lundi 17 juin 2013

Bonus : Another RIP in the Wall

Après la trilogie d'hier vous pensiez peut-être que j'allais faire l'impasse sur un bonus... Que nenni ! Voici donc, en version remasterisée, un pilier de rock culture doublé d'un hommage appuyé à son chanteur récemment disparu.

The Troggs "From Nowhere" (1966)
ou "Presley has left the building"

Ha ! Les Troggs ! C'est un peu le punk avant le punk, une attitude de sales gosses morveux à faire passer les Who pour des premiers communiants, une énergie débordante qui balance aisément la technique sommaire du quatuor, aussi.

Parce que les Troggs ne sont pas des virtuoses, pas même de grands compositeurs comme en témoigne cet inaugural long-jeu composé à moitié de reprises et de l'autre de morceaux qu'on a souvent l'impression d'avoir entendu ailleurs (enfin pour la présente réédition, amalgame des albums anglais et américains). Non, les Troggs c'est avant tout, présentement, une jolie petite machine à distiller la brute arrogance de quatre angliches dont les nippes uniformes de gentils garçons coiffeurs ne sauraient cacher l'effronterie salvatrice.

Evidemment, ici, il y a THE hit, Wild Thing, une reprise tiens donc !, un machin qui ne cherche pas midi à quatorze heures et envoie simplement une bonne décharge tribalement rock'n'roll... Garage Rock... Proto-Punk... Sale et frontal quoi, qui sent la graisse de bécane et le cuir et qu'on sent prêt à en découdre. Croyez-le ou pas, un petit James Osterberg en fut très impressionné et s'en rappela au moment de nous hululer vouloir être notre chien.

Et justement, puisqu'on parle de Pop (compris ?), il n'est pas inutile de mentionner l'autre versant de ces trublions rosbifs débutants qui s'y entendront aussi, via un Reg "cœur de rocker" Presley, pour vous trousser de la jolie ballade pop (exercice manquant sur From Nowhere, pas encore dans l'instrument créatif de Presley, mais qu'il est obligatoire de mentionner ne serait-ce que pour Love Is All Around, qu'on retrouve sur l'album éponyme de 1968) ou, présentement, quelques préciosités proches de scarabées fameux (Hi Hi Hazel,  Jingle Jangle, As I Ride By, etc.), c'est d'époque !

Mais, décidément, c'est quand l'électricité prend le pouvoir que la machine décolle, imparfaits mais diablement sincères, les Troggs ne s'expriment jamais mieux que quand leur viennent d'irrépressibles montées d'adrénaline et c'est tant mieux étant donné que c'est ce que From Nowhere propose généreusement. C'est là, surtout là !, qu'ils nous emportent-ils dans un cave-rock suant et suintant et foutrement trippant ! Wild Thing en est évidemment la quintessentielle expression mais I Lost Girl,  Louie Louie, Ride Your Pony, et quelques autres, relaient dignement l'encombrant tube pour un premier long-jeu satisfaisant de fraicheur et d'énergie.

4 février 2013. Reg Presley, 71 ans s'éteint des suites d'une longue maladie (comme on dit). Il avait cessé tout implication dans la musique une année plus tôt, à la tombé d'un diagnostic final. C'est un petit bout d'histoire qui s'enfuit avec lui et laisse tous les amateurs de rock'n'roll un peu orphelins, R.I.P.

1. Wild Thing 2:34
2. The Yella In Me 2:38
3. I Just Sing 2:09
4. Hi Hi Hazel 2:43
5. Lost Girl 2:31
6. The Jaguar and the Thunderbird 2:01
7. Your Love 1:52
8. Our Love Will Still Be There 3:08
9. Jingle Jangle 2:26
10. When I'm With You 2:23
11. From Home 2:20
12. Louie Louie 3:01
13. The Kitty Cat Song 2:11
14. Ride Your Pony 2:24
15. Evil 3:13
Bonus
16. With A Girl Like You 2:05
17. I Want You 2:13
18. I Can't Control Myself 3:03
19. Gonna Make You 2:46
20. As I Ride By 2:02


Reg Presley - Vocals (RIP, 1941-2013)
Chris Britton - Guitar
Peter Staples - Bass
Ronnie Bond - Drums

5 commentaires:

  1. J'y ai remis sérieusement mon nez dans un super papier de Lester Bangs. Qui raconte aussi le fait divers d'où ils ont tiré leurs noms. Ce groupe d'individu qui graduellement est retourné vivre dans des grottes... En Angleterre et avant le Tunnel!!

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    1. Lester Bangs a fait beaucoup pour les Troggs.
      Lester Bangs a fait beaucoup pour la musique tout court, d'ailleurs.

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  2. J'ai été bien triste le jour de la mort de Reg Presley. J'adore les Troggs. Je l'ai en vinyl celui-là. Les Troggs ont influencé pas mal de monde. Il y avait eu un gros revival Troggs dans les années 80 (grace au label New Rose en France et REM aux USA). Jason Pierce et Spiritualized avaient fait une excellente reprise de Anyway That You Want Me (comme Wild Thing, un titre écrit par le génial Chip Taylor et rendu célèbre par les Troggs) en 1990.

    D'accord avec devant pour la référence à Lester Bangs. Je sais pas si c'était dans Creem ou le Village Voice mais il avait écrit un superbe hommage aux Troggs en 1971, à une époque où les Troggs étaient passés de mode et plus personne n'en parlait. Reg Presley avait le prototype du beautiful loser.

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    1. Tout à fait, un loser magnifique. Qui nous manque.

      Merci pour ce long commentaire Anonyme. Dommage que tu le sois, anonyme... ;-)

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  3. Merci Fracas.
    On ne parlera jamais assez des Troggs, n'est-ce pas ?

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