mercredi 23 juillet 2014

l'Abc de la nouveauté (The Genesis Studio Series 5/15)

Genesis "Abacab" (1981)
ou "Time for change"


Le dernier chef d'œuvre de Genesis ? L'ultime album d'une triplette de transition du groupe de rock progressif des années 70 vers le groupe pop des années 80/90, indéniablement.

En fait, tout vient du départ de Steve Hackett et de l'obligatoire simplification instrumentale qui en suivit, du fait  que les trois membres restants aient décidés de ne pas, encore une fois, amener une nouvelle tête dans leur petit confort. Il y a un paradoxe là-dedans, d'un côté une volonté de rester entre eux, dans un petit cocon, d'un autre une vraie prise de risque tant la guitare était, jusqu'alors, un élément déterminant de l'assemblage sonique de la formation.
Sur les deux albums précédents, Genesis n'a pas encore tout à fait assumé ce resserrement trouvant des alternatives compositionnelles et sonores à ce manque, pour des résultats tout sauf indignes mais sans doute un peu frileux. Abacab change tout ça, prépare la suite aussi avec un parti-pris nettement plus moderniste sans pour autant perdre le progressisme qui a fait la réputation et la gloire du groupe jusque-là. Evidemment, c'est le jeu de l'évolution, ce nouveau cap n'ira pas sans heurts avec leur auditoire de référence.
Pourtant, quel album ! Bon, on avouera que le petit gag de studio Who Dunnit? perd de son sel la première écoute passée, n'est pas Devo qui veut. Pour le reste, de l'énorme groove-progressif du morceau éponyme, du très Collinsien mais diablement efficace No Reply at All (avec les cuivres d'Earth Wind & Fire !), de la new wave progressive douce-amère de Me and Sarah Jane, du robotique et efficace single Keep It Dark, de l'énoooorme Dodo/Lurker (au groove, à la progression et à la mélodie si irrésistible... un must !), de la jolie ballade pas racoleuse pour deux sous Man on the Corner (composition de Collins, ça s'entend), du stadium rock malin et diablement bien troussé Like It Or Not, au rock déconstruit sur batterie tribale d'Another Record, c'est un sans faute et un album indéniablement osé pour des musiciens en recherche constante.
Tout juste regrettera-t-on que que la très jolie face B Submarine ou n'importe laquelle des trois compositions du EP 3X3 enregistré lors des mêmes productives et inspirées sessions de l'album n'ait été substitué à la novelty song précitée. Et puis il y a la production, puissante, claire, pas si marquée par les 80s que ça, encore bonifiée dans le definitive remaster de 2007, on en reste pantois.

Abacab, à condition de ne pas commettre l'erreur de le comparer avec la première phase du groupe et son progressisme symphonique millimétré confinant à la perfection (surtout de 72 à 76), est l'apothéose du Genesis moderne, groupe qui n'a toujours pas froid aux oreilles mais ne tente pas, comme ce sera trop souvent le cas par la suite, d'attirer les foules par quelques bassesses commerciales embarrassantes. Une bombe, vous dis-je !


1. Abacab 7:02
2. No Reply at All 4:33
3. Me and Sarah Jane 6:00
4. Keep It Dark 4:32
5. Dodo/Lurker 7:30
6. Who Dunnit? 3:23
7. Man on the Corner 4:27
8. Like It or Not 4:57
9. Another Record 4:39
Bonus
b'sides

10. Naminanu 3:54
11. Submarine 4:38
EP 3X3
12. Paperlate 3:23
13. You Might Recall 5:31
14. Me And Virgil 6:18


Tony Banks – keyboards
Phil Collins – drums, percussion, vocals, drum machines
Mike Rutherford – bass guitar, bass pedals, guitars
&
EWF Horns
– horns

9 commentaires:

  1. Et a partir de là j' ai vraiment regretté les départ de Peter et de Steve :(
    A mon avis un changement de nom du groupe n' aurait pas été inutile


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    1. J'ai déjà le boot en question mais ça peut servir à d'autres, merci.

      Sinon, comme tu as pu le lire, je n'ai pas de problème avec cet album et le parti-pris artistique choisi par le trio, c'est la suite qui merde...

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  2. Bravo, je dis. Je vais me le réécouter à travers ton prisme. J'ai vite arrêté de l'écouter, mais contrairement à la suite, mes raisons sot externes; L'intro de Abacab, reste une tuerie, rien de moins. Et Genesis cherchait via les précédents ce genre de "Riff" Ils l'ont trouvé et ... je me reprend ta version (chuuut, au bureau...)

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    1. J'ajoute, tu as raison, de signaler "Dodo , Lurker" Qui aurait bien sa place, musicalement, dans "The Lamb. " Grâce à ce titre, je devine l'apport (ou l'influence?) de Collins dans cet album qui occultait - il parait - le collectif au profit de Peter Gabriel

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    2. Bon, ben j'attends ton retour après redécouverte. Content d'avoir aiguisé ton intérêt ! ^_^

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    3. Tout y était, frais dans ma mémoire même si pas tant écouté. Tu sais quoi? Me fait penser à ce que Poiré expliquait à propos de "Les visiteurs" et "Le père Noël" Pour le premier pas une idée gâché, tout était bien calibré, mis en avant, dans le "Père noël" il y avait une foultitude d'idées, parfois mal agencées, parfois noyées, de quoi faire trois films comme "les visiteurs"
      Ce GENESIS là, c'est comme ça, calibrage parfait. J'ai aimé de suite, familier que j'étais, aucun mal, je ne me suis même pas lassé. Mais les précédents, il m'a fallu "fouiller" un peu pour dégoter des idées cachées. Cela ajoute au plaisir. mais j'anticipe sur tes chroniques

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    4. En gros, tu dis que cet album est trop bon et que tu as donc préféré te concentrer sur ceux que tu appréciais moins immédiatement... Un poil masochiste le Devant ? ;-)

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    5. ... Imagine, dans le "père noel est une ordure" si tu fais des arrêts sur image à des scènes précises, celles où des notes sont épinglés sur les murs, sur ces notes il y a des textes amusants. Fallait juste les chercher. Dommage de louper ça :-)

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    6. J'aime pas le Père Noël est une ordure mais je vois ce que tu veux dire... Idem chez ZaZ auteurs des "y-a-t'il" où les gags se superposent.

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