samedi 6 septembre 2014

80s Metal: de l'agneau au grand méchant loup

Je vais vous raconter une petite histoire, une petite histoire du metal (et de son frangin hard rock) des années 80 en 13, forcément 13 !, groupes (et 17 albums !). Pas forcément les plus référentiels du genre, quoique quelques vrais classiques s'y sont insérés, mais représentatifs du genre et de sa diversité d'alors (qui n'a fait que s'élargir encore depuis). C'est aussi un "test-run" de mes thémas du samedi qui occuperont, en fait, tout le weekend (Dimanche, c'est relâche ou place à un invité). Bref, nous y voici, les gentils, les méchants... Ready? Go!

LES AGNEAUX
 
King Kobra "Thrill of a Lifetime" (1986)
ou "Rockin' on the Radio"

Si le metal des années 80 est marqué par un radicalisme en construction, il est aussi, à l'opposé, victime d'une "poppisation" indéniable avec le fameux "hair metal" (le metal à cheveux exemplifié par Mötley Crüe, Ratt, Poison, Cinderella, j'en passe et des pires) mais aussi par une "FMisation" où la guitare disparaît parfois sous d'omniprésents synthétiseurs comme sur ce second opus de King Kobra, formation fondée par l'ex-Vanilla Fudge/Cactus (etc.) Carmine AppiceThrill of a Lifetime. On peut le dire, entre ceux qui défouraillent sévère, les tenants du Temple, les garçons coiffeurs et les douces mélopées à visée radiophonique, le gouffre se creuse. C'est le sel d'un genre mais aussi sa limite quand, d'une micro-chapelle à une autre, les divisions lézardent ce qui fut, naguère, une communauté soudée.
Prenez ce King Kobra, il est loin d'être mauvais, et même souvent mélodiquement implacable (essayez voir de vous retirer le refrain d' Iron Eagle (Never Say Die) de la tête), mais finalement si peut griffu qu'on peinerait presque à l'accepter dans le genre (encore plus quand le groupe flirte avec le rap et la funk sur Home Sweet Home). Gentil, propre sur lui, il est au metal ce que Vanilla Ice est au hip-hop, un succédané grand public, racoleur en diable qu'on a presque honte d'apprécier mais qu'on écoute tout de même parce que ça fait du bien, parfois, un peu de légèreté. Alors, évidemment, dans le genre, ce n'est pas exactement l'album de référence mais indéniablement une bonne galette et production représentative de la tendance AOR du hard'n'heavy d'alors.
Si vous êtes clients de ce type de machin, n'hésitez pas, sinon, passez directement au suivant.

1. Second Time Around 4:08
2. Dream On 4:29
3. Feel the Heat 3:58
4. Thrill of a Lifetime 4:12
5. Only the Strong Will Survive 4:00
6. Iron Eagle (Never Say Die) 3:32
7. Home Street Home 4:20
8. Overnight Sensation 4:19
9. Raise Your Hands to Rock 3:47
10. Party Animal 3:57
Bonus
11. This Raging Fire 4:08

Mark Free - lead vocals
David Michael-Philips - guitar
Mick Sweda - guitar
Johnny Rod - bass
Carmine Appice - drums
Duane Hitchings - keyboards


King's X "Gretchen Goes to Nebraska" (1989)
ou "Black Sheep in the Family"

Dans le genre atypique, adulé par la presse et quelques afficionados mais largement, honteusement !, négligé par la masse chevelue des adorateurs de hard'n'heavy, culte quoi !, King's X se pose un peu là !
Pensez, un trio, mené par un chanteur/bassiste black arborant un coupe iroquoise (Doug Pinnick, qui abandonnera sa foi et fera son coming-out bien des années plus tard), aimant autant les riffs qu'une certaine idée du groove ou que les cœurs à la Beatles... Le cul entre tellement de chaises que l'équilibre, le potentiel commercial, la "vendabilité", en devient plus qu'instable, carrément précaire !
Mais la qualité est là, aucun doute là dessus. Déjà parce que ces trois-là s'y entendent pour trousser une mélodie, ensuite parce que l'assemblage de leurs trois organes vocaux et de leurs dons respectifs d'instrumentistes, à ne surtout pas minimiser, fonctionne admirablement. Enfin parce que, innovant dans un genre qui se sclérose, irrémédiablement pense t'on, ils amènent une vraie bouffée d'air frais à une scène qui n'en avait que trop besoin. C'est sans doute là la confusion sur un groupe parfois assimilé au prog-metal quand, en fait, il fait progreser le metal, le hard rock, la nuance est de taille.
Sur l'album proprement dit, leur second, il est communément accepté qu'il s'agit d'une de leurs plus belles réussites, un opus magnifiquement joué, arrangé, produit où pas une chanson ne vient ternir le tableau. Un album nettement plus varié et maîtrisé que leur salve originelle aussi, om l'on croise pèle-mêle Black Sabbath, les Beatles, Sly & the Family Stone, Jimi Hendrix voire Crosby Still Nash & Young, rien que ça ! Avec la vraie personnalité du power trio présentement très forte, concrétisant la fusion, évidemment. Typiquement, en fait, c'est le genre de galette qu'on conseillera à ceux qui se croient allergiques au hard'n'heavy alors qu'ils ne sont, tout simplement, pas encore tombés sur la bonne ouverture, la petite perle capable de tisser sa toile en improbable pont (drôle d'image). Elle est là, dans ce Gretchen Goes to Nebraska, secret trop bien gardé, merveilleux album, Grand Album !
Qu'importe, à partir de là, que l'album soit en fait un vague concept christiano-compatible bâti autour d'une nouvelle écrite par le batteur (incluse au livret), Jerry Gaskill, quoique ceci contribue probablement à la profondeur de l'album, tout ça à trois, c'est fort, très très fort.. Et très chaudement recommandé, forcément !

1. Out of the Silent Planet 5:44
2. Over My Head 4:47
3. Summerland 3:17
4. Everybody Knows a Little Bit of Something 3:57
5. The Difference (In the Garden of St. Anne's-on-the-Hill) 3:08
6. I'll Never Be the Same 4:56
7. Mission 5:01
8. Fall on Me 4:05
9. Pleiades 4:41
10. Don't Believe It (It's Easier Said Than Done) 3:07
11. Send a Message 4:02
12. The Burning Down 5:35

Doug Pinnick – lead vocals, bass
Ty Tabor – guitar, vocals
Jerry Gaskill – drums, vocals


Helix "Walkin' the Razor's Edge" (1984)
ou "Les canadiens rockants"

Les AC/DC du hair metal ? Y a de ça !
Hélix sont canadiens, n'ont jamais eu le succès qu'ils méritaient et sont, alors, au sommet de leur "art". Oui, des guillemets à art parce que, c'est l'évidence, cette musique n'a d'autre prétention que de vous amuser avec es compositions accrocheuses, divertissantes.
Evidemment, tout ceci n'est pas bien sérieux mais là n'est visiblement pas le propos. Il suffit d'ailleurs d'examiner les thèmes de paroles d'une rare légèreté (les filles, le rock, basiquement) pour s'en convaincre. Et alors ? Y-a-t 'il du mal à se faire du bien ? Assurément pas. Surtout quand, comme sur ce délicieux Walkin' the Razor's Edge, l'affaire est aussi rondement menée avec, en tête de gondole, des titres aussi réussis que Rock You, When the Hammer Falls, Gimme Gimme Good Loving ou la power-ballad (Make Me Do) Anything You Want, autant de preuves qu'on peut faire du léger, du fun en diable tout en gardant une certaine légitimité hard-rockante. 
Gimme an R (R!)
 O (O!)
 C (C!)
 K (K!)
 Whatcha got? (Rock!)
 And whatcha gonna do? (Rock you!)
... Et secouez vous chevelures, où ce qu'il en reste, au rythme d'un groupe qui ne vous veut que du bien, ce n'est pas plus compliqué que ça !

1. Rock You 2:51
2. Young & Wreckless 3:22
3. Animal House 2:57
4. Feel the Fire 3:13
5. When the Hammer Falls 3:02
6. Gimme Gimme Good Lovin' 3:25
7. My Kind of Rock 2:54
8. (Make Me Do) Anything You Want 4:07
9. Six Strings, Nine Lives 3:14
10. You Keep Me Rockin' 3:38
Bonus
11. Young & Wreckless (live) 3:25
12. Rock You (live) 4:14
13. Animal House (live) 3:32

Brian Vollmer - lead vocals
Brent "The Doctor" Doerner - guitars, vocals
Paul Hackman - guitars, vocals
Daryl Gray - bass guitar, vocals
Greg "Fritz" Hinz - drums
&
Spider Sinnaeve - additional bass


LES CHIENS DE GARDE

The Michael Schenker Group "One Night at Budokan" (1982)
ou "Also sprach Michael"

Transfuge de Scorpions (sur l'inaugural Lonesome Crow) et d'UFO (dont il reste le guitariste de référence), Michael Schenker est alors capitaine de son propre navire. Un fier bâtiment qui, tenant d'un certain classicisme hard rockant 70s remis au goût du jour des naissantes années 80, triomphe un peu partout mais plus particulièrement au Japon où est d'ailleurs enregistré ce double live, One Night at Budokan.
Le Michael Schenker Group, belle modestie patronymique !, n'a alors que deux (bons) albums dans sa manche mais déjà l'aura de légitimité du patron et des musiciens de son groupe - le très utile lieutenant Paul Raymond, guitariste rythmique, claviériste et choriste, transfuge d'UFO comme Schenker; Cozy Powell derrière les fut, qui a joué ou jouera avec à peu près tout le monde avant son triste décès de 1998; le solide bassiste, ex-Sensational Alex Harvey Band, Chris Glen; et un chanteur alors débutant, Gary Barden, mais à la voix (d'or) tout à fait appropriée au registre de la formation - pour asseoir une certaine réputation et, donc, avoir l'honneur de tourner en tête d'affiche dans de grandes salles pleines comme des œufs.
Ce n'est que justice à l'écoute de ce hard rock fin, racé, où les éclairs du guitare-héro, le seul dont l'auriculaire gauche reste fermement inusité, feront le bonheur des amateurs de belle guitare, où des compositions, déjà solides dans leur version studio, acquièrent un supplément d'âme habitée qu'elles sont par leurs interprètes lors de leur performance du Budokan de Tokyo du 12 août 1981. Belle captation en plus, avec sans doutes quelques retouches studio pour nettoyer quelques inévitables pains, claire, précise, avec un public mixé juste comme il faut pour être réellement présent sans être trop envahissant. Une excellente alternative aux deux premiers albums studio de MSG avec, en plus, une belle reprise d'UFO (Doctor, Doctor). Et les bonus de rigueurs, qui ne sont pas inutiles sans être tout à fait affolants (beau solo de Cozy quoiqu'un peu longuet).
En bref ? Du classique, du solide, de l'inspiré par quelques grands professionnels ayant parfaitement, naturellement, su s'adapter au goût du moment livrant une performance pleine de vie et de passion. Un vrai bon live, donc.

CD 1
1.Intro 1:31
2. Armed and Ready 4:52
3. Cry for the Nations 5:30
4. Attack of the Mad Axeman 5:04
5. But I Want More 7:22
6. Victim of Illusion 6:14
7. Into the Arena 4:54

CD 2
1. On and On 5:35
2. Never Trust a Stranger 5:36
3. Let Sleeping Dogs Lie 7:17
4. Tales of Mystery 3:50*
5. Cozy Powell Drum Solo 11:23*
6. Courvoisier Concerto 3:35
7. Lost Horizons 7:30
8. Doctor Doctor 6:18
9. Are You Ready to Rock 6:39
*bonus

Gary Barden - lead vocals
Michael Schenker - guitar
Paul Raymond - rhythm guitar, keyboards, backing vocals
Chris Glen - bass
Cozy Powell - drums


Saxon "Solid Ball of Rock" (1991)
ou "Les vétérans à la relance"

On n'est plus dans les 80s, décennie où Saxon a excellemment démarré avant de se perdre dans les compromissions et une inspiration amoindrie. On pourrait y être cependant parce que Solid Ball of Rock est totalement un album de relance, un regroupement sur des fondamentaux hard'n'heavy que la formation n'a que trop délaissés.
 Il faut dire que Saxon a quelques albums à se faire pardonner par des fans dont les rangs se sont peu à peu dépeuplés alors que la manœuvre avait le but absolument inverse, un beau gâchis quoi qui culmine avec l'FMiné Destiny, un album aux griffes tellement émoussées qu'elles en sont devenu indétectables. Dans ce contexte, indéniablement, Solid Ball of Rock est une excellente nouvelle quand il sort en 1991. Une bonne nouvelle qui passera hélas presque inaperçu dans une scène metal toute chamboulée par l'explosion grunge. Une bonne nouvelle mais pas une grande nouvelle parce que la route est encore longue pour que ces vétérans de la New Wave of British Heavy Metal retrouvent tout l'allant de leurs jeunes années comme exemplifié par, entre autres, une chanson d'ouverture bien troussée mais pas encore tout à fait aussi acérée qu'on le souhaiterait. Mais il y a, présentement, suffisamment de matériau rentre-dedans, d'Altar of the Gods à Lights in the Sky en passant par Baptism of Fire ou Crash Dive, pour se convaincre que, cette fois-ci, c'est bon, Saxon a bien compris la leçon. Et bien recruté en la personne de Nibbs Carter (nouveau bassiste de la bande et auteur de 5 des 11 titres de l'album, et même 6 avec le bonus Reeperbahn Stomp) histoire d'amener un peu de sang frais à la machine.
Pas miraculeux, ce n'est pas Strong Arm of the Law ou Wheels of Steel, mais loin de l'indignité dans laquelle s'était vautré Saxon, Solid Ball of Rock est une première marche vers la reconquête, et l'actuel statut de légende vivante du groupe. Utile, et recommandé.

1. Solid Ball of Rock 4:35
2. Altar of the Gods 3:30
3. Requiem (We Will Remember) 5:16
4. Lights in the Sky 4:03
5. I Just Can't Get Enough 4:34
6. Baptism of Fire 3:08
7. Ain't Gonna Take It 4:47
8. I'm on Fire 4:24
9. Overture in B-Minor/Refugee 5:42
10. Bavarian Beaver 1:17
11. Crash Dive 4:21
Bonus
12. Requiem (We Will Remember) (single version) 4:43
13. Reeperbahn Stomp 3:26

Biff Byford - vocals
Graham Oliver - guitar
Paul Quinn - guitar
Nibbs Carter - bass
Nigel Glockler - drums


Queensrÿche "Queensrÿche" (1983)
Queensrÿche "Operation: Mindcrime" (1988)
ou "Profectum semper"

Des leaders en devenir.
Dès un premier EP autoproduit, presque aussitôt récupéré par EMI, c'est l'évidence, Queensrÿche a quelque chose de plus. Le chant de ténor metal de Geoff Tate ? Sûrement. L'alliance de deux guitaristes capable de rivaliser avec les plus belles paires du genre (DeGarmo et Wilton, aussi bons que Smith & Murray, que Downing & Tipton) ? Aussi. Que les compositions ont ce je-ne-sais-quoi de plus fédérateur que la moyenne ? Itou. Qu'en plus ils pratiquent un genre, un heavy metal racé où pointent déjà quelques nuances progressives, qui a le vent en poupe ? Surtout.
Quatre titres, quatre belles preuves d'une formation à l'énorme potentiel dont deux classiques que le groupe continuera de jouer régulièrement (Queen of the Reich, The Lady Wore Black). Dans sa réédition remasterisée, on retrouve en plus, c'est d'ailleurs un vrai bonheur, un live enregistré lors de leur petite journée japonaise, juste avant la sortie d'un premier vrai album, The Warning qui finira de les installer parmi les potentiellement futurs grands.
Un premier pas, un grand pas.
Des leaders tout court.
En 1988, Queensrÿche a connu de nombreux soubresauts. Porté au pinacle pour leurs premiers EP et album, cloué au pilori pour leur relecture new-waveuse de la chose metal (l'exceptionnel Rage for Order, où ils se rapprochent du Rush de la même époque), le groupe revient avec Operation: Mindcrime et un heavy plus orthodoxe sans, toutefois, avoir tout à fait abandonné son ambition.
Parce que c'est d'un concept album dont il s'agit, avec une vraie histoire, un déroulé filmique, des invités pour donner un peu de substance aux différents personnages intervenant, un chœur pour offrir une dimension plus opératique à l'œuvre, et même un support orchestral discret mais efficace (n'intervenant que quand il faut, comme il faut) dirigé par le référentiel Michael Kamen. Fondamentalement, c'est tout de même un peu un retour vers le passé, un album de (bon) heavy metal classique d'un Queensrÿche qui a essayé, et s'est fait vertement tancer. Ca n'en retire rien à la qualité de la chose, elle est indéniable, mais laisse un goût de "et si...". Et si Rage for Order avait été un carton ? L'histoire aurait probablement été toute autre...
Et, d'ailleurs, Queenrÿche poursuivra son évolution (profectum, semper !) dès l'album suivant, Empire, avec, cette fois, une vraie réussite commerciale ET artistique. Il n'en reste pas moins qu'Operation: Mindcrime, vrai classique, album révéré par les amateurs de heavy metal en général et de prog metal en particulier, album aussi à créditer du lancement populaire du sous-genre, est une excellente galette contenant d'excellentes chansons pour un excellent concept.
Excellent ? Je ne vous le fais pas dire !

-Queensrÿche
1. Queen of the Reich 4:21
2. Nightrider 3:47
3. Blinded 3:06
4. The Lady Wore Black 6:13
Bonus
Live at the Nippon Seinenkan in Tokyo, Japan (5 August 1984)
5. Nightrider 4:32
6. Prophecy 3:59
7. Deliverance 3:40
8. Child of Fire 4:36
9. En Force 5:48
10. Blinded 3:26
11. The Lady Wore Black 7:01
12. Warning 4:56
13. Take Hold of the Flame 5:12
14. Queen of the Reich 5:19

Geoff Tate – lead vocals
Chris DeGarmo – guitars, lead guitar on "Queen of the Reich" and "The Lady Wore Black", backing vocals
Michael Wilton – guitars
Scott Rockenfield – drums
Eddie Jackson – bass, backing vocals

-Operation: Mindcrime
1. I Remember Now 1:17
2. Anarchy—X 1:27
3. Revolution Calling 4:42
4. Operation: Mindcrime 4:43
5. Speak 3:42
6. Spreading the Disease 4:07
7. The Mission 5:45
8. Suite Sister Mary 10:41
9. The Needle Lies 3:08
10. Electric Requiem 1:22
11. Breaking the Silence 4:34
12. I Don't Believe in Love 4:23
13. Waiting for 22 1:05
14. My Empty Room 1:25
15. Eyes of a Stranger 6:39
Bonus
16. The Mission (Live 1990) 6:11
17. My Empty Room (Live 1994) 2:43

Geoff Tate - vocals, keyboards, whistles and blurbs
Chris DeGarmo - electric guitars, 6 and 12 strings acoustic guitars, lap steel and GK-1 synth guitars
Michael Wilton - electric guitars, 6 and 12 strings acoustic guitars, Stereo Ripley guitars
Eddie Jackson - bass guitar
Scott Rockenfield - drums, percussion, keyboards on "Electric Requiem"
&
Pamela Moore - as Sister Mary
Anthony Valentine - as Dr. X
Debbie Wheeler - as the Nurse
Mike Snyder - as the Anchorman
Scott Mateer - as Father William
The Moronic Monks of Morin Heights - choir
Michael Kamen - orchestral arrangement, choir and cellos conductor


Fifth Angel "Fifth Angel" (1986)
Fifth Angel "Time Will Tell" (1989)
ou "Rise & Fall"

La saga de Fifth Angel, c'est la petite histoire typique du groupe qui n'a pas eu de chance, sans doute parce que trop tardivement arrivé aux affaires avec un son, un style qui n'allait pas tarder à se démoder dramatiquement.
C'est aussi l'histoire trop connue de petits agneaux musiciens sacrifiés sur l'autel du profit immédiat par la politique, la logique à terme suicidaire, de majors gérées par des comptables ne voyant que les marges dégagées, les bénéfices nets... Un beau gâchis.
Entamant sa carrière par une première livraison certifiée label rouge, la formation pratique un power metal américain de la seconde moitié des années 80 absolument typique, un peu cousin de Queensrÿche (figure tutélaire), pas si loin d'Armored Saint ou de Judas Priest (pour les racines) et encore plus d'Heir Apparent ou de Crimson Glory, collègues contemporains, et qui n'a pas grand chose à voir avec son pendant européen initié par Helloween et ses refrains "fête de la bière à Munich" donc. Un machin viril mais pas dénué de finesse, la belle planquée sous la bête, en somme. Et que ça te riffe, que ça te balance du bon gros solo millimétré, que le chanteur a les "oups" coincées dans la porte (juste ce qu'il faut) pour arracher de telles vocalises (ce qu'il fait très bien, le dénommé Ted Pilot), et qu'évidemment la rythmique tient solidement la baraque. Sur des compos de qualités, avec des paroles plutôt moins idiotes que la moyenne, d'ailleurs...
D'ailleurs, c'est ce tour de force inaugural qui attirera les oreilles fines, quel or est-il ?, de ces messieurs de chez Epic et la sortie d'un second opus, Time Will Tell.
Outre le mineur changement de personnel, on y retrouve bien le Fifth Angel de l'éponyme. Bien mais pas tout à fait intouché, inviolé par les pattes de ceux qui ont "acheté" la voiture de leurs rêves mais ne résistent pas, néanmoins, à la "tuner", à son corps défendant. Parce qu'il faut au moins un single, un machin suffisamment radiophonique pour qu'on puisse fourguer des wagons de la petite merveille. Alors, forcément... Forcément, c'est un poil moins couillu, plus pro mais finalement moins enthousiasmant, ce n'est plus tout à fait la belle jeune fille à la beauté naturelle maintenant qu'elle est (trop) maquillée, apprêtée. Et donc un son plus slick, une petite ballade qui va bien, une petite reprise pour attirer le chaland (d'UFO, Lights Out) et quelques refrains plus accrocheur pour bonne mesure. Ca reste du très bon power metal américain, juste un poil en-dessous de l'enthousiasme juvénile, plein de sève, de leur cru 1986.
Et puis il arrive trop tard, 1989 !, en queue de peloton d'un metal triomphant au bord de l'essoufflement. Le grunge viendra tout mettre à terre, bientôt. Trop tôt pour Fifth Angel qui pliera les  gaules la même année, démis par leur maison de disques (pas assez profitable !), rongé par des querelles intestines miné qu'il est par le désintérêt général du public pour leur pourtant excellente musique et l'implacable logique du système "majors" alors implémenté.
Restent deux albums réussis et recommandés aux amateurs de heavy de qualité par un groupe qui aurait dû, qui aurait pu... Vous connaissez la suite.

- Fifth Angel
1. In the Fallout 3:55
2. Shout It Out 4:27
3. Call out the Warning 3:34
4. Fifth Angel 4:04
5. Wings of Destiny 4:39
6. The Night 4:45
7. Only the Strong Survive 3:48
8. Cry out the Fools 4:23
9. Fade to Flames 4:04

Ted Pilot - Vocals 
James Byrd - Guitars 
Ed Archer - Bass, Guitars 
Ken Mary - Drums

- Time Will Tell
1. Cathedral 4:08
2. Midnight Love 4:38
3. Seven Hours 4:51
4. Broken Dreams 4:56
5. Time Will Tell 4:23
6. Lights Out 4:05
7. Wait for Me 4:48
8. Angel of Mercy 4:32
9. We Rule 3:32
10. So Long 4:48
11. Feel the Heat 3:55

Ted Pilot - Vocals 
Ed Archer - Guitars 
Kendall Bechtel - Guitars 
John Macko - Bass 
Ken Mary - Drums 


King Diamond "Abigail" (1987)
ou "Alice aux Pays des Bouchers"

Séparé  d'avec le groupe qui l'a rendu célèbre, Mercyful Fate, ayant déjà plus correctement lancé sa carrière solitaire avec un premier album à réévaluer, l'excellent Fatal Portrait, c'est réellement avec Abigail et son concept horrifique que le danois Kim Bendix Petersen alias King Diamond établit son style.
Son style qui revisite les classiques de la Hammer sur un heavy metal opératique où sa voix si particulière est, évidemment, le centre de toutes choses. Parce que c'est bien là l'élément déterminant, celui qui sépare King Diamond de la masse des vocalistes de metal, cette capacité à ressembler tour à tour à une vierge effarouchée, à un cochon qu'on conduit à l'abattoir et à Rob Halford. C'est cet organe peu commun qui lui permet d'habiter ses histoires de fantômes, de possessions, de manoirs flippants sous une lune blafarde. Parce que King Diamond, à partir de l'album qui nous intéresse, ce n'est plus seulement de la musique mais bel et bien la bande-son des obsessions culturelles d'un homme.
Un homme bien secondé par un groupe aux petits oignons donnant corps et vie à ses compositions. On citera bien évidemment le guitariste et coproducteur de la chose, Michael Denner avec qui le King a déjà joué dans Mercyful Fate, mais aussi l'autre six-cordistes, et soliste émérite et lieutenant fidèle, alors nouveau venu mais qui suivra son patron comme son ombre tout au long de sa carrière (Andy LaRoque), et un batteur (depuis plus de vingt ans dans Motörhead) possédant la versatilité et l'allant nécessaire pour rythmer l'affaire, Mickey Dee. Une fine équipe, vraiment.
Une fine équipe qui ne serait rien sans la musique fomentée et produite par Petersen, parce qu'Abigail, c'est avant tout et surtout une sacrée galette de heavy metal à se faire peur, avec les bruitages, les ambiances, les claviers servant à texturer le tout, à lui donner toute sa substance. Une vraie réussite qui installera définitivement King Diamond comme un héritier plus que potentiel d'Alice Cooper avec qui il partage un même goût de performances scéniques théâtralisées à l'extrême.
Un album qui fait date donc, un classique, peut-être même le meilleur de toute la carrière de son auteur et donc chaudement recommandé.
 
1. Funeral 1:30
2. Arrival 5:26
3. A Mansion in Darkness 4:34
4. The Family Ghost 4:06
5. The 7th Day of July 1777 4:50
6. Omens 3:56
7. The Possession 3:26
8. Abigail 4:50
9. Black Horsemen 7:40
Bonus
10. Shrine 4:24
11. A Mansion in Darkness (rough mix) 4:36
12. The Family Ghost (rough mix) 4:10
13. The Possession (rough mix) 3:31

King Diamond – vocals
Andy LaRocque – guitar
Michael Denner – guitar
Timi Hansen – bass guitar
Mikkey Dee – drums
&
Roberto Falcao
– keyboards


LE "REGIONAL DE L'ETAPE"
...un bon toutou

Vulcain "Desperados" (1985)
Vulcain "Big Brothers" (1986)
ou "L'alternative"

Alors que Trust a plié les gaules, que le simple fait de sortir un troisième album relève de l'exploit pour une formation de hard rock/heavy metal française (Vulcain seront d'ailleurs les premiers à y accéder, depuis Warning et Trust évidemment, en 1986 avec Big Brothers), il est des groupes sur qui ont n'aurait à priori pas misé une sesterce, qui font leur petit bonhomme de chemin en bons ouvriers d'un certain hard rock/heavy metal nerveux juste ce qu'il faut, et en français, messieurs dames.
Sur la foi d'un premier opus (Rock'n'roll Secours) très réussi, qui les vit auréolés du qualificatif de Motörhead français - et il y a de ça avec la voix caverneuse de Daniel Puzio  et une certaine idée d'un heavy bien rockant partagé avec la bande de Lemmy -, les petits gars de Vulcain remettent leur son sur l'ouvrage et accouchent d'un Desperados... différent. Sans tout à fait perdre tout de sa verve, les banlieusards ont quand même un peu de mal à renouveler le bon coup de leur précédent opus. On y retrouve tout de même quelques bonnes attaques (Blueberry Blues, la meilleure d'icelles, Fuck the Police et sa basse surpuissante, Sweet Lorraine à la limite, Soldat plus sûrement) et quelques autres moins convaincantes. Et des morceaux qui, plus nuancés, reposant moins systématiquement sur la vitesse et des décibels hurlants comme cache misère d'un songwriting pas toujours très inspiré, constituent paradoxalement, alors qu'on veut du Motörhead en VF, c'est évident !, la bonne surprise de ce second long-jeu. On citera Richard, un mid-tempo solide, Comme des Chiens et son shuffle presque Saxonien, et la tentative de power-ballad  Si tu bats de l'aile où on regrette juste la limite du chant éraillé de Daniel Puzio.
Sans doute une piste à suivre tant la formation démontre présentement ses limites dans l'exercice du "fait à la mode de..." sur un album mi-figue mi-raisin qu'on était quand même content d'accueillir, à l'époque, parce que soutenir sa scène, pour larguée qu'elle soit, avait un sens.
S'en sont-ils aperçu ? Ont-ils, pas si bête qu'on les croyait, compris l'erreur de revouloir faire pareil quand on a fait si bien, Vulcain change ! Sous la houlette d'Elie Benali, producteur et principal parolier de l'album, le quatuor ose être lui-même quitte à se prendre une volée de bois vert.
Ca donne Big Brothers, leur troisième album à la pochette, il faut bien l'avouer, particulièrement ridicule. Et c'est dommage parce que c'est mal emballer ce qui est, en définitive, une belle réussite avec de vraies surprises, une inclinaison bluesy (et carrément blues sur l'hommage à Coluche, Jeudi 19 Juin, leur Putain de Camion à eux et le plus anecdotique mais néanmoins sympathique Drôle de Jeux), un joyeux intermède countrysant (l'excellent, drolatique si pas très léger Marylou), pas mal de "presque-Trust" puisque la place est vacante (Khadafi, Soviet Suprême, 22), et bien sûr quelques attaques "comme chez Lemmy" (dont Les Plaisirs Solitaires et Faire du Rock, qui porte bien son titre, sont les plus accomplis) et même, cerise sur le gâteau, une reprise de Dutronc (On nous cache tout, on nous dit rien) qui tient plutôt très bien la route. Pas mal tout ça.
La suite attendra trois ans, avec juste le live à la Loco (Live Force) comme accessoire intermède, et surprendra encore plus son monde. Mais ça, c'est une autre histoire.

- Desperados
1. Approche (instrumental) 0:35
2. Blueberry Blues 3:41
3. Richard 4:46
4. Sur la Route 5:27
5. Comme des Chiens 3:22
6. Fuck the Police 3:33
7. Sweet Lorraine 3:56
8. Le Verre de Trop 3:36
9. Si Tu Bats de l'Aile 6:29
10. Pour un Soir 3:07
11. Soldat 4:16

- Big Brothers
1. Khadafi 4:19
2. Le Soviet Suprême 4:25
3. Les Plaisirs Solitaires 3:35
4. Drôles de Jeux Daniel 5:52
5. On Nous Cache Tout On Nous Dit Rien 3:21
6. Faire du Rock 4:19
7. Grand Prix 3:37
8. 22 4:13
9. Marylou 3:02
10. Jeudi 19 Juin 7:00

Daniel Puzio - chant et guitare
Didier Lohezic - guitare
Vincent Puzio - basse et chœurs
Marc Varez - batterie et chœurs


LES GRANDS MECHANTS LOUPS

Raven "Nothing Exceeds Like Excess" (1988)
ou "Brits on Speed"

Ils sont anglais, ils sont trois, ils aiment le rock qui va à 200 à l'heure, et arrache tout, construit sur des riffs péri-métalliques qui sont un bon carburant... Et non, ce n'est pas de Motörhead dont il s'agit mais bel et bien de Raven, le groupe des autres frères Gallagher (ceux-ci même qu'on ne doit pas confondre avec les deux têtes de c... au nom de boisson fruitée).
Comment-ça vous ne connaissez pas Raven ? Pourtant, depuis les débuts des années 80, les deux frangins et leur batteur d'élection du moment (y aura du mouvement avant l'arrivée de Joe Hasselvander), membres, et pas des moindres, de la New Wave of British Heavy Metal, ont imposé leur vision "toute nuancée" d'un rock'n'roll barbare et réjouissant ! Alors, oui, il y a bien eu, 3 petites années avant l'album qui nous intéresse, une tentative, une tentation de quelque chose de plus commercial (The Pack Is Back, un vrai flop mais pas un si mauvais album), c'est bien tout ce qu'on peut reprocher à une formation sinon restée fidèle à une approche testostéronée et sans concession de la chose hard'n'heavy. D'ailleurs, quand sort en 1988 Nothing Exceeds Like Excess, ils ont déjà rectifié le tir sur un "poétique et finaud" Life's a Bitch, écartant le faux-pas précité et ramenant leur power-trio dans un registre qui lui sied bien mieux, et rassuré ce faisant ceux qui pensaient les avoir perdu.
Cette seconde salve de relance arrive donc sans qu'on ne doute un seul instant de son contenu, reste à juger de sa qualité. Et là, c'est un vrai "ouf" de soulagement parce que l'essai du précédent (vraiment bon sans être tout à fait exceptionnel) est plus que transformé sur ce qui demeure une des plus belles galettes de la formation, un machin lourd, rapide, agressif, porté par la voix de sirène d'alarme de John (également bassiste), les guitares en fusion de Mark (riffs efficaces, soli inspirés), et la batterie de Joe (à la Phil "Animal" Taylor, la double grosse caisse en sus). Et des compos qui font mouche, toutes !, en ne cherchant surtout pas à se compliquer la tâche ou à innover. Le tout servi par une production mettant parfaitement en valeur la belle, l'énorme énergie du combo.
Culte dans la scène, le vrai succès leur échappant systématiquement, inoxydables puisque toujours en activité (avec le même line-up depuis cet album, justement), Raven est une force à réévaluer, un groupe généralement seulement connu pour son grand classique (All for One) mais dont la majeure partie de la discographie en impose. De la seconde division ? Il en faut, et celle-ci a tout d'une grande. Laissez vous donc tenter par ces "Brits on speed" et plus particulièrement par leur cru 1988, vous ne le regretterez pas !
 
1. Behemoth 1:05
2. Die for Allah 4:58
3. Gimme a Break 3:19
4. Into the Jaws of Death 6:08
5. In the Name of Our Lord 3:46
6. Stick It 3:10
7. Lay Down the Law 4:45
8. You Gotta Screw Loose 4:22
9. Thunderlord 4:30
10. The King 4:25
11. Hard as Nails 5:06
12. Kick Your Ass 3:18
bonus
13. Lay Down the Law (live bootleg)

John Gallagher - bass, vocals
Mark Gallagher - guitar, backing vocals
Joe Hasselvander - drums, backing vocals


Anthrax "Among the Living" (1987)
ou "metal thrashin' mad"

C'est le magnum opus de leur carrière, celui qu'on conseille sans même avoir à y penser à toute personne s'enquérant de la formation new-yorkaise, un vrai grand classique du thrash metal étatsunien, une BOMBE !
Anthrax est déjà un nom quand sort, en 1987, l'album à l'austère pochette (assez laide, en fait) qui va les porter au pinacle, leur affirmer, ad-vitam, une place pérenne dans le Big Four: Metallica, Slayer, Megadeth, et eux !, les petits blue-collar thrashers de l'East Coast. 
Mais Anthrax est aussi, surtout, une voix différente dans le thrash d'alors. Sans doute parce qu'au chant nerveux de leurs collègues, ils préfèrent la sirène plus typiquement heavy metal d'un vocaliste capable de tenir une mélodie et qu'ils ont trouvé, en Joey Belladonna, l'homme idéal. Mais aussi parce qu'Anthrax est fun ! Parce qu'Anthrax, biberonné au New York Hard Core qu'ils ont, a développé un art du pont instrumental à danser, mosh !, et qu'ils le font vachement bien. Enfin parce que, présentement, ils ont pondu le matériel parfait, leurs compositions les plus inspirées, et que, parfois, le bon travail paye.
Après, il faudrait détailler les mérites de chaque instrumentiste, chacun parfait à son poste, les qualités de chaque composition avec la petite description qui va bien, parler de la prod (le point faible quoique moins dans ce remaster), et tutti quanti. En moins de mots, mais autant de sentiment, je vous dirai ceci : Among the Living est le meilleur album de thrash américain, peut-être même planétairement, Among the Living est ce qu'il est convenu d'appeler un classique inoxydable, un truc qui se passe d'une génération de chevelus à la suivante. Oui, plus que Master of Puppets, plus que Reign in blood, plus que Rust in Peace ou tout autre vraiment, c'est une pièce référentielle d'un groupe qui a connu bien des bas mais qui, sur cet opus, tutoie les étoiles.

1. Among the Living 5:16
2. Caught in a Mosh 5:00
3. I Am the Law 5:57
4. Efilnikufesin (N.F.L.) 4:54
5. A Skeleton in the Closet 5:32
6. Indians 5:40
7. One World 5:56
8. A.D.I./Horror of It All 7:49
9. Imitation of Life 4:22
Bonus
10. Indians (alternate lead) 5:39
11. One World (alternate take) 5:55
12. Imitation of Life (alternate take) 4:26
13. Bud E Luv Bomb and Satan's Lounge Band 2:45
14. I Am the Law (live in Dallas) 6:03
15. I'm the Man (instrumental) 3:04

Joey Belladonna – lead vocals
Dan Spitz – lead guitar
Scott Ian – rhythm guitar, backing vocals
Frank Bello – bass guitar, backing vocals
Charlie Benante – drums


Venom "Welcome to Hell" (1981)
Venom "At War with Satan" (1984)
ou "Affreux, sales et méchants"

Affreux, sales et méchants, c'est tout Venom, ça ! Diable, ils ont même eu les honneurs de la "Naughty 15 list" du PMRC (mené par Mme Gore qui s'inquiétait du contenu de certaines musiques et de leur néfaste influence sur ces chères têtes blondes) !
En 1981, le trio commet son premier méfait, Welcome to Hell, rien que ça !
Forcément, hors contexte, ça perd un peu de son sel, de cette odeur de souffre quand, adolescent, on se prend ça pour la première fois en pleine face. Le machin le plus radical, le plus bestial, pas loin d'être le plus laid aussi, primaire !, speedé ! Dans ta face !
Avec les outils de l'expérience, le recul des ans, évidemment... c'est autre chose. Une sorte de Motörhead sous amphétamines joués pas des (dé)soudeurs pas finauds mais diablement convaincu de leur fait et y mettant tout leur cœur. Comme de bien entendu, tout ceci est dédié au culte du Grand Cornu, mais c'est pour de rire, le gimmick du groupe comme Blind Guardian a Middle Earth ou Stryper son petit jésus...
Venom, en 1981, c'est bête, c'est laid, c'est méchant et c'est ça qui est vachement réjouissant, parce que ça défouraille encore sévère en 2014, que Welcome to Hell, Live Like an Angel (Die Like a Devil), Angel Dust, In League with Satan sont autant de disgracieuses pépites, et que la version bien remasterisée et généreusement bonussée en rajoute encore avec des singles (Bloodlust, In Nomine Satanas en bombinettes !), des démos, des outtakes. Gros plat bien "livreté"  avec une présentation biographique de l'album, des articles d'époque (lisibles à la loupe) mais... pas les textes des chansons !, qu'on peut trouver sur la toile, je sais, mais quand même... Bref, Welcome to Hell est un classique, prenez-le.
(un ange passe)
3 ans plus tard tout a changé ! Venom n'est plus le plus méchant de tous, d'autres formations contestent sérieusement le titre qu'elles viennent du reste de l'Europe, des Amériques ou d'ailleurs, ça s'énerve de partout !
A ça, Venom répond avec son ultime, et sans doute plus belle, provocation : commettre toute une face de leur nouvel album à leur pièce la plus ridiculement ambitieuse, At War with Satan et ses 20 minutes rappelant l'heure des dinosaures progressifs des années 70. Démesurée, l'ambition ? Oui, et non. Oui, parce que tout ça est un peu gauche, que les musiciens, qui ont pourtant notablement progressé depuis leurs premiers faits-d'armes, n'ont pas exactement les munitions techniques et compositionnelles pour parvenir à leurs fins. Non, parce que ça pulse encore, que les bestiau, même un peu claudiquant, parvient à passer la ligne d'arrivée avec les honneurs. Non aussi parce que le texte de Conrad Lant (aka Cronos) est plutôt moins idiot que la moyenne des exercices du genre. Non, enfin, parce que cette gaucherie, finalement, contribue au charme un poil naïf de la pièce.
Le reste de l'album, l'autre face du 33t, est d'un classicisme Venomien intégral, mais bien foutu et encore un peu mieux joué que sur leur second, Black Metal, et donc nettement mieux que sur leur premier, le primitif Welcome to Hell.
En remaster, en plus, il y a des incontournables, de l'excellence pour qui aime son Motörhead (l'influence majuscule de Cronos & Co) primaire, barbare et agressif : Warhead, Lady Lust, Seven Gates of Hell, Manitou... stop, la coupe est pleine, énorme !
A choisir ? At War with Satan est devenu mon Venom préféré. De temps en temps, pas tous les jours !, ça fait un bien fou.

-Welcome to Hell
1. Sons of Satan 3:38
2. Welcome to Hell 3:15
3. Schizo 3:34
4. Mayhem with Mercy 0:58
5. Poison 4:33
6. Live Like an Angel (Die Like a Devil) 3:59
7. Witching Hour 3:40
8. One Thousand Days in Sodom 4:36
9. Angel Dust 2:43
10. In League with Satan 3:35
11. Red Light Fever 5:14
Bonus
12. Angel Dust (Lead Weight version) 3:03
13. In League with Satan (7" version) 3:31
14. Live Like an Angel (7" version) 3:54
15. Bloodlust (7" version) 2:59
16. In Nomine Satanas (7" version) 3:29
17. Angel Dust (Demo) 3:10
18. Raise the Dead (Demo) 3:29
19. Red Light Fever (Demo) 4:51
20. Welcome to Hell (Demo) 4:57
21. Bitch Witch (Outtake) 3:08
22. Snots Shit (Outtake) 2:06

- At War with Satan
1. At War with Satan 19:57
2. Rip Ride 3:09
3. Genocide 2:59
4. Cry Wolf 4:19
5. Stand Up (And Be Counted) 3:32
6. Women, Leather and Hell 3:21
7. Aaaaaarrghh 2:25
Bonus
8. At War with Satan (TV Adverts) 1:04
9. Warhead 3:40
10. Lady Lust 2.48
11. The Seven Gates of Hell 5:28
12. Manitou 4:42
13. Woman 2:56
14. Dead of the Night 4:09
15. Manitou (Abbey Road uncut mix) 4:49

Conrad "Cronos" Lant – bass guitar, vocals
Jeffrey "Mantas" Dunn – guitar
Tony "Abaddon" Bray – drums


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LE DIABLE DE TASMANIE

Napalm Death "The Peel Sessions" (1987/90)
ou "Aaaaaarrghh!!!"

Imaginez la tête du pauvre auditeur pas préparé quand il se prend, sans crier gare, la première Peel Session diffusée des furieux grindcoreux de Napalm Death, 17 titres et 16 minutes de bruit et de fureur enchainés sans respiration ? Le choc !
C'est d'Angleterre que nous vient cette mixture sans compromis de punk speedé et de violence death metal, pour situer la réjouissante brutalité de la chose. Qui ne doit pas faire oublier que, même si l'on est ni accointé avec le genre ni particulièrement fan d'assaut musical sans concession, il y a un potentiel de fun, d'une écoute à se taper les cuisses sur la bonne blague, à faire écouter aux potes parce que ça va si loin que ça en devient presque un sketch, avec le cookie monster au "chant".  
Evidemment, par la suite, Napalm Death raffinera la formule, composant des pièces plus longues et (relativement) nuancées comme on le perçoit dès l'ultime séjour chez John Peel en 1990. Grand bien leur prit, ceci leur permit de pérenniser la formule sans trop en perdre son "sel" originel et devenir un groupe qui compte. Ceci dit, c'est bel et bien dans la rage toute juvénile de ces premières montées de sève que réside le vrai trésor.
Laissez-vous tenter, vous n'en reviendrez pas.
 
PS : les trois captations proviennent du coffret collectif "Dream Madness at the BBC, The Earche Peel Sessions", que je peux partager dans son entièreté s'il y a preneur(s), et qui propose une belle collection du label Earache. On y retrouve de l'essentiel (Carcass, Bolt Thrower, Godflesh... trois preuve qu'on est bien au-delà du simple grindcore vendu par le titre), du sympathique mais pas vraiment resté dans les annales (Extreme Noise Terror, Unseen Terror... quelle terror !), comme de l'anecdotique (Heresy, Intense Degree... pas remisés pour rien en fin de sélection). Le total, près de quatre heures de musique, ne s'écoutera que difficilement d'une traite mais constitue indéniablement un bel objet que les amateurs de metal extrême goûteront goulument. Et une bonne manière de se souvenir que John Peel, toujours à la pointe !, était vraiment un DJ à part, un grand bonhomme.

- recorded 13/08/87, broadcast 22/08/07
1. The Kill 0:19 
2. Prison Without Walls 0:34 
3. Dead 0:04 
4. Deceiver 0:39 
5. Lucid Fairytale 1:05 
6. In Extremis 0:06 
7. Blind To The Truth 0:22 
8. Negative Approach 0:28 
9. Common Enemy 0:14 
- recorded 08/03/88, broadcast 20/04/88
10. Obstinate Direction 1:02 
11. Life? 0:37 
12. You Suffer Pt. 2 0:14 
13. Multi National Corporations 1:01 
14. Instinct Of Survival 1:54 
15. Stigmatised 0:52 
16. Parasites 0:22 
17. Moral Crusade 1:25 
18. Worlds Apart 1:22 
19. M.A.D. 0:52 
20. Divine Death 0:57 
21. C.S. 1:08 
22. Control 1:16 
23. Walls 1:07 
24. Raging in Hell 1:18 
25. Conform Or Die 0:48 
26. S.O.B. 0:06 
- recorded 12/08/90, broadcast 10/09/90
27. Unchallenged Hate 1:57 
28. Mentally Murdered 2:05 
29. From Enslavement to Obliteration 1:30 
30. Suffer the Children 4:12 
31. Retreat to Nowhere 0:26 
32. Scum 2:27 
33. Deceiver 0:36 
34. Social Sterility 1:07

1987 & 1988 (1-26)
Lee Dorrian - Vocals
Shane Embury - Bass
Bill Steer - Guitar
Mick Harris - Drums, vocals

1990 (27-34)
Mark "Barney" Greenway - Vocals
Shane Embury - Bass
Mitch Harris - Guitar
Jesse Pintado - Guitar
Mick Harris - Drums, vocals

19 commentaires:

  1. LES AGNEAUX

    Kink Kobra "Thrill of a Lifetime" (1986)
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    King's X "Gretchen Goes to Nebraska" (1989)
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    Helix "Walkin' the Razor's Edge" (1984)
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    LES CHIENS DE GARDE

    MSG "One Night at Budokan" (1982)
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    Saxon "Solid Ball of Rock" (1991)
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    Queensrÿche "Queensrÿche" (1983)
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    Queensrÿche "Operation: Mindcrime" (1988)
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    Fifth Angel "Fifth Angen" + "Time Will Tell" (1986/89)
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    King Diamond "Abigail" (1987)
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    LE REGIONAL DE L'ETAPE (UN BON TOUTOU)

    Vulcain "Desperados" + "Big Brothers" (1985/86)
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    LES GRANDS MECHANTS LOUPS

    Raven "Nothing Exceeds Like Excess" (1988)
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    Anthrax "Among the Living" (1987)
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    Venom "Welcome to Hell" (1981)
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    Venom "At War with Satan" (1984)
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    HORS CATEGORIE (LE DIABLE DE TASMANIE)

    Napalm Death "The Peel Sessions" (1987/88/90)
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  2. T' es quand même un grand malade ;)

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  3. Je crois que j'ai bien fait de rentrer de vacances !!!!!
    Belle collection de galettes.
    J'aurais mis Slayer à la place d'Anthrax. Excellent idée de citer Vulcain… n'oublions pas non plus Océan et Satan Jokers. Il manque forcément Motörhead et Alice Cooper ! Et KISS, ça sent le pâté ?????
    Voilà une année qui démarre sur les chapeaux de roue (de chopper !!!!!).

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    1. Cher ami, le choix s'est fait d'après l'énorme pile de CD où je stocke les achats avant de les attaquer, quand le moment est là, et il l'était ! Donc choix par défaut qui raconte, malgré tout, sa petite histoire en n'oubliant aucune grande tendance. Donc, non, mon bon monsieur, vos artistes ne sentent pas le pâté (quoique, Kiss...).

      Tu penses quoi de ce genre de gros "théma", sinon ?

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    2. Toujours aussi hargneux, le Zörny !!!!!
      Excellente idée que ce genre de "théma" où chacun pourra picorer selon ses propres goûts

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    3. Même si là, c'était quand même orienté vers un style, une scène... Ce ne sera pas tjrs comme ça.

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    4. putain c'est super de citer OCEAN ,je l'avais découvert sur 1 site brésilien de hard rock et j'ai craqué 2 ans plus tard pour 1 coffret de 3ou 4 albums à très bas prix. Keith pour 2015 ou 2016 , peut-être 1 compil avec du hard & heavy métal français ?
      Zornophage ton site est trés different de ceux des anglo-saxon et je l'apprécie beaucoup.
      LittleJack

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    5. J'avais parlé d'Océan, et du coffret en question.
      Celui que je préfère ? God's Clown, une sorte de Going for the One rencontrant Houses of the Holy. La suite est moins intéressante, plus typiquement hard rock français, mais pas mauvais, ça non !

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  4. Bon, manque de temps en ce samedi, mais alléchant, et puis ça me débarrassera de tout ce sucre en poudre que je me suis sniffer... Mais, bon, encore un snif et à demain

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    1. A demain ! Si tu as le cœur assez bien accroché, bien sûr ! ^_^

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  5. quelle deflagration, quand meme napalm death en 87, 88 !!! je me rappelle qu'a l'epoque, on s'echangeait ces sessions (la grande epoque du tape trading...), incroyable de penser que des groupes comme napalm death et les fous furieux de carcass, extreme noise terror, etc.. passaient à la radio nationale...j'etais en angleterre quand la mort de john peel a été anoncée et la réaction des gens était incroyable, une veritable onde choc...c'est marrant, dans le dernier numero du maganzine new noise, il y a quelques pages sur les debuts du thrash/death en france (loudblast, agressor, nomed...), que de souvenirs qui remontent à la surface !
    fantastique poste en tout cas,
    Philippr

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    1. Loudblast, Agressor, Nomed ! Je rajoute Evil Power (qui deviendront No Return), Agressive Agricultor, MST (plus hardcore) ou SMF (des potes, plus speed metal)... Toute une époque !
      Merci de ton passage.

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  6. wow! ça n'est définitivement pas ma période de prédilection, mais c'est super intéressant, bien documenté, et agréable à lire. merci!

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    1. Tu n'es donc pas le même philippe que l'anonyme un peu plus haut... On s'y perdrait !
      Merci pour le compliment, n'hésite pas à "picorer" en te laissant guider par les chroniques et à laisser d'autre commentaires, si le cœur t'en dit.

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  7. J'ai opté pour l'instant pour les "plaisirs coupables" probablement dans "mon" air du temps.
    "Thrill of a Lifetime" tu l'as bien résumé, je craque pour ces lourdeurs effemisées, des mélodies au ralenti, comme une pop qui tente de se faire un chemin dans cette mélasse.
    Helix, yes, je connaissais un peu pour ce rapprochement avec AC/DC, argument qui a toujours fait mouche chez moi. AC/DC comme référence qui commence à joindre les grandes références... Zep, Sabbath!!
    En tout cas, bravo pour ce travail que j'imagine titanesque. Je suis au SAXON, que je saute, je ne peux pas penser tout écouter, je connais SAXON des débuts, ça suffit à mon bonheur, je me passerai de leur période de rédemption. Et comme tu as signalé des artistes que je ne connais pas, comme le Schenker....

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    1. Et le King's X. Si tu ne connais pas ce groupe, cet album, c'est indéniablement la perle planquée dans la boue. Le Schenker aussi, dans les plus abordables du lot.

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  8. Voilà pendant que Schenker jette toutela sauce, je fini de télécharger VENOM que j'avais bien aimé dans des circonstances de création de post avec curiosité à l'appui. et ton petit dernier, me voilà prévenu... Je dois repartir vers d'autres cieux. ça va faire mal le changement ;-) (Wardell Gray & Dexter Gordon)

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    1. Vive le changement même si, de Dexter Gordon à Venom, c'est tellement le grand écart qu'il faudra que tu fasses attention à tes roubignolles ! ;-)

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