Tadah ! Voici la double dose de Zornienne de juin, parce que ça ne pouvait plus attendre plus longtemps, pas avec le Zornophage ! Et puis il y a le retour de l'encodage VBR (depuis le Hackett, suivez !) à la plus haute qualité existante qui vous permettra d'avoir des MP3 de haute définition sur des fichiers compressés moins lourds et donc plus rapides à télécharger. Elle est pas belle la vie ?!
John Zorn "Myth and Mythopoeia" (2014)
ou "Collection contemporaine"
Pas de long préambule, entrons directement dans le vif du sujet de la nouvelle collection contemporaine du compositeur New Yorkais qui, présentement, use de 5 (petites) formations pour autant de compositions :
- Pandora's Box: Où le Quatuor Arditti, excusez du peu !, et la vocaliste allemande Sarah Maria Sun interprètent la variation zornienne du mythe de la boîte de Pandore. Et c'est un sacré trip où se côtoient moments d'harmonie gracieuse et trépidations contemporaines tous azimuts. Les cordes y tissent le parfait background pour les vocalises en tous genres d'une soprano qui, elle, habite, entre l'éther et l'enfer, la partition tel une créature d'un autre monde. Epatant !
- Missa Sene Voces: Une messe pour la paix des âmes influencée par Anton Webern ? Parce que Zorn, en trublion indécrottable qu'il est et restera (souhaitons !), ne peut définitivement pas composer un requiem en faisant comme tout le monde. Mais l'abstraction ne fait pas tout ici et la partition vaut surtout pour sa qualité mélodique qui, certes, demandera une certaine acclimatation, mais finira par emporter le morceau. D'autant que la formation "construite" pour l'occasion - piano, vibraphone, harpe, chimes et percussions - outre qu'elle cite à merveille quelque vignettes mélodiques typiquement zorniennes, propose un panorama rêveur où il est bon de se perdre. Excellent !
- Zeitgehöft: Composé dans le souvenir de la douleur d'une intervention chirurgicale dentaire sans anesthésie (!) et titré en hommage au poète Paul Celan, Zeitgehöft aurait presque des allures cartoonesques s'il n'exprimait une sorte de fraisage douloureux de notre cortex défendant. Outre Celan, Zorn cite volontiers le compositeur allemand Arnold Schoenberg comme influence, c'est dire si l'ambiance, présentement, prend le pas sur la mélodie sans qu'icelle ne soit tout à fait absente. Un "petit" duo de cordes (violon et violoncelle) tout en intensité dramatique, aussi beau et prenant que dérangeant.
- Babel: Si, dans le livret, Zorn nous explique les limitations qu'il s'est auto-imposé pour composer, en une journée !, cette pièce pour violoncelle seul, c'est surtout de la performance, et quelle performance !, de Jeff Zeigler, qui a l'air de se dédoubler voire de se démultiplier, que la composition tire son mérite. Parce qu'il fallait un instrumentiste d'un sacré calibre pour donner vie à ce qui reste une partition somme tout mineure.
- Hexentarot: Last but not least (comme on dit du côté de chez secoue-la-lance), Hexentarot reprend la formation de Zeitgehöft augmenté du pianiste Stephen Gosling. Composition classique du répertoire avant-gardo-contemporain de Master John, c'est un film sans image, une errance dans un paysage chaotique où la beauté n'est jamais vraiment loin mais jamais tout à fait présente non plus. Comme inspiration, Zorn y cite ses deux instrumentistes "archetés", Chris Otto et Jay Campbell, mais aussi quelques références de la musique du XXème siècle, et pas des moindres : Igor Stravinsky et Béla Bartók. Et on le croit sur parole, marche dans la combine et en redemanderait bien une tranche.
Bref... Diversité et qualité, une nouvelle réussite, pas forcément facile à appréhender mais définitivement passionnante, de Master Zorn dans un univers où son iconoclaste imagination fait merveille.
1. Pandora's Box 13:48
2. Missa Sene Voces 13:25
3. Zeitgehöft 9:15
4. Babel 4:55
5. Hexentarot 6:37
(écoutez tout ou rien !)
Pandora's Box
Sarah Maria Sun - voice
(Arditti Quartet)
Irvine Arditti - violin
Ashot Sarkissjan - violin
Ralf Ehlers - viola
Lucas Fels - cello
Missa Sine Voces
(Talea Ensemble)
Steven Beck - piano
Nuiko Wadden - harp
Matthew Ward - vibes
Matthew Gold - chimes
Alex Lipowski - bass drum, percussion
James Baker - conductor
Zeitgehöft
Chris Otto - violin
Jay Campbell - cello
Babel
Jeff Zeigler - cello
Hexentarot
Chris Otto - violin
Jay Campbell - cello
Stephen Gosling - piano
Wadada Leo Smith, George Lewis, John Zorn "Sonic Rivers" (2014)
ou "So Free!"
Sonnez tambours, résonnez trompettes (ou l'inverse, je ne sais jamais), John Zorn lance la nouvelle collection de son label (Tzadik) avec une rencontre au sommet où il s'implique en tant qu'instrumentiste (au sax alto, ce n'est plus si courant) et accueille deux sommités de l'avant-garde jazzée, le trompettiste Wadada Leo Smith et le tromboniste/électronicien George Lewis. Une belle affiche, indéniablement, mais la musique au fait ?, me direz-vous.
Avec un pareil trio d'explorateurs musicaux, on sait d'emblée qu'on aura affaire à un objet sonique sans le moindre compromis, sans la moindre facilité. Substantiellement, de bases compositionnelles développées lors d'improvisations, c'est de jazz dont il s'agit, de jazz libre (free) surtout où les considérations mélodiques, sans être tout à fait absentes, ne sont pas la seule préoccupation de trois larrons passionnés par la destruction de formats trop étroits. Bien sûr, il y a de réjouissants moments de grâce mais il y a aussi pas mal de grincements, de couinements, de dérapages contrôlés plus destinés à pousser l'enveloppe qu'à contenter l'hypothétique quête d'harmonie de l'auditeur (qui, s'il s'attendait à une mer d'huile s'est audiblement trompé d'adresse). Ceci dit, encore plus passionnant que la déconstruction formelle de la chose jazz, il y a l'interactivité de trois instrumentistes évidemment faits pour s'entendre, se compléter et donner vie à une œuvre aussi passionnante que passionnée où l'absence de structure rythmique lambda ne manque jamais.
Cette musique là, si elle n'est pas à mettre entre toutes les oreilles, saura réjouir les fanatiques de Zorn, bien sûr, des excellents Wadada Leo Smith et George Lewis, itou, mais surtout de grâce contemporaine jazzée foutraque. J'en suis et ai pris un infini plaisir à me faire violenter par les caresses et coups de griffes de trois aliens au talent (presque) incomparable.
Cette musique là, si elle n'est pas à mettre entre toutes les oreilles, saura réjouir les fanatiques de Zorn, bien sûr, des excellents Wadada Leo Smith et George Lewis, itou, mais surtout de grâce contemporaine jazzée foutraque. J'en suis et ai pris un infini plaisir à me faire violenter par les caresses et coups de griffes de trois aliens au talent (presque) incomparable.
1. Cecil Taylor 8:57
2. The Art of Counterpoint 3:50
3. North 7:14
4. South 5:44
5. East 4:05
6. West 3:55
7. Screaming Grass 5:49
8. The Culture of Gun Violence in the US 5:43
(rien n'est extrait, tout est bon !)
Wadada Leo Smith - trumpet
George Lewis - trombone, electronics
John Zorn - alto saxophone
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