jeudi 24 juillet 2014

La tournée du Grand Duc (The Genesis Studio Series 6/15)

On continue de remonter l'histoire de Genesis, cette fois avec un album pour lequel j'ai des sentiments mitigés.

Genesis "Duke" (1980)
ou "Concept or not concept?"


Chapitre 2 du Genesis réduit à l'état de trio, Duke est un album ambivalent. D'un côté, il y a l'écriture de plus en plus pop, d'un autre, une ambition musicale non-démentie.
 
La première tendance, pop donc, s'affiche via une série de chansons abordables visant, audiblement, à répéter voire à amplifier le succès grand public naissant du tube de leur précédent album, Follow You Follow Me. Le groupe y réussit avec Turn It On Again qui deviendra une étape quasi-obligatoire de chacune de leur apparences scéniques et reste une chanson efficace et accrocheuse (à défaut de mieux...), et Misunderstanding, leur tout premier top 20 américain qui, composition de Phil Collins datant des sessions de son premier album solo, possède une (jolie) mélodie ratissant suffisamment large pour atteindre son but vulgarisateur.
La seconde tendance, prog !, s'exprime via ce qui aurait pu (aurait dû ?) être la suite ambitieuse de l'album mais se retrouve finalement éparpillée sur l'entièreté de la galette. Concrètement, le plan était un enchainement  Behind The Lines / Duchess / Guide Vocal / Turn It On Again / Duke's Travels / Duke's End qu'il est toujours possible de réaliser à la maison mais fut finalement annulé, les trois voulant éviter toute comparaison avec une autre suite, l'intouchable Supper's Ready sur l'impeccable Foxtrot. Dommage parce que la suite fonctionne plutôt bien et a le mérite de l'ambition, ce que les heureux détenteurs de billets pour la tournée Duke purent vérifier in vivo.
Au niveau du son, de l'orchestration et des arrangements, on constate un net effacement de la guitare au profit des claviers omniprésents de Tony Banks, pas forcément une mauvaise nouvelle si on considère les limitations d'un Rutherford à la six-cordes mais un peu dommage quand même si on se souvient de quelques éléments fort inspirés détectables sur And Then They Were Three. On remarque aussi une très nette modernisation du son, modernisation qui se concrétisera avec Abacab et ses successeurs, pour des fortunes variées, hélas. Pour le moment, encore en prise avec son récent passé, Genesis continue de progresser dans des eaux finalement assez familières, peut-être un peu trop d'ailleurs, signe d'une frilosité pas encore tout à fait évacuée. Mais l'album sonne bien (particulièrement dans son édition remasterisée de 2007), les compositions sont globalement de belle qualité même si Man of Our Times et Please Don't Ask, respectivement signées de Rutherford et Collins, font un peu baisser le niveau, et que la version solo, cuivrée et dynamisée, by Collins, de Behind the Lines est finalement plus convaincante que celle du trio.

Album transitoire, un peu le séant entre progressisme moderne et pop/rock grand public, Duke est un pas de plus dans la trajectoire sans cesse évolutive de la formation. Une réussite mineure aussi à laquelle je préfère ce qui suit et précède directement, opinion minoritaire mais assumée.


1. Behind the Lines 5:31
2. Duchess 6:26
3. Guide Vocal 1:35
4. Man of Our Times 5:34
5. Misunderstanding 3:13
6. Heathaze 5:01
7. Turn It On Again 3:50
8. Alone Tonight 3:56
9. Cul-de-sac 5:05
10. Please Don't Ask 4:01
11. Duke's Travels 8:40
12. Duke's End 2:08
Bonus
13. Open Door 3:56
14. Evidence of Autumn 4:58


Tony Banks – keyboards, 12 string guitar, background vocals
Phil Collins – drums, percussion, lead & backing vocals, drum machine
Mike Rutherford – guitars, bass guitar, bass pedals, background vocals
&
David Hentschel
– background vocals

2 commentaires:

  1. Je l'ai pris et j'ai rangé les titres comme tu le proposais? Je verrai bien. Même si je pense me faire d'abord "And then..."

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    1. J'aurais fait pareil. Mais il vaut le coup quand même, ce Duc.

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