mercredi 1 juillet 2015

80s Progressive Rock (10 ans, 10 albums)

On pense souvent aux années 80 comme d'une période de disette progressive le punk étant passé par là pour tout casser. Dans les faits, c'est tout à fait différent et si le genre, au sens large du terme, rencontra moins de succès, entre les anciens qui ne voulaient pas rendre les armes et les nouveaux qui avaient plein de choses à dire, il ne fut pas difficile de concocter la sélection, sauf à considérer l'abondance de bien comme une difficulté. Et donc, voici une sélection, 1 par an, 1 par groupe, du meilleur du rock progressif des années 80. Enjoie !

1980
Yes "Drama"
ou "Drôle de Drame"

Yes sans Jon Anderson ? Impossible, sacrilège même ! Et pourtant il y a Drama en 1980, un album typique des progueux britanniques où leur androgyne vocaliste est pourtant absent. Alors, Yes sans Anderson, ça marche ou ça ne marche pas ?
Etrangement, parce que l'arrivée des deux membres des Buggles (Video Killed the Radio Star, pour situer) paraissait tout sauf une évidence, surtout le remplacement de Jon Anderson par le lunetté Trevor Horn, ça marche ! Ca marche même très bien. Evidemment, une partie de l'album, comme attesté par les bonus de la présente édition, ayant été composée quand Anderson et Wakeman faisaient encore partie de la formation, et que, de toute façon, l'authentique détenteur du son Yes en est l'indéboulonnable bassiste Chris Squire, on retrouve le Yes que tout un chacun connaît, cette créature symphonico-progressive, se perdant parfois dans d'exagérées chansons épiques, mais, tout de même, l'authentique surprise de retrouver une formation finalement inchangée est réelle. Inchangée mais aussi revigorée après un très moyen Tormato où les anglais semblaient uniquement remettre sur l'ouvrage, avec moins de conviction et moins de grâce, ce qu'ils avaient accompli précédemment annihilant ainsi l'embellie Going for the One. Bref, le grand malheur d'avoir perdu deux membres supposés irremplaçables se transforma en bénédiction libératrice d'une inspiration retrouvée.
De fait, dès un extrêmement typique Machine MessiahTrevor Horn s'approche tant de son prédécesseur qu'on peine souvent à détecter son absence sur une composition, puissante, mélodique et glorieusement progressive et ultimement rassurante prouvant que Yes, tel qu'en lui même mais en nettement meilleure forme que sur Tormato, sait toujours construire de théâtrales édifices où claviers et guitares (belle performance conjointe d'Howe et de Downes) mènent le bal sans qu'on n'en oublie la volubilité d'une section rythmique (Squire et White) dont le mérites ne devraient plus avoir besoin d'être vantés. Machine Messiah a, en vérité, tous les atours d'un classique en devenir et en serait sans doute devenu un s'il avait été créé par un line-up plus classique. La suite est une longue confirmation d'une identité réaffirmée par une forme compositionnelle qui ne se démentira jamais. Pas même sur un Into the Lens, remake reconnaissable si largement transformé, "progisé", du I Am a Camera initialement paru sur l'Adventures in Modern Recording des Buggles. et certainement pas sur un Tempus Fugit racé et accrocheur qu'on aurait bien imaginé sur Fragile tant il développe tous les aspects mélodiques et solistes du "vrai" Yes.
Un bel album donc mais carrément un indispensable si l'on considère l'édition remasterisée, ses généreux et utiles bonus et son impeccable restauration sonique. On y a même droit, donc, à l'embryon du successeur de Tormato, les Paris Sessions, un Drama préhistorique en somme, où Anderson et Wakeman font leurs uniques apparitions de la galette. Ca vaut surtout pour la curiosité parce que, franchement, on n'aurait pas voulu ce Drama autrement que porté par le vent de fraicheur apporté par les Buggles qui, d'ailleurs, sont des autres bonus, works in progress d'une œuvre réussie. Parce que ce Yes-là est, malgré les apparences, un vrai Yes, un bon Yes, un Yes chaudement recommandé à tous ceux qui l'avait démis du fait de soi-disant handicapantes absences.

1. Machine Messiah 10:27
2. White Car 1:21
3. Does It Really Happen? 6:34
4. Into the Lens 8:33
5. Run Through the Light 4:43
6. Tempus Fugit 5:15
Bonus
7. Into the Lens (Single) 3:47
8. Run Through the Light (Single) 4:31
9. Have We Really Got to Go Through This (Drama Jam Sessions) 3:43
10. Song No. 4 (Satellite) (Drama Jam Sessions) 7:31
11. Tempus Fugit (Tracking session) 5:39
12. White Car (Tracking session) 1:11
13. Dancing Through the Light (Paris Sessions) 3:16
14. Golden Age (Paris Sessions) 5:57
15. In the Tower (Paris Sessions) 2:54
16. Friend of a Friend (Paris Sessions) 3:38

Trevor Horn – lead vocals, fretless bass on "Run Through the Light"
Steve Howe – guitars: Gibson Les Paul Gold Top, Fender Telecaster, Martin Mandolin, Fender Stratocaster, backing vocals
Chris Squire – bass, backing vocals, piano on "Run Through the Light"
Geoff Downes – keyboards, vocoder, backing vocals
Alan White – drums, percussion, backing vocals
&
Jon Anderson - lead vocals on the Paris sessions (13-16)
Rick Wakeman - keyboards on the Paris sessions (13-16)

YES

1981
Rush "Moving Pictures"
ou "Pictures of Victory"

On pourrait éventuellement taxer Moving Pictures d'album darwinien tant il est le triomphe d'une adaptation à de nouvelles conditions, à une nouvelle période qui permit au plus grand groupe rock progressif canadien de tous les temps de survivre et, même !, de continuer de se développer. Ha ! Moving Pictures, c'est quelque chose !
Evidemment, Rush n'ont pas magiquement sorti cette nouvelle formule de leur chapeau, la mutation a commencé sur le précédent album, Permanent Waves, mais c'est bien ici qu'elle trouve son accomplissement. Concrètement, avec des compositions globalement plus courtes et plus concises (The Camera Eye et ses 11 minutes étant l'exception qui confirme la règle, une belle exception en plus), mises en valeur par une production et des arrangements modernisés, Rush parvient, ce qui n'était pas gagné d'avance, à s'adapter à une nouvelle décennie sans aucunement perdre une once de sa spécificité. De fait, dès l'authentique tube Tom Sawyer reconnaît-on le trio où la basse, les claviers et la voix si particulière de Geddy Lee, les guitares tranchantes d'Alex Lifeson et, évidemment, l'emballage rythmique technique et dynamique de Neil Peart continue d'être la force d'une formation soudée et cohérente toujours progressive, évidemment, mais n'hésitant pas à se remettre en question. Et c'est exactement ce que confirme la suite de l'album où les haut-faits s'accumulent à chaque nouvelle piste s'annonçant. Du coup, il est quasi-impossible de sortir une des belles chansons d'un lot sans la moindre baisse de forme, sans le moindre faux-pas. On citera tout de même l'instrumental YYZ qui, en substance, est le mètre étalon de tout le prog-metal qui le suivra jusqu'à aujourd'hui, rien que ça !
Galette exceptionnelle, une bonne habitude prise par Rush avec 2112 et non-encore démentie quand sort l'album sort (ça fait quand même 5 albums que ça dure !), adaptation intelligente et réussie à une nouvelle ère et à de nouveaux sons, Moving Pictures est un triomphe qu'on ne peut que recommander à tous les fans de rock progressif, en particulier à ceux qui imaginent les années 80 comme une période d'immense disette dans le genre, présomption que le 8ème album de Rush nie avec grâce et majesté.

1. Tom Sawyer 4:34
2. Red Barchetta 6:08
3. YYZ 4:24
4. Limelight 4:21
5. The Camera Eye 10:57
6. Witch Hunt (Part III of Fear) 4:44
7. Vital Signs 4:47

Geddy Lee - basses, bass pedals, synthesizers, vocals
Alex Lifeson - guitars, bass pedals
Neil Peart - drums, timbales, gong, bass drums, bells, glockenspiel, chimes, crotales, plywood
&
Hugh Syme
- synthesizers (6)

RUSH

1982
Peter Gabriel "Security"
ou "Et de 4 !"

Et de 4 ! Et toujours pas de titre en vue... En 1982, Peter Gabriel se lance dans la tâche ardue de donner un successeur à son plus bel album solo, celui qu'on surnomme Melt, une entreprise tout sauf simple d'autant que, s'il s'est déjà adapté à cette nouvelle décade, l'archange se contente de creuser le même sillon que précédemment. L'album, surnommé Security, en décevra plus d'un, c'est pourtant une belle galette typique de son auteur, pas de quoi se lamenter, en gros.
Alors, évidemment, à l'impossible nul n'étant tenu, l'album est moins décisif que son devancier, moins radical dans ses préceptes de production aussi mais, hanté de moult chansons toutes plus prenantes les unes que les autres, il défend férocement son matricule. Transition entre le Peter Gabriel débutant en solo et celui qui explosera commercialement quatre ans plus tard (sur So), comme démontré d'entrée de galette par le rampant et "worldisant" The Rhythm of the HeatGabriel, sur une base percussive tribale (qu'on retrouvera plus loin sur Lay Your Hands on Me et le très Talking Heads Kiss of Life), construit un théâtral crescendo, c'est une œuvre bipolaire qui s'offre à nous, une œuvre qui continue d'évoquer les progressifs ébats d'un jeune Peter (c'est tout à fait évident sur San Jacinto, The Family and the Fishing Net et Lay Your Hands on Me) tout en commençant sérieusement à lorgner vers une écriture plus pop, plus accrocheuse (I Have the Touch, Shock the Monkey, deux beaux exemples d'une sorte new wave rock progressive mélodiquement abordable, Wallflower, belle ballade tire-larmes) qu'il met lui-même en son imposant une vision à la fois artistique et populaire qui fonctionne parfaitement.
Il faut dire que, comme toujours, Gabriel a su s'entourer d'excellents instrumentistes en commençant par un groupe de fidèles (Tony Levin, David Rhodes, Jerry Marotta et Larry Fast, tous précédemment employés par l'archange) à qui il sait exactement quoi et comment demander ce qu'il souhaite obtenir, contrôleur maniaque de son propre art qu'il est. Ajoutez à ça quelques utiles et talentueux invités (des tambours ghanéens sur Rhythm of the Heat, l'alors ex-Van der Graaf Generator Peter Hammill en choriste de luxe sur 3 chansons, le familier percussionniste Morris Pert sur deux, etc.) et vous obtiendrez un casting de choix pour une construction jamais barbante, jamais excessivement prévisible, une réussite, quoi.
4, ou Security, n'est pas l'album le plus souvent vanté de la discographie de Peter Gabriel, ça n'en demeure pas moins un opus intéressant et inspiré auquel on pourra seulement reprocher de se planquer entre les deux œuvres les plus décisives de son auteur.

1. The Rhythm of the Heat 5:15
2. San Jacinto 6:21
3. I Have the Touch 4:30
4. The Family and the Fishing Net 7:08
5. Shock the Monkey 5:23
6. Lay Your Hands on Me 6:03
7. Wallflower 6:30
8. Kiss of Life 4:17

Peter Gabriel – vocals, keyboards, programming, surdo, drums
Tony Levin – bass, stick
David Rhodes – guitar
Jerry Marotta – drums, percussion
Larry Fast – synthesizers
&
John Ellis – backing vocals on tracks 1, 3, 8, guitar on tracks 2, 4
Roberto Laneri – treated saxophone on track 4
Morris Pert – timbales on track 6, percussion on track 8
Stephen Paine – Fairlight CMI on track 4
David Lord – synthesizers on tracks 6, 7, piano on tracks 7, 8
Peter Hammill – backing vocals on tracks 4, 5, 6
Jill Gabriel – backing vocals on track 2
Ekome Dance Company – Ghanaian drums on track 1
Simon Phillips – drums on track 3
Chris Hughes – Linn LM-1 programming on track 5

PETER GABRIEL

1983
Peter Hammill "Patience"
ou "En plein dans l'Hammill"

Son Van der Graaf Generator n'est plus qu'un lointain souvenir, Peter Hammill, désormais un artiste solo n'appartenant plus à aucune chapelle, quoiqu'il soit encore et toujours assimilé à un rock progressif dont il n'a eu de cesse d'être un des plus beaux mavericks, à la tête de sa propre entreprise, sort de "simples" albums de chansons.
Par pure fainéantise critique, si on avait recours à de tels artifices, on comparerait les travaux des années 80 d'Hammill à ceux de Peter Gabriel (pour lequel l'autre Peter contribuera d'ailleurs à quelques choeurs sur le Security de 1982) mais, vraiment, ce n'est qu'un raccourci parce que, fondamentalement, Hammill est son propre animal. Prenez Patience, son deuxième cru de 1983, sorti seulement deux mois (!) après l'expérimental Loops and Reels, collection de 8 chansons avec le trio surnommé Group K ayant déjà œuvré sur l'également réussi Enter K de 1982, c'est à une affaire intimiste et pondérée à laquelle nous avons affaire. Intimiste et pondérée mais pas sans ses montées de sève comme la cooptation d'un ex-Vibrators, John Ellis, à la guitare. Un punk chez Peter Hammill ? Ca ne devrait surprendre personne Peter étant, lui-même, l'ultime punk du rock progressif, certes pas musicalement, quoique, on se souvient de vocaux écorchés vifs qui le conteste aux plus nerveux des crêtés, et d'un primitivisme guitaristique qui ne fait pas tâche non plus, mais plus définitivement encore dans cet esprit frondeur, ce radicalisme artistique dont fit souvent montre son Van der Graaf Generator. ainsi que sa carrière solo comme sur, par exemple, l'enragé Nadir's Big Chance de 1975.
Et donc 8 chansons, une espèce de rapprochement avec la new wave dans le son mais un Hammill malgré tout immédiatement reconnaissable dans l'écriture comme dans le son. Le meilleur ? J'ai un énorme faible pour le romantisme désespéré de Just Good Friends, poignante chanson de fin d'un amour, encore plus dans cette version que celle de The Love Songs, trop adoucie à mon avis, un an plus tard. Les dynamiques Film Noir, Jeunesse Dorée et Now More Than Ever leurs guitares omniprésentes et leur cousinage post-punk font aussi leur petit effet, tout comme les plus tempérés et plus classiquement progressifs Labour of Love, Traintime, Comfortable? et Patient surtout qu'on retrouve partout, tout le temps la patte mélodique et textuelle d'un Hammill qui est, comme le savent ceux qui ont déjà puisé à sa source compositionnelle, une ultime marque de qualité.
Au final, pas forcément le plus vanté des albums solo de Peter Hammill, Patience est une galette non seulement sans le moindre défaut mais, aussi, une œuvre à la portée émotionnelle indéniable. Recommandé.

1. Labour of Love 5:52
2. Film Noir 4:16
3. Just Good Friends 4:26
4. Jeunesse Dorée 4:45
5. Traintime 4:25
6. Now More Than Ever 5:36
7. Comfortable? 4:54
8. Patient 6:14

Peter Hammill – vocals, keyboards, guitar
Guy Evans – drums, percussion
Nic Potter – bass
John Ellis – guitar
&
David Jackson – saxophone and panpipes on 1 and 7
Stuart Gordon – violin on 3
David Lord – Prophet 5 on 3

PETER HAMMILL

1984
Univers Zero "Uzed"
ou "Opposition"

Uzed, c'est un peu Univers Zero 2.0, la renaissance d'un groupe via ses changements de personnel et son évolution musicale, un nouveau haut-fait pour nos belges "rockeurs en opposition" préférés, parce que ces gars-là, ils en ont des choses à dire ! Enfin, à dire en musique surtour, parce que les quelques traces de chant qui subsistent sur ce quatrième long-jeu sont loin de la logorrhée... à peine si on les détecte, en vérité.
Et donc, UZ 2.0 parce que, précédemment, le progressif dit RIO (rock in opposition) du groupe avait surtout été acoustique, parce que, par le truchement d'obligatoires jeux de chaises musicales, la formation présentement assemblée, sous la férule de Daniel Denis, dernier membre fondateur restant et unique compositeur de l'album, avait quelque chose d'autre à exprimer, moins sombre, moins macabre, plus mystérieux, plus mélodique aussi et du coup, en toute logique, plus abordable. Evidemment, puisque c'est de rock progressif dont il s'agit, on se doit de citer l'expertise instrumentale de chaque participant, le leader en particulier qui badaboume avec une inventivité qui laisse baba (le Vander belge, il y a de ça...). Mais là n'est pas, pour autant la principale force de l'Univers Zero de 1984, c'est dans la verve compositionnelle hantée et novatrice d'un Denis en état de grâce que réside la substantifique moelle d'Uzed. Vu la richesse de l'ensemble le mieux serait d'écouter, d'apprécier l'art de la nuance, du décalé savant, d'une fusion planante et prenante, à défaut de mieux, on peut situer.
5 titres, 43 minutes, l'affaire est rondement menée. Présage ouvre le bal entre jazz cosmique et contemporain mélodique, vibre de calmes ambient comme d'explosion free, on peut penser à Magma sans les voix, à King Crimson qui aurait rencontré Philip Glass, c'est beau, c'est fort, c'est grand, tout simplement. L'Étrange Mixture du Docteur Schwartz qui suit porte bien son titre, sorte de jazz contemporain en forme de musique de film imaginée, il y a du Morricone planqué là-dedans (voir la compilation Crime and Dissonance pour s'en convraincre), du Ellington aussi (ça big-bande presque), du Mingus ou du Sun-Ra plus certainement, mais abordable, man, abordable ! Célesta est un poème symphonique, une douceur un peu triste, une beauté un peu détachée, comme du Tiersen qui aurait oublié d'être breton, aurait plus écouté Bartók. Parade aussi porte bien son nom mais c'est plus à celle des Freaks de Tod Browning qu'à un raout populiste comme on en connaît désormais qu'il faut imaginer, Denis y fait des merveille avec sa batterie qui, vraiment, fait de la musique, Et enfin, last but certainly not least, Emmanations, longue pièce de presque 16 minutes, est la version Univers Zero du rock progressif symphonique, un peu plus edgy, un peu plus libre, un peu plus sombre aussi, c'est une totale réussite portée par une performance instrumentale d'ensemble aussi cohérente, parce que la note inutile est maniaquement chassée,  que virtuose, parce que ces gars-là, sans avoir l'air d'y toucher, ben ils touchent, quoi...
Comme la mise en son, puissance, précise, nuancée, est à la hauteur de ce qu'on pouvait attendre de pareils perfectionnistes, on ne peut que célébrer le redémarrage stylistique d'Univers Zero sur cet Uzed étourdissant... Avant la prochaine mutation, évidemment.

1. Présage 9:52
2. L'Étrange Mixture du Docteur Schwartz 3:56
3. Célesta (For Chantal) 6:55
4. Parade 6:39
5. Emanations 15:42

Daniel Denis: drums, percussion, synths
Dirk Descheemaeker: clarinet, bass clarinet, soprano sax
Christian Genet: bass guitar, balafon, bowed guitar, tapes, whistle
Andre Mergen: cello, alto sax, voice
Jean-Luc Plouvier: electric and acoustic guitars, synths, piano strings, percussion
&
Michael Delory: electric guitar
Mark Verbist: violin

UNIVERS ZERO

1985
IQ "The Wake"
ou "Néo-Délice"

Si la vague punk avait mis sous l'éteignoir les dinosaures progressifs des années 70, dans les années 80, le genre, pourtant tout sauf à la mode, se refuse obstinément de mourir via quelques talentueux résistants dont IQ, formation britannique participant à la création de ce qu'il est désormais convenu d'appeler le "néo-prog", une anomalie dans l'histoire des musiques populaires, une belle anomalie en vérité.
Comme Marillion, IQ s'inspire largement de Genesis, comme Marillion, IQ possède un vocaliste évoquant le type qu'on entendait dans les années 70 (option Peter Gabriel pour les deux, au moins dans l'esprit, la passion d'interprétation), mais IQ n'est pas Marillion comme on l'entend aisément sur leur 2ème album, The Wake. La différence fondamentale tient dans la volonté de chaque formation de faire avancer, ou non, le schmilblick progressif. Là où les leaders incontesté du genre et leur leader king-size produisent un Misplaced Childhood fermement ancré dans la production de son temps, IQ suit benoîtement la tradition de ses aînés et le fait tellement bien qu'on ne voudrait, en vérité, pas autre chose.
Parce qu'en 7 chansons et une petite cinquantaine de minutes, avec, ce sont les seuls points faibles de la galette, une mise en son un peu plate (le remaster rattrape ça, tout juste) et un batteur un peu trop martial pour être tout à fait convaincant (Paul Cook est un peu le Mick Pointer du groupe, sauf que lui est resté), IQ offre aux amateurs du genre leur dose de doux nectar progressif traditionaliste d'excellente qualité. Evidemment, en se fixant sur l'aspect électrique et théâtral de Genesis, a placé la barre haut, très haut. Mais ces diables s'en sortent remarquablement bien parce que, déjà, leurs compositions, les structures, mélodies et habillages instrumentaux d'icelles fonctionnent admirablement bien, parce que, aussi, IQ a sa propre personnalité malgré l'encombrant et si évident parrainage précité, sans doute la moindre virtuosité, quoique Martin Orford en Banks-bis le fait très bien (écoutez Widow's Peak et ses habits de synthétiseurs variés et théâtraux !), et que, finalement, Mike Holmes est un beau six-cordiste autant inspiré d'Hackett que de Gilmour ou The Edge (ce gout du delay), fut-elle un facteur contribuant à ce particularisme qui fait qu'IQ, au bout du compte, sonne avant tout comme IQ, c'est un compliment. Si la tracklist possède son vrai, énorme, indéniable highlight, le précité Widow's Peak où, jusque dans la performance passionnée d'un Peter Nicholls particulièrement en voix, le groupe explore tous les possibles de son pré-carré dans une composition "à tiroirs" glorieusement réalisée, c'est, globalement un album sans ratage qui s'offre à nous. Allez, pour mégoter on éraflera simplement un Corners où, s'essayant à la "quatre-vingtisation" de son style, une petite boîte à rythme et une montée à la Mama, ne convainc pas vraiment, mais c'est juste pour mégoter parce que c'est vraiment du beau boulot, du prog de compet' !
Quand à l'édition "Deluxe de la mort qui tue" de 2010, l'album augmenté de deux cd de bonus et un DVD offrant live, commentaire de l'album, matériau bonus supplémentaire, n'en jetez plus la coupe est pleine !, c'est un festin ! Un festin qu'on conseillera avant tout aux amateurs hardcore du groupe et de cet album en particulier parce qu'il se compose essentiellement d'un plongée dans le making of de l'œuvre ce qui pourra rebuter l'auditeur lambda et sa proverbiale petite patience pour ce genre de choses. En gros choisissez votre camp !
Enfin, votre camp pour le choix de l'édition parce que, l'album, ce The Wake qui a survécu à 30 ans de moqueries de ceux qui ont le goût qu'il faut, si vous êtes un tant soit peu intéressé par le rock progressif, et si vous me lisez vous devez l'être !, il vous le faut, c'est ce qu'il est convenu d'appeler un classique, un vrai !

CD 1
2010 Remaster
 
1. Outer Limits 8:13 
2. The Wake 4:11 
3. The Magic Roundabout 8:20 
4. Corners 6:21 
5. Widow's Peak 9:13 
6. The Thousand Days 5:12 
7. Headlong 7:33

CD 2
Bonus Tracks
 
1. Outer Limits (Work In Progress Demo)  3:49 
2. Outer Limits (Demo)  7:50 
3. Outer Limits (Vocal Outtakes)  6:25 
4. The Wake (Vocal Outtake)  1:02 
5. The Wake (Rough Mix)  4:15 
6. The Magic Roundabout (Writing Session)  5:48 
7. The Magic Roundabout (Demo)  6:13 
8. The Magic Roundabout (Vocal Outtakes)  4:43 
9. The Magic Roundabout (Rough Mix)  6:24 
10. Corners (Demo)  6:01 
11. Corners (Vocal Outtake)  3:39 
12. Corners (7" Single Remix)  4:06

CD 3
Bonus Tracks

1. Widow's Peak (First Live Performance)  5:46 
2. Widow's Peak (BBC Friday Rock Show Session)  8:51 
3. Widow's Peak (Vocal Outtakes)  3:23 
4. Widow's Peak (Alternative Mix)  9:14 
5. The Thousand Days (Writing Session)  5:11 
6. The Thousand Days (Demo, Early Take)  3:58 
7. The Thousand Days (Rough Mix)  3:58 
8. Headlong (Work In Progress Demo)  3:45 
9. Headlong (First Complete Run-Through)  6:37 
10. Headlong (Vocal Outtake)  2:25 
11. Headlong (Vocal Outtake)  1:54 
12. Headlong (Rough Mix)  6:34 

Paul Cook – drums and percussion
Tim Esau – bass guitar
Mike Holmes – guitars and sitar
Peter Nicholls – vocals and tambourine
Martin Orford – flute, keyboards and backing vocals

IQ

1986
Queensrÿche "Rage for Order"
ou "Digital Revolution"

Quand un groupe de heavy metal on ne peut plus classique se décide, sans crier gare, de larguer les amarres et de se lancer dans une toute nouvelle expérience, ça donne Rage for Order, un triomphe complet selon certains, une trahison totale selon d'autres. Alors, ce second album studio de Queensrÿche, glop ou pas glop ?
Une chose est sûre, quelque soit votre appréciation de la chose, Rage for Order est un album gonflé, parce qu'il faut en avoir une bonne paire bien accrochée (ou cinq, en l'occurrence, comme les nombre de membres) pour oser, quand on connaît l'intégrisme de l'immense majorité des fans de metal, une transformation aussi radicale de son son, une plongée dans une sorte de new wave progressive péri-metalleuse ayant plus à voir avec les développements 80s d'un Rush que les exactions plus orthodoxes d'un Iron Maiden dont le groupe se réclamait largement auparavant. Et donc, sous la férule d'un Neil Kernon largement impliqué dans le processus créatif, claviers et arrangements, il en est !, Tate, DeGarmo et leurs collègues, faisant fi de tout controverse, créent ce qu'ils ont envie, comme ils en ont envie, et c'est bon.
Ceci dit, on peut comprendre le choc de ceux qui n'attendaient pas autre chose qu'une suite logique aux œuvres débutantes du combo (le EP éponyme et son successeur long-jeu, The Warning) confrontés à l'étrange animal qu'est Rage for Order. Parce que Queensrÿche n'y va pas avec le dos de la cuillère texturant ses compositions de nombreux effets synthétiques, muselant le son de ses guitares et leur propension riffeuse classique, n'hésitant pas à glisser compositionnellement vers une écriture pop metal à laquelle il ne nous avait pas habitué. Dans les faits, l'affaire commence en douceur avec un Walk in the Shadows qui semble servir de bâton de relais vers une suite d'album nettement plus surprenante à commencer par un I Dream in Infrared où de claviers omniprésents, de guitares en arpèges à une partie vocale accrocheuse et sensible établissent la caractère d'exception de l'œuvre. La suite de l'opus, où on ne peine jamais à reconnaître Queensrÿche, c'est à préciser, ne fait que confirmer l'état d'esprit du combo jusque dans le choix du single, Gonna Get Close to You, une belle reprise bien réappropriée de la canadienne Lisa Dalbello, sorte de new wave progressive oppressante rondement menée. Evidemment, certains morceaux semblent destinés à ne pas totalement s'aliéner une fan-base grandissante (The Whisper, Surgical Strike, Chemical Youth (We Are Rebellion)) mais, vraiment, l'ensemble de l'album (d'un contrasté The Killing Words n'explosant que sur un puissant refrain, d'un Neue Regel tout en ambiances synthétiques et progressisme light, jusqu'à l'emballage final du proto-prog metal de Screaming in Digital, à une belle ballade tout sauf typique, I Will Remember) est un cri d'indépendance qui fait du bien à entendre.
Hélas, le succès n'étant absolument pas au rendez-vous le groupe n'étant pas parvenu à dénicher un nouveau public pour sa nouvelle conception de la chose métallique, Queensrÿche fera quelques pas en arrière sur le successeur de Rage for Order, Operation: Mindcrime, avec le succès critique et public que l'on sait. Reste cet album, vilain petit canard d'une discographie dont il est pourtant l'un des musts, objet sonore atypique heureusement réhabilité par les ans et chaudement recommandé.

1. Walk in the Shadows 3:32
2. I Dream in Infrared 4:19
3. The Whisper 3:35
4. Gonna Get Close to You 4:37
5. The Killing Words 3:56
6. Surgical Strike 3:20
7. Neue Regel 4:58
8. Chemical Youth (We Are Rebellion) 4:15
9. London 5:04
10. Screaming in Digital 3:39
11. I Will Remember 4:24
Bonus
12. Gonna Get Close to You (12" version) 5:46
13. The Killing Words (live at The Astoria Theatre, London, U.K. on 20 October 1994) 4:10
14. I Dream in Infrared (1991 acoustic remix) 4:02
15. Walk in the Shadows (live at Madison and LaCrosse, WI on 10–12 May 1991) 3:39

Geoff Tate – lead vocals, keyboards
Chris DeGarmo – guitars, backing vocals
Michael Wilton – guitars, backing vocals
Eddie Jackson – bass, backing vocals
Scott Rockenfield – drums, percussion
&
Neil Kernon – keyboards
Bradley Doyle - emulator programming

QUEENSRYCHE

1987
Marillion "Clutching at Straws"
ou "Néo-Triomphe"

Deux ans plus tôt, ils ont triomphé avec un concept album qui reste une des références du rock progressif des années 80, Misplaced Childhood. Deux ans plus tard, une pression de dingue sur leurs (pas si) frêles épaules, les cinq Marillion remettent le couvert avec, encore !, un concept album mais, aussi, une énième redéfinition de leur son. C'est 1987, c'est Clutching at Straws.
Enième redéfinition parce que Marillion, en trois albums, est passé d'un progressisme absolument revivaliste (Script for a Jester's Tear), à un grand plongeon dans le années 80 pour le son mais pas la manière (Fugazi), à une préciosité prog-pop "au goût du jour" qu'on ne leur connaissait que fugitivement auparavant (Misplaced Childhood), à, donc, une sorte de "stadium prog" taillée pour leur nouvelle popularité et les salle de plus en plus grandes qui les accueillent, une sorte d'hybride entre le Simple Minds du milieu des 80s et ce qu'ils avaient eux-mêmes produit précédemment.
Débutant par un triptyque où Fish s'épanche largement, via la personnage de Torch qui n'est bien sûr que son double rêvé, sur sa vie, ses abus, ses désirs, ses déceptions, une affaire absolument cathartique, une preuve de l'importance prise par le chanteur qui est, de fait, devenu le vrai leader d'une formation qui habille sa prose et ses mélodies de leur substance mélodique et technique plus qu'elle ne le contraint à s'adapter. Ca donne déjà la plus belle performance vocale du grand écossais mais, aussi, des compositions moins aventureuses, plus pop oserait-on presque, où le progressisme est toujours bel et bien présent mais s'exprime plus dans les détails (les parties, soli en particulier, de guitare et de claviers avec les exemplaires performances de Steve Rothery , éxemplaire disciple de David Gilmour s'il en fut, et d'un Mark Kelly qui rattrape sa petite virtuosité par un usage supra-intelligent de ses synthétiseurs) que dans les structures de chansons respectant l'idiome pop plus que la déstructuration imposée par les parrains progressifs des glorieuses et référentielles 70s. Ca donne surtout d'excellentes chansons avec, donc, la précitée trilogie (Hotel Hobbies, Warm Wet Circles, That Time of the Night) qu'on écoutera toujours comme un tout, une paire de singles aussi complémentaires que savoureux (Incommunicado en stadium rock prog de première bourre, Sugar Mice en power-ballad belle et fine avec son inévitable solo "qui pleure", merci monsieur Rothery), un puissant White Russian en absolu sommet progressif et émotionnel de la galette, ou un passionné Slàinte Mhath, idéal ouverture des concerts de la tournée, qui sonne beaucoup comme ce que Fish produira sur son premier album solo, Vigil in the Wilderness of Mirrors, l'excellente chanson titre et le bon single State of Mind en particulier. En vérité, plus d'un quart de siècle après sa sortie, c'est, soniquement et compositionnellement, l'œuvre qui a le mieux tenu le choc des ans, s'écoute avec le moins de besoin de contextualisation. Pourquoi ? Parce que c'est avant tout de CHANSONS dont il s'agit !
Quand à la version remasterisée, elle offre de nombreux bonus dont les plus intéressants sont indéniablement le "work in progress" de l'hypothétique 5ème album de Marillion avec Fish dont on retrouvera moult éléments dans les œuvres futures du vocaliste et de ses anciens partenaires, c'est surtout, pour les fans qui ne les connaissaient pas avant la parution dudit remaster, un cadeau tombé du ciel qui, musicalement inabouti, ce ne sont que des démos après tout, laisse augurer de possibles annihilés par une séparation en fort mauvais termes (même si tout s'est plus ou moins arrangé depuis) soit une suite absolument logique à Clutching at Straws.
Au bout du compte, d'un album ô combien précieux et réussi, le Lamb Lies Down on Broadway de Marillion en quelque sorte, à une massive offre complémentaire, voici un album, et un objet, à ne surtout pas rater.
 
CD 1 - album
1. Hotel Hobbies 3:35
2. Warm Wet Circles 4:25
3. That Time of the Night (The Short Straw) 6:00
4. Going Under 2:47
5. Just for the Record 3:09
6. White Russian 6:27
7. Incommunicado 5:16
8. Torch Song 4:05
9. Slàinte Mhath 4:44
10. Sugar Mice 5:46
11. The Last Straw/Happy Ending 5:58

CD 2 - bonus tracks
1. Incommunicado (alternative version) 5:57
2. Tux On 5:13
3. Going Under (extended version) 2:48
4. Beaujolais Day 4:51
5. Story from a Thin Wall 6:47
6. Shadows on the Barley 2:07
7. Sunset Hill 4:21
8. Tic-Tac-Toe 2:59
9. Voice in the Crowd 3:29
10. Exile on Princes Street 5:29
11. White Russians (demo) 6:15
12. Sugar Mice in the Rain (demo) 5:54

Fish – vocals
Steve Rothery – guitars
Mark Kelly – keyboards
Pete Trewavas – bass
Ian Mosley – drums
&
Tessa Niles – backing vocals on "That Time of the Night" and "The Last Straw"
Chris Kimsey – backing vocals on "Incommunicado"
John Cavanaugh – "Dr. Finlay" voice on "Torch Song"

MARILLION

1988
Talk Talk "Spirit of Eden"
ou "Prog Talk"

Quand ils apparurent au début des années 80, rien ne laissait entrevoir ce que Mark Hollis & Cie allait devenir quelques années plus tard : un groupe de rock progressif qui ne veut pas dire son nom, une entreprise arty et prospective menée de main de maître par un Mark Hollis ô combien créatif, ô combien différent de la masse des new-waveux dont il semblait pourtant être issu. Evidemment, tout ne s'est pas mis en place du jour au lendemain, il n'y aura pas eu de génération spontanée d'une nouvelle approche sonore et compositionnelle mais, tout de même, quel coup de tonnerre que ce Spirit of Eden.
Evidemment, vous en trouverez toujours pour dire que Laughing Stock, le successeur du présent, est l'accomplissement définitif de la formation. Musicalement, compositionnellement, ce n'est pas faux, au niveau de la facilité d'accès par contre... Il faut être patient et particulièrement amateur de musique classique contemporaine minimaliste pour y accéder pleinement. Et c'est donc ici, sur leur 4ème album que se trouve le meilleur compromis entre accessibilité et prospective artistique, ici que les mélodies accrocheuses complimentent le mieux la liberté prise par le groupe avec les structures traditionnelles de la pop music, ici que l'instrumentation précieuse complémente le plus efficacement l'écriture conjointe de Mark Hollis et Tim Friese-Greene (membre toujours pas officiel mais ô combien précieux en tant que producteur, compositeur et multi-instrumentiste), ici, par conséquent, que le progressisme s'exprime avec le plus de grâce.
Concrètement, poussant le son déjà établi de la formation, cette lente évolution vers le divin débutée dès leur second album, It's My Life, et encore plus évidemment présente sur son successeur, The Colour of Spring, se rapprochant, de ce fait, de ce dont est capable, par exemple, un Robert Wyatt au meilleur de sa force (Rock Bottom, Shleep), le trio transformé en collectif bicéphale épate. Ce n'est pas que nous ayons affaire, comme c'est trop souvent le cas dans le prog', sorte de cache-misère d'une incapacité compositionnelle suppléée par une belle si un franchement envahissante technique instrumentale, à des prodiges virtuoses, là n'est pas le propos d'une musique construite sur des climats, des nuances plutôt que sur une quelconque volonté d'épater la galerie, et c'est ce qu'il advient, forcément, parce que d'une grâce pareille, la galerie ne s'est toujours pas remise.
Allez, pour ne point trop dévoiler la merveille à ceux qui ne l'auraient pas encore découverte, et qui ont tort, et qui devront s'y coller dès la fin de la lecture du présent billet, on dira seulement que, indéniablement un des 10 meilleurs albums progressifs des années 80, Spirit of Eden, album organique et rêveur, n'a toujours pas pris une ride.

1. The Rainbow 9:09
2. Eden 6:34
3. Desire 6:57
4. Inheritance 5:23
5. I Believe in You 6:10
6. Wealth 6:43

Mark Hollis - vocals, piano, organ, guitar
Tim Friese-Greene - harmonium, piano, organ, guitar
Lee Harris - drums
Paul Webb - electric bass
Martin Ditchman - percussion
Robbie McIntosh - Dobra 12 string guitar
Mark Feltham - harmonica
Simon Edwards - Mexican bass
Danny Thompson - double bass
Henry Lowther - trumpet
Nigel Kennedy - violin
Hugh Davis - shozgs
Andrew Stowell - bassoon
Michael Jeans - oboe
Andrew Marriner - clarinet
Christopher Hooker - cor Anglais
Choir Of Chelmsford - choir

TALK TALK (Mark Hollis)

1989
Voivod "Nothingface"
ou "CyberAge"

Ils avaient déjà transformé leur thrash metal punkoïde en créature progressive et spatiale sur leur précédent opus, l'impeccable Dimension Hätross. Cette fois, en un élan aussi libérateur que décisif, les québécois de Voivod abandonnent une bonne part de leur excès soniques pour commettre l'album qui reste, de l'avis général, leur plus belle réussite, Nothingface.
Mais Nothingface c'est, surtout, un album absolument, complètement unique, une sorte de maverick musical jamais entendu alors, plus jamais entendu depuis, un état de grâce compositionnel à peine croyable, une œuvre dont on ne peut même pas dire qu'elle fut particulièrement influente tant elle ne ressemble à rien ni à personne. Enfin, si, elle ressemble quand même un peu à ce que Voivod sortit précédemment mais, même là, il y a un monde de séparation entre les déchainements thrash progressifs de science-fiction et leur glorieuse succession.
De leur passé, Voivod on retenu un goût de la bizarrerie, d'une certaine énergie d'interprétation aussi parce que, clairement, les québécois ne sont pas venus pour amuser la galerie. C'est évident dès The Unknown Knows où, porté par les parties de guitares juste dissonantes ce qu'il faut de Denis d'Amour, soutenu par les  patterns atypiques d'une section rythmique au diapason, Denis Belanger, vocaliste revenu des cris primaux de sa jeune carrière, peut vocaliser les prémices de son concept "proto-Matrixien". Qu'y constate-t-on ? Que l'approche y est nettement plus mélodique et abordable une fois adapté à la façon dont Voivod fait les choses, à cet emballage rythmique conservant l'énergie de sa musique source pour l'apposer consciencieusement à ce nouvel univers, à ce chant froid et détaché crachant d'étranges paroles, à ces guitares tranchantes et uniques, un peu comme si un guitariste de jazz, sans préparation aucune, se voyait lancé dans le grand bain metallo-progressif, ça surprend !  Evidemment, on se doit de mentionner l'excellente reprise du Pink Floyd de Syd Barrett, cet Astronomy Domine qui semblait absolument destiné à intégrer le répertoire des québécois et qui, de fait, y trouve naturellement sa place devenant même un de ses étendards, c'est dire. Mais c'est tout l'album qui nous porte dans un monde différent où Voivod sait aussi bien envoyer le bois (le précité The Unknown Knows, l'excellente chanson titre, Nothingface, le paranoïde X-Ray Mirror, etc.) que ralentir l'allure, créer des ambiances plus planantes (la reprise du Floyd, bien sûr, mais aussi Missing Sequences ou Into My Hypercube) sans jamais se départir de son identité, de son absolue unicité.
Voilà, pour tout dire, la meilleure façon de savoir exactement de quel alien bois la galette est faite, il n'est pas de meilleure façon que de s'y confronter en se préparant, auparavant, au choc de l'écoute de quelque chose d'encore jamais entendu et, en vérité, d'excellent et de décisif dans la création d'un metal se détachant progressivement de ses racines blues pour créer un ailleurs ô combien attirant.

1. Intro 0:54
2. The Unknown Knows 5:01
3. Nothingface 4:14
4. Astronomy Domine 5:30
5. Missing Sequences 5:50
6. X-Ray Mirror 4:28
7. Inner Combustion 3:48
8. Pre-Ignition 5:12
9. Into My Hypercube 5:04
10. Sub-Effect 4:30

Jean-Yves Theriault - bass
Denis d'Amour - guitar
Michel Langevin - drums
Denis Belanger - vocals

VOIVOD

16 commentaires:

  1. 80s Progressive Rock (10 ans, 10 albums)

    Yes "Drama"
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    Rush "Moving Pictures"
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    Peter Gabriel "Security"
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    Peter Hammill "Patience"
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    Univers Zero "Uzed"
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    IQ "The Wake"
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    Queensrÿche "Rage for Order"
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    Marillion "Clutching at Straws"
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    Talk Talk "Spirit of Eden"
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    Voivod "Nothingface"
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  2. Zut, zut et rezut, a un an près, je pouvais encore caser mes chouchou, dans un album déjà plus commercial mais au dessus du YES ça c'est certains... Mais voilà 79 n'est pas 80. Encore des mystères? Plus vraiment puisque j'ai dévoilé ce que je pense être comme un des grands absents du genre, surtout quand on a de la place pour GENTLE GIANT ou RUSH... Allez quoi, un genre d'annexe, de rattrapage, je sais que tu sais faire

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    1. Comment tu attaques Gentle Giant et Rush ! C'est mal. Au dessus de Yes ? En prog' y a pas grand monde...

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    2. Du YES ici, pas de YES, mais le premier UK est une grande oeuvre.... La présence de Allan Holdsworth donne au tout une orientation original, bon le temps d'un album...

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    3. Pour tout te dire, j'ai eu le UK il y a plus d'un quart de siècle mais, ne l'ayant pas aimé, je l'avais refilé... Faudrait que j'y replonge.

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  3. Ca me fait bizarre de voir cet album de Talk Talk dans le rock progressiste. Pour moi, il ne l'est pas. Il est plus proche de Can et du Velvet ou de Miles Davis que de Yes ou Genesis. Mais j'ai découvert que le rock prog était un genre très riche où l'on classe également King Crimson ou VDG.Difficile aussi de se dire qu'il fut un album des 80's... Ce fut pour moi un disque de chevet (acheté 10 francs chez une disquaire d'occasion).
    Pour ce qui est de Laughing Stocks, je n'ai jamais eu de difficulté pour rentrer dedans. Je pense que sa réputation vient aussi du fait que beaucoup (y compris de rock critics) ont fait du rétropédalage. Passer de It's my Life à After the Flood , c'est sûr que certains ont dû s'accrocher.

    Pour ce qui est de cette livraison, je prends d'office le Perter Hammil. Pour le reste, je verrais un peu plus tard. Et inutile de chercher à me convertir à Marillon, d'autres que toi ont déjà essayé... :)

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    1. Laughing Stock est difficile dans le sens qu'il demande plus de patience à l'auditeur, quelque part, c'est un compliment. Je maintiens l'affiliation prog, surtout quand on glisse du côté de Wyatt.
      Tu me diras pour le Hammill...

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  4. Un peu lourd à digérer tout ça ! Heureusement qu'il y a Voivod et Rush pour alléger la sauce !!!

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  5. J'ai tjrs mis sur les mêmes abcisses Hammil et Hackett, une marge, une tangente féconde en parallèle..des superbes disques à écouter à l'ombre ds CV.
    Tjrs un lot fantastique à prendre.

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    1. Les deux H en outsiders magnifiques. J'en rajoute un 3ème pour la période : Steve Hillage.

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    2. Yes..bien ouèj.. je connais un peu moins (il me semble n'avoir d'un vinyl)... Faut kje fouille.

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  6. Hé ! Bonne nouvelle ! J'aime quand les gens osent aller vers des artistes qui ne sont, à priori, par leur tasse de thé. Tu l'as fait, tu as aimé, nous sommes tous les deux récompensés de nos efforts. Youpi !

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  7. Simple curiosité, quels sont ceux que tu ne connaissais pas et dans lesquels tu n'as pas osé te lancer ?

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  8. Attention, Rush ce n'est pas du metal, ça démontre une certaine puissance mais surtout des mélodies et des prouesses instrumentales (au service des mélodies, toujours !). ;-)

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