DAVID JONES
1947-2016
1967
David Bowie "David Bowie (Deluxe Edition)"
ou "David est déjà là... Bowie suivra"
Non mais regardez moi cette tronche de premier communiant ! Amusez vous juste à comparer avec le même 5 ans plus tard, la mue est totale !
Parce qu'en 1966 (année des enregistrements de cet inaugural et éponyme opus), David Bowie est encore un peu David Jones, pas encore le glam rocker flamboyant qui, de Ziggy Stardust) en Aladdin Sane (etc.), éblouit les 70s de sa superbe et de son extravagance. Non, David Jones, pardon, Bowie colle au peloton, suce la roue de ce qui se fait de mieux et lui va le plus agréablement au teint, c'est un honnête ouvrier débutant de la mélodie pop qui va bien, un trousseur de chansons déjà efficace mais pas encore affirmé... Un "work in progress".
Ca ne fait pas de la présente collection de chanson une part congrue, un vilain petit canard qu'on pourrait ignorer en commençant l'exploration du catalogue du sieur Bowie directement par Space Oddity... parce qu'il y a le tube dessus, en plus ! Non ! Parce que tous les germes de l'artiste en devenir sont là et que, déjà, un joli talent à conter d'étranges historiettes aux paroles pas si anodines qu'il y parait se fait jour.
Musicalement, l'album est définitivement de son temps naviguant entre pop baroque et psychédélisme contenu... Un peu Pink Floyd (le cousinage avec Barrett est assez évident à mon sens même si Bowie a plus de discipline, un tout autre entourage et sans doute moins de problèmes de substances...), un peu Kinks ou Beatles (un peu plus Kinks que Beatles, d'ailleurs, pour un détachement déjà marqué et remarqué)... Mais bon, album de son temps, visée mainstream évidente égale arrangements... parfois un peu douteux qu'on en croirait presque que Paul Mauriat a été convié aux sessions. Sans doute l'influence de Scott Walker, qui s'y entendait alors pour en rajouter dans le pathos à coup de luxuriances orchestrales et avait particulièrement accroché l'oreille du jeune David Jones que ce soit avec ses Brothers ou en solitaire, on l'entend d'ailleurs sur les morceaux les plus mélodramatiques.
Tout ça serait parfait si le répertoire de Bowie n'avait une sautillante énergie à laquelle les arrangements "ce-mec-est-too-much" donnent fatalement une certaine "kitchitude". Et ce n'est pas désagréable même si ça n'est pas très sérieux, ma bonne dame... Reste que, par moment, on touche au but comme sur There Is a Happy Land où, les arrangements pour une fois en mode discret n'interférant que marginalement, on sent le Bowie, une certaine froideur classieuse, pousser sous le Jones.
Bref, c'est un bon petit album comme il s'en faisait alors, un peu pris dans des élans putassiers mais sauvé par l'écriture et la voix de son auteur. Un album qui n'a pas eu de chance, aussi, puisque sorti le même jour que Sgt. Pepper de qui vous savez, ça fait de l'ombre, forcément, et, enfin une exploration intéressante de l'archéologie d'un mythe.
Concernant la présente édition "deluxe", et parce que, c'est bien connu, "il ne faut pas gâcher", Decca (ton univers(sale) impitoyable) rallonge la sauce autant que faire se peut et transforme la courte pige d'un Bowie débutant en un double et pantagruélique cd avec, n'en jetez plus !, le mix stéréo, le mix mono, des outtakes, des remixes, des singles perdus, des inédits, des sessions BBC (pour, déjà !, John Peel et son émission Top Gear), qui combleront d'aise les complétistes et les fans mais n'intéresseront que peu, au delà d'une première écoute curieuse et de quelques retours d'affection (pour les jolis inédits par exemple), l'auditeur lambda. Rien qui n'aurait pu tenir sur un bon simple remaster, en tout cas. Ca n'en reste pas moins un bel objet avec un bon gros livret (sans les paroles, hélas). Sans doute pas essentiel mais indéniablement sympathique.
CD 1
- The Original Stereo Album Mix
1. Uncle Arthur 2:07
2. Sell Me a Coat 2:58
3. Rubber Band 2:17
4. Love You Till Tuesday 3:09
5. There Is a Happy Land 3:11
6. We Are Hungry Men 2:59
7. When I Live My Dream 3:22
8. Little Bombardier 3:23
9. Silly Boy Blue 4:36
10. Come and Buy My Toys 2:07
11. Join the Gang 2:17
12. She's Got Medals 2:23
13. Maid of Bond Street 1:43
14. Please Mr. Gravedigger 2:35
- The Original Mono Album Mix
15. Uncle Arthur 2:07
16. Sell Me a Coat 2:58
17. Rubber Band 2:17
18. Love You Till Tuesday 3:09
19. There Is a Happy Land 3:11
20. We Are Hungry Men 2:59
21. When I Live My Dream 3:22
22. Little Bombardier 3:23
23. Silly Boy Blue 4:36
24. Come and Buy My Toys 2:07
25. Join the Gang 2:17
26. She's Got Medals 2:23
27. Maid of Bond Street 1:43
28. Please Mr. Gravedigger 2:35
CD 2
- Bonus
1. Rubber Band (Mono single A-side) 2:01
2. The London Boys (Mono single B-side) 3:19
3. The Laughing Gnome (Mono single A-side) 2:56
4. The Gospel According to Tony Day (Mono single B-side) 2:46
5. Love You Till Tuesday (Mono single A-side) 2:59
6. Did You Ever Have a Dream (Mono single B-side) 2:06
7. When I Live My Dream (Mono single master) 3:49
8. Let Me Sleep Beside You (Mono single master) 3:24
9. Karma Man (Mono Decca master) 3:03
10. London Bye Ta-Ta (Mono Decca master) 2:36*
11. In the Heat of the Morning (Mono Decca master) 2:44
12. The Laughing Gnome (New stereo mix) 2:59*
13. The Gospel According to Tony Day (New stereo mix) 2:49*
14. Did You Ever Have a Dream (New stereo mix) 2:05*
15. Let Me Sleep Beside You (Stereo single version) 3:20*
16. Karma Man (New stereo version) 3:03*
17. In the Heat of the Morning (Stereo mix) 2:58
18. When I'm Five 3:05
19. Ching-a-Ling (Full-length stereo mix) 2:48*
20. Sell Me a Coat (1969 Re-recorded version) 2:58
21. Love You Till Tuesday (BBC version) 2:56*
22. When I Live My Dream (BBC version) 3:33*
23. Little Bombardier (BBC version 3:25*
24. Silly Boy Blue (BBC version) 3:22*
25. In the Heat of the Morning (BBC version) 4:16*
* previously unreleased
1967 |
1971
David Bowie "Hunky Dory"
ou "Le premier chef d'oeuvre de David Bowie"
Hunky Dory a beau être le, déjà !, 4ème album de David Bowie, c'est une avancée décisive dans une carrière qui peine à combler les rêves de gloire d'un jeune auteur, compositeur, interprète et multi-instrumentiste plein de talent mais n'ayant pas encore à son catalogue une collection aussi intouchable artistiquement parlant que commercialement gorgée de tubes imparables... Jusqu'à Hunky Dory, donc.
On peut attribuer, outre le hasard cosmique qui fait se rencontrer un artiste et sa muse, le succès de l'entreprise à une équipe et d'abord à un groupe - avec le guitariste /co-arrangeur Mick Ronson et le batteur Mick Woodmansey déjà présents sur The Man Who Sold The World, le tout récemment disparu (21 mai 2013) Trevor Bolder à la basse et à la trompette, et le revenant Yes-man Rick Wakeman (déjà aperçu sur Space Oddity où il mélotronisait à merveille le morceau éponyme) au piano - mais aussi un producteur, Ken Scott, transfuge des studios Abbey Road présentement résident des studios Trident qui suivra Bowie jusque Pin Ups (soit 4 albums consécutifs), avant que Bowie ne prenne lui-même les choses en main pour Young Americans. Historiquement, l'association, moins Wakeman, se cristallisera sous le nom des Spiders from Mars dès l'album suivant, le fameux Ziggy Stardust, avec le résultat qu'on connait... C'est dire si Bowie tient là une fine équipe !
Mais, évidemment, refrain connu, sans bonnes chansons tout ceci serait vain et, pour le coup, alors que ses précédents long-jeux de David, pour recommandables furent-ils, étaient marqués du sceau de l'inconsistance, de l'irrégularité, Hunky Dory est une collection sans faille menée qu'elle est par les deux tubes absolument imparables et immortels que sont Changes et Life on Mars?. Ces deux là n'étant plus, vous en conviendrez, à présenter nous nous intéresserons aux autres, malchanceux petits moments de grâce n'ayant pas connu les spotlights et les charts alors qu'ils les méritaient autant ! On citera naturellement un Oh! You Pretty Things totalement addictif que ce soit pour sa mélodie de chant, sa partie de piano (jouée par Wakeman) et son démarrage glam pop du refrain... Succulent ! et merveilleusement enchaîné à un Eight Line Poem, jazz/blues transitoire où Ronson brille par sa retenue et son feeling. La suite ne vient jamais démentir l'exceptionnel niveau que ce soit sur le jazz pop Kooks (qui m'a toujours fait l'impression de finir trop vite tant il est bon), Quicksand avec ses crescendos divins et ses relents de Dylan folk et de Beatles orchestral, Fill Your Heart avec sa préciosité et ses arrangements gentiment surannés, petite bulle de nostalgie joyeuse (si, si !), Andy Warhol avec son intro bizarroïde et le folk quasi-Kinksien qui suit... Bref, arrêtons là l'énumération... Il suffit de dire que les trois qui restent ne déparent pas du lot, que tout y est (très) bon et fonctionne magnifiquement en cohérence (une première chez David). Certes, ce n'est pas encore tout à fait le Bowie rock, on s'en approche sur Queen Bitch ceci dit, qui ravira son monde dès l'année suivante avec l'album que vous savez mais, quelle inspiration, quelle maîtrise, quel pied !
Pas vraiment par hasard, l'album décrochera le premier numéro 1 de David Bowie en sa natale Angleterre, marquera le décollage de la carrière du même outre-Atlantique... Et ce n'est que justice parce que David Bowie a tout bon sur Hunky Dory et a pondu sa première Grande Œuvre, une galette imparable, signe d'un artiste dont l'état de grâce ne fait alors que commencer. Décisif, je vous dis !
1. Changes 3:37
2. Oh! You Pretty Things 3:12
3. Eight Line Poem 2:55
4. Life on Mars 3:53
5. Kooks 2:53
6. Quicksand 5:08
7. Fill Your Heart 3:07
8. Andy Warhol 3:56
9. Song for Bob Dylan 4:12
10. Queen Bitch 3:18
11. The Bewlay Brothers 5:22
David Bowie: vocals, guitar, alto and tenor saxophone, piano
Mick Ronson: guitar, vocals, mellotron, arrangements
Rick Wakeman: piano
Trevor Bolder: bass guitar, trumpet
Mick Woodmansey: drums
1971 |
1977
David Bowie "Low"
ou "Berlinade"
A l'avant-garde de ce qui se passera dans les années 80, et pourtant encore fermement ancré dans les années 70, le David Bowie de Low est l'hybride trans-générationnel par excellence, un album rabibochant par anticipation le rock progressif des septantes et la synthpop des octantes, un petit miracle accompli à Berlin, dans les frimas de 1976.
Force est de constater que Low amorce donc une nouvelle mue pour David, une mue à laquelle l'ex-Roxy Music Brian Eno, son compagnon principal de l'album, n'est certainement pas étranger. On retrouve aussi Tony Visconti aux manettes, lui qui n'avait pas été convoqué sur le précédent opus du Thin White Duke, Station to Station. Pour conclure avec l'équipe qui réalisa le tour de force que demeure Low, on précisera que si Carlos Alomar (guitare), Dennis Davis (percussion) et George Murray (basse) sont partiellement reconduits, c'est avant tout d'un album de duo (Bowie/Eno) dont il s'agit, il suffit d'ailleurs de jeter un œil aux crédits pour s'en convaincre.
Musicalement, autant du fait de la volonté de Bowie que de l'influence d'Eno, c'est un Bowie parti dans l'espace, avant-gardiste d'une new wave et d'une synthpop encore à l'état proto-embryonnaires, parce que sur Low ce sont bel et bien les synthétiseurs prennent le pas sur des guitares reléguées au rang d'épice certes important mais absolument pas force de traction de l'opus. Un opus composé de compositions faisant montre d'un retour d'inspiration pour David qui, déjà à la relance sur Station to Station après une phase moins reluisante (de Pin-Ups à Young Americans), mais qui, présentement, trouve vraiment quelque chose de nouveau, de frais à dire. C'est évident sur certaines chansons de Low (Breaking Glass, What in the World, Always Crashing in the Same Car) mais encore plus sur un emballage final (de Warsawa à Subterraneans) où, entre musique électronique ambiante, minimalisme et bricolage, Bowie met le doigt sur un ailleurs qu'il ne cessera ensuite de titiller, un ailleurs fait de grâce et d'étrangeté qui lui va tellement bien au teint.
Low ? C'est énorme, c'est incontournable, c'est influent comme rarement un album aussi tardif d'un artiste aussi installé l'aura été. Low ? Indispensable !
1. Speed of Life 2:46
2. Breaking Glass 1:52
3. What in the World 2:23
4. Sound and Vision 3:05
5. Always Crashing in the Same Car 3:33
6. Be My Wife 2:58
7. A New Career in a New Town 2:53
8. Warszawa 6:23
9. Art Decade 3:46
10. Weeping Wall 3:28
11. Subterraneans 5:39
David Bowie – vocals (2-6, 8, 10, 11), saxophones (4, 11), guitar (6, 9-11), pump bass (6), harmonica (7), vibraphone (9-10), xylophone (10), pre-arranged percussion (10), keyboards: ARP synthesiser (1, 10-11), Chamberlin: "tape horn and brass" (1), "synthetic strings" (1, 4, 9-10), "tape cellos" (5) and "tape sax section" (7), piano (7, 9-11)
Brian Eno – keyboards: Minimoog (2, 8-9), ARP (3, 11), E.M.I. (3, 5), piano (7-9, 11), Chamberlin (8-9), other synthesisers, vocals (4), guitar treatments (5), synthetics (7)
Carlos Alomar – rhythm guitars (1, 3-7), guitar (2)
Dennis Davis – percussion (1-7)
George Murray – bass (1-7, 11)
Ricky Gardiner – rhythm guitar (2), guitar (3-7)
Roy Young – pianos (1, 3-7), Farfisa organ (3, 5)
&
Iggy Pop – backing vocals (3)
Mary Visconti – backing vocals (4)
Eduard Meyer – cellos (9)
1977 |
1989
Tin Machine "Tin Machine"
ou "La renaissance planquée de David B"
On ne vantera jamais assez les mérites résurrectionnels qu'eurent les deux album de Tin Machine sur la carrière alors déliquescente d'un Bowie en fin de course, à bout de souffle... Un Bowie pas forcément si adapté à l'ère MTV qu'on aurait pu le penser, un Bowie en mal d'ailleurs et d'une certaine liberté créative aussi, un Bowie qui a envie d'en découdre après des albums "fortement tièdes", enfin.
Parce qu'il faut bien le dire, les ondes du"choc-médiocre" d'un Tonight et d'un Never Let Me Down ont laissé des traces, et pas que de jolies jolies... On ne reviendra pas plus avant sur les maigres qualités des deux successeurs d'un Let's Dance à la relance, tout a déjà été dit et écrit sur le sujet par de nombreux rock-critics dont même les plus flagorneurs ne purent sauver l'ex-Ziggy du naufrage via quelques remarques bien senties voire assassines (et hélas souvent méritées).
Croyez-vous que Bowie est alors dans sa tour d'ivoire à planifier sa prochaine extravagance ? Que nenni ! Sans doute lui-même conscient de l'impasse dans laquelle il se trouve, il décide de changer radicalement le ton, de faire du passé table rase... A commencer par effacer son nom de la pochette, ce n'est pas rien !, et d'y figurer à égalité avec ses nouveaux copains de chambrée, c'est encore plus ! Et puis la dégaine costumière, le noir et le blanc, la barbe du discret, une sobriété qu'on ne lui connaissait plus... Profil bas, attendre la fin de l'orage et en profiter pour s'amuser, tant qu'à faire ! Parce que, fondamentalement, c'est ce qu'on entend sur ce premier Tin Machine, un Bowie décontracté qui se fait plaisir et, ce faisant, nous fait plaisir avec ce qu'il est convenu de considérer comme un simple album de (hard) rock'n'roll, un bon album de (hard) rock'n'roll.
Simple ? Parce que c'est, tout bêtement, à une collection de chansons basée sur les riffs tranchants et revivalistes de Reeves Gabrels qui se présente à nous. Pour l'originalité, vous repasserez, mais le sel est ailleurs et les atouts d'énergie, de l'audible plaisir que prend la formation (n'oublions pas les frères Sales, rythmique impeccablement complémentaire de sa paire de solistes) à jouer comme, peu ou prou, une bande d'ados découvrant l'originel plaisir d'une musique électrisée et électrisante. On ne dira pas que Bowie y est méconnaissable, ce serait mentir, juste totalement fondu dans un collectif cohérent et fonctionnel.. Un groupe de rock, quoi !
Bon ? Parce qu'il y a ici, tout de même, quelques chansons qui font leur beau petit effet à commencer par l'introductif Heaven's in Here, un solide blues mid-tempo où Gabrels nous régale de ses belles dispositions guitaristiques, ici dans un registre classique et efficace où, de licks fins en soli inspirés, il meuble une composition un peu commune avec, pour le coup, le beau David bien effacé. C'est aussi une bonne façon d'établir la crédibilité groupe. Plus loin, Prisoner of Love, après un pas extraordinaire Tin Machine, rappelle un peu Absolute Beginners avec son petit côté rétro et China Girl par son refrain orientalisant, on ne se refait pas mais, présentement, on ne regrette pas non plus parce que ça fonctionne et donne une composition habitée, un rock stratosphérique et trippant de fort belle qualité, et du Bowie pur sucre, vous l'aurez compris. Passé un pas désagréable mais trop dérivatif pour être vraiment marquant ("Troggsien") Crack City, s'avance une belle quadruplette avec, en tête de liste, le rock revivaliste d'I Can't Read et sa guitare ivre by Gabrels (qu'on se croirait en 1976 !), l'hard-rockant Under the God (puissant, efficace et sans artifice), le faussement planant et un poil soul Amazing (un single qui s'ignore) et, finalement, la cover du Working Class Hero de Lennon revitalisé par un quatuor pas prêt à rendre ses armes électriques ni sa classe naturelle. Le reste est moins enthousiasmant, plus inégal surtout avec de bonnes choses (Bus Stop, Video Crime, Baby Can Dance) et d'autres plus anecdotiques qui viennent un peu tempérer l'admirable tenue d'une grosse première moitié pleine d'assurance.
Tin Machine 1er du nom n'est pas un grand album, Tin Machine 1er du nom n'est pas une révélation non plus, Tin Machine 1er du nom est, simplement, c'est déjà énorme !, la renaissance électrique, le premier jalon de la reconquête d'un des plus grands artistes pop/rock des septante... Et un foutu bon album de rock'n'roll, donc avec, qui plus est, la révélation d'un extraordinaire et ô combien polyvalent guitariste en la personne de Reeves Gabrels qui bonifie ici souvent le tout-venant... On n'en attendait pas tant.
1. Heaven's in Here 6:01
2. Tin Machine 3:34
3. Prisoner of Love 4:50
4. Crack City 4:36
5. I Can't Read 4:54
6. Under the God 4:06
7. Amazing 3:06
8. Working Class Hero 4:38
9. Bus Stop 1:41
10. Pretty Thing 4:39
11. Video Crime 3:52
12. Run 3:20
13. Sacrifice Yourself 2:08
14. Baby Can Dance 4:57
David Bowie: vocals, guitar
Reeves Gabrels: lead guitar
Hunt Sales: drums, vocals
Tony Sales: bass, vocals
&
Kevin Armstrong: rhythm guitar, Hammond
1989 |
1991
Tin Machine "Tin Machine II"
ou "Relance 2.0"
Tin Machine II. En toute logique c'est la suite de Tin Machine I, album d'un Bowie (& Co) libéré de toutes contingences commerciales, un Bowie retrouvé parce que planqué, ça a du sens pour un caméléon. Mais Tin Machine II c'est aussi autre chose, une étape vers la reconquête artistique, une nouvelle ambition, un retour à quelques fondamentaux aussi.
En témoigne le line-up, peu ou prou le même que celui du premier album sauf que de nouvelles composantes sonores viennent s'ajouter avec un Bowie ressortant son saxophone, tâtant du piano ou un Reeves Gabrels encore plus impliqué et prospectif (presque tel qu'on le retrouvera sur Outside ou Earthling, en fait). Il y a aussi un nouveau partage des tâches avec un Hunt Sales, batteur de son état, invité à prendre le micro sur deux sympathiques chansons (Stateside et Sorry), ça reste anecdotique mais ça cimente tout de même l'identité "groupe" de l'entreprise, à défaut de plus. Parce que la moelle de ce "II" est ailleurs, dans des titres qui nous rappellent que Bowie a aussi fait Low ou "Heroes" et sait tisser des ambiances particulières et addictives (remember Warszawa...), que Bowie, a son meilleur, est aussi et surtout une magnifique tête chercheuse qui, comme on dit en management, sait générer les énergies. Pas que ce soit si difficile avec un Gabrels qui ne demande que ça et qui pousse au cul.
Ca donne un album plus éclaté, moins "focus" que son prédécesseur, plus éloigné des fondamentaux rock'n'rollesques auparavant déployés par la formation du coup, et globalement un album plus inégal qui rattrape en éclairs de talent ce qu'il perd en cohérence. D'un côté, vous avez ce qui aurait pu être sur le premier album et constitue donc la liaison parfaite, la pérennisation sonique de Tin Machine le groupe. La doublette d'intro, Baby Universal bien speedé et One Shot plus U2ien, en est le parfait résumé : du rock classieux, moderne, presque hard mais jamais tout à fait (la finesse de Gabrels fait, une fois de plus la différence), où la voix d'un Bowie habité se glisse aisément, félinement. C'est d'ailleurs ce qu'on trouve de plu réussi de l'exercice en la matière... Le plus réussi mais pas le plus intéressant d'une galette qui renoue avec le Bowie expérimental comme sur l'aérien Amlapura, du pur sucre référencé 70s autant que les prémices de ce qu'Outside développera. Il y a, comme sur chaque album de David diront certains, quelques faux pas, quelques sorties de piste qui écornent légèrement la belle impression d'ensemble que rattrapent quelques bons rockers (les deux d'intro, donc, mais aussi You Can't Talk ou le punkifié A Big Hurt), des moments plus pop satisfaisants aussi (Shopping for Girls, le Sorry de Hunt Sales, Goodbye Mr. Ed) ou une salutaire inclinaison expérimentale (You Belong in Rock'n'roll, le précité Amlapura), un petit tiers de "déchet", en gros... Un ratio acceptable avec, répétons-le, un festival Reeves Gabrels - que, décidément, Tom Morello de Rage Against the Machine a dû beaucoup écouter - brillant dans tous les instants, valorisant souvent de son propre fait même les morceaux plus accessoires du répertoire, confirmant ainsi l'impressionnant instrumentiste entrevu sur le premier chapitre. Une attraction à lui seul, promis, juré, craché.
Tin Machine s'arrêtera là (pas aidé par les problèmes de drogue de son batteur, Hunt Sales, il faut dire), aura, au passage, requinqué un Bowie fatigué par trop d'exposition et plus assez d'art, aura aussi produit deux albums tout sauf honteux, imparfaits mais attachants qui figurent aujourd'hui dignement dans la discographie de leur leader. Les deux (albums) se valent avec, vous l'aurez compris, des mérites musicaux différents, la cohérence rock pour le I, la relance artistique pour le II, les deux méritent grandement qu'on s'y penche et s'y repenche encore d'autant qu'ils sont loin d'avoir eu le retentissement qu'ils méritaient en leur temps. Il fallait que cela soit dit.
1. Baby Universal 3:18
2. One Shot 5:11
3. You Belong in Rock n' Roll 4:07
4. If There Is Something 4:45
5. Amlapura 3:46
6. Betty Wrong 3:48
7. You Can't Talk 3:09
8. Stateside 5:38
9. Shopping for Girls 3:44
10. A Big Hurt 3:40
11. Sorry 3:29
12. Goodbye Mr. Ed 3:24
13. Hammerhead 0:57
David Bowie: chant, guitare, piano, saxophone, chœurs
Reeves Gabrels: lead guitare, chœurs, vibrators, orgue
Hunt Sales: batterie, percussions, chœurs, chant sur "Stateside" & "Sorry"
Tony Sales: basse, chœurs
&
Kevin Armstrong: guitare sur "If There Is Something", piano sur "Shopping for Girls"
Tim Palmer: percussions, piano additionnel
1991 |
1997
David Bowie "Earthling"
ou "Life on Earth?"
A la relance depuis, chronologiquement, les deux Tin Machine, Black Tie White Noise et Outside, c'est un David Bowie tout artistiquement revigoré qui prend fièrement la pose vêtu de son Union-Jack coat le regard rivé sur la campagne anglaise... de dos ! Visuellement, si la pochette "flashe", elle n'est pas exactement belle et ce terrien vraiment trop spatial pour coller à ce bucolique entourage...
De fait l'album n'a pas le moindre cousinage avec quelque folk pastorale que ce soit, quelque badinerie campagnarde non plus, c'est un Bowie à la pointe, qui paraîtrait presque industriel s'il n'y accouplait un maniérisme tout anglais via sa grand-britannité intrinsèque et une bonne grosse louche de pulsions gigotatoires par des patterns drum'n'bass (ou jungle comme on disait alors) bienvenus, spécialité, comme vous n'êtes pas sans le savoir, de quelques DJs anglo-jamaïcains ou anglo-asian (dont Apache Indian ou Goldie (qui invitera d'ailleurs Bowie sur son monumental, et raté, Saturnzreturn).
On a dit que Bowie, tout époustouflé qu'il avait été par les prestations de Trent Reznor et de son Nine Inch Nails lors d'une récente tournée commune, décida de se glisser dans la brèche, de se réinventer, encore !, à la source d'une jeunesse chez lui depuis longtemps envolée. Oui mais, les sources de cette supposée mue industrielle (supposée parce que faut pas pousser, quand même !) ont leurs racines tant dans le Bowie classique, froid et détaché, de la période berlinoise que dans le prédécesseur d'Earthling, Outside, qui déjà mariait musique électronique et rock pour un résultat pas si dissemblable.
Sauf qu'Earthling pousse la logique nettement plus avant, initiative qu'on peut conjointement allouer au leader consentant et à ses deux coproducteurs, co-compositeurs et complices de l'occasion, Reeves Gabrels (déjà dans Tin Machine) et Mark Plati. Et au reste d'un casting de session aux petits oignons dont l'excellent et revenant pianiste Mike Garson (Bowie 70s/90s mais aussi Stan Getz, Stanley Clarke, en solo, etc.). Bref, tout est réuni pour que la satisfaction soit au bout du chemin (et de l'écoute). Et ça nous donne tout de même 6 très bonnes chansons sur 9 soit un ratio 2/3, 1/3 que Bowie n'avait plus atteint depuis Scary Monsters... 17 ans plus tôt !
Déjà il y a l'excellentissime Little Wonder qui, à lui seul, déroule le menu, dévoile la tendance d'un Bowie mélodiquement immédiatement reconnaissable et livré à une formule qui colle comme un gant à son inspiration du moment. La pattern d'nb, le riff, les ambiances tissées par les samples, synthétiseurs et guitares, l'intermède central instrumental... Tout y fonctionne magnifiquement. Du coup, Looking for Satellites, l'une des moins mémorables de l'album, mollassonne comme du Peter Gabriel sous tranxène, fait pâle figure et modère l'enthousiasme originel. Comme les deux autres "ratages" de l'album, The Last Thing You Should Do et Law (Earthlings on Fire), elles souffrent surtout du voisinage d'autres compositions supérieurement réussies parce que ce ne sont pas, fondamentalement, de mauvaises chansons et qu'elles s'écoutent sans déplaisir. Mais sans l'enthousiasme qui nous prend, par exemple, sur un Battle for Britain, du pur Bowie revu et corrigé sur une rythmique jungle et un riff indus light mais du pur Bowie quoiqu'il en soit, ou sur un Seven Years in Tibet, sorte d'exploration Outside du Thin White Duke, saxo râpeux compris avant d'exploser en gros rock Tin Machinesque et de finalement raccommoder les deux... Brillant !
Parce que, voilà, c'est aussi une leçon qu'on peut tirer de cet excellent Earthling, Bowie n'est pas soluble dans la (les) mode(s). David Bowie, quelque soit le panorama qui l'entoure restera toujours David Bowie, marque d'un Grand. Et quand en plus, comme c'est le cas ici, l'écrin est presque "plus-que-parfait", les Himalaya ne sont jamais bien loin, la satisfaction béate non plus.
1. Little Wonder 6:02
2. Looking for Satellites 5:21
3. Battle for Britain (The Letter) 4:48
4. Seven Years in Tibet 6:22
5. Dead Man Walking 6:50
6. Telling Lies 4:49
7. The Last Thing You Should Do 4:57
8. I'm Afraid of Americans 5:00
9. Law (Earthlings on Fire) 4:48
David Bowie: vocals, guitar, alto saxophone, samples, keyboards, production
Reeves Gabrels: programming, synthesisers, real and sampled guitars, vocals, production
Mark Plati: programming, loops, samples, keyboards, production
Gail Ann Dorsey: bass, vocals
Zachary Alford: drum loops, acoustic drums, electronic percussion
Mike Garson: keyboards, piano
1997 |
2013
David Bowie "The Next Day (Extra)"
ou "David Is Alive!"
Le billet de l'édition standard :
10 ans après, le jour d'après... Il nous a manqué, Bowie, c'est indéniable. Des pires doutes sur sa santé (toujours pas complètement éteints), de son invisibilité caractérisée, à une quasi totale absence de nouvelles, on le croyait perdu ! Et puis une affiche, "the next day" dans un carré blanc sur la pochette de "Heroes" que, forcément, on repère facilement, un nouvel album !, enfin ! C'est moche, on croit à un teaser, ce sera finalement la pochette, drôle de choix. Quoique... Comme un signe que le jour d'après sera aussi beau que le jour d'avant ? Comme un aveu de retour vers des sources ô combien prolifiques, un raccrochage de wagon vers une gloire passée ? A voir... A entendre surtout.
Bon, autant éventer le "secret" tout de suite, ce n'est pas du grand Bowie, pas le retour miraculeux qu'on n'attendait de toute façon pas. Ce n'est pas indigne non plus, rassurez-vous. Des dires de Tony Visconti, producteur de la galette et collaborateur récurrent de David depuis plus de 30 ans, c'est Bowie qui a eu de nouveau envie de faire des chansons et, fatalement, de faire un album, un album qu'on n'attendait plus et qu'on prend donc pour ce qu'il est avec la réalisation de la chance que nous avons d'avoir un nouveau Bowie en 2013 si ce n'est un grand Bowie, ce à quoi nous sommes de toute façon habitué, pour retrouver un Grand Bowie, il faut quand même se reporter une trentaine d'année en arrière...
Pas un grand mais un bon Bowie qui a toujours la voix (même si un peu moins de voix), bon signe. Un bon Bowie avec son lot de pépites, plutôt plus généreux que ne l'avaient été Reality, Hours et Heathen, des pépites qui, si elles ne révolutionneront rien à la perception qu'on les gens de l'artiste, font bien plaisir à entendre ! Et ça commence dès le morceau titre et introductif de la galette qui, rock solide et énergique, rappelle autant "Heroes" que Tin Machine tout en dégageant une fugace impression de mélancolie qui ne lâchera que rarement l'album. Impression renforcée par la ballade tristoune Where Are We Know?, une des plus belles réussites de l'ensemble, ceci dit en passant. Et implosée par la conclusion (de l'album classique, rallongé de 3 pistes bonus dans sa version "deluxe"), le froid et beau Heat qui convoque, magnifiquement pour le coup, la veine dramatique jadis habitée par le Scott Walker de la fin des 60s. Mais un Bowie qui s'amuse aussi comme sur le Kurt-Weilien/ Tom-Waitsien mais en même temps si Bowieien Dirty Boys, comme sur le joliment Beatles Valentine's Day (où la voix de David et la guitare d'Earl Slick font la différence), comme quand il nous balance sans crier gare en plein Outside (If You Can See Me) pour un exercice "Drum'n'Rock" réussi. comme quand il cold-rocke avec classe sur le new-waveux Boss of Me. Etc. Oui, il y a plus qu'aisément matière à se réjouir dans une tracklist ceci dit pas d'une folle cohérence... un poil "éclatée".
Parce que, forcément, il y a une tenace impression de revisitation continuelle des cannons passés, un jeu de piste à identifier à quelle période d'hier se réfère chaque chanson d'aujourd'hui, une sorte de relecture à l'aulne du jour d'un passé lointain mais toujours vivace. C'est souvent le jeu des vieux rockers que de revenir à la source de leurs exploits (voir McCartney, Springsteen ou Robert Plant pour ceux qui le réussissent le mieux), de tenter, dans le procédé, de se réinventer ou, à minima, de faire ce qu'ils savent faire, ce qui leur vient naturellement et donc, fatalement, de rappeler qu'ils sont qui ils sont... Bowie n'est pas une exception en la matière. A ceux que l'absence de toute épiphanie créatrice, de quelque inespérée et miraculeuse régénération chagrine, on répondra que Mr. David Bowie a maintenant 66 ans, s'est déjà recréé un bonne demi-douzaine de fois pour finir par être lui, somme de tous ses possibles, miraculé d'excès qui en ont laissé moult sur le carreau. C'est déjà beaucoup.
Beaucoup parce que The Next Day est un bon album, du Bowie supra-classique, du Bowie qui satisfait en ratissant large mais en restant digne parce que, et nous ne tirerons pas sur les quelques ambulances qui traversent l'opus, les chansons sont bonnes, bien arrangées, bien jouées (par peu ou prou la même équipe que Reality), bien enregistrées, bien mixées... Bien. Ce n'est pas Hunky Dory, ce n'est pas Ziggy Stardust, ce n'est pas Low, ces références immortelles appartiennent à un passé créatif qui ne revivra plus ou plus que fugitivement, c'est le cru 2013 plus qu'honorable d'un mec qui nous a tous, à un moment ou un autre, fait quelque chose... Et qui réussit au moins à nous rajeunir les tympans d'au moins une décennie en se ressemblant juste ce qu'il faut, et donc en se différenciant légèrement aussi de ce qu'il fut, pour ne pas paraître incongru, ou bêtement revivaliste.
Evidemment, l'évènement se suffisant à lui-même, l'album cartonne avec des numéros 1 en Argentine, Belgique, Croatie, Tchéquie, Danemark, Pays-Bas, Finlande, Allemagne, Eire, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pologne, Portugal, Royaume Uni, Suède, Suisse et Etats Unis d'Amérique, et pas loin derrière dans le reste des pays où la musique pop est disponible. Ce n'est, dans le fond, que mérité, couronnant comme il se doit la carrière d'une icône qui a, comme vous l'aurez compris, de forts beaux restes, qu'il a su savamment déployer sur cette résurrectionnelle galette. Que l'avenir réserve-t-il à Bowie ? Quelles seront ses prochaines aventures ? Y aura-t-il seulement de nouvelles aventures ? Autant de questions qui restent pour le moment sans réponse. Reste la satisfaction de tenir, je le répète, un bon Bowie, en 2013, toujours vivant !, et ça, ce n'est pas rien !
Et celui de l'édition "Extra" :
La voilà l'édition super-deluxe-de-la-mort-qui-tue parce que la vache a encore du lait ou quelque chose du genre. Ne le nions pas, l'objet sent le commerce a plein nez, l'exploitation avide d'une œuvre déjà survendue comme le miraculeux retour d'un grand monsieur.
David Bowie est un grand monsieur, à l'évidence, mais The Next Day n'était pas l'implacable machine de guerre qu'une promotion rouleau-compresseur a voulu nous vendre... Ceci dit, ce n'était pas non plus la Bérézina, un bon album qui puisait largement dans le passé son inspiration, un retour qui faisait du bien aussi d'un David Bowie que la rumeur nous disait perdu.
Et donc, The Next Day: Extra, 7 nouvelles pistes pour ceux qui s'étaient procuré, il y a quelques petits mois, l'édition Deluxe, 10 pour ceux qui avaient misé sur l'album lambda. Et un DVD de quatre clips, pour justifier la parution (relativement discrète, cette fois) de l'ultime édition (souhaitons !) The Next Day. Bon, l'album en lui-même vaut ce qu'il vaut, c'est David Bowie faisant du David Bowie "comme avant" avec l'inspiration moindre de ses vieilles années, régressif en diable mais pas désagréable avec quelques très beaux moments et pas de grande déception, suffisant en attendant une hypothétique suite... Mais ce sont donc les bonus qui constituent le sel de la présente édition c'est donc sur leur qualité et celle de l'objet que je la jugerai.
Comme l'album précédemment, la présentation est sobre : une boîte cartonnée, 3 disques dans leur pochette individuelle, 3 livrets avec respectivement les paroles, quelques photos artistiques et un totalement vierge destiné à l'auditeur, pas forcément très utile mais on apprécie l'intention, merci David, donc. Mais là n'est pas l'essentiel qui est, évidemment, représenté par le contenu audio et visuel.
Côté musique, il y a déjà les trois titres bonus de l'édition deluxe (So She, Plan et I'll Take You There), de bons titres. Ajoutez-y un Atomica bien rock et dynamique qu'on croirait presque sorti des sessions d'un Let's Dance recadré 70s. The Informer où Bowie exploite son signature sound de la première moitié des septantes (plus Ziggy que le Duke) supplémenté d'amusants chœurs doo-wop. Like a Rocket Man itou, encore du Bowie qui rocke electro-acoustique cette fois sur ce charmant shuffle. Born in a UFO est un poil en-deçà, un rock encore il ne possède pas une mélodie assez accrocheuse pour réellement intéresser mais c'est bien joué (joli solo d'Earl Slick) et s'écoute sans déplaisir, c'est déjà ça. Last but not least, avec les vrais inédits, God Bless the Girl, titre plus nuancé et moins caractéristique des habitudes compositionnelles de David, il alterne couplets balladisants, et refrain énergique avec succès pour finir sur une belle envolée gospelisante, et une belle performance de groupe en plus !. Quatre réussites sur cinq, well done Mr. Jones !
Il y a ensuite deux remixes : I'd Rather Be High (Venetian Mix) proche de la version album s'il n'y avait ce synthé en son de clavecin lui donnant un je-ne-sais-quoi de baroque pas désagréable, et Love Is Lost (Hello Steve Reich Mix) qui comme son titre l'indique entraîne la composition vers d'inattendus panoramas sonores avec sa lente progression d'une bossa clappée et électronique vers un onirisme minimaliste groovy bienvenu avant de nous cueillir en explosant en new wave typique reprenant même la petite boucle bien connue d'Ashes to Ashes, etc. Deux réussites donc.
Côté vidéo, pas de docu/making of, pas de live bien sûr (c'est pour quand, David ?), juste quatre clips pour Where Are You Now?, The Stars (Are Out Tonight), The Next Day et Valentine's Day. N'étant, personnellement, pas très sensible au format, je m'abstiendrait de tout jugement de valeur. C'est un bonus de plus, et du bon boulot, n'en doutons pas, pas vraiment de quoi se plaindre.
Bon, comme le machin ne coûte quand même pas un bras, on se remet facilement d'avoir eu, encore, à passer au tiroir-caisse (même si on se dit, un jour ou l'autre, qu'il faudra bien apprendre l'art délicat de la patience). La qualité du matériau proposé, la prospective (puisque l'inspiration était audiblement là !) d'un futur pour Mr. Jones, suffisent à rendre l'objet attrayant à défaut d'indispensable. Cela mérite-t-il l'investissement ? Les fans, évidemment, se rueront dessus, et n'auront pas tort ce faisant, ceux qui ont déjà l'album et ne ressentent pas le besoin urgent d'un complément (ils ont tort, bien sûr !) pourront s'en passer, reste ceux qui n'avaient pas The Next Day, à ceux-ci on conseillera définitivement cette version de belle facture et ses enrichissements plutôt très utiles.
10 ans après, le jour d'après... Il nous a manqué, Bowie, c'est indéniable. Des pires doutes sur sa santé (toujours pas complètement éteints), de son invisibilité caractérisée, à une quasi totale absence de nouvelles, on le croyait perdu ! Et puis une affiche, "the next day" dans un carré blanc sur la pochette de "Heroes" que, forcément, on repère facilement, un nouvel album !, enfin ! C'est moche, on croit à un teaser, ce sera finalement la pochette, drôle de choix. Quoique... Comme un signe que le jour d'après sera aussi beau que le jour d'avant ? Comme un aveu de retour vers des sources ô combien prolifiques, un raccrochage de wagon vers une gloire passée ? A voir... A entendre surtout.
Bon, autant éventer le "secret" tout de suite, ce n'est pas du grand Bowie, pas le retour miraculeux qu'on n'attendait de toute façon pas. Ce n'est pas indigne non plus, rassurez-vous. Des dires de Tony Visconti, producteur de la galette et collaborateur récurrent de David depuis plus de 30 ans, c'est Bowie qui a eu de nouveau envie de faire des chansons et, fatalement, de faire un album, un album qu'on n'attendait plus et qu'on prend donc pour ce qu'il est avec la réalisation de la chance que nous avons d'avoir un nouveau Bowie en 2013 si ce n'est un grand Bowie, ce à quoi nous sommes de toute façon habitué, pour retrouver un Grand Bowie, il faut quand même se reporter une trentaine d'année en arrière...
Pas un grand mais un bon Bowie qui a toujours la voix (même si un peu moins de voix), bon signe. Un bon Bowie avec son lot de pépites, plutôt plus généreux que ne l'avaient été Reality, Hours et Heathen, des pépites qui, si elles ne révolutionneront rien à la perception qu'on les gens de l'artiste, font bien plaisir à entendre ! Et ça commence dès le morceau titre et introductif de la galette qui, rock solide et énergique, rappelle autant "Heroes" que Tin Machine tout en dégageant une fugace impression de mélancolie qui ne lâchera que rarement l'album. Impression renforcée par la ballade tristoune Where Are We Know?, une des plus belles réussites de l'ensemble, ceci dit en passant. Et implosée par la conclusion (de l'album classique, rallongé de 3 pistes bonus dans sa version "deluxe"), le froid et beau Heat qui convoque, magnifiquement pour le coup, la veine dramatique jadis habitée par le Scott Walker de la fin des 60s. Mais un Bowie qui s'amuse aussi comme sur le Kurt-Weilien/ Tom-Waitsien mais en même temps si Bowieien Dirty Boys, comme sur le joliment Beatles Valentine's Day (où la voix de David et la guitare d'Earl Slick font la différence), comme quand il nous balance sans crier gare en plein Outside (If You Can See Me) pour un exercice "Drum'n'Rock" réussi. comme quand il cold-rocke avec classe sur le new-waveux Boss of Me. Etc. Oui, il y a plus qu'aisément matière à se réjouir dans une tracklist ceci dit pas d'une folle cohérence... un poil "éclatée".
Parce que, forcément, il y a une tenace impression de revisitation continuelle des cannons passés, un jeu de piste à identifier à quelle période d'hier se réfère chaque chanson d'aujourd'hui, une sorte de relecture à l'aulne du jour d'un passé lointain mais toujours vivace. C'est souvent le jeu des vieux rockers que de revenir à la source de leurs exploits (voir McCartney, Springsteen ou Robert Plant pour ceux qui le réussissent le mieux), de tenter, dans le procédé, de se réinventer ou, à minima, de faire ce qu'ils savent faire, ce qui leur vient naturellement et donc, fatalement, de rappeler qu'ils sont qui ils sont... Bowie n'est pas une exception en la matière. A ceux que l'absence de toute épiphanie créatrice, de quelque inespérée et miraculeuse régénération chagrine, on répondra que Mr. David Bowie a maintenant 66 ans, s'est déjà recréé un bonne demi-douzaine de fois pour finir par être lui, somme de tous ses possibles, miraculé d'excès qui en ont laissé moult sur le carreau. C'est déjà beaucoup.
Beaucoup parce que The Next Day est un bon album, du Bowie supra-classique, du Bowie qui satisfait en ratissant large mais en restant digne parce que, et nous ne tirerons pas sur les quelques ambulances qui traversent l'opus, les chansons sont bonnes, bien arrangées, bien jouées (par peu ou prou la même équipe que Reality), bien enregistrées, bien mixées... Bien. Ce n'est pas Hunky Dory, ce n'est pas Ziggy Stardust, ce n'est pas Low, ces références immortelles appartiennent à un passé créatif qui ne revivra plus ou plus que fugitivement, c'est le cru 2013 plus qu'honorable d'un mec qui nous a tous, à un moment ou un autre, fait quelque chose... Et qui réussit au moins à nous rajeunir les tympans d'au moins une décennie en se ressemblant juste ce qu'il faut, et donc en se différenciant légèrement aussi de ce qu'il fut, pour ne pas paraître incongru, ou bêtement revivaliste.
Evidemment, l'évènement se suffisant à lui-même, l'album cartonne avec des numéros 1 en Argentine, Belgique, Croatie, Tchéquie, Danemark, Pays-Bas, Finlande, Allemagne, Eire, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pologne, Portugal, Royaume Uni, Suède, Suisse et Etats Unis d'Amérique, et pas loin derrière dans le reste des pays où la musique pop est disponible. Ce n'est, dans le fond, que mérité, couronnant comme il se doit la carrière d'une icône qui a, comme vous l'aurez compris, de forts beaux restes, qu'il a su savamment déployer sur cette résurrectionnelle galette. Que l'avenir réserve-t-il à Bowie ? Quelles seront ses prochaines aventures ? Y aura-t-il seulement de nouvelles aventures ? Autant de questions qui restent pour le moment sans réponse. Reste la satisfaction de tenir, je le répète, un bon Bowie, en 2013, toujours vivant !, et ça, ce n'est pas rien !
Et celui de l'édition "Extra" :
La voilà l'édition super-deluxe-de-la-mort-qui-tue parce que la vache a encore du lait ou quelque chose du genre. Ne le nions pas, l'objet sent le commerce a plein nez, l'exploitation avide d'une œuvre déjà survendue comme le miraculeux retour d'un grand monsieur.
David Bowie est un grand monsieur, à l'évidence, mais The Next Day n'était pas l'implacable machine de guerre qu'une promotion rouleau-compresseur a voulu nous vendre... Ceci dit, ce n'était pas non plus la Bérézina, un bon album qui puisait largement dans le passé son inspiration, un retour qui faisait du bien aussi d'un David Bowie que la rumeur nous disait perdu.
Et donc, The Next Day: Extra, 7 nouvelles pistes pour ceux qui s'étaient procuré, il y a quelques petits mois, l'édition Deluxe, 10 pour ceux qui avaient misé sur l'album lambda. Et un DVD de quatre clips, pour justifier la parution (relativement discrète, cette fois) de l'ultime édition (souhaitons !) The Next Day. Bon, l'album en lui-même vaut ce qu'il vaut, c'est David Bowie faisant du David Bowie "comme avant" avec l'inspiration moindre de ses vieilles années, régressif en diable mais pas désagréable avec quelques très beaux moments et pas de grande déception, suffisant en attendant une hypothétique suite... Mais ce sont donc les bonus qui constituent le sel de la présente édition c'est donc sur leur qualité et celle de l'objet que je la jugerai.
Comme l'album précédemment, la présentation est sobre : une boîte cartonnée, 3 disques dans leur pochette individuelle, 3 livrets avec respectivement les paroles, quelques photos artistiques et un totalement vierge destiné à l'auditeur, pas forcément très utile mais on apprécie l'intention, merci David, donc. Mais là n'est pas l'essentiel qui est, évidemment, représenté par le contenu audio et visuel.
Côté musique, il y a déjà les trois titres bonus de l'édition deluxe (So She, Plan et I'll Take You There), de bons titres. Ajoutez-y un Atomica bien rock et dynamique qu'on croirait presque sorti des sessions d'un Let's Dance recadré 70s. The Informer où Bowie exploite son signature sound de la première moitié des septantes (plus Ziggy que le Duke) supplémenté d'amusants chœurs doo-wop. Like a Rocket Man itou, encore du Bowie qui rocke electro-acoustique cette fois sur ce charmant shuffle. Born in a UFO est un poil en-deçà, un rock encore il ne possède pas une mélodie assez accrocheuse pour réellement intéresser mais c'est bien joué (joli solo d'Earl Slick) et s'écoute sans déplaisir, c'est déjà ça. Last but not least, avec les vrais inédits, God Bless the Girl, titre plus nuancé et moins caractéristique des habitudes compositionnelles de David, il alterne couplets balladisants, et refrain énergique avec succès pour finir sur une belle envolée gospelisante, et une belle performance de groupe en plus !. Quatre réussites sur cinq, well done Mr. Jones !
Il y a ensuite deux remixes : I'd Rather Be High (Venetian Mix) proche de la version album s'il n'y avait ce synthé en son de clavecin lui donnant un je-ne-sais-quoi de baroque pas désagréable, et Love Is Lost (Hello Steve Reich Mix) qui comme son titre l'indique entraîne la composition vers d'inattendus panoramas sonores avec sa lente progression d'une bossa clappée et électronique vers un onirisme minimaliste groovy bienvenu avant de nous cueillir en explosant en new wave typique reprenant même la petite boucle bien connue d'Ashes to Ashes, etc. Deux réussites donc.
Côté vidéo, pas de docu/making of, pas de live bien sûr (c'est pour quand, David ?), juste quatre clips pour Where Are You Now?, The Stars (Are Out Tonight), The Next Day et Valentine's Day. N'étant, personnellement, pas très sensible au format, je m'abstiendrait de tout jugement de valeur. C'est un bonus de plus, et du bon boulot, n'en doutons pas, pas vraiment de quoi se plaindre.
Bon, comme le machin ne coûte quand même pas un bras, on se remet facilement d'avoir eu, encore, à passer au tiroir-caisse (même si on se dit, un jour ou l'autre, qu'il faudra bien apprendre l'art délicat de la patience). La qualité du matériau proposé, la prospective (puisque l'inspiration était audiblement là !) d'un futur pour Mr. Jones, suffisent à rendre l'objet attrayant à défaut d'indispensable. Cela mérite-t-il l'investissement ? Les fans, évidemment, se rueront dessus, et n'auront pas tort ce faisant, ceux qui ont déjà l'album et ne ressentent pas le besoin urgent d'un complément (ils ont tort, bien sûr !) pourront s'en passer, reste ceux qui n'avaient pas The Next Day, à ceux-ci on conseillera définitivement cette version de belle facture et ses enrichissements plutôt très utiles.
CD 1
1. The Next Day 3:26
2. Dirty Boys 2:58
3. The Stars (Are Out Tonight) 3:57
4. Love Is Lost 3:57
5. Where Are We Now? 4:09
6. Valentine's Day 3:02
7. If You Can See Me 3:12
8. I'd Rather Be High 3:45
9. Boss Of Me 4:09
10. Dancing Out In Space 3:21
11. How Does The Grass Grow? 4:34
12. (You Will) Set The World On Fire 3:32
13. You Feel So Lonely You Could Die 4:37
14. Heat 4:25
CD 2
1. Atomica 4:05
2. Love Is Lost (Hello Steve Reich Mix by James Murphy for the DFA) 10:24
3. Plan 2:02
4. The Informer 4:31
5. I'd Rather Be High (Venetian Mix) 3:49
6. Like a Rocket Man 3:29
7. Born in a UFO 3:02
8. I'll Take You There 2:41
9. God Bless the Girl 4:11
10. So She 2:31
David Bowie: vocals (1-15, 17), producer, guitar (1, 16), string arrangement (1, 3, 15),
acoustic guitar (3, 13-15, 17), keyboards (4, 5, 7, 10, 11, 15-17), percussion (16)
Tony Visconti - engineer, mixing, producer, string arrangement (1, 3, 13-15),
guitar (2, 13, 15, 17), recorder (3, 9), strings (5), bass guitar (6, 12, 15)
Zachary Alford: drums (1-5, 7-11, 13-17), percussion (7)
Sterling Campbell: drums (6, 12), tambourine (12)
Gail Ann Dorsey: bass guitar (1, 3, 4, 10, 11, 13, 14, 17),
backing vocals (3, 7, 9, 11-13, 17)
Steve Elson: baritone saxophone (2, 3, 9), contrabass clarinet (3)
Henry Hey: piano (5, 13)
Gerry Leonard: guitar (1-5, 7-15, 17), keyboards (15)
Tony Levin: bass guitar (2, 5, 7-9)
Janice Pendarvis: backing vocals (3, 9, 12, 13, 17)
Earl Slick: guitar (2, 6, 12)
David Torn: guitar (1, 3, 7, 10, 11, 13-15, 17)
Hiroko Taguchi: strings (1, 3, 13-15)
Antoine Silverman: strings (1, 3, 13-15)
Maxim Moston: strings (1, 3, 13-15)
Anja Wood: strings (1, 3, 13-15)
2013 |
1972
Lou Reed "Transformer"
ou "Lou sous influence"
Si son éponyme sorti quelques mois plus tôt avait tout l'air d'un "solde de tous comptes", exclusivement composé de chansons originellement destinés au Velvet Underground, c'est avec Transformer qui constitue les vrais débuts d'artiste solo d'un Lou Reed composant pour lui-même avec, présentement, comment ne pas les nommer ?, l'assistance ô combien précieuse de deux fameuses araignées martiennes, David Bowie et Mick Ronson.
Contrairement à Iggy Pop quelques années plus tard (The Idiot, 1977), Lou est l'auteur de tout l'album ne partageant qu'un petit crédit avec son coproducteur de l'exercice, Wagon Wheel, créé lors d'une jam avec David, mais comme Iggy il bénéficie du savoir-faire et des penchants stylistiques de la doublette qui l'a pris sous son aile. Le résultat est un album de pop/rock classique de son temps, les seventies, où l'inspiration, la qualité de l'interprétation et des arrangements font la différence. Alors, évidemment, il y a les trois tubes, les classiques qui continuent de hanter les ondes radiophoniques, le solaire et harmonieux mais ultimement un poil dépressif Perfect Day (une belle journée ! j'aurais aimé la passer avec toi...) et son penchant de la nuit qu'est le sexuellement chargé de Walk on the Wild Side, sa ligne de basse légendaire, son petit chorus de saxo bienvenu, et, bien-sûr, un Satellite of Love enluminé de chœurs accrocheurs pourvu, en partie, par un Bowie qu'on entend vraiment très bien sur le dernier refrain. Pour ces trois-là, pas besoin de faire l'article mais il ne faudrait pas limiter l'opus à ces fiers baobabs parce que, vraiment, c'est l'entièreté de Transformer qui en impose dans un ensemble frais et varié où le ton détaché, sarcastique presque, de Reed fait merveille.
Avec l'assistance on ne peut plus précieuse de David Bowie et Mick Ronson, Lou Reed redémarre en trombe une carrière solo qui connaîtra d'autres hauts (les deux authentiques classiques des 70s que sont Rock & Roll Animal et Coney Island Baby, ou, plus tard, Songs For Drella excellent hommage à Andy Warhol en duo avec John Cale ou New York sur la foi de son propre talent) mais aussi quelques bas (l'accessoire Sally Can't Dance, Metal Machine Music, entreprise de sado-masochisme sonique s'il en fut, ou Rock And Roll Heart qui manquait cruellement du dernier, le cœur). De ce tout, à creuser, il y a des merveilles !, Transformer demeure l'apex, un immanquable.
1. Vicious 2:55
2. Andy's Chest 3:17
3. Perfect Day 3:43
4. Hangin' 'Round 3:39
5. Walk on the Wild Side 4:12
6. Make Up 2:58
7. Satellite of Love 3:40
8. Wagon Wheel 3:19
9. New York Telephone Conversation 1:31
10. I'm So Free 3:07
11. Goodnight Ladies 4:19
Lou Reed - guitar, vocals
Herbie Flowers - bass guitar, double-bass, tuba on "Goodnight Ladies" and "Make Up"
Mick Ronson - lead guitar, piano, recorder, backing vocals, string arrangements
John Halsey - drums
&
David Bowie: backing vocals, keyboards
Ronnie Ross - baritone saxophone on "Goodnight Ladies" and "Walk on the Wild Side"
The Thunder Thighs - backing vocals
Barry DeSouza - drums
Ritchie Dharma - drums
Klaus Voormann - bass on "Goodnight Ladies" and "Make Up"
avec Lou Reed |
1977
Iggy Pop "The Idiot"
ou "Iggy (encore plus) sous influence"
C'est le premier album de l'iguane, un album qui, comme le fantastique Transformer de Lou Reed quelques années plus tôt, porte le sceau d'un David Bowie toujours partant pour aider un pote à sa relance, quitte à vampiriser son "sujet".
Parce que, indéniablement, dès un titre en référence à Fiodor Dostoïevski (j'sais pas vous mais, moi, j'ai du mal à imaginer Iggy potasser les classiques de la littérature russe), d'une approche, une esthétique musicale typique de la période berlinoise de l'homme aux yeux vairons, jusqu'à des crédits intégralement partagés par l'auteur et son mentor/producteur, on a très souvent l'impression d'écouter un album de David Bowie chanté par Iggy Pop. Comme c'est un bon David Bowie, option post-kraut new-waveuse avant l'heure à fond les bananes !, avec quelques vrais highlights (Sister Midnight, co-écrit avec le guitariste Carlos Alomar, l'imparable Nightclubbing morceau culte s'il en fut, un Funtime cousin-Kraut, ou un China Girl que Bowie n'hésitera pas à transformer en hit mondial quelques années plus tard en le débarrassant de son initiale noirceur), on ne boude pas son plaisir et plonge dans les méandres d'un album mené par la voix du mort-de-faim, un peu à la ramasse depuis la séparation des Stooges et son séjour psychiatrique, cet Iggy plus vraiment ce symbole proto-punk, introverti et nihiliste.
The Idiot, plus qu'une première œuvre, demeure un des tous meilleurs album d'Iggy avec, évidemment, Lust for Life sorti la même année et reconduisant presque la formule et l'équipe, une puissante et artistique déclaration d'intention qui ne sera pas, hélas, toujours suivie d'effets dans la suite de la carrière de Mister Pop.
1. Sister Midnight 4:19
2. Nightclubbing 4:14
3. Funtime 2:54
4. Baby 3:24
5. China Girl 5:08
6. Dum Dum Boys 7:12
7. Tiny Girls 2:59
8. Mass Production 8:24
Iggy Pop - vocals
David Bowie - keyboards, synthesizer, guitar, piano, saxophone, xylophone, backing vocals
Carlos Alomar - guitar
Dennis Davis - drums
George Murray - bass guitar
Phil Palmer - guitar
Michel Santangeli - drums
Laurent Thibault - bass
avec Iggy Pop |
Goodbye Mr Jones (1947-2016)
RépondreSupprimerDavid Bowie "David Bowie (Deluxe Edition)" (1967)
- http://www92.zippyshare.com/v/T9CiAczU/file.html
David Bowie "Hunky Dory" (1971)
- http://www92.zippyshare.com/v/ryjAA1BZ/file.html
David Bowie "Low" (1977)
- http://www92.zippyshare.com/v/zA0gINzF/file.html
Tin Machine "Tin Machine" (1989)
- http://www92.zippyshare.com/v/3uPqgeLZ/file.html
Tin Machine "Tin Machine II" (1991)
- http://www92.zippyshare.com/v/JldQKU8x/file.html
David Bowie "Earthling" (1997)
- http://www92.zippyshare.com/v/zd8jc83x/file.html
David Bowie "The Next Day (Extra)" (2013)
- http://www92.zippyshare.com/v/wFhcmWls/file.html
Lou Reed "Transformer" (1972)
- http://www92.zippyshare.com/v/wBsXD9EJ/file.html
Iggy Pop "The Idiot" (1977)
- http://www92.zippyshare.com/v/b4Pe4POj/file.html
Pour les "malheureux" qui ne possèderaient pas encore ces disques : SAUTEZ DESSUS !!!!!
RépondreSupprimerFarpaitement !
SupprimerBelle rétrospective, je n'ai jamais écouté Tin Machine, peut-être un jour, j'ai cru comprendre qu'une sorte de réhabilitation était encore depuis un certain temps.
RépondreSupprimerJe ne sais pas si une réhabilitation de Tin Machine est en cours, je sais que c'est ce qui m'a raccroché au wagon Bowie après quelques années particulièrement décevantes. Je ne peux que te conseiller l'expérience en commençant par le second, mon préféré et déjà une passerelle vers la suite...
Supprimeren cours pas "encore"...
RépondreSupprimerOn a tous sa, ou ses, période(s) ou le Thin White Duke nous faisait dresser les poils au détours d'une mélodie ou d'une intonation...Hunky Dory-Aladdin Sane-Diamond Dogs sont "ma trilogie" comme d'autres en auront. J'aimais bien le perdre de vue pour le retrouver et découvrir ce que j'avais pu rater. Toujours élégants, habités, ses disques ne laissaient pas indifférent...et puis je fais partie de ceux qui pensent qu'il a tout inventé au moins quelques années avant les autres (le Glam avec T-Rex et une armada le suivra pour notre plus grand plaisir, une certaine sauvagerie "punk" sur scène avec la guitare de Ronson, des sons "indus" qu'on adorera ensuite chez Depeche mode, ou electro avant les autres et la liste des pistes tracées est longue) un artiste sacrément doué, talentueux, qui ne se répétait pas (ce qui est rare dans le rock) et qui savait brouiller les pistes et apparaître ou on l'attendait pas. Un jour on s’apercevra qu'il savait aussi écrire des textes qui tiennent la route, les musiques ça on savait...Merci d'avoir raconté un bout de l'histoire et écarté un coin du rideau. Comme d'hab tu es là. Ph
RépondreSupprimerPlutôt que ma période David Bowie, j'ai mes périodes de moindre contentement, les deux premiers, la phase MTV, les ronronnements d'avant The Next Day... Tout le reste, je garde, je me goinfre avec des larmes plein les yeux à l'idée que, ça y est, cette fois cet artiste à la légende ô combien méritée ne nous offrira plus de nouvelles musiques. snif.
SupprimerPour ma part, j'ai pas trop envie de replonger dans les grands classiques. J'écoute plutôt ce que j'ai eu tendance à délaisser un peu, notamment les derniers.
RépondreSupprimerDonc ton papier sur Tin Machine vient à point nommé. Je crois que ton commentaire va me permettre de creuser un peu l'affaire Tin Machine en me focalisant sur les titres que tu mets en avant.
Pour The Next Day,pas trop envie d'extras. Le disque en lui-même est plutôt bon, mais j'ai déjà 3 extras qui le rallonge inutilement (et qui au final l'affaiblisse). D'ailleurs, je trouve que tous ces bonus avec le format CD sont souvent de très mauvaises choses... Moi, j'aime écouter des choses qui se concentre que sur le bon, pas qu'on le dilue (il peut y avoir des exceptions mais je trouve que c'est assez rare et, en plus, quand on découvre un disque, cela rend l'assimilation inutilement longue).
Ce que j'apprécie dans ce disque, c'est qu'il a une bonne énergie, l'écriture des chansons est très ramassée (la plupart des morceaux font moins de 4mn, voire à peine plus de 3mn). Je trouve que c'est une grande qualité qu'un auteur de son expérience ne délie pas l'écriture de chanson à 5mn comme c'est très souvent le cas. C'est même assez rare de voir un artiste écrire une chanson de 2mn30 ou de 3mn quand on a une telle carrière.
D'accord avec toi que tout n'est pas parfait mais le disque possède une vraie envie d'aller vers l'avant qui faisait défaut aux 3 précédents. Pourtant, il lui manque quelque chose pour qu'il soit vraiment excitant, sans doute la production. Et s'il y a de bonnes chansons, et assez peu de mauvaises, sans doute aucune ne sera vraiment grandiose. Mais cela restera pour moi un très beau geste de Bowie que de se donner encore autant dans la musiue et de montrer qu'il y croit (chose que certains de son âge peinent à nous faire croire).
Pour Earthling, moi, je suis une indécrottable d' OUtside. Par contre, il y a ici 7 years in Tibet qui est certainement l'une de ses dernières très grandes chansons. Mais le diptyque que forme les deux albums reste quand même toujours excitant, y compris par leurs côtés excessifs.
Pur ma part, toujours pas écouté Blackstar. Je me le garde pour plus tard. Quand j'aurais fait le tour de ce que je n'ai pas assez écouté... Comme ça, je me dis que Bowie ne m'a pas encore tout dit.
Dans l'oeuvre de Bowie, ce que j'apprécie, c'est que tout n'est pas forcément parfait, mais même quand cela ne l'est pas, les formes, les idées font qu'on peut y revenir (à part, 50% de Let's Dance, tout Never let me down et 90% de Tonight). Disons que, sinon, quand c'est "moyen", ce n'est pas forcément inintéressant parce qu'il y a cette grande liberté créatrice.
Allez, je me régale de ton commentaire en attendant tes impressions de Tin Machine (surtout du second en fait). Comme toi, je n'ai pas encore écouté Blackstar qui est toujours dans son emballage de plastique transparent, ça viendra et ce sera sans doute l'occasion d'un nouveau théma sur le bonhomme.
SupprimerSinon, pour the Next Day Extra, je te le dis, tu as tort, je trouve que les bonus ne sont pas de seconde classe du tout, je te conseille donc de plonger !
Et pour conclure, je confirme que, dans le Bowie, tout n'est pas bon et qu'il y a même un album qui n'est pas bon du tout (on a le même !) mais que, tout de même, ce grand monsieur s'est rarement fourvoyé ce qui, avec une carrière qui a touché six décennies n'est pas si courant.
J'ai pas eu le temps de tout lire.. je me garde sous le coude pour prendre tes mots.. ceci dit, dans ta sélection, je me vautre chez les TIN .. j'adore ces deux albums.. en fait, via l'actualité, je me dis qu'il ya pas grand chose à renier chez Bowie... mais TIN MACHINE.. quelle récréation fantastique.
RépondreSupprimerPlus qu'une récréation, c'est pour moi une relance "à la cool", sans grosse pression parce que sous le couvert de l'anonymat du groupe. Et ça a fonctionné !
Supprimerj adhere toalement àTin Machine...les médias ont coulés les 2 albums et le live idem pour la VHS à l epoque..
Supprimeré redecouvrir pour ceux qui ont zappé.