Piece of Mind" (1983)
ou "Top Cuir et Clous"

Choisir un album un peu plus recommandable que les autres dans l'excellent catalogue de la première décennie d'Iron Maiden ? Mission impossible !
Quoiqu'à y regarder de plus près, on se dit que Piece of Mind, peut-être parce qu'il est le premier avec le line-up qui triomphera sur toutes les scènes du monde avec l'arrivée de Nico McBrain délogé de chez Trust, peut-être parce que même ses chansons "accessoires" (le Still Life de Dave  Murray, les amusants Quest for Fire et Sun and Steel, ce dernier un indéniable influence sur le speed metal mélodique d'entre autres Helloween) ont une tenue qui ne trompe pas : en 1983 Iron Maiden est en très grande forme.
D'ailleurs l'album commence très fort par le défouraillage (ou le bombardement vu le thème "deuxième-guerre-mondialier" développé par Harris) d'un Where Eagles Dare terrassant de puissance et de majesté et l'épique et progressif Revelations composé par Bruce Dickinson au texte égypto-mystique à explorer. Et puis il y a les deux singles, deux bombes du genre, probablement les meilleurs d'Iron Maiden dans le genre accrocheur mais intègre jusqu'au bout des clous, ce Flight of Icarus et ce Trooper dont on peut, nous qui avons usé la galette noire en nos adolescentes années, chanter jusqu'aux précis et mémorables soli de double guitare de Smith et Murray. Et ce n'est pas fini puisqu'on subit, victimes consentantes que nous sommes, un nouveau déboulé furieux avec l'entraînant Die with Your Boots On, que c'est bon ! Et, enfin, évidemment puisqu'il s'agit d'un album du plus progressif des groupes de la New Wave of British Heavy Metal, il y a le gros morceau épique de conclusion, un titre adapté de la saga de Frank Herbert qui, pour la petite histoire, refusa au groupe l'utilisation de l'appellation de Dune, forçant Harris à se rabattre sur le titre de To Tame a Land. Bref, la composition, sans toutefois reproduire l'exploit d'un Hallowed Be Thy Name, satisfit largement les amateurs du genre qui n'avait pas tort tant la réussite est au rendez-vous.
En conclusion ? Avec une sélection de titres où même les (relatives) faiblesses ont un immense charme, avec une production parfaite de l'ex-partenaire de Deep PurpleMartin Birch, Iron Maiden , encore et toujours mené de main ferme par un Steve Harris qui sait où il va, frappe un grand coup, non seulement en dépassant une galette qui avait fait date (The Number of the Beast) mais en progressant dans son esthétique d'un heavy metal racé, mélodique et puisant. Très fort Piece of Mind !

1. Where Eagles Dare 6:08
2. Revelations 6:51
3. Flight of Icarus 3:49
4. Die with Your Boots On 5:22
5. The Trooper 4:10
6. Still Life 4:27
7. Quest for Fire 3:40
8. Sun and Steel 3:25
9. To Tame a Land 7:26

Bruce Dickinson – lead vocals
Dave Murray – guitar
Adrian Smith – guitar
Steve Harris – bass guitar
Nicko McBrain – drums

IRON MAIDEN

Île Déserte: Progressive Rock
Genesis "Foxtrot" (1972)
ou "Prog Deluxe"

Le premier chef d'œuvre ? C'est démettre un peu facilement un Nursery Cryme déjà très réussi mais, indéniablement, il y a encore plus, encore mieux dans Foxtrot.
Peut-être parce qu'Hackett et Collins sont désormais bien installés dans Genesis, plus les petits nouveaux mais bel et bien des membres à part entière de ce qui reste le line-up de référence du groupe. Sans doute parce que l'écriture du quintet s'est encore affinée, encore démarquée d'une concurrence qui ne manque pourtant pas de panache avec ses King Crimson, Yes, et autres Van der Graaf Generator. Evidemment parce que ce groupe-là, aussi préoccupé par la mélodie que par la construction savante de pièces complexes, atteint ici la plénitude de sa verve créatrice.
S'il n'y avait que la première face, de Watcher of the Skies à Can-Utility and the Coastliners, soit trois monstres de compositions alliant finesse des mélodies et interaction magistrale entre cinq musiciens totalement en phase dans un monde qui n'appartient qu'à eux, on crierait déjà au génie parce que Genesis, qui a donc déjà épaté son monde sur l'excellent Nursery Cryme, fait encore mieux sauf, peut-être, sur un Time Table , jolie chanson aux mélodies accrocheuses, de belle qualité si moins viscéralement essentielle (c'est dire le voisinage !). Mais il y a, retournant la cire noire d'époque ou enchainant sur la cinquième piste de la galette argentée d'aujourd'hui, le degré encore supérieur de la création progressive. Et, non, pas Horizons, petite vignette acoustique absolument charmante de Mr. Hackett qui la joue d'ailleurs encore régulièrement aujourd'hui, juste après... C'est là qu'on trouve LA pièce, symphonie progressive en sept mouvements, celle-là même qui n'en finit pas de truster la tête des listes récapitulatives des morceaux fleuves d'anthologie, de l'inusable chef d'œuvre de cette première partie de la carrière du groupe dont il s'agit : Supper's Ready. Que dire qui n'ait déjà été écrit sur la divine entreprise et ses 23 minutes qui, pris dans le tourbillon créatif que nous sommes, passe aussi vite qu'une miniature ? S'esbaudir encore une fois sur la divine construction de la chose, sur les performances respectives de chaque instrumentiste, sur le texte un poil cryptique mais ultimement passionnant et l'interprétation parfaite d'un Peter Gabriel en état de grâce absolu ? Oui, tout ça ! Et encore, en se retenant et tentant de garder un poil d'esprit critique. Peine perdue. Supper's Ready est sans faille de son intro où, immédiatement, la voix vous prend pour ne plus jamais vous lâcher, à son final en apothéose en passant par toutes ses sections où, même, on retrouve un certain humour typiquement britannique. Terrassés sommes-nous par un tel tour de force par un groupe qui, rappelons-le, se compose de jeunes gens n'ayant pas même atteint le quart de siècle. A ce niveau là, on ne peut qu'applaudir et en redemander.
Il faut dire aussi que Genesis est bien aidé par son producteur, David Hitchcock, un spécialiste d'alors de la chose prog, connu aussi pour sa longue collaboration avec les canterburiens de Caravan, qui a parfaitement su mettre en son, donner la clarté et la précision nécessaires pour que l'œuvre soit idéalement mise en valeur, une sacrée progression par rapport au travail de John Anthony sur son estimé prédécesseur. Et encore plus, avouons, sur un remaster définitif améliorant encore la performance, diable !
Le progressisme de Genesis évoluera bientôt, ce qui évitera à la formation de tenter l'illusoire exploit de reproduire l'insensée réussite de Foxtrot et d'en produire de nouvelles (Selling England, The Lamb, Trick, Wind & Wuthering, rien que ça !). En l'état, on tient indéniablement le premier magnum opus d'une encore jeune carrière. Et de se pâmer devant le chemin parcouru depuis le gauche From Genesis to Revelation et sa pop adolescente et la grâce encore embryonnaire d'un Trespass sur la bonne voie. Foxtrot ? Monstrueux, tout simplement ! Et essentiel, cela va sans dire !

1. Watcher of the Skies 7:21
2. Time Table 4:47
3. Get 'Em Out by Friday 8:35
4. Can-Utility and the Coastliners 5:45
5. Horizons 1:39
6. Supper's Ready 22:57
a. Lover's Leap
b. The Guaranteed Eternal Sanctuary Man
c. Ikhnaton and Itsacon and Their Bandof Merry Men
d. How Dare I Be So Beautiful?
e. Willow Farm
f. Apocalypse in 9/8 (Co-Starring the Delicious Talents of Gabble Ratchet)
g. As Sure As Eggs Is Eggs (Aching Men's Feet)

Tony Banks - organ, acoustic and electric pianos, mellotron, twelve-string guitar, backing vocals
Phil Collins - drums, percussion, backing vocals
Peter Gabriel - lead vocals, flute, tambourine, oboe, percussion
Steve Hackett - electric guitar, twelve-string guitar
Mike Rutherford - bass guitar, bass pedals, cello, twelve-string guitar, backing vocalss

GENESIS

Île Déserte: Electronic
Underworld "Dubnobasswithmyheadman" (1994)
ou "Electronic Fantastic"

De la musique électronique, de la techno disait-on alors, oui mais, pas seulement. Parce que leurs racines vont plus loin que la Rave Generation, Underworld ont d'autres ambitions, d'autres conceptions dans leur version mélodique et trippante de l'intelligent techno.
Underworld a déjà sorti deux albums avant Dubnobasswithmyheadman, deux galettes d'électro-rock funky qui n'ont pas franchement marqué les mémoires. L'hydre officiant présentement, un trio composé de Karl Hyde et Rick Smith, seuls survivants de la précédente incarnation, et de Darren Emerson venu amener son expertise du mix, des samples, lui qui officie "dans la scène" (hip hop et electro) depuis ses 14 ans.
Le résultat est une transformation totale, un nouveau groupe carrément ! Une approche supra-mélodique de la musique électronique aussi, avec de vraies chansons parfois un peu déconstruites (Mmm Skyscraper I Love You, Dirty Epic), mais de vraies chansons, et de sacrées mélodies (mais écoutez-moi cet emballage final, River of Bass et le jazzy/funky M.E. en apothéose harmonique !) ! Parce qu'il y a la voix de Hyde, moins la guitare quoiqu'elle apparaisse épisodiquement (M.E. à la Benson), son écriture héritée du punk et de la new wave (y a du Clash et du Depeche Mode planqué là-dedans !) qui fait d'Underworld autre chose, un peu plus, même s'il en est aussi, qu'une des merveilles électroniques venant alors de la prude Albion (de The Orb à Orbital en passant par Prodigy, Fluke ou Leftfield... ça se bouscule au portillon), un album à danser qui peut aussi s'écouter en salon, un album de salon sur lequel on peut aussi danser.
Underworld, avec ou sans Emerson qui finira par quitter le navire, sortira d'autres très beaux albums (je recommande Second Toughest in the Infants et Beaucoup Fish), jamais plus ils ne parviendront à réaliser une aussi parfaite fusion d'électro-pop et de musique électronique, une fusion alors aussi trippante que passionnante à écouter dans le détail et, donc, un album très très chaudement recommandé, que vous soyez fan de techno ou pas.

1. Dark & Long 7:35
2. Mmm…Skyscraper I Love You 13:08
3. Surfboy 7:33
4. Spoonman 7:41
5. Tongue 4:50
6. Dirty Epic 9:55
7. Cowgirl 8:29
8. River of Bass 6:26
9. M.E. 7:08

Darren Emerson - keyboards and mixing
Karl Hyde - vocals, guitars
Rick Smith - keyboards and mixing, vocals

UNDERWORLD

Île Déserte: Chanson
Jacques Brel "Ces Gens-Là" (1966)
ou "Chanson Suprême"

"Ha ben oui. Brel, quoi. Enorme, légendaire. Et cet album de 1966 - wow! - quel pied!" C'est en ces termes un poil "rustres" que j'aurais pu évoquer l'incroyable accomplissement qu'est Ces Gens-Là.
Petite précision, en ces années soixante où le marketing industriel n'a pas encore fait les ravages qu'on connait sur l'industrie discographique, les albums de Brel ne sont pas titrés. Le premier à l'être fut 67, l'album de 1967 justement. Usuellement, on leur donne le titre de leur première chanson... Et quelle première chanson, mes aïeux ! Rien de moins que Brel au sommet de sa théâtralité (ce qui n'est pas peu dire). Car, enfin, on ne le dira jamais assez, en plus d'être un vocaliste hors pair et un auteur/compositeur de génie, Brel était aussi - composante essentielle de son approche de la chanson - l'immense acteur incarnant la verve incomparable de sa plume. Et quand le texte a la force de Ces Gens-Là et que les arrangements dramatiques de cordes en soulignent aussi bien l'ambiance, on obtient simplement un monument absolu de l'Histoire de la Musique, rien de moins.
Comme, en plus, ce qui suit (Jef et La Chanson de Jacky) est du même tonneau de divin nectar auditif et d'intelligence textuelle, on ne peut que s'esbaudir devant tant de talent... Que dis-je ? De génie ! Forcément, avec une pareille triplette d'ouverture, on se dit que le niveau va faiblir et que l'anecdotique ne devrait plus tarder à pointer le bout de son vilain nez et... On se trompe allègrement.
Les Bergers, Le Tango Funèbre, Fernand, Mathilde (et je vais m'arrêter là dans l'énumération de la tracklist) sont toutes de grandes chansons. On y retrouve Brel tour à tour poignant, malicieux, faussement niais, désespéré et même drôle... Car il avait de l'humour en plus, le bougre !
Bref, étant entendu que la perfection n'est pas de ce monde et que Ces Gens-Là ne peut donc nullement prétendre l'atteindre, il est à noter qu'il fait tout de même fait partie de caste des rares œuvres qui tutoient de si près le divin qu'on peine à trouver quelque faille que ce soit.
Brel sortira d'autres albums de grande qualité, il en avait d'ailleurs déjà quelques-uns à son actif, mais plus jamais au niveau où on le trouve ici : un Géant parmi les nains.
 
1. Ces gens-là  4:38
2. Jef  3:35
3. La Chanson de Jacky 3:23
4. Les Bergers  2:44
5. Le Tango funèbre 2:42
6. Fernand 5:14
7. Mathilde 2:34
8. L'Âge idiot 3:42
9. Grand-mère 3:39
10. Les Désespérés 3:47
Bonus
11. Mijn vlakke land (Le Plat Pays) 2:52
12. Rosa (en flamand) 2:47
13. De burgerij (Les Bourgeois) 3:00
14. De nuttelozen van de nacht (Les Paumés du petit matin) 4:14

avec
Jacques Brel - chant
Jean Corti - accordéon
Gérard Jouannest - piano
(le reste s'est perdu dans les limbes)

JACQUES BREL

Île Déserte: Folk
Elliott Smith "Either/Or" (1997)
ou "Intimate Grace"

On a beaucoup écrit sur le malheureusement disparu Elliott Smith, beaucoup parlé de sa suspecte disparition mais, aussi, bien sûr, de son art consommé de pondre de merveilleuses chansons folk penchant parfois vers la pop la plus nuancée, de fascinantes petites choses précieuses qu'on collecte comme autant de petits trésors d'une rare beauté. C'est dire si Either/Or, de l'avis général son album solitaire le plus réussi, vaut le détour.
Comme d'habitude (encore un peu plus que d'habitude en fait puisqu'aucun invité n'est à signaler), puisque c'est son troisième album sous son nom après quelques années et quatre albums chez les indie rockers d'Heatmiser (de qui on conseille encore et toujours l'excellent Mic City Sons),  Elliott joue tout ici, contrôle de A à Z une production sensible et pointilliste où sa voix fragile et sa guitare nue de tout effet inutile tisse une impeccable toile de beauté douce-amère.
Toujours indépendant pour le moment, il signera chez Dreamworks dès son opus suivant, le presque aussi recommandé XO, et donc libre comme l'air de se laisser aller à toutes ses envies, Smith ne fait pas autre chose que de composer de bêtes chansons acoustiques où seules comptent l'émotion et la mélodie. Ses influences, à peine voilées, de l'évidence Nick Drake au trop souvent oublié Harry Nilsson en passant par Paul Simon et même les Kinks, n'y sont absolument pas encombrantes permettant, au contraire, à l'auteur de fourbir un arsenal lettré absolument jouissif. Tout comme son passé d'indie rocker, sa volonté absolue de ne jamais en rajouter, lui permet de ne jamais tomber dans le piège d'un easy-listening folk/pop alourdissant mais aussi de savoir, quand il le faut, électrifier le propos comme sur un Cupid's Trick d'anthologie. De fait, sans énuméré l'entièreté de la magistrale sélection ici réunie, un Alameda, un Ballad of Big Nothing, un Between the Bars, un Punch and Judy, un Angeles s'imposent dès la première écoute comme de brillantes vignettes mélodiques évidemment destinées à durablement se graver dans l'occiput consentant du béat auditeur. Plus fort encore, une constatation que seul le recul des ans passés permet, Either/Or a tout de même 18 ans !, l'usure n'atteint nullement l'impeccable galette qui, du coup, ne souffre que d'un petit, minuscule, microscopique défaut : ne durer que 37 trop courtes minutes.
Elliott, disparu à seulement 34 ans dans d'étranges circonstances qui ne seront pas discutées ici, dont on conseille tous les albums avec une évident priorité pour le présent, manque aujourd'hui toujours cruellement à un monde de la musique qui ne tombe pas souvent sur une si belle plume, sur un si admirable artiste capable avec trois fois rien d'emporter jusqu'au plus insensible des black-metalleux dans son petit monde à lui, un monde où vous êtes tous les bienvenus et dont, croyez-moi, vous n'êtes pas prêts de revenir.

1. Speed Trials 3:01
2. Alameda 3:43
3. Ballad of Big Nothing 2:48
4. Between the Bars 2:21
5. Pictures of Me 3:46
6. No Name No. 5 3:43
7. Rose Parade 3:28
8. Punch and Judy 2:25
9. Angeles 2:56
10. Cupid's Trick 3:04
11. 2:45 AM 3:18
12. Say Yes 2:19

Elliott Smith – all instruments

ELLIOTT SMITH

Île Déserte: Classic Jazz
John Coltrane "Giant Steps" (1959)
ou "Sax de Sept Lieues"

Il y a quelques très utiles portes d'entrée pour découvrir John Coltrane. Il y a Ballads, facile et harmonieux, A Love Supreme, épique et transcendantal, Blue Train, où le bop devient déjà hard et, bien sûr, Giant Steps, première galette de Trane pour Atlantic, révolution jazzistique à lui seul, et une merveille d'album !
Dans les faits, à peine sortie des sessions du légendaire Kind of Blue de Miles Davis, Coltrane se lance, avec un trio fort différent de celui qui l'accompagnera bientôt et entrera de plein droit dans la légende, sa légende, dans l'élaboration d'un opus qui fera non seulement date par les compositions l'articulant que par le jeu d'un Trane révolutionnant présentement l'approche de son instrument.
Pour s'en convaincre, en n'oubliant évidemment pas de le contextualiser dans son époque, il suffit d'écouter le morceau titre d'ouverture de l'album où ce diable de John, un peu à la manière de ces instrumentistes folk celtiques qui "tournent" autour de la mélodie en de riches et développés soli, fait couler un impressionnant torrent de notes de son cuivre. On pourrait se dire, bien sûr, que l'exploit est avant tout technique, ce qu'il est, indéniablement, sauf que Trane habite sa création entrainant aisément l'auditeur, qui après quelques écoutes se surprendra peut-être à chanter ses exploits à l'unisson, dans un monde à priori un peu alien mais définitivement attirant. De fait, il n'y aurait que ce Giant Steps historique suivi d'un  "récital" de Kenny G (le André Rieu du sax soprano) qu'on ne se sentirait qu'à peine floué, mais il y a plus, bien plus, dans le 5ème opus de John Coltrane, le premier dont il soit l'unique compositeur.
Parce qu'en plus d'être le furieux instrumentiste que l'on sait, le sax ténor est aussi un vrai bon compositeur sachant ménager quelques salvatrices respirations au sein de sa galette, des titres qui ne reposent plus sur sa vitesse d'exécution mais bien sur son talent de mélodiste. Naima, devenu un standard du jazz depuis, sensible ballade en hommage à son épouse d'alors, en est l'admirable démonstration mais pas le seul exemple talonné qu'il est par un Syeeda's Song Flute certes plus emporté mais pas moins inspiré et mélodique. Vous l'aurez compris, le reste de l'album, pas abscond pour autant, Trane hard-boppe encore, le free viendra plus tard, dédié à de swinguantes constructions où son saxophone supersonique est l'attraction principale comme, exemple extrême et unique de l'opus sur un bref et intense Countdown qu'on finit essoufflé alors que c'est John qui enchaine les notes en un galop frénétique.
Bref, pierre fondatrice d'une seconde partie de carrière, post héroïnomanie, hélas raccourcie par la maladie, Giant Steps est non seulement une œuvre indispensable, c'est aussi, de l'avis de votre humble serviteur, la plus apte introduction à cette authentique légende de la musique du XXème siècle qu'est John Coltrane.

1. Giant Steps 4:43
2. Cousin Mary 5:45
3. Countdown 2:21
4. Spiral 5:56
5. Syeeda's Song Flute 7:00
6. Naima 4:21
7. Mr. P.C. 6:57
Bonus
8. Giant Steps (alternate version 1) 3:41
9. Naima (alternate version 1) 4:27
10. Cousin Mary (alternate take) 5:54
11. Countdown (alternate take) 4:33
12. Syeeda's Song Flute (alternate take) 7:02
13. Giant Steps (alternate version 2) 3:32
14. Naima (alternate version 2) 3:37
15. Giant Steps (alternate take) 5:00

John Coltrane — tenor saxophone
Tommy Flanagan — piano
Paul Chambers — bass
Art Taylor — drums
&
Wynton Kelly — piano on "Naima"
Jimmy Cobb — drums on "Naima"
Cedar Walton — piano on "Giant Steps" and " Naima" alternate versions
Lex Humphries — drums on "Giant Steps"' and "Naima" alternate versions

JOHN COLTRANE

Île Déserte: Modern Jazz
John Zorn/Acoustic Masada "Gimel" (1994)
ou "The Thrill of Free Klezmer"

Mon premier Zorn ! Autant le dire tout de suite, je suis excellemment bien tombé avec ce Gimel de ce qu'il est désormais convenu d'appeler Acoustic Masada, depuis que la galaxie des formations orbitant autour de la redécouverte des racines juives mêlées à la folie free d'un Ornette Coleman du stakhanoviste de la Downtown Scene s'est largement accrue.
Si vous vous intéressez, de près ou de loin, à la carrière de Master Zorn, vous connaissez sans doute l'importance de ce quartet où, de mélodies originales rappelant la musique populaire ashkénaze, pendant séculaire mais pas pour autant dénué de mysticisme des cantiques pratiqués dans les synagogues, dont on retrouve les traces jusqu'au XVème siècle, il crée une fusion jusqu'alors rarement entendue (ne jamais prétendre à la complète originalité, il y a toujours, quelque part, quelqu'un qui a déjà eu la même idée) où free jazz et racines s'accouples pour le meilleur.
Bref, après la découverte de son nom dans les crédits du premier album du Mr Bungle de Mike Patton, dont il est le producteur et sur lequel, bien que non crédité, il balance quelques folies saxophoniques dont il a le secret, en 1994 donc, votre serviteur tombe sur ce divin objet (cher !, un import japonais à la Fnac...) et décide que, vraiment !, il lui faut entendre ce que ce monsieur encore méconnu est capable de faire dans ses œuvres. Evidemment, le jeune-homme qui glisse la galette argentée dans le tiroir prévu à cet effet ne connaît pas, encore, la richesse et la diversité de palette de cet inconnu qui ne le restera plus très longtemps. Plus très longtemps ? Parce que ce cocktail, cet assemblage de jazz à la pointe et de musique traditionnelle d'Europe de l'est est tout simplement grandiose, parce que ce quartet sait allier mélodie et sorties de routes contrôlées comme peu en sont capables, parce que, enfin, on retrouve sur Gimel, de l'entrainant Ziphim d'ouverture, du merveilleusement harmonieux Abidan, en passant par le tempéré Karaim ou le filmique Sheloshim, des thèmes d'une vraie grande beauté juste perturbés par quelques furieuses saillies (Katzatz, Hekhal) idéales pour relancer la machine de leur allant peu commun.
Gimel, troisième des 10 sorties de l'Acoustic Masada, un des plus beaux chapitres de la saga, fusion extrêmement réussi qui fera donc florès, demeure un album extrêmement recommandé aux amateurs de jazz "qui cherche", et trouve un sacré trésor, présentement.

1. Ziphim 9:17
2. Abidan 6:48
3. Katzatz 2:24
4. Hazor 6:04
5. Netivot 3:38
6. Karaim 5:58
7. Hekhal 3:02
8. Sheloshim 8:15
9. Lebaoth 5:12
10. Tannaim 8:54

John Zorn - alto saxophone
Dave Douglas - trumpet
Greg Cohen - bass
Joey Baron - drums

ACOUSTIC MASADA

Île Déserte: Musique Classique
Johann Sebastian Bach "Suites for Solo Cello" (1992)
ou "Cello Bello"

J'ai essayé Rostropovitch, Yo-Yo Ma, Truls Mørk (et quelques autres), aucune des versions qui me sont venues à l'oreille des suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach n'égale celle du néerlandais Anner Bylsma et de son Stradivarius Servais (en prêt du Smithsonian).
Enregistré en 3 jours de janvier 1992 à l'Académie des Arts et des Lettres de New York City, la version ici proposée se démarque dans les détails (la prise de son, le son de l'instrument même, la délicatesse du virtuose, une certaine radicalité romantique aussi, Bylsma est fidèle mais reste libre dans son approche) de celles d'instrumentistes évidemment au-dessus de tout reproche (voir la liste plus haut et y ajouter vos violoncellistes favoris). Par exemple, j'aime beaucoup Mørk et ses Suites ont la tenue qu'on attend d'une pointure telle que lui, hélas, techniquement parfaite, son interprétation manque d'émotion, de culot et garde un petit côté clinique qui empêche de totalement s'y abandonner, de goûter pleinement à l'intense bouffée méditative (rêveuse, presque) que pareilles merveilles se doivent d'inspirer. Ici, avec une captation simplement époustouflante, une interprétation alliant la passion à la nuance (car il en faut !), toute la beauté intime de ces six suites en apesanteur est rendue à la perfection.
Les suites pour violoncelle seul de Bach ? Tout le monde connaît, voyons (quoique, passé l'ultra usité prélude de la première suite, j'ai quelques doutes...)! Alors seule la crème, le haut du haut du panier, se doit d'être dégusté et, à ma connaissance, nulle autre performance n'égale celle d'Anner Bylsma qu'on se doit donc de platement, respectueusement remercier.

CD 1
Suite no. 1 in g major, bwv 1007
1. I. prélude 2:49
2. II. allemande 4:47
3. III. courante 2:42
4. IV. sarabande 2:27
5. V. menuet I/II 3:40
6. VI. gigue 1:34
Suite no. 2 in d minor, bwv 1008
7. I. prélude 3:30
8. II. allemande 4:42
9. III. courante 1:57
10. IV. sarabande 3:34
11. V. menuett I/II 3:21
12. VI. gigue 2:32
Suite no. 3 in c major, bwv 1009
13. I. prélude 2:43
14. II. allemande 4:08
15. III. courante 2:28
16. IV. sarabande 2:56
17. V. bourrée I/II 2:28
18. VI. gigue 2:51

CD 2
Suite no. 4 in e-flat major, bwv 1010
1. I. prélude 4:01
2. II. allemande 4:25
3. III. courante 3:18
4. IV. sarabande 3:13
5. V. bourrée I/II 4:02
6. VI. gigue 2:46
Suite no. 5 in c minor, bwv 1011
7. I. prélude 5:06
8. II. allemande 5:24
9. III. courante 1:49
10. IV. sarabande 3:13
11. V. gavotte I/II 4:13
12. VI. gigue 1:56
Suite no. 6 in d major, bwv 1012
13. I. prélude 4:29
14. II. allemande 8:27
15. III. courante 3:38
16. IV. sarabande 4:19
17. V. gavotte I/II 3:46
18. VI. gigue 3:46

Anner Bylsma - violoncelle
Enregistré à l'institut des Arts et des Lettres de New York City
du 29 au 31 janvier 1992
avec le violoncelle Stradivarius "Servais" (Suites 1 à 5)
et le violoncelle piccolo à 5 cordes (fabriqué au Tyrol vers 1700)
(suite 6)

ANNER BYLSMA

34 commentaires:

  1. Îles Désertes... (Volume 1)

    The Beatles "Abbey Road" (1969)
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    Led Zeppelin "Physical Graffiti" (1975)
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    Iron Maiden "Piece of Mind" (1983)
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    Genesis "Foxtrot" (1972)
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    Underworld "Dubnobasswithmyheadman" (1994)
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    Jacques Brel "Ces Gens-Là" (1966)
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    Elliott Smith "Either/Or" (1997)
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    John Coltrane "Giant Steps" (1959)
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    John Zorn/Acoustic Masada "Gimel" (1994)
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    Johann Sebastian Bach "Suites for Solo Cello" (1992)
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  2. Ha ha, tu m'as fait pensé à la scène du livre (pas encore vu le film) de HIGH FIDELITY, à un jeu similaire, le héros, bien plus tard, en pleine nuit, une angoisse: "Haaargh, j'ai oublié Marvin, Marvin Gaye"...
    De plein de choses l'une:
    Tu as oublié
    ou
    Tu n'aimes pas ni soul ni funk
    ou
    La jeune fille que tu imagines sur cette ile en a apporté
    ou
    ??
    Si j'en avais le temps je te suivrai bien à ce petit jeu qui étrangement je n'ai jamais pratiqué...

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    1. Salut Antoine,

      En fait, pour répondre à tes angoisses, il y a un indice : Volume 1.
      A suivre très bientôt, donc.
      Merci de ton passage et de ton commentaire. ^_^

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  3. Haaaa oui, la grosse triche, en fait de choix cornélien, tu vas inventer des tiquettes, sous prétexte d'un album par tiquette et ensuite, arrivant au volume 120.234, tu auras déménagé toute ta discothèque sur ton île qui s'enfoncera et cela sera bien fait....

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    1. Non, môssieu ! Je ne triche pas, moi ! >_<
      Un deuxième volume et terminé et pas de tiquette inventée.
      Tu verras ça. ;-)

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  4. J'aurais pu partir avec toi sur ton ile déserte parce qu'à part Bach et Zorn, je connais tout (même si, à part Coltrane, je crois que je n'aurai pas choisi ces disques, et encore j'aurais pris a Love Surpeme (pas très original je le reconnais)).
    Ca va me faire l'occasion de réecouter Foxtrot (que j'ai égaré je ne sais où).
    Pour les Beatles, moi, c'est le double blanc, rien que pour le plaisir d'avoir un double d'eux!
    Underworld, c'est effectivement l'un des albums electro que j'ai le plus écouté. C'est d'ailleurs une musique taillée pour ceux qui n'aime a priori pas le genre, je trouve, car l'amateur de rock n'y ai pas (trop) déboussolé.

    En tout cas, ça me donne envie de découvrir ce Zorn (je m'étonne d'ailleurs que tu n'aies pas créé une catégorie rien que pour lui ^-^ ).

    Pour le 2eme volume, voyons voir, il reste la country, la soul, le blues, l'indus, le Folk-Rock, le Free Jazz, la Musique d'avant-garde ou Contemporaine, la world music (quel horrible nom), le Punk (mais est-ce vraiment un style), le Reggae, le Rock Psychedelique et éventuellement, en Joker, la variétoche.

    Et j'oubliais,une catégorie rien que pour Dionne Warwick... :)

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    1. Tu verras que les genres ne sont pas forcément ceux que tu attendais...
      Evidemment, le choix est absolument, définitivement, totalement subjectif, je serais, du coup, extrêmement intéressé de voir ta liste, la liste de tous ceux qui veulent bien se coller aux genres que j'ai empiriquement choisis.
      Ha ! Et tu vas pouvoir réécouter Foxtrot et donc Supper's Ready, veinarde ! ^_^

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    2. Pour les genres, c'est uniquement parce que tu ne sais pas encore que tu dois faire un volume 3... ^-l-^

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    3. Non, mais, sérieusement, si on découpe chaque genre en sous-genres, y a de quoi faire, j'y suis jusque 2037. Alors 2 volumes me parait la bonne dose, 20 albums jusqu'à la fin des temps, forcément frustrant mais avec la variété et la qualité, ce que j'espère atteindre, ça peut le faire.

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    4. Allez, une liste (même si je suis plus attachée à la notion de chanson que d'album):
      Pop : Beach Boys : Pet Sounds
      Hard Rock : Black Sabbath : Paranoid
      Heavy Metal: Metallica: Master of Puppets
      Rock Prog: Soft Machine: 2
      Electro: Daft Punk: Homework (mais j’aurais pu mettre le Underworld)
      Chanson: Gerard Manset: Y a une route
      Folk: Nick Drake Bryter Layter
      Classic Jazz: Coltrane : a love supreme
      Modern Jazz: quasi non pratiquante
      Musique Classique: Claude DEBUSSY: La Mer (pas assez calé pour donné une interprétation)

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    5. Joli ! Si mon île se trouve envahie de vilains moustiques et autres petites bestioles au voisinage désagréable, je sais où squatter ! ^_^

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  5. Si tu lisais mon feuilleton, tu saurais que la Brigade de l’Ile Déserte ne tolère pas les genres différents !
    Si la version de Bylsma est magnifique, j'ai du mal à croire que tu puisse rester insensible à celle de Casals...

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    1. Brigade et tolérer dans la même phrase, ça me donne des envies de rébellion et donc de n'en faire qu'à ma guise.
      Je ne reste insensible à aucune (bonne) version des suites pour violoncelle seul. Ceci dit, je ne pense pas avoir jamais écouté celle de Casals, c'est également le cas de celles de Jacqueline du Pré, Paul Tortelier, Raphaël Pidoux, etc... Bref, je crois surtout que dès qu'on tombe sur la version qui émeut le plus, on cesse sa quête, ce qui fut mon cas avec celle de Bylsma.

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  6. Super post ! Je suis un fana-fada du Zep et des Liverpuldiens, et en plus tu as choisi les mêmes que ceux que j'aurais choisis :-)
    Parmi mes "désertables", j'aurais aussi eu du mal de trancher avec "Ladies & Gentlemen..." de Spiritualized (tu connais ? c'est un must absolu pour moi), "Breakfast in America" (mais bon, c'est assez Proust-Madeleinique je le reconnais), "Night & Day" de Joe Jackson, ou encore "The Fragile" de NiN.
    En francophone: Murat "Dolorès", ou Bashung "L'Imprudence" ? Aaaargh...
    En classique très classique, j'aurais penché pour les quatuors à cordes de Haydn, ou les concertos pour violon (le 3 ou le 5) de Mozart, voire même le 3e concerto pour Piano de Rachmaninov (avec Ashkenazy).
    Par contre il y a une rubrique manquante: le "classique" du XXe siècle, dans lequel je mets immédiatement l'album suivant qui est le CD avec lequel on pourra m'enterrer: "Silencio" de Gidon Kremer (en 2000), qui y joue du Pärt, du Glass, et du Martynov, beau à pleurer...
    Seigneur, jamais je n'ai fait un aussi long commentaire !
    Vincent

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    1. Merci de ce long commentaire, Vincent.
      Il manque sans doute beaucoup de "rubriques" mais il va y avoir un volume 2 qui comblera quelques oublis... ^_^
      Je retiens les albums que tu cites, pas ceux que j'aurais choisi mais une sélection à creuser, surtout pour les 2/3 que je n'ai pas.

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    2. En non-classique/symphonique, je te recommande vraiment "Ladies and Gentlemen we are floating in space..." de Spiritualized en 1997, groupe anglais fondé par Jason Pierce sur les cendres de Spacemen 3. J'ai tous leurs albums (le dernier en 2012, excellent), mais celui de 97 est un ultra-must. C'est un mélange de space rock, psychédélique, et shoegaze.... La 1ère fois (il y a 2 ans) que j'ai écouté, j'étais stupéfait !! J'aime bcp aussi les Flaming Lips (dont j'ai aussi tous les CD) qui flirtent aussi avec le psyché, mais ici, Spiritualized... porte vraiment bien son nom...
      Vincent

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    3. Tu as définitivement aiguisé mon appétit. Je connais quelques albums de Spiritualized mais pas celui-ci, je vais creuser.
      Merci pour le rappel ! ^_^

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  7. Va pas rester déserte longtemps ton île...

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    1. Ha ! Le doux chant des sirènes ! ^_^

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    2. Tiens, bizarre, le Physical Graff, c'est le seul que je me suis offert dans la gamme réédition choc d'il y a peu.. un album historiquement controversé en tant que véritable double. J'ai craqué, car je l'adore dans son ensemble, mais surtout pour sa pochette comme le vinyl.. avec les fenêtre.. un peu comme "Some Girls" des Stones ou "Gone to earth" des BJH;... voire "Free as a bird" des Sup...

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    3. et désolé pour l'orthographe :(

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    4. Idem pour Physical Graffiti. Tiens, je me rends compte que j'en suis à ma 4ème édition du machin du LP d'origine (que je n'ai plus, snif), de la première édition cd (crapoteuse), à celle supervisée par Page (dans le coffret intégrale) et, maintenant, l'ultimate, en attendant la prochaine, super ultimate de la mort qui tue. Je me sens un peu "vache à lait" pour le coup mais l'album vaut définitivement ça.

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  8. Haha trop sympa comme idée de chronique, décidément ce blog est une vraie petite pépite, du genre qu'on conserve et consulte jalousement en secret.

    Etrangement, je connais à peu près tous les artistes que tu cites mais presque jamais les albums choisis : de très belles choses à découvrir donc !

    Ah et si tu manques d'inspiration pour le choix des genres de la prochaine, je suis là ^_^ (qui a dit "noise", "expérimental", "rock psychédélique", "stoner", "krautrock", "électro"...bon ok ça va faire 10 tomes en fait) !

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    1. Merci pour le compliment sur mon modeste blog, déjà, ça fait toujours plaisir. ^_^
      J'espère que tes découvertes seront aussi belles que mes enthousiasmes sont délirants, tu me diras.
      Et, enfin, j'ai essayé de ne pas tomber dans l'excès de couvrir les sous-genres pour ne pas trop allonger la sauce. Mais c'est une idée qui peut être déclinée par "grand" genre avec, dans chacun, ses diverses déclinaisons.
      Bref, merci de ton passage et de ton commentaire. :-)

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  9. J'aime bien ton Bach par A Bylsma. C'est vrai que je n'ais pas trop aimé par Rostropovitch, ou Ophélie Gaillard pour du plus récent. Si tu le peux, essaye de l'écouter par un certain : Truls Mørk (Cello Suites) Virgin Classics 2005. Je te promets du très bon. Moi aussi j'aime le violoncelle...Sur l'ile déserte je prendrais un Neil Young avec du larsen qui déchire les nuages pour voir le soleil & un Stranglers des débuts avec une basse qui tabasse pour faire tomber la pluie. Mais ça c'est mon coté pratique...Content de te lire. Ph

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    1. Ha ! les affres de la lecture diagonale (je connais, je pratique)... Et donc tu as raté ma mention de Truls Mørk au début de la chronique. Je l'ai bien aimé, la version du norvégien, mais pas tant que celle de Bylsma.
      Beau programme sur ton île, j'espère que je pourrai la rejoindre d'un coup de pirogue.
      Et merci de ton passage et de ton commentaire. ^_^

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  10. Super, super, comme d'hab ! Merci pour ton blog si riche en pépites ! C'est chouette de découvrir des nouveaux trucs via quelqu'un avec qui on sent être sur la même longueur d'ondes !

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    1. Que dire si ce n'est te remercier ?
      Ha, si, pense à signer tes commentaires que je puisse t'identifier, c'est plus sympa comme ça.
      A+

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  11. Je rentre à l'instant d'une île déserte et certains des albums de ta sélection y auraient fait mon bonheur… les premiers de la liste, parce qu'après ~o_O~

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    1. Aucune surprise, donc. Tu ne sais pas ce que tu perds, vieux rocker !

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  12. Bon du coup il doit plus rester beaucoup de place sur votre ile...sniff
    Je peux venir quand même ? j emmène avec moi un peu de Presley histoire de danser toute la nuit !

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    1. Mais bien sûr, tu es a bienvenue Sandra. Et tu peux même oublier ton Elvis, la danse est prévue pour demain. ^_^

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  13. Mon cher Zornophage, pour te remercier de tout ce que tu nous fais découvrir, à mon tour de t'offrir un petit joyau de rock progressif français....

    http://www.mediafire.com/download/w7jrw3k7hnrathr/Madrigal+-+School+Of+Time.zip

    Profites bien.....

    BEN

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