lundi 14 juillet 2014

On commémore !

Plutôt qu'un élan de fierté nationale (en plus y a pas franchement de quoi...), le Zornophage vous propose de commémorer la fête nationale en musique avec un opéra rock de 1973. Mais comme ça ne suffit pas, vous trouverez aussi le plus fameux (à raison !) album de rigolos doués qui périront bientôt dans la variétoche la plus abjecte (j'exagère, mais juste un peu) et furent justement partie prenante de l'opéra rock dont il est ici principalement question. Enjoie !

V/A "La Révolution Française - Opéra Rock" (1973/2012)
ou "14 Juillet"


Un projet d'une colossale ambition, le premier opéra rock made in France aussi, La Révolution Française n'est pas une œuvre parfaite mais une pièce musicale de qualité, ce n'est pas si mal. Le mérite en revient à Jean-Max Rivière  et Alain Boublil (paroles) et Claude-Michel Schönberg et Raymond Jeannot (musiques) ainsi qu'aux ineffables Martin Circus, auteurs des arrangements. Bon, on ne va pas se mentir, on n'est ni au niveau de Tommy ou de Jesus Christ Superstar (les deux mètres étalons du genre à l'époque) mais heureusement pas non plus dans l'approximation de ses équivalents anglo-saxons dont les artistes de notre pays ont trop souvent fait montre (les yé-yés de sinistre mémoire).

A propos de l'œuvre : Le bel ensemble de voix avec, ne riez pas !, les Charlots, Martin Circus, ou même un jeune Bashung pas encore tout à fait éclos est indéniablement un des atouts de la partition. L'autre tient à la qualité des chansons et des arrangements bien de leur époque. Bien sûr, on aurait aimé que tout ceci soit plus radicalement rock mais les petits décrochages en douceur sont d'agréables respirations avant de repartir à l'assaut. Il est aussi agréable, pour l'unité de l'ensemble, de retrouver régulièrement les même vignettes mélodiques, d'autant qu'elles sont plutôt très accrocheuses, ces vignettes.
Le livret n'est pas idiot non plus s'il est, forcément, une simplification de l'Histoire avec un grand H. A défaut d'explorer en profondeur le thème, il se concentre sur quelques grands épisodes donnant au tout un petit côté zapping qui est son plus grand défaut, mais pas un énorme défaut non plus.
A propos de la réédition : C'est là que le bas blesse, dans l'édition de 2012 en tout cas, où les chansons, sensées s'enchaîner les unes aux autres, sans temps mort, se voient handicapées de blancs disgracieux et, à vrai dire, agaçants. Personnellement, afin d'en optimiser l'efficacité, j'ai créé mon propre montage en les supprimant. On ne devrait pas avoir à procéder à ce genre de manipulations symptomatiques d'un manque du manque de soin de l'éditeur. C'est d'autant plus dommage que l'œuvre mérite mieux.

Conclusion, bien troussé à défaut d'être parfaite, la Révolution Française fut une belle première pierre à l'édifice des opéras rock cocorico. Un peu daté dans son son et ses arrangements aujourd'hui, elle reste une œuvre attachante avec suffisamment de jolis moments pour qu'on en conseille l'écoute.

PS : Pour que votre plaisir ne soit pas handicapé par les défauts précités de la réédition, j'ai procédé, via Audacity, à une excision de tous les blancs disgracieux qui ruinaient la continuité. J'espère que vous apprécierez.


1. Ouverture 3:20
2. Les Etats Généraux 4:50
3. Charles Gauthier 2:04
4. A Versailles 1:41
5. Retour De La Bastille 1:29
6. Il s’appelle Charles Gauthier 1:22
7. A bas tous les privilèges 2:24
8. Déclaration des droits de l’Homme 2:26
9. Ça ira Ça ira 2:16
10. Quatre saisons pour un amour 3:21
11. Serment de Talleyrand 1:58
12. Fête de la Fédération 2:17
13. Crieurs De Journaux 0:38
14. La Patrie Est En Danger 2:00
15. L’Exil 3:20
16. Valmy 2:34
17. C’est du beau linge mon Général 1:24
18. Le procès de Louis XVI 5:50
19. Chouans en avant 2:06
20. La Terreur est en nous 2:32
21. L’horrible assassinat du citoyen Marat par la perfide Charlotte Corday 1:22
22. Fouquier-Tinville 0:48
23. Au petit matin 2:31
24. Robespierre 2:19
25. La Fête de l’être suprême 2:08
26. Gardien de prison à la Conciergerie 0:51
27. Révolution 3:08


Livret et paroles : Alain Boublil et Jean-Max Rivière
Musique : Claude-Michel Schönberg et Raymond Jeannot
Arrangements : Jean-Claude Petit et Martin Circus

Antoine : Général Bonaparte
Cyril Azzam : Général Kellermann
Alain Bashung : Robespierre
Jean Bentho : M. de La Fayette, conseiller du roi
Les Enfants de Bondy : Les enfants du roi (Louis et Marie-Thérèse)
Françoise Boublil : Charlotte Corday
Gérard Rinaldi: Talleyrand
Les Charlots : Les prêtres
Noëlle Cordier : Isabelle de Montmorency
Mario d'Alba : Un conseiller du roi / Un crieur de journaux / Un gardien de prison
Franca di Rienzo : Marie-Antoinette
Raymond Jeannot : Un crieur de journaux
Gérard Layani : La Terreur (soliste)
Gérard Blanc : Danton
Martin Circus (Gérard Blanc, Alain Pewzner, René Guérin, Sylvain Pauchard) : Les députés du Tiers-État
Jean-François Michael : Les Chouans (soliste)
Jean-Max Rivière : Marat
Jean-Pierre Savelli : Charles Gauthier
Claude-Michel Schönberg : Louis XVI
Jean Schultheis : Antoine Fouquier-Tinville
Élisabeth Vigna : Madame Sans-Gêne
Daniel Balavoine et Guy Balavoine : choristes pour le clergé
Système Crapoutchick (Gérard Kawczynski, Christian Padovan, André Sitbon, Jean-Pierre Alarcen, Jean-Pierre Sabard) : La Noblesse, la Terreur

BONUS !

Martin Circus "Acte II" (1971/2009)
ou "Pas que des rigolos"


S'ils finiront par se perdre dans la facilité d'une variété à peine rock et franchement peu recommandable, les Martin Circus n'en sont pas encore là avec Acte II, album référence d'un progressisme volontiers rigolard qui a le mérite de ne pas tenter de copier ses voisins teutons et anglais. Gaulois, quoi !
Présentement, je vous propose la chronique de Hellman, sur l'excellent webzine Guts of Darkness, datant de janvier 2009 qui en parle fort bien :
 
"Il arrive que l'actualité nous rattrape. En cette dernière semaine de janvier, nous apprenions le décès de Gérard Blanc. Si le personnage est resté gravé dans la mémoire du plus grand nombre comme un chanteur pour midinettes de plus à avoir sévi dans les années quatre-vingt, non sans un certain succès, c'est oublier que l'homme eut un passé, et que celui-ci fût intimement lié au devenir des Martin Circus. Tout comme Michel Fugain et son Big Bazar, Jean-Jacques Goldman au sein de Taï-Phong ou, plus obscur et impensable encore, Pierre Bachelet avec Résonance, lorsque Gérard Blanc rejoignit les Martin Circus pour leur second album en 1971, celui-ci affichait une prétention artistique qui allait bien au-delà d'un simple désir de reconnaissance populaire. Animé d'une véritable démarche artistique qui leur valu très rapidement l'appui des jeunes médias en quête de nouvelles idoles susceptibles de provoquer l'émergence d'une véritable scène pop hexagonale, les Martin Circus accomplirent ensemble avec "Acte II" quelque chose dont ils peuvent effectivement se montrer fier. L'impulsion première, c'est à eux que nous le devons. C'était là l'occasion de le rappeler. Et même s'ils élèvent le débat en opposition aux nombreux artistes yé yé qui squattent encore les juke-box, en guise de récompense pour tant d'efforts, ils rencontreront tout de même le succès avec leur délirant 45tours "Je m'éclate au Sénégal" (avec-une-copine-de-cheval-je-suis-à-poil). Mais "Acte II" recèle en son sein les germes de tant de déclinaisons progressives qu'il devient difficile d'en occulter l'importance. Comment ne pas écouter "Poème" sans songer que Ange n'a pas encore enregistré la moindre note ? Et le plaisir sournois avec lequel les Martin Circus s'amusent à emprunter des chemins tortueux nous fait prendre conscience aussi que Eton Fou Leloublan n'a pas encore vu le jour... Bien ancré dans son époque, "Acte II" combine les arrangements précieux de "Sgt.Pepper's Lonely Hearts Club Band" et "Hot Rats" réunis sous forme ... d'un double album !!! Un quitte ou double qui s'avère payant pour une entreprise qui avait tout du suicide commercial annoncé. Mais les Martin Circus assurent comme des bêtes pendant près d'une heure vingt, un vrai bonheur, les deux disques croulant littéralement sous les références, qu'elles soient musicales ou en français dans le texte. Impossible de passer à côté de ce disque si vous n'êtes pas insensibles aux vibrations et à la fougueuse inventivité de cette époque bénie."

Alors, Acte II ? Recommandé, évidemment. Et encore un peu plus dans cette réédition "Vinyl Replica Deluxe" bien remasterisée et dûment bonussée.


Disque 1
1. Boudjateelack 2:56
2. Pourquoi tous ces cris 3:46
3. Chevauchée fantastique 5:10
4. Poème 8:02
5. Ti' Bill 2:09
6. Poussières 5:02
7. J'ai perdu 6:29
8. J'suis une groupie 3:28
9. Ouvrez vos mémoires 4:00

Disque 2
1. Je m'éclate au Sénégal 4:15
2. Le tromblon magique 4:47
3. Hyznogod 3:40
4. Images 2:49
5. A dada sur Paranoïa 4:51
6. Façon de parler 8:07
7. O' secours Bob 3:49
8. J'aimerais bien te faire flipper un p'tit peu 4:36
9. Ma guitare 3:26
Bonus
10. Moi j'aime bien prendre mon pied 3:13
11. Je m'éclate au Sénégal (version alternative) 2:54
12. Je danse comme un pingouin 4:09
13. Les indiens du petit matin (Pt.1)  5:00
14. Les indiens du petit matin (Pt.2)  4:26


Gérard Blanc - chant, guitare, percussions
Gerard Pisani - saxophones, clarinette, flûte, trombone, percussions
Sylvain Pauchard - orgue, piano, vibraphone, accordéon, choeurs
Alain Pewzner - guitare, orgue, percussions, choeurs
Bob Brault - basse, flûte, percussions, choeurs
René Guerin - batterie, violon, percussions, choeurs

4 commentaires:

  1. Moi qui croyait à une chronique qui allait me faire écouter le Coldplay!! Disons que ta démarche est bien plus à propos, mais mon humeur ne tend pas vers cette oeuvre ni vers les Martin. Une autre fois, peut-être?

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    1. Tu rates quelques chose, Antoine, d'autant que ce Martin Circus là, c'est une tuerie !

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  2. Il me tarde d'essayer çà et en plus çà me rapellera ma jeunesse ! Merci, parfait pour la saison !

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    1. Enjoie alors, et reviens après pour partager ton expérience ! :-)

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