jeudi 17 juillet 2014

Retour d'affection

Judas Priest "Redeemer of Souls (Deluxe Edition)" (2014)
ou "Aux sources du Metal"


Troisième album depuis le retour au bercail du divin chauve, premier sans l'élément blond de la doublette guitaristique, suiveur d'un Nostradamus trop pompeux et mollasson pour être satisfaisant malgré quelques beaux moments, on peut dire que Redeemer of Souls et ses auteurs étaient attendus au tournant... Mais, malins comme les vieux sages roués qu'ils sont, les membres de Judas Priest ont joué la sécurité en nous concoctant une galette brossant leur auditoire de choix dans le sens de la crinière soit un opus d'un immense classicisme.

Concrètement, il y a tout ici pour contenter le fan de Heavy Metal et de Judas Priest. A commencer par la pochette de Mark Wilkinson (Marillion, Fish, mais aussi quelques albums du groupe qui nous intéresse présentement) qui fera beaucoup rire les détracteurs habituels du genre et de son iconographie mais colle parfaitement au sujet, et au titre. Ensuite il y a la mise en son de Glenn Tipton et Mike Exeter, précise, claire, puissante, un peu trop "loud" (c'est hélas un signe des temps) mais idéale pour pareil exercice. Et puis, surtout !, il y a les chansons, 13 sur l'album "normal" bonussées de 5 dans la version Deluxe.
Donc il y a déjà la quantité, mais la qualité ? Hé bien elle est présente aussi ! Evidemment tout n'y est pas d'une égale réussite mais rien n'y approche l'indignité. Des exemples ? Dragonaut, mid-tempo d'ouverture tout à fait typique du style Judas Priest avec son gros riff bien senti, la mélodie de chant accrocheuse de Rob Halford et, évidemment, un duel de guitare qu'on jurerait que K.K. Downing n'a pas quitté le navire. Redeemer of Souls, morceau titre qu'on croirait sorti des sessions d'un Sin After Sin ou d'un British Steel qui, sans être exceptionnel, possède ce groove métallisé qui vous fera souffrir les cervicales et un refrain à vous casser les cordes vocales lors des prochaines prestations scéniques du quintet, efficace, donc. Halls of Valhalla où le groupe met pour la première fois le turbo (modéré) et démontre quelques petites inflexions presque progressives pas désagréables, où Halford sort quelques vocalises aigües (si moins qu'avant) ayant fait sa réputation de Metal God. Sword of Damocles qui se permet même un petit décrochage tout en légèreté avant de relancer l'artillerie lourde et les soli en duo. Etc., ce ne sont que les cinq premières chansons !, parce que, en vérité, toute la tracklist éblouissant par son retour de sève et aux sources, on a encore un peu de mal à trier le bon grain (qu'on soupçonne largement majoritaire) de l'ivraie (qu'on ne trouve jamais vraiment), ça viendra probablement avec l'obligatoire recul critique que le temps ne manquera pas d'amener. Allez, on concèdera d'ors et déjà un petit sentiment de monotonie avec une majorité de morceaux mid-tempo et un schéma individuel souvent répété, peut-être qu'abondance de biens nuit aussi un peu avec l'impression précitée.
En bref ? Du classique, du solide, de l'efficace à défaut de vraiment génial ou surprenant. Bien entendu, les morceaux bonus de l'édition Deluxe sont un tout petit peu moins mordants et convaincants mais s'écoutent avec le vrai plaisir d'avoir retrouvé un groupe ne cherchant plus à faire autre chose que ce qu'il accomplit avec le plus de talent : du bon gros Heavy Metal à l'ancienne.

Alors, certes non, on n'accrochera pas ce Redeemer of Souls au palmarès des grands classiques de la formation, ces temps là, ceux de British Steel, Sad Wings of Destiny ou Screaming for Vengeance, sont définitivement révolus mais, hallelujah !, les vieux en ont encore sous la semelle cloutée et ont su remettre du super dans le réservoir de leur rutilant bolide, qu'ils en soient dûment félicités et remerciés. Et, donc, Judas Priest est toujours vivant et revenu à ses fondamentaux, rien que ça est une excellente nouvelle qui se doit d'être fêtée comme il se doit.


Album
1. Dragonaut 4:26
2. Redeemer of Souls 3:58
3. Halls of Valhalla 6:04
4. Sword of Damocles 4:54
5. March of the Damned 3:55
6. Down in Flames 3:56
7. Hell & Back 4:46
8. Cold Blooded 5:25
9. Metalizer 4:37
10. Crossfire 3:51
11. Secrets of the Dead 5:41
12. Battle Cry 5:18
13. Beginning of the End 5:07
Bonus
1. Snakebite 3:14
2. Tears of Blood 4:19
3. Creatures 4:25
4. Bring It On 3:18
5. Never Forget 6:25


Rob Halford – vocals
Glenn Tipton – guitar, synthesizer
Richie Faulkner – guitar
Ian Hill – bass guitar
Scott Travis – drums

4 commentaires:

  1. .. Et ces p'tain de pochette, trop de manque de sobriété tue la sobriété.
    Tiens j'ai pensé à toi et ta chronique sur le Genesis en écoutant avec attention et une toute petite dose de plaisir le dernier YES. Toute petite petite.

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    1. J'sais pas mais Yes sans Anderson, j'ai pas trop envie. J'ai peut-être tort vu que j'aime bien Drama mais, là, je passe mon tour.
      Et pour la pochette, ben disons que tu n'es pas cœur de cible (moi non plus d'ailleurs mais celle-ci est loin d'être le pire dans le genre).

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    2. Pour le YES, j'ai de suite reconnu la voix de Anderson. Bon, ce n'était pas lui, mais ça je l'ai à peine soupçonné, j'ai fini par le "lire".
      Je pense faire mon prochain papier sur la prog que j'ai aimé et ce que je peux en dire aujourd'hui. Sachant que j'ai laissé passé tout un pan à partir de mi 80.
      Je trouve, hélas, que les critiques ont paralysé ce qui faisait le moteur du genre. Le dernier YES le prouve et les Neo prog - je crois - n'ont pas pris le train vers le futur sauf des Radiohead et ????

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    3. Il y a un paquet de groupes qui ont continuer de progresser dans ces maudites 80s, plus dans les courants bizarroïdes du rock prog (RiO par exemple) que dans le rock prog classique qui a fini par se scléroser dans la mouvance néo-prog. Par la suite, si on considère que c'est du prog (j'en suis), il y a toute la mouvante post-rock ainsi que quelques groupes n'assumant pas l'étiquette mais y participant, dont Radiohead, tu as raison, mais aussi Grandaddy ou les Flaming Lips, par exemple.
      Concernant le choix des membres de Yes restants de choisir des clones d'Anderson, si j'en comprends la logique sécurisante, j'en regrette la frilosité.

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