lundi 25 janvier 2016

Autour du Bon, du Méchant et de la Reine

Où l'on tourne autour d'un des derniers "supergroupes" en date avec l'album, bien-sûr, mais surtout une œuvre de chacun de ses membres histoire que le festin soit vraiment beau. Enjoie !

SuPeRGRouPe
The Good, the Bad & the Queen "The Good, the Bad & the Queen" (2007)
ou "Albarn à la barre"

On en attend sans doute trop des rencontres entre musiciens célèbres et/ou respectés, ce qu'il était naguère convenu d'appeler supergroupe mais qu'il a tellement déçu qu'on n'ose plus trop.
Dans le cas présent, génération différente oblige (quoique Paul Simonon et surtout Tony Allen commencèrent leurs carrières dans les septantes), le problème ne vient probablement pas de sempiternelles guerres égotiques entrainant une œuvre auto-satisfaite et ampoulée, mais problème il y a tout de même... Alors quoi ? L'omniprésence de celui dont on sait sans le moindre doute qu'il est le force créatrice motrice du projet, Damon Albarn en l'occurrence qui, a trop vouloir contrôler tout ce qu'il l'entoure réussit de vrais tours de force (Mali Music, les deux premiers Gorillaz, son magnifique album solo, Everyday Robots) mais, présentement, nie à The Good, The Bad & The Queen l'apport d'un collectif pourtant bien construit avec l'ex-The Verve et partenaire récurrent de Damon depuis un moment, Simon Tong, et, évidemment !, une section rythmique que, composée d'un Clash au batteur de l'immense Fela, on aurait aimée vouée à de plus jammesques instants.
Attention, ne vous méprenez pas, ces 12 titres et 40 et quelques minutes sont une sympathique démonstration des talents mélodiques du sieur Albarn aboutissant à un aimable galette d'indie-pop plutôt très bien troussée, sauf qu'on en attendait plus (trop ?) d'un collectif au promesses fusionnantes alléchantes mais, ultimement, absente du cocktail proposé. C'est donc avant tout aux fans du gars Damon qu'on conseillera un album que, franchement, il aurait dû sortir en son nom propre et avec lequel il ne faut donc surtout pas attendre autre chose que ce que le leader de Blur sait très bien faire.

1. History Song 3:05
2. 80's Life 3:28
3. Northern Whale 3:54
4. Kingdom of Doom 2:42
5. Herculean 3:59
6. Behind the Sun 2:38
7. The Bunting Song 3:47
8. Nature Springs 3:10
9. A Soldier's Tale 2:30
10. Three Changes 4:15
11. Green Fields 2:26
12. The Good, the Bad & the Queen 7:00

Damon Albarn – lead vocals, keyboards, back cover
Paul Simonon – bass, backing vocals, illustrations
Simon Tong – guitar
Tony Allen – drums
&
Danger Mouse – percussion (track 4), synthesizers (tracks 5 & 12), production
Harry Christophers – choir (track 5)
Julia Doyle – choir (track 5)
Grace Davidson – choir (track 5)
Kirsty Hopkin – choir (track 5)
Charlotte Mobbs – choir (track 5)
Andrew Olleson – choir (track 5)
Ian Aitkenhead – choir (track 5)
David Clegg – choir (track 5)
Christopher Royall – choir (track 5)
Adrian Lowe – choir (track 5)
Ben Rayfield – choir (track 5)
Mark Dobell – choir (track 5)
Simon Berridge – choir (track 5)
James Holliday – choir (track 5)
Julian Empett – choir (track 5)
Sam Evans – choir (track 5)
Antonia Pagulatos – violin (tracks 5, 6, 8–10 & 12)
Sally Jackson – violin (tracks 5, 8, 9 & 12)
Alice Pratley – violin (tracks 5, 8, 9 & 12)
Gillon Cameron – violin (tracks 6 & 10)
Stella Page – viola (tracks 5, 6, 8–10 & 12)
Amanda Drummond – viola (tracks 5, 8, 9 & 12)
Emma Owens – viola (tracks 6 & 10)
Izzi Dunn – cello (tracks 5, 6, 8–10 & 12)
Al Mobbs – double bass (tracks 5, 6, 8–10 & 12)
Emma Smith – double bass (tracks 6 & 10)
Eslam Jawaad - additional vocals on "Mr. Whippy"

THE GOOD, THE BAD & THE QUEEN

ToNy aLLeN
Fela "Gentleman/Confusion" (1973/75)
ou "African Pulse"

D'une autre planète... l'Afrique ! Pas une Afrique de carte postale, une Afrique ouverte sur le monde, violente souvent, sensuelle toujours, à la fois si proche et si loin de nous...
De la riche discographie de Fela, Gentleman est celui que je préfère (suivi de près par Confusion de 1975 auquel il est groupé dans la présente réédition), un album politique bien-sûr, comme le fut toute l'aeuvre de Fela Anikulapo Kuti, un album pour lequel il a spécialement appris à jouer du saxophone afin de remplacer, au cours des sessions, un Igo Chico démissionnaire, il impressionne dans l'exercice, d'ailleurs sur un album suant et groovant, tribal et jammy, chaud, lourd, céleste... Tout ça !
Comme à l'accoutumé dans l'afrobeat de Fela, ce funk de la jungle, jazzy et libre dont il est le géniteur, les pistes sont longues, largement improvisés, avec de vibrantes chorales tribales, de rutilants cuivres et de trépidantes rythmiques panafricaines (Ha! Tony Allen !). C'est vibrant, aussi étourdissant de virtuosité que de vérité, une musique de ghetto pour sortir du ghetto, un gospel impossible pour le droit des hommes.
A la mort de Fela Kuti, on a pleuré la mort d'un grand homme , pas seulement d'un grand homme africain, d'un grand musicien aussi dont l'impressionnant catalogue est évidemment à revisiter souvent, religieusement. Gentleman, en diamant sur la couronne, est une parfaite introduction à l'homme et à son art.

Confusion (1975)
1. Confusion (part 1 & 2) 25:35
Gentleman (1973)
2. Gentleman 14:32
3. Fefe Naa Efe 8:06
4. Igbe 8:14

Fela Ransome-Kuti - alto saxophone, arrangements, electric piano, production, tenor saxophone, vocals
Tunde Williams - trumpet
Igo Chico - tenor saxophone (tracks 2, 3)
Tony Allen - drums
(autres musiciens inconnus)

FELA

PauL SiMoNoN
The Clash "Combat Rock" (1982)
ou "la fin du début, le début de la fin"

Combat Rock, c'est le Clash du regroupement sur les fondamentaux, pas qu'ils abandonnent la diversité qui a notablement élargi leurs possibles depuis leur fracassants débuts en bruit blanc énervé, cette fois, ce n'est plus le double si rondement mené (London Calling) ni l'extravagant triple qui se paume parfois un peu (Sandinista), ce sont 12 chansons pour à peine plus de trois quart d'heure, un retour à la norme pour un groupe toujours pas comme les autres.
A l'origine, pourtant, les Clash avaient encore prévu un double, qu'ils auraient titré Rat Patrol for Fort Bragg, mais les tourments d'un groupe où tout n'est pas au beau fixe, notamment les prises de bec entre Joe et Mick avec chacun leur idée de ce que le groupe devait devenir qui conduira fatalement au départ de Jones et à la réalisation que Strummer avait besoin de son "frère ennemi" en contrepoids créatif (le fiasco Cut the Crap est là pour en témoigner), Combat Rock sera donc simple, resserré et le mixage (le remixage en fait après le rejet de la version de Mick Jones) confié à l'efficace Glyn Johns qui mène rondement l'affaire, ce n'est pas de ce côté là qu'il faut chercher la faille... Alors, où, justement ? Dans les tensions internes qui ont fini par pourrir l'ambiance au point de nuire à la séminale volonté exploratrice et rebelle, feu brûlant de la genèse des meilleurs moments du quatuor ? Probablement. Mais il reste tout de même moult motifs de  satisfaction sur cet ultime album du vrai Clash. Des singles d'un confondante efficacité déjà, qu'ils rockent bien blanc (Should I Stay or Should I Go) ou groovent bien black (Rock the Casbah) et qui font, tant ils sont bons, oublier le troisième du lot qui n'est qu'une chanson mineure de la formation (Know Your Rights, sympathique au demeurant). Mais ce n'est pas tout parce que si, indéniablement, le répertoire n'est plus de la qualité qu'on attend des "idoles", un bon rock qu'on pourrait croire extrait d'un monde parallèle où Strummer serait Richards et Jagger à la fois circa 1972 (Car Jamming), une excellente étrangeté où Clash hésite entre pop synthétique et reggae dub tout de même dominant (Straight to Hell), un reggae rock bien troussé sur un texte glaçant (Ghetto Defendant, avec le beat-poet Allen Ginsberg). Le reste ? Chaque morceau a ses bons moments et ses faux-pas. Ca ressemble, en fait, beaucoup aux pistes les plus expérimentales, et souvent les moins réussies, de Sandinista, sauf que c'est un peu mieux, mais juste un peu...
Alors, oui, et même plus de trente ans plus tard on a peine à l'écrire, le Clash de Combat Rock, s'il est encore loin de l'indignité, n'est plus cette bouillonnante machine qui d'un séminal éponyme et de son tout aussi recommandé successeur (Give 'Em Enough Rope) en forme de mètre-étalons punk rock, d'un London Calling en grande ouverture triomphante de la richesse de ses idées, d'un Sandinista qui, ramené à de plus humbles proportions, un double par exemple, comme son devancier, n'aurait pas été loin de le taquiner, c'est un Clash souffrant mais encore volontaire, encore capable de pondre quelques grandes chansons même si, on le sent, on le craint, la fin n'est plus très loin. Conseillé tout de même Combat Rock ? Oui, parce que même un Clash souffrant (et pas agonisant voir rongé par les vers de Cut the Crap), a des trésors à vous offrir et que ses "maladies" sont aussi attirantes que les sordides détails d'un fresque de Jérôme Bosch.

1. Know Your Rights 3:39
2. Car Jamming 3:58
3. Should I Stay or Should I Go 3:06
4. Rock the Casbah 3:44
5. Red Angel Dragnet 3:48
6. Straight to Hell 5:30
7. Overpowered by Funk 4:55
8. Atom Tan 2:32
9. Sean Flynn 4:30
10. Ghetto Defendant 4:45
11. Inoculated City 2:43
12. Death Is a Star 3:13

Joe Strummer – lead vocals, guitars, harmonica, piano
Mick Jones – guitars, vocals, keyboards, sound effects
Paul Simonon – bass, vocals
Topper Headon – drums, piano and bass on "Rock the Casbah"
&
Allen Ginsberg – guest vocals on "Ghetto Defendant"
Futura 2000 – guest vocals on "Overpowered by Funk"
Ellen Foley – backing vocals on "Car Jamming"
Joe Ely – backing vocals on "Should I Stay or Should I Go?"
Tymon Dogg – piano on "Death Is a Star"
Tommy Mandel – keyboards on "Overpowered by Funk"
Gary Barnacle – saxophone on "Sean Flynn"
Kosmo Vinyl - vocals on "Red Angel Dragnet"

THE CLASH

SiMoN ToNG
The Verve "Urban Hymns" (1997)
ou "Bitter Sweet Poppery"

Je me souviens que l'enthousiasme de Christophe Basterra fit tellement de bien à lire que je n'hésitait pas longtemps avant d'acquérir ce The Verve revenant, troisième opus d'une formation n'ayant pas encore fait son trou malgré un talent si évidemment au-dessus de la moyenne. Voici donc le billet d'époque publié dans l'excellent mensuel Magic RPM :
"Certains vous diront le contraire, mais, surtout, ne les croyez pas, The Verve a toujours été un groupe extraordinaire.
Et comme tous les groupes extraordinaires les rares, devrait-on préciser , The Verve a côtoyé le meilleur, mais aussi le pire. Le pire ? Un premier album, A Storm Made In Heaven, gâché par un manque d’expérience notoire et une production paresseuse signée pourtant John Leckie. Le meilleur ? Quelques morceaux hypnotiques en singles A Man Called Sun, forcément sublime , des concerts extatiques et surtout, surtout, un deuxième album absolument divin, A Northern Soul quel titre ! , qui mariait les guitares les plus puissantes aux ambiances les plus sombres, porté vers le firmament par une chanson obsédante nommée History. Dans l’Histoire, on a bien cru que The Verve n’y entrerait jamais pour cause de séparation impromptue, due aux mésententes entre un chanteur charismatique, Richard Ashcroft, et un guitariste surdoué, Nick McCabe. On aura donc retenu son souffle pendant deux ans. Heureusement, les deux intéressés ont fini par entendre raison et The Verve est de nouveau réuni, augmenté d’un cinquième membre, pour… le meilleur. Seulement pour le meilleur.
The Verve est sans doute l’un des derniers grands groupes de rock de cette fin de siècle : puissant, romantique, nonchalant, sombre, grandiose, flamboyant, héroïque. En ouverture, le single Bitter Sweet Symphony, tube annoncé qui a ouvert au groupe la voie royale méritée, s’avère être d’une incroyable fadeur face aux titres suivants. A commencer par Sonnet ou The Drugs Don’t Work, deux ballades grandioses et belles à pleurer. De son côté, Catching The Butterfly, insidieux et mystérieux, doit bien être le meilleur morceau que U2 ait écrit depuis le début de cette décennie. Avec Weeping Willow, le quintette renoue avec ce groove lancinant, porté par des arabesques de guitares et un refrain implacable. Ambiances veloutées et mystérieuses, mysticisme mélodique, fureur rock ‘n’ roll incontrôlée le fédérateur Come On , The Verve maîtrise tout. The Verve sait tout faire. The Verve est intouchable...
Alors, oui, un jour, Richard Ashcroft pourra voler. "
Un poil excessif tout ceci, peut-être... Mais indéniablement un album totalement réussi, une des plus belles perles du collier britpop.

1. Bitter Sweet Symphony 5:58
2. Sonnet 4:21
3. The Rolling People 7:01
4. The Drugs Don't Work 5:05
5. Catching the Butterfly 6:26
6. Neon Wilderness 2:37
7. Space and Time 5:36
8. Weeping Willow 4:49
9. Lucky Man 4:53
10. One Day 5:03
11. This Time 3:50
12. Velvet Morning 4:57
13. Come On 15:15

Richard Ashcroft – vocals, guitar
Nick McCabe – lead guitar
Simon Jones – bass guitar
Peter Salisbury – drums
Simon Tong – guitar, keyboards
&
Liam Gallagher – backing vocals ("Come On"), claps ("Space and Time")
Mel Wesson – programming
Paul Anthony Taylor – programming
Will Malone – conductor, string arrangements

THE VERVE

DaMoN aLBaRN
Damon Albarn, Afel Bocoum, Toumani Diabaté & Friends "Mali Music" (2002)
ou "Damon in Africa"

On connaît Damon Albarn parce qu'il a revigoré la musique anglaise en partant de la britpop pour arriver (presque) au krautrock, on connaît Damon Albarn pour avoir fomenté un des projets électro-hip-pop les plus fameux de l'univers, on connaît moins le Damon Albarn Tintin musical parti explorer le Mali, une excellente nouvelle captée sur le savoureux Mali Music qui nous intéresse.
Ici, sans jamais tout à fait disparaître d'un mix où sa patte mélodique et ses trucs d'arrangeur influencent ses rencontres africaines, Damon prouve, mine de rien, que sa forte personnalité, si elle sait s'adapter à toutes les circonstances, n'est pas soluble dans la touffeur sub-saharienne. De fait, c'est un peu comme si son personnage de Gorillaz avait décidé de quitter ses petits amis animés pour s'en créer de nouveaux à Bamako. Et comme les nouveaux amis en question ont pour nom, par exemple, Afel Bocoum ou Toumani Diabaté (tous deux croisés chez l'ultime figure tutélaire malienne, le regretté Ali Farka Touré), on sait d'emblée que le projet est en de bonnes mains. Dans la manière, petites jams impromptues captées in vivo puis retravaillées, habillées dans un studio professionnel tout ce qu'il y a de plus classique, c'est à un joli bouquet de chansons tantôt plus africaines, tantôt plus occidentales mais toujours gorgées d'émotion, toujours profondément marquées par leur territoire d'origine. Ceci dit, coordinateur omniprésent, Damon Albarn sait parfois se faire extrêmement discret, cédant bien volontiers le devant de la scène à ses comparses de l'occasion.
Le résultat, au-delà d'espérances pourtant élevées, est un album tout en ambiances et délicatesse, une œuvre d'une rare cohérence et humanité qui, loin de suivre la voix tracée par ses devanciers (de Paul Simon à Peter Gabriel ou David Byrne qui épicèrent leur petit monde d'Afrique), voit Albarn et ses associés de circonstance créer une fusion où le grand continent, et son enclave malienne en particulier, mènent le bal d'une parfaite fusion. Chaudement recommandé.

1. Spoons 5:19
2. Bamako City 4:09
3. Le Relax 3:51
4. Nabintou Diakité 1:46
5. Makelekele 4:24
6. The Djembe 4:34
7. Tennessee Hotel 3:41
8. Niger 3:52
9. 4AM at Toumani's 3:06
10. Institut National Des Arts 4:14
11. Kela Village 3:10
12. Griot Village 1:12
13. Le Mogon 3:51
14. Sunset Coming On 4:14
15. Ko Kan Ko Sata Doumbia on River 1:04
16. Les Escrocs 5:08

Damon Albarn - Bass, Guitar, Hand Drums, Kalimba, Keyboards, Melodica, Percussion, Piano, Vocals 
&
Afel Bocoum
- Choir/Chorus, Guitar, Vocals 
Cass Browne - Drums
Simon Burwell - Bass, Hand Drums, Keyboards, Melodica, Organ, Piano, Vocals, Xylophone 
Yoro Cisse - Monochord, Njarka Fiddle
Junior Dan - Bass
Kassé-Mady Diabaté - Vocals 
Toumani Diabaté - Kora
Nabintou Diakite - Vocals 
Ko Kan Ko Sata Doumbia - Ngoni
Shakar Fani - Drums
Baba Kone - Percussion 
Brehima Kouyaté - Bass 
Neba Solo - Balafon
Lobi Traoré - Guitar, Vocals 
Djurr Tx'allo - Bass, Piano, Xylophone

DAMON ALBARN

DaNGeR MouSe
Gnarls Barkley "St. Elsewhere" (2006)
ou "The Age of Digital Soul"

Comme c'est la chronique qui m'a décidé à acheter l'album n'en ayant entendu que l'emblématique single (Crazy, évidemment !), ce sont les mots d'époque de Stéphane Deschamps (Les Inrocks) qui vont illustrer le tour de force que demeure l'opus originel de Gnarls Barkley :
"Gnarls Barkley est le projet bicéphale et quadrupède de messieurs Brian Burton et Thomas DeCarlo Callaway, alias Danger Mouse et Cee-Lo. Avant même d’avoir sorti le moindre disque, le duo était déjà entré dans la petite histoire pour avoir hissé son single Crazy en tête des charts anglais uniquement via le téléchargement payant. Télé-déchargement, plutôt.
St. Elsewhere est aussi fou que Crazy. Ce disque évoque la découverte en accéléré d’une cinquantaine d’années de musique soul dans un train fantôme de fête foraine, avec deux clowns psychotiques (ou tout au moins psychédéliques) dans le wagon de tête. Le premier morceau s’appelle Go Go Gadget Gospel, il est effectivement influencé par le gospel, mais lâché sur un dance-hall jamaïcain, puis plongé dans une machine à pop-corn. L’influence du gospel est grande sur St. Elsewhere, disque plein de chant. Mais ce gospel est endiablé, défroqué, débauché, catapulté dans l’espace à la rencontre des petits hommes verts. Le saint homme de Gnarls Barkley, c’est Cee-Lo, grand (et gros) chanteur dont la voix d’or pille les mines du roi Solomon Burke. Si on isolait la voix de Cee-Lo du reste du disque, on entendrait un prêcheur fou haranguant ses ouailles jusqu’à la transe. Mais pourquoi on ferait ça ? Pour exister, le saint homme a besoin de son diablotin Danger Mouse, qui lui refile des beats et des arrangements drogués ? une fois aux amphétamines, une fois aux champignons hallucinogènes. Les deux hommes sont insatiables, ils n’ont pas peur des mélanges. Il est impossible de coller une étiquette sur ces chansons qui ne tiennent pas en place. Dans la musique pop au sens XL (peut-être la seule étiquette valable pour Gnarls Barkley), l’habit fait souvent le moine. Cee-Lo et Danger Mouse s’habillent n’importe comment, et ils jouent n’importe quoi, même une reprise osée et très réussie du classique Gone Daddy Gone, composé en 1982 par les héros hillbilly-punk Violent Femmes. Ça ne nous rajeunit pas, mais ça rajeunit le morceau.
Sur The Boogie Monster, on pense à une novelty song de Louis Armstrong. Ailleurs, Gnarls Barkley se dévoile aussi sexy que Prince il y a vingt ans. Ultramélodique et facétieux, pétulant et coloré, Gnarls Barkley rappelle aussi De La Soul. Et pas de doute, c’est de la soul. Au début et à la fin du disque, on entend un cliquetis qui évoque la rotation d’une bobine sur un projecteur. Tout ça, c’était donc du cinéma, une comédie musicale en couleur et en super grand huit.
"

1. Go-Go Gadget Gospel 2:19
2. Crazy 2:59
3. St. Elsewhere 2:30
4. Gone Daddy Gone 2:28
5. Smiley Faces 3:05
6. The Boogie Monster 2:50
7. Feng Shui 1:26
8. Just a Thought 3:42
9. Transformer 2:17
10. Who Cares? 2:27
11. Online 1:48
12. Necromancer 2:57
13. Storm Coming 3:08
14. The Last Time 3:25

Danger Mouse – producer
Cee-Lo Green – vocals
Ben H. Allen – bass, guitar
Eric Bobo – drums
Ced Keys International – piano
Dr. President – keyboards, bass, guitar, organ
Daniele Luppi – bass, Minimoog, organ, synthesizer
Menta Malone – background vocals
David Piltch – bass
Chris Tedesco – trumpet
Eddie Reyes – acoustic guitar
Tomika Walden – background vocals

GNARLS BARKLEY

5 commentaires:

  1. Autour du bon, du méchant et de la reine

    The Good, the Bad & the Queen "The Good, the Bad & the Queen" (2007)
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    Fela "Confusion/Gentleman" (1973/75)
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    The Clash "Combat Rock" (1982)
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    The Verve "Urban Hymns" (1997)
    - http://www94.zippyshare.com/v/Pj8MBUW0/file.html

    Damon Albarn, Afel Bocoum, Toumani Diabaté & Friends "Mali Music" (2002)
    - http://www94.zippyshare.com/v/TB2CkNUk/file.html

    Gnarls Barkley "St. Elsewhere" (2006)
    - http://www94.zippyshare.com/v/NZ1JIzvG/file.html

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  2. A part, The Verve et Mali Music, je ne connais pas trop.
    The Good, The Bad And The Queen, tu l'as déjà proposé il y a quelques temps. Je ne l'ai pas encore assimilé, mais je crois que je serais d'accord avec toi sur le fond.

    FELA: je ne connais rien de lui à part celui que tu as proposé il y a quelques temps aussi. C'est celui qui me tente le plus.

    Clash, je me rends compte que je ne l'ai jamais écouté. Bon, je connais bien sûr des titres; Par contre, je n'ai jamais aimé Sould I stay or should I go. Or on me bassine souvent sur cette chanson comme si c'était leur meilleure... Heureusement que ce n'est pas vrai. Mais c'est souvent les propos de personnes qui ne connaissent le Clash que sur une compil ou la radio... Bref, à caue de ce titre, j'ai jamais trop voulu l'écouter. Rock the Casbah est nettement mieux tant qu'à faire. Pas rock, d'accord, mais c'est justement cette soit disant "crédibilité" rock qui me dérange avec Sould I.. Et puis, le texte, bof, bof...

    The Verve: Un bon disque, mais je n'ai jamais réussi à accrocher à ce qu'ils avaient fait avant. J'ai essayé plusieurs fois, mais ça me tombe des mains. J'ai un petit problème avec les chansons qui finissent toute par étirer leur final jusqu'à plus soif. Richard Ashrcoft avait trouvé ici quelque chose, on va dire la bonne formule. Mais je le trouve trop long. En fait, je me contente de 5 titres. Les plus pop. Puor le reste, leur guitare et le chant un poil excessif m'épuisent.

    Mali Music: je l'ai pas mal écouté pendant 2 ans après sa sortie. Je l'aimais bien. Faut que je le réecoute. C'es avec cet album que je me suis que le gars Albarn méritait que je l'écoute plus attentivement. J'avais suivi Blur, mais je n'ai jamais été hyper enthousisate sur ce groupe à l'hépoque de Parklife et surtout The Great Escape (que j'ai toujours touvé très suestimé). Par contre, Thnk Thank est devenu pour moi, avec le temps, un très grand idsque qui m'o obligé de réviser le groupe sur Blur et 13. Pour moi, il est devenu vraiment intéressant après The Great Escape.

    Gnarls Barkley: Je connnais bien sûr Crazy. Je dois en connaitre quelques unes également mais je n'ai jamais écouté l'album. J'avais été moins enchanté de ce que j'avais entendu. Mais Crazy reste vraiment un moment de grâce, elle a la facture d'un grand classique pop. J'hésite à l'écouter parce que j'attends des chansons du niveau de crézy, or j'ai l'impression que les autres sont nettement en cran au-dessus.
    Danger Mouse est devenu par contre un producteur très interessant. Etonnant qu'i n'ait pas donné de vrai suite à Crazy (en tout cas pas à ma connaissance).

    En conclusion, je vais écouter surtout Fela. Replonger dans Mali Music et me rejeter une oreille sur the Good, The Bad and The Queen. Et réecouter le dernier Blur que je ne connais pas encore suffisemment (et peut être même Everyday Robots). Oui, c'est parti pour moi pour une semaine Albarn... Merci de ce rappel.

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    1. Avec un peu de retard, je réponds à ton excellent commentaire, désolé.
      Donc, Fela, youpi !, tu fais bien, Mali music itou (j'y replonge régulièrement ne serait-ce que pour quelques pistes), The Good the Bad and the Queen, c'est un sympathique album sur lequel j'attends ton retour.
      Voilà, c'est tout. Ha non, tu ferais bien de te plonger dans le Gnarls Barkley, il le mérite !

      A+

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  3. Cher Zornophage et chers Zornophages, le concept par 10 de ce blog est épatant toujours. Et ludique aussi.

    Comme Zorn est toujours aussi prolifique, pour mon émission de radio "A Personal History Of Music" pour Les Voix de Cassandre j'ai consacré un mix d'une heure et demi sur les sorties de John Zorn en 2014, vu qu'il y a de quoi faire en foisonnement.
    http://parisartisticstore.blogspot.fr/2016/01/2014-mix-12-no-season-john-zorn-special.html

    Ça recoupe tout ce que tu connais déjà cher Zornophage, mais en forme de mix ça propose un voyage différent, ça apporte (en toute modestie, je n'y suis pour pas grand chose) une seconde vie aux morceaux surement beaucoup écoutés auparavant.

    En tout cas bonne continuation pour le blog en attente des prochains thèmes par dix.

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