samedi 16 janvier 2016

DAVIDs (1/2)

Une petite série de David(s), ça vous tente ? Et ce n'est que le premier des deux volumes avec, à tout seigneur tout honneur, un début avec le grand partant du moment. Allez, sans plus de commentaires, enjoie !

HeRo
David Bowie "Space Oddity" (1969)
ou "(presque) le Vrai Bowie"

Bowie n'est plus ce dandy kinksien, walkerien et surtout profondément anglais d'un éponyme au retentissement commercial exactement opposé aux ambitions de son auteur.
Et donc, scratch that, Bowie décide de fondamentalement revoir sa copie et, comme de bien entendu, de coller au plus près au psychédélisme baba florissant de l'époque quitte à carrément lorgner vers Donovan, absolu champion du genre. L'idée, pas mauvaise au demeurant, permet à la jeune pousse de tester son écriture dans un nouveau registre s'aguerrissant encore un peu plus à l'art de la chansonnette où il a déjà de belles aptitudes. Et puis, surtout, ça lui offre son premier tube, un truc un peu "novelty" sur les bords puisque, le thè.me allant bien, le management et la maison de disque de l'ex-Mister Jones décident de le proposer pour qu'il coïncide au plus près avec la fièvre spatiale de l'alunissage originel, comme en plus c'est une bonne chanson, une excellente chanson même qui tient encore la route aujourd'hui, on n'ira pas se plaindre d'un carriérisme intelligent qui a, de toute manière, toujours été la marque du sieur Bowie.
Hélas, la suite de l'œuvre est loin d'être aussi convaincante : Le rock psyché à la Grateful Dead de Unwashed and Somewhat Slightly Dazed n'est pas désagréable mais un peu trop fouilli et brouillon pour vraiment marquer (malgré la belle performance guitaristique de Tim Renwick), Letter to Hermione, pour sa petite amie d'alors, c'est pas mignon ça ?, est, justement mignonne tout plein mais marche trop sur les plates-bandes du précité Donovan, comme An Occasional Dream un peu plus tard,  et ne marque pas suffisamment mélodiquement pour qu'on en fasse grand cas, mais c'est charmant, c'est sûr. Signet Committee, où l'influence tend plus vers les beat-epics de Dylan, est bien fichue mais un peu trop longuette pour ne pas lasser et perdre un peu l'auditeur. Janine, qui aurait facilement être de son opus de 67, est une jolie kinkserie électroacoustique certes un poil dérivative mais satisfaisante. Après un ultime numéro "à la", une chanson orchestrale quelque part entre les Beatles et Scott Walker (Wild Eyed Boy from Freecloud, assez réussi au demeurant), on tombe, enfin !, sur les deux autres raisons de vraiment s'enthousiasmer pour ce Space Oddity sinon mi-figue mi-raisin, avec d'abord une folk-rockerie qui annonce The Man Who Sold the World et Hunky Dory (God Knows I'm Good) et, surtout, l'épique et trippant Memory of a Free Festival qui, assurément, sent fortement le patchouli et la cigarette qui fait rire mais est si impeccablement mené, final en chœur compris, qu'on aurait mauvaise grâce à tenter d'y résister. 
Déjà produit par Tony Visconti (boucle hélas bouclée aujourd'hui), pas encore tout à fait mûr mais montrant une personnalité s'affirmant, Space Oddity n'est assurément pas un essentiel du catalogue de David Bowie, il n'en demeure pas moins, absolument de son époque qu'il est, un agréable témoignage d'un temps que les moins de (wow !) 60 ans, etc. Accessoire mais recommandé tout de même, donc.

1. Space Oddity 5:16
2. Unwashed and Somewhat Slightly Dazed 6:12
3. (Don't Sit Down) 0:42
4. Letter to Hermione 2:36
5. Cygnet Committee 9:35
6. Janine 3:25
7. An Occasional Dream 3:01
8. Wild Eyed Boy from Freecloud 4:52
9. God Knows I'm Good 3:21
10. Memory of a Free Festival 7:09

David Bowie – vocals, 12-string guitar, acoustic guitar, Stylophone, organ, kalimba
Rick Wakeman – mellotron, electric harpsichord, keyboards
Terry Cox – drums
Tim Renwick – electric guitar
Keith Christmas – acoustic guitar
Mick Wayne – guitar
Tony Visconti – bass guitar, flute, recorder
Herbie Flowers – bass guitar
Benny Marshall and friends – harmonica
Paul Buckmaster – cello

DAVID BOWIE

MySTiC
David Axelrod "Songs of Experience" (1969)
ou "Song Cycle"

L'homonymie est trompeuse, d'autant plus que le nom n'est pas courant, alors précisions que David Axelrod le musicien n'a strictement rien à voir avec David Axelrod le consultant politique qui œuvra activement à l'élection de Barack Obama et en est aujourd'hui le conseiller. Non, l'Axelrod qui nous intéresse, et dont va nous parler Dioneo (Guts of Darkness) est un compositeur, arrangeur et producteur connu pour son travail fidèle avec l'excellent Cannonball Adderley, pas qu'il fasse vraiment du jazz ici, notez. Et donc, aux mots du chroniqueur "convoqué" :
"L’Expérience est multiple. Éclatement, recoupements. Les sens s’attachent et voguent sur des objets divers. Des êtres se rencontrent. Le cœur trébuche et s’endurcit. Se relève et brille et se gonfle à nouveau. L’œil, des années plus tard, se pose ou passe, lucide, sur la fillette perdue, l’écolier qui va, grave ou insouciant. Avec nostalgie, indulgence ; ou bien envie, regrets, remords ; ou bien indifférence. Elle fait des êtres finis – ceux qui pour leur malheur la tiennent comme somme achevée, butin thésaurisé, jaloux. Elle fait les Blasés. Elle fait les Libertins. Elle fait des Décadents avec des Audacieux ou des volontés faibles. Elle fait les Visionnaires. Des Baudelaire, des De Quincey… Des Blake. Parfois, comme par faveur, elle fait la Force de l ‘Âge… Elle contemple ses stases et tous ses bonds passés, tout ce qu’elle a frôlé ou qui l’a pénétrée. Elle dessine la trame, l’invariable matière au fond des mutations. Connaissance gagnée au-delà des intuitions de la prime jeunesse. L’existence n’est plus vierge…
En 1969, un an à peine après Song of innocence – premier volet d’un diptyque prévu s’inspirant des œuvres de l’Anglais William Blake – entre deux séances d’enregistrement pour le nouvel album de Cannonball Aderley, la bande-son du prochain coup d’Hollywood ou d’une quelconque série télé, David Axelrod s’apprête à donner suite. Une même foison de pupitres est mobilisée. Une écriture semblablement vaste, aérée, dense, détermine la forme, la dimension du nouveau cycle. Un même usage des genres, des styles, des techniques – contrastés et confondus. Une même puissance d’évocation l’anime – mais cette fois-ci traçant son plan selon une autre échelle. Song of Innocence s’attachait à révéler des détails, donnait à sentir des instants en leur conformation, leur poids, leur grain ; captivait le regard par voie d’orchestration – synesthésie, mon amie… – sur un mode parfois presque hallucinatoire. Le Voyageur Mental, à sa dernière plage, apercevait la route, vaguement inquiet, curieux. Début d’exil volontaire, premier pas de l’Initiation. Songs of Experience nous donne l’instant de son retour. La Chute a bien eu lieu, le désenchantement. C’est au pied de L’Arbre Empoisonné que nous le retrouvons. Mais ses tourments ne nous seront pas contés, les épisodes, la mécanique du processus où s’est défaite toute illusion. Sa vision décillée, à la place, nous échoit en partage. Les huit plages du cycle, globalement, ralentissent le pas. Imperceptiblement, alentissent, feutrent le battement. Élargissent la focale, en effet de recul. Ce sont, cette fois – plutôt que des impressions qui nous seraient transmises, passées – des lieux qui nous sont dévoilés, offerts. Des villes, des rues saisies dans leurs détails et leur ensemble ; leurs mouvements, leurs mécaniques, les failles de leurs architectures ; les directions de leurs accidents. Des personnages en cheminement – déambulations, errances, marches et stations au but – là où le premier volet campait des archétypes, terribles et fascinants avec leurs Livres de Métal, attirant au point d’effacer tout décor. Ils sont maintenant prochains… Ennemis, inconnus, semblables, camarades. La courtisane, sous sa beauté, ses parades plastiques, est une Rose Malade, prêtresse vénérienne, chair accueillante et vénéneuse. La poésie – auparavant sarabande d’images révélées, reflets arrachés aux reliefs – se fait symbolisme matois. Renversements compris, joueurs, malicieux. Charades hermétiques. Un trombone énonce, module, allonge, rétracte un motif, une courte phrase. L’explore, l’essaye. L’Abstraction Humaine déroule son équation métaphysique. Un parfum – à travers les étoffes, dans la foule – vient frapper l’odorat. L’esprit, de nouveau, est tiré au dehors. Song of Innocence était contemplation ardente, couleurs en arêtes vives qui imprimaient leurs traits aux pupilles grandes ouvertes, jaillissements impromptus de lyrisme électrique.
Songs of Experience décline des timbres plus mats, des périodes aux variations d’abord à peine perceptibles. Rien n’y est terne, pour autant. L'expectative, le suspens, souvent, dessine son pas. L’Innocence, en partant, emmène les chatoiements – mais l’Expérience, par la grâce d’un discernement affiné, apparie les nuances, distingue les parties, s’absorbe aux dégradés. Les lignes instrumentales, ici, s’articulent autrement, en dialogues plus doux. En commerces tactiles délicats, en torsions harmoniques effleurées. En effacements discrets jusqu’au moment propice où elles se délieront. Les mélodies, les cellules qui d’une pièce à l’autre se répondent, se répètent, s’énoncent plus brièvement – en rappels furtifs, parfois presque inaperçus. Les levées lyriques des archets s’infléchissent cette fois d’orientalismes – comme on dirait en peinture : manière, modelé sensuels mais lumière mesurée, tamisée, assourdie délibérément par places. En courbures mineures, chromatismes ambigus. Une mouche bourdonne – l’herméneutique s’en mêle. Et l’ironie libère le tableau de son cadre, défait la Vanité dans le regard mobile. La chair est corruptible – l’homme est mortel. Mais pour l’heure elle se tient, campée dans son enveloppe. Rien n’est figé, rien n’est ennui au fil de ces huit plages. Mais l’enchantement, cette fois, est affaire d’alchimie, de science donnée comme telle, acceptée, pratiquée. Le jeu des émotions n'est pas plus qu’autrefois un simple ballet de masques. Mais l'ouvrage, maintenant, porte en un même instant zones ombrées et halos – par mesure, par justesse, pour ne rien épuiser. L’Expérience pose un choix : retourner au Monde en connaissance des gouffres, des pièges, des tricheries corps et âme. "And Love the human Form, Divine …". Ou bien poursuivre encore l’originelle pureté – au risque de la perdre et de la contrefaire. "And Peace, the Human dress". L’Expérience, quand elle ne trouve pas, n’admet pas les limites de son entendement, peut sceller l’existence, l’isoler hors la vie. Une note tenue, presque continue, une attente – une angoisse ? – tend la toute dernière plage, à l'achèvement du cycle. L’Image Divine est œuvre humaine, forme créée, beauté délibérée. L’intellect se dénoue au son du sang qui courre. "And all must love the human form, in heathen, Turk, or Jew ; Where Mercy, Love, and Pity dwell, there God is dwelling too". L’Art de Blake, une fois encore, rencontre cette époque à quoi rien ne le destinait. Axelrod, encore, fait le lien. L’Expérience, à nouveau, dépassant la butée, s’est faite inspiration."
Oui, tout ça !

1. A Poison Tree 3:10
2. A Little Girl Lost 3:24
3. London 2:47
4. The Sick Rose 4:47
5. The School Boy 2:30
6. The Human Abstract 5:32
7. The Fly 4:50
8. A Divine Image 4:39

DAVID AXELROD

SoLo
David Crosby "If I Could Only Remember My Name" (1971)
ou "Capitaine Crosby"

Enfin capitaine de son propre navire après moult collaborations, David Crosby ne s'éloigne pourtant pas franchement de ce qu'on a appris à connaître et à aimer de son œuvre, du folk rock tout en finesse et en distinction mais se permet tout de mêmes quelques extravagances, une certaine liberté comme va nous l'évoquer Frank (Rawpowermagazine.com) :
"Crosby Stills Nash & Young. L'association de ces quatre noms suffit à évoquer une autre époque, celle de la fin des sixties, âge d'or pour la scène californienne. Pourtant le groupe fut particulièrement éphémère, deux très bons albums, Crosby Stills & Nash (1969) et Déjà Vu avec Young (1970) et un album live dispensable (4th Way street en 1971) avant une mise en sommeil de six ans et une reformation en 1977 assez inutile.
Mais ce que l'histoire a cru bon d'oublier c'est que derrière ce super groupe (Crosby vient des Byrds, Nash des Hollies et Stills de Buffalo Springfield, excusez du peu), se cache des musiciens de talent qui auront tôt fait de voler de leurs propres ailes et surtout de sortir tour à tour des albums au succès indéniable.
Et parmi ces quatre artistes, le premier album de David Crosby mérite vraiment que l'on s'y attarde, un disque d'une qualité, osons-le, au moins égale à son éphémère groupe..
Les premiers pas solos de l'ex-Byrds ont en effet débouché sur un album essentiel à toute discothèque qui se respecte. Enfin, album solo si l'on considère que Crosby a écrit 6 des 9 morceaux présents sur ce If I Could Only Rember My Name, cosignant les autres, car au niveau line-up David Crosby n'a pas fait les choses à moitié s'entourant de la crème des musiciens West Coast de l'époque : sous la houlette de Stephen Barncard, on retrouve pêle mêle, des membres du Jefferson Airplane (Grace Slick, Paul Kantner, Jack Casady et Jorma Kaukonen), de Grateful Dead (Jerry Garcia, Phil Lesh, Bill Kreutzmann et Mickey Hart), Greg Rollie et Michael Shrieve qui officient chez Santana, David Freiberg de Quicksilver Messenger Service et Joni Mitchell. Festivités auxquelles sont également conviés les compères Neil Young et Graham Nash.
Un album de famille en quelque sorte.
Crosby propose de purs moments de grâce, des mélodies cristallines comme lui et ses compagnons de CSN&Y ont seuls le secret : "Music Is Love" petite ritournelle acoustique enrichi de congas, "Traction On The Rain", "Laughing" qui répond au mysticisme d'un George Harrison ou ce "Song With No Words" tout en délicatesse, embelli par le piano de Greg Rollie.
Pour autant, ce premier album est un disque varié qui doit beaucoup aux apports de musiciens irréprochables, les guitaristes Jerry Garcia et Jorma Kankaunen en tête qui transcendent l'hypnotique "Tamalpais High" sans doute le morceau le plus connu du disque. Un Jerry Garcia au top de sa forme sur le plus rock "Cowboy Movie" qui multiplie les solos, portent à lui seul le morceau pendant que Crosby déclame plus qu'il ne chante des paroles énigmatiques a priori rapportant la séparation de CSN&Y. Même si on est circonspect sur cette explication, le morceau reste un sommet d'acid folk.
La conception du disque, entre morceaux écrits au fil des années par Crosby et improvisations lors de jam sessions, fait de ce disque un petit miracle mais aussi la démonstration du talent de tous ces musiciens. La construction d'un titre comme "What Are Their Names" est tout simplement remarquable : le morceau débute lentement par quelques accords de guitares signées Crosby et Garcia, puis progressivement vient se greffer la basse de Phil Lesh, la batterie de Bill Kreutzman avant les envolées vocales de toute la clique présente ce jour là !
Le travail remarquable de Stephen Barncard qui offre le parfait écrin aux compositions de Crosby, usant avec intelligence et parcimonie des possibilités des studios, sans abuser des effets de manche, apportant juste le petit plus qui transcende un morceau, n'est pas pour rien dans le charme intemporel de If You Could Only Remember My Name.
Le disque eut un succès relatif et ce malgré quelques critiques négatives à son encontre notamment de la part de Lester Bangs.
Pourtant il constitue à la fois un témoignage du talent (immense) de Crosby mais aussi du foisonnement créatif et de l'ambiance de franche camaraderie qui caractérisait la scène californienne de l'époque (l'opposé du contexte politique et social plus que tendu...)
Cet album est assurément un de ceux à emporter sur une île déserte.
"
Et vous hésitez encore ?

1. Music Is Love 3:16
2. Cowboy Movie 8:02
3. Tamalpais High (at about 3) 3:29
4. Laughing 5:20
5. What Are Their Names 4:09
6. Traction in the Rain 3:40
7. Song with No Words (Tree with No Leaves) 5:53
8. Orleans 1:56
9. I'd Swear There Was Somebody Here 1:19

David Crosby — vocals, guitars
Graham Nash — guitar, vocal on "Music Is Love"; vocals on "Tamalpais High," "Laughing," "What Are Their Names," "Traction in the Rain," and "Song with No Words"
Jerry Garcia — electric guitar on "Cowboy Movie," "Tamalpais High," "What Are Their Names," and "Song with No Words"; pedal steel guitar on "Laughing"; guitars on "Kids and Dogs"; vocal on "What Are Their Names"
Neil Young — guitars, vocals on "Music Is Love" and "What Are Their Names"; bass, vibraphone, congas on "Music Is Love"
Jorma Kaukonen — electric guitar on "Tamalpais High" and "Song with No Words"
Laura Allan — autoharp, vocal on "Traction in the Rain"
Gregg Rolie — piano on "Song with No Words"
Phil Lesh — bass on "Cowboy Movie," "Tamalpais High," "Laughing," and "What Are Their Names"; vocal on "What Are Their Names"
Jack Casady — bass on "Song with No Words"
Bill Kreutzmann — drums on "Tamalpais High" and "Laughing"; tambourine on "Cowboy Movie"
Michael Shrieve — drums on "What Are Their Names" and "Song with No Words"
Mickey Hart — drums on "Cowboy Movie"
Joni Mitchell — vocals on "Laughing" and "What Are Their Names"
David Freiberg, Paul Kantner, Grace Slick — vocals on "What Are Their Names"

DAVID CROSBY

FaLLeN aNGeL
David Byron "Baby Faced Killer" (1978)
ou "out of Heep"

Dans la courte carrière solitaire de celui qui demeurera à jamais LE vocaliste de Uriah Heep, David Byron évidemment, il y a Take No Prisoners enregistré comme une récréation d'avec son groupe mais avec des membres d'icelui, dérivatif si sympathique, c'est un opus avant tout recommandé aux fans des "Deep Purple du pauvre". Mais, forcément, quand Byron quitte (ou se fait virer selon les version par) ses compagnons, il n'a qu'une envie, trouver sa voie(x).
Il y a d'abord l'album de Rough Diamond (avec Clem Clempson de chez Humble Pie et Colosseum et l'ex-batteur des Wings, Geoff Briton) mais ce classic rock pas franchement excitant n'est définitivement pas le tremplin idéal pour sa nouvelle carrière. Aussi, accompagné d'un vieux pote dans le rôle du co-créateur et producteur, Daniel Boone, se lance-t-il dans Baby Faced Killer, indéniablement son œuvre la plus variée. Ca commence très fort par un disco-rock habité de synthés spatiaux (Baby Faced Killer), ca continue avec un quasi-rockab' réussi (Rich Man's Lady, Acetylene Jean), un machin cousin de Seals and Crofts (Sleepless Night) qui fait son petit effet, une bizarrerie évoquant Kraftwerk et le Roi Lion (African Breeze), une belle ballade un brin hippie (Everybody's Star), un petit coup de rock à la Heep pour ne pas complètement perdre les fans (Heaven or Hell, Dont Let Me Down) pas franchement folichons d'ailleurs mais pas indignes non plus, un petit tour du côté de chez Queen et 10cc (Only You Can Do It), pour finir par une belle ballade (I Remember) au solo rappelant fortement Brian May. Du coup, si la majorité des chansons sont bien fichues et distrayantes, à défaut d'être tout à fait à la hauteur des haut-faits passés du sieur Byron, il y a sur Baby Faced Killer un éclatement qui n'aidera pas et conduira à son cuisant et injuste échec commercial et perdra un peu le public fervent du chanteur. 
Disparu en 1985, un prix que beaucoup de ceux qui comme David brûlèrent la chandelle par les deux bouts eurent à payer, Byron prouve ici qu'il était bien plus qu'un bête chanteur de hard rock, ce n'était pas gagné d'avance et fait de Baby Faced Killer une curiosité recommandée aux adorateurs de Byron, aux zélotes du Heep et, plus généralement, à toutes celles et tous ceux curieux d'entendre un album certes mineur, certes non-exempt de quelques lourdeurs caractéristiques de son temps, mais si diablement fun qu'on peine à y résister.

1. Baby Faced Killer 3:10
2. Rich Man's Lady 3:51
3. Sleepless Nights 3:48
4. African Breeze 4:12
5. Everybody's Star 4:20
6. Heaven Or Hell 4:42
7. Only You Can Do It 4:04
8. Don't Let Me Down 3:21
9. Acetylene Jean 3:19
10. I Remember 4:08

David Byron: Lead Vocals
Stuart Elliott: Drums
Alan Jones: Bass
Daniel Boone: Guitars, Keyboards & Percussion
&
Barry Desouza: Drums
Lester Fry: Timpanis and Chimes
Backing Vocals: Lelly Boone, Gabriele Byron, Alyson Mcinness, Muff Murfin and Brad Davies

DAVID BYRON

DiaMoND
David Lee Roth "Eat 'Em and Smile" (1986)
ou "Plus fort que les frères"

Dire qu'on l'attendait au tournant - alors qu'il avait quitté la poule aux aeufs d'or et sorti un EP de reprises certes sympathique mais pas transcendant - relève du doux euphémisme. Le moins que l'on puisse dire c'est que David Lee Roth remporte ici le challenge voire enfonce la tête des ses ex-partenaires sous l'eau.
Car enfin, si on devait comparer cet Eat 'Em and Smile au 5150 des frères bataves, il ne faudrait pas bien longtemps pour déclarer David et sa nouvelle bande d'allumés vainqueurs par KO.
Pour remplacer Edward, Steve Vai est un choix judicieux. Technicien hors pair mais pas franchement un boute-en-train, Vai - ici poussé dans ses retranchements par le patron - livre une des ses plus mémorables performances... ce qui n'est pas peu dire.
L'ex Talas Bill Sheehan (basse) et le session-man Greg Bisonette (batterie) composent quand à eux une section rythmique cohérente et efficace quelque soit l'orientation prise par l'album.
Car, et c'est bien là la force de David Lee sur ses anciens compagnons, la fantaisie et la variété sont au rendez-vous. Du hard rock bien furieux (Shyboy, Elephant Gun), du big bang (I'm Easy, That's Life), du bon gros big rock comme Van Halen ne savait plus en faire (Yankee Rose, Goin' Crazy)... Tout est là !
Cerise sur le gâteau, c'est Ted Templeman - qui avait si bien mis en son la discographie de Van Halen - qui produit l'album... à la perfection.
Jamais plus David Lee ne refera un album de ce calibre (mention tout de même à Skyscraper et Your Filfthy Little Mouth) mais, bon, peu d'artistes peuvent se targuer d'avoir ne serait-ce qu'un album de cette qualité à leur actif.
Essentiel donc.

PS : je vous ai mis la version hispanophone en bonus !

1. Yankee Rose 3:55
2. Shyboy 3:24
3. I'm Easy 2:11
4. Ladies' Nite In Buffalo? 4:08
5. Goin' Crazy! 3:10
6. Tobacco Road 2:29
7. Elephant Gun 2:26
8. Big Trouble 3:59
9. Bump And Grind 2:32
10. That's Life 2:45

David Lee Roth - vocals, backing vocals
Steve Vai - guitars, horn arrangement on 3
Billy Sheehan - bass, backing vocals on 2, 3, 5, and 6
Gregg Bissonette - drums, backing vocals on 3
&
Jeff Bova - keyboards on 1
Jesse Harms - keyboards on 5
Sammy Figueroa - percussion on 5
The Waters Family - backing vocals on 10
The Sidney Sharp Strings - strings on 10
Jimmie Haskell - horn and string arrangement on 10

DAVID LEE ROTH

TWo BRaiNS
David Fiuczynski & John Medeski "Lunar Crush" (1994)
ou "Ensemble, fusionnons !"

C'est la rencontre de deux musiciens encore presque débutants mais destinés à de grandes choses, celle d'un guitariste capable de tout (David Fiuczynski) et d'un claviériste déjà leader de sa propre formation (Medeski Martin & Wood), à l'époque ce n'est pas grand chose mais, à y revenir aujourd'hui, c'est une toute autre histoire.
Une chose est claire, ces deux là se sont bien trouvés, amateurs de jazz à la marge, de gros groove qui tue ils n'eurent pas à beaucoup chercher pour se trouver des points communs ni à beaucoup de forcer pour collaborer, sur des compositions de Fiuczynski, et se trouver un son qui leur agrée, et ils sont bien entourés, le bougres, avec le bassites Fima Ephron (qui accompagnera Fiuczynski dans ses Screaming Headless Torsos ou Gil Scott-Heron sur le très réussi Spirits), le batteur Jojo Mayer (même parcours que le précité mais aussi leader de sa propre formation, Nerve), et aussi Gene Lake (batteur aussi, entre autres chez Henry Threadgill, Dave Douglas, etc.), bref, du beau monde pour une belle fête évoquant parfois les funkeries jazzistiques du Lifetime de Tony Williams. en plus de pontes de l'avant-garde fusion tels que Sun Ra, Sonny Sharrock ou Pharoah Sanders. Allez, pour minorer un tout petit peu l'enthousiasme, on avouera que les chansons avec vocaux (Pacifica, Gloria Ascending, Lillies That Fester...) sont un peu moins enthousiasmantes que leurs voisines instrumentales, mais c'est vraiment tout ce qu'on peut reprocher à un album sinon d'excellente tenue.
Vous aimez le jazz qui funke dur ?, celui qui balance sévère sans oublier la finesse ? Ne cherchez pas plus loin que ce Lunar Crush certes ancien, plus de vingt ans !, mais toujours d'actualité.

1. Vog 6:41
2 Pacifica 4:25
3 Gloria Ascending 6:01
4 Pineapple 3:55
5 Quest 6:37
6 Freelance Brown 6:33
7 Slow Blues for Fuzy's Mama 6:50
8 Lillies That Fester... 4:25
9 122 St. Marks 5:19
10 Fima's Sunrise 6:10

David Fiuczynski - guitar
John Medeski - keyboards
Fima Ephron - bass
Gene Lake - drums
Jojo Mayer - cymbals, drums
Gloria Tropp, Michelle Johnson - vocals

DAVID FIUCZYNSKI

BouRDoN
David Sylvian "Dead Bees on a Cake" (1999)
ou "Sylvianisation"

Il a été la principale force vive d'un des plus beaux spécimens de la new wave (Japan), il a collaboré avec Ryuichi Sakamoto, Holger Czukay (Can) ou Robert Fripp (King Crimson), présentement à son cinquième album solo, le premier depuis 1987, un vrai retour en somme, David Sylvian propose son œuvre la plus éthérée et rêveuse, Dead Bees on a Cake.
On y reconnaît exactement la patte de Sylvian, ces tentations d'accouplement du synthétique et de l'organique, du moderne et de l'ancien. On y retrouve aussi cette classieuse propension à orchestrer dans l'élégance les éléments qu'il a amoureusement collectés. Mais si Sylvian cherche, et trouve la plupart du temps, il n'en oublie pas pour autant qu'il est, fondamentalement, un compositeur pop qui sait créer de belles ambiances éthérées comme sur les très réussis I Surrender (un petit quelque chose de trip-hop pour soutenir la belle voix grave de David), Cafe Europa (une planerie qui sonne largement comme la fugitive renaissance de Japan sous l'appellation Rain Tree Cow), Krishna Blue (aux dépaysantes ambiances indiennes), ou le sensuel velours de Wanderlust. Ailleurs, glissant vers le blues tout en restant lui-même (Dobro #1, Midnight Sun, l'un avec Frisell, l'autre avec Ribot, on a vu pire...), apportant des touches jazzées à son cool sound (Thalheim avec le bugle au swing délicat de Kenny Wheeler), semblant parfois vouloir faire son Tom Waits (le percussif Good Man), ou se laissant porter par de belles cordes émouvantes (The Shining of Things), c'est un Sylvian esthète cohérent qui s'offre à nous.
Mer de tranquilité secouée de quelques ponctuels orages, Dead Bees on the Cake, au casting impressionnant (voir plus bas), est une totale réussite d'un artiste à qui la liberté va décidemment merveilleusement au teint.

1. I Surrender 9:24
2. Dobro #1 1:30
3. Midnight Sun 4:00
4. Thalheim 6:07
5. God Man 4:02
6. Alphabet Angel 2:06
7. Krishna Blue 8:08
8. The Shining of Things 3:09
9. Cafe Europa 6:58
10. Pollen Path 3:25
11. All of My Mother's Names 6:11
12. Wanderlust 6:43
13. Praise 4:02
14. Darkest Dreaming 4:01

David Sylvian – vocals, guitars (all tracks except 2, 6, 8), keyboards (exc. 8, 13), bass (5), drum programming (4, 5, 7, 9), samples (1, 3, 10, 14), string arrangements (1, 8)
Ryuichi Sakamoto – Fender Rhodes (1, 6, 11), orchestrations and string arrangements (1, 8), brass arrangements (3), sampled guitar and bansuri (7), insects (10)
Tommy Barbarella – Fender Rhodes (4, 12)
Marc Ribot – electric guitar (1, 3, 11), acoustic guitar (5, 10), slide guitar (10)
Bill Frisell – dobro (2, 7), acoustic guitar (7)
Kenny Wheeler – flugelhorn (1, 4)
Lawrence Feldman – flute (1)
Deepak Ram – bansuri (7)
John Giblin – bass (4, 12)
Chris Minh Doky – double bass (11)
Steve Jansen – percussion (1, 7, 9), loops (4, 5), cymbals (4)
Ged Lynch – original drum track (4), drums (10, 12)
Scooter Warner – original drum track (5), drums (11)
Talvin Singh – tabla and percussion (7, 11)
Steve Tibbetts – gong (7)
Ingrid Chavez – vocals (7, 9)
Shree Maa – vocals (13)

DAVID SYLVIAN

ZoRNoPHaGie
David Krakauer "Pruflas" (2012)
ou "Anges Agités"

Il aura fallu attendre plus d'un an pour que le Book of Angels de Cyro Baptista et son Banquet of the Spirits arrive dans les bacs. C'est inhabituellement long mais le jeu en valait la chandelle, particulièrement quand le présent volume nous propose la rencontre au sommet de deux légendes. Un programme si alléchant qu'on le savoure avant d'en avoir entendu la moindre note !
La rencontre de deux légendes donc. Dans le coin gauche, l'hyperactif et révéré compositeur / arrangeur / multi-instrumentiste / patron de label / producteur (n'en jetez plus !) : John Zorn. Dans le coin droit, le clarinettiste / compositeur (et arrangeur pour la circonstance) qui a fait exploser le cadre traditionnel du klezmer (musique juive ashkénaze) la revitalisant en la fusionnant avec des influences nouvelles (du hip-hop, au rock en passant par le jazz et le funk) : David Krakauer, dont ce n'est que le 8ème long jeu depuis 1995.
Autant le dire, musicalement, cet album n'est pas franchement surprenant et couvre, comme c'était attendu, les compositions de Zorn des atours habituels de Krakauer. Ainsi, si le hip-hop est cette fois aux abonnés absents, les autres inflexions de David sont-elles au rendez-vous. Etant entendu que ce cocktail est absolument compatible avec l'écriture zornienne, l'essentiel reposait donc sur la qualité des compositions et des arrangements. Le fait est qu'il n'y a pas ici de thème aussi immédiatement porteur (quoique Vual et Tandal n'en soient vraiment pas loin) que sur, par exemple, le Lucifer de Bar Kokhba, un Himalaya de la série du Livre des Anges. Ceci dit, il faut entendre Krakauer souffler furieusement dans sa clarinette, la guitariste Sheryl Baile descendre expertement son manche, quel trip ! Et comme les musiciens excellent également, on ne peut dignement pas bouder son plaisir face à cette bacchanale judéo-jazzante. Côté arrangements, Krakauer a plutôt joué la sécurité et l'efficacité, à l'écoute de l'album, on se dit que c'était sans doute la bonne solution.
Particulièrement addictif et révélant à chaque écoute de nouvelles nuances (c'est toujours bon signe), Pruflas est indéniablement une réussite, donc, et un retour en fanfare d'une série des Book of Angels déjà riche de nombreux trésors dont celui-ci n'est pas le moindre.
Chaudement recommandé !

1. Ebuhuel 3:52
2. Kasbeel 4:18
3. Vual 4:59
4. Parzial-Oranir 11:11
5. Egion 5:44
6. Neriah-Mahariel 7:03
7. Tandal 3:36
8. Monadel 5:52

David Krakauer: clarinette, clarinette basse
Michael Sarin: batterie
Sheryl Baile: guitare
Jerome Harris: basse, voix
Keepalive: Laptop

DAVID KRAKAUER

SCReeNaRT
David Arnold and Michael Price "Sherlock Original TV Soundtrack - Music From Series 3" (2014)
ou "Sherlocked!"

Vous ne connaissez pas encore la série ? Vous vivez dans une grotte, peut-être... Parce que Sherlock, relecture moderne mais fidèle du mythe Sherlock Holmes par la BBC, sous la bienveillante et maniaque supervision de Steven Moffatt et Mark Gatiss (qui y joue également Mycroft Holmes, le frère du fameux détective), est ce qu'il est convenu d'appeler un énorme succès, et un succès énormément mérité qui plus est, parce que la série est intelligente, nerveuse, magnifiquement filmée, montée, et jouée (Benedict Cumberbatch, dans le rôle titre, y est parfait, Martin Freeman, en Docteur Watson, encore un peu plus que ça !), merveilleusement scénarisée. Même que la concurrence (les films avec Robert Downey Jr., Elementary qui s'essaye au même sport sans y réussir) fait grise mine, jalouse cette maestria de tous les instants.
Et donc la musique, de la toute nouvelle saison diffusée en début d'année par la BBC, la troisième, composée par David Arnold, Michael Price et Rael Jones (ce dernier crédité des musiques additionnelles mais également instrumentiste) ? La musique est à la hauteur de l'image et arrive même, ce n'est pas si courant, à se suffire à elle-même.
Comme la série, elle est fermement ancrée dans le présent sans pourtant cracher sur la tradition. Orchestrale, oui, mais avec des élans de modernité, des ajouts bienvenus, une vraie dynamique aussi, elle colle à l'image, (à la vision de la série) sait se faire discrète mais, donc, ne perd pas toute substance privée de son support visuel.
Pour la situer stylistiquement, on citera volontiers Hans Zimmer dont les climats de héroïques sont souvent évoqués ici, John Barry pour les mélodies accrocheuses de thèmes (et en filiation logique, David Arnold s'étant souvent adonné à composer pour 007John s'était déjà aventuré avec succès) et Trent Reznor (de Nine Inch Nails pour ceux qui devraient vraiment sortir de leur grotte !) pour des penchants techno-rockants bienvenus qui s'imbriquent excellemment à l'ensemble. Evidemment, série oblige, le thème principal y reparait de temps en temps, décliné à l'envie et à l'illustration audiovisuelle voulue, vu la qualité d'icelui, on ne s'en plaindra pas et accueillera comme il se doit ces savoureuses virgules mélodiques.
On savait la série du calibre de celle dont on fait les légendes. Trop pris par les effets d'une réalisation virtuose, les scenarii diaboliques et les performances d'acteurs au diapason, on se doutait seulement de la qualité de sa bande-son. A l'écoute isolée de l'image, on est épaté par un score tout à fait de son temps tout en restant traditionnel, une update aussi réussie musicalement que Sherlock-la série l'est filmiquement, ce n'est pas peu dire ! Que les amateurs de BO de qualité n'hésitent pas, ceci en est une.

The Empty Hearse (23:55)
1. How It Was Done 2:44
2. God Rest His Soul 1:43
3. Floating Dust 3:28
4. #SherlockLives 2:49
5. Back to Work 2:57
6. Vanishing Underground 2:28
7. John is Quite a Guy 4:06
8. Lazarus 3:36
The Sign of Three (17:49)
9. Lestrade - The Movie 3:07
10. To Battle 4:02
11. Stag Night 2:15
12. Mayfly Man 4:17
13. Major Sholto 2:58
14. Waltz for John and Mary 1:07
His Last Vow (31:34)
15. Magnussen 3:33
16. Forwards or Backwards 4:42
17. Redbeard 2:11
18. The Lie in Leinster Gardens 3:14
19. Addicted to a Certain Lifestyle 3:50
20. The Problems of Your Future 5:32
21. Appledore 3:38
22. The East Wind 4:00
23. End Titles 0:50

David Arnold, Michael Price - composition, production
Rael Jones - additional music, guitars, mandolins, percussion
Anthony Weeden - orchestration
The London Session Orchestra, direction Michael Price
Thomas Bowes - orchestra leader
Caroline Tate, Tim Gill - solo cello
Peter Gregson - electric cello
Janet Mooney - vocals

DAVID ARNOLD

iN SPaCe
David Chaim Smith, Bill Laswell, John Zorn "The Dream Membrane" (2014)
ou "Supertrip"
 
Que se passe-t'il quand un auteur kabbaliste, un bassiste amoureux de dub, d'ambient et d'industriel, et un avant-gardiste curieux de tout et de judéité en particulier, présentement au sax alto et au shofar (une corne utilisée pour les cérémonies de Rosh Hashanah et Yom Kippur) se rencontrent ? Et que, en plus les trois, le premier lisant sa prose mystique, les deux autres l'illustrant musicalement sur le fait, s'accaparent respectivement ? C'est ce qu'on entend sur The Dream Membrane, suite des aventures de Zorn instrumentiste dans la nouvelle série du label Tzadik (Spectrum, comme Sonic Rivers) où se produisent les recontres, et plus c'est improbable, mieux c'est !
D'ailleurs, dans le genre improbable, The Dream Membrane se pose un peu là ! Un album ambient, un album qui passe comme un rêve éveillé, un rêve peuplé d'étranges apparitions, de peu communes visions, d'hallucinations auditives, croirait-on. Evidemment, on est parfois témoin des résurgences ouatées d'un certain Painkiller, d'un "pin-pon saxophonien" digne d'un Classic Guide to Strategy, mais, bon, comme dirait Lavoisier...
Mais c'est bien là autre chose que la somme de ses parts, d'autant qu'il ne faut pas ignorer l'élément, non des moindres puisque central, que constitue la performance de David Chaim Smith, rabbi posé, présence apaisante poussant la performance vers l'éther. Faut-il pour autant s'intéresser au contenu textuel ? Elles ne sont pas reproduites dans le livret, après tout, ces paroles ! Alors peut-être, surtout si on n'est pas plus intéressé que ça par la Kabbale, ne faut-il prendre la voix comme le troisième instrument, comme un verbiage rythmique, en courant alternatif, complétant la performance.
Une belle performance parce que Laswell y installe un climat ambient/dub new-ageux qui sied, que Zorn y produit de beaux sons, et d'autres moins mais contribuant au trip, et que ces deux là, vieux partenaires qu'ils sont, savent s'imbriquer sans frottements inutiles.
Enfin, il faut aussi savoir, vouloir se laisser porter, s'installer confortablement, voiler l'éclairage et accepter de donner 47 minutes et 50 secondes de son temps, de son attention, de son capital imaginatif... Et alors ça fonctionne, parce que The Dream Membrane n'est pas un album exactement difficile, juste une œuvre qui demande votre temps. Comme quoi l'ambient, peut-être parce qu'elle est aussi jazz, avant-gardiste et "spoken-wordisée", n'est pas forcément que de la musique "papier-peint".
Œuvre exigeante, beauté évidente qui ne se révèle vraiment qu'à la contemplation, The Dream Membrane est une belle offrande dans une série qui en promet bien d'autres. Excellente nouvelle.

1. The Dream Membrane 47:50

David Chaim Smith - voice, texts
Bill Laswell - bass, drones
John Zorn - shofar, alto saxophone

DAVID CHAIM SMITH

7 commentaires:

  1. DAVIDs (1/2)

    David Bowie "Space Oddity" (1969)
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    David Axelrod "Songs of Experience" (1969)
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    David Crosby "If I Could Only Remember My Name" (1971)
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    David Byron "Baby Faced Killer" (1978)
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    David Lee Roth "Eat 'Em and Smile" (1986)
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    David Fiuczynski & John Medeski "Lunar Crush" (1994)
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    David Sylvian "Dead Bees on a Cake" (1999)
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    David Krakauer "Pruflas" (2012)
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    David Arnold and Michael Price "Sherlock Original TV Soundtrack - Music From Series 3" (2014)
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    David Chaim Smith, Bill Laswell, John Zorn "The Dream Membrane" (2014)
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  2. Le David Crosby fait partie des albums magiques du Rock; Un moment à part où la beauté devient comme une évidence, inouïe de simplicité fulgurante. Je ne connais pas forcément les autres solos de Crosby, mais cet album (et quelques unes-unes des Byrds ou de CSN) me fait porter une attention toute particulière quand c'est lui qui écrit des chansons.

    David Sylvian. Celui-là est bon, mais j'ai plus de tendresse avec les trois premiers. Surtout Secrets of The Beehive dont j'adore la production de Sakamoto. Celui-là possède une écriture plus élégante et mature, mais j'aime moins le son.

    David Lee Roth: je ne pense pas l'écouté, mais juste un mot pour te dire que j'aipar contre écouté le Van Halen que tu avais proposé (il y a pas mal due temps). C'est vrai qu'il est assez jubilatoire, même pour quelqu'un qui n'est pas forcément branché Hard. Ces grosses guitares ont un vrai entrain.

    Visage, j'ai réessayé. Pas complètement emballée. J'avais une compil' en fait. J'ai jeté une oreille sur les morceaux que tu mettais en avant. Mais bon...

    Par contre j'ai récupéré Travelogue, le précédent Human League. Je le trouve vraiment inétressant. En fait, il contient ce que j'aimais le plus dans Dare, sans ce que j'aimais le moins. Maintenant, je ne l'ai écouté qu'une fois. Peut-être que les morceaux seront moins bons, mais j'aime bien ce son qui flirte avec l'indus (un peu comme sur Fad Gadget).
    Pour Tin Machine, j'ai juste passé quelques morceaux rapidos. Bon, ça manque un peu de surprise mais il y a effectivement une volonté qu'on ne trouvait pas dans les précédents Bowie de l'époque. Les deux albums méritent mieux que ce qu'on en dit.

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    1. Ben voilà, tu l'as bien dit, le Crosby est magique, le Sylvian est bon (c'est mon préféré de ses œuvres solo, perso) et David Lee Roth, comme Van Halen, quand c'est bien fait c'est jubilatoire !
      Visage, dommage.
      Travelogue, je le trouve maladroit et un peu terne, pas mauvais mais pas du niveau d'un Dare qui pète de tous ses feux !
      Tin Machine, c'est Bowie qui a décidé de ne plus se prendre la tête, c'est pour ça que c'est bon !
      Et comme d'hab', merci de ton passage, Audrey !
      xoxo

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  3. Merci pour le David Sylvian. Je ne connais pas du tout mais j'avais bien accroché sur le Japan d'il y a quelques jours.

    Une toute petite précision : Billy Sheehan n'est pas un ex-Pallas (groupe de néo-prog écossais qui a démarré peu ou prou à la fin des 70's et qui est toujours actif - je recommande The Wedge (1986) mais un ex-Talas, groupe de hard rock américain.

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    1. Ho la coquille !, qui a été immédiatement réparée d'ailleurs, merci à toi. Concernant Pallas, comme c'était du prog' (certes néo), j'avais écouté et préféré The Sentinel, leur premier, mais sans grand enthousiasme... Bref, le néo, c'est pas pour moi, à part Marillion avec Fish et un peu de IQ vintage !
      Bonnes écoutes du David Sylvian !

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  4. Un petit David Byrne et ça aurait été parfait!

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