vendredi 8 août 2014

Etoile naissante (The Genesis Studio Series 14/15)

Avant-dernier billet de ma série sur les albums studio de Genesis, pas des moindre si l'on considère qu'il s'agit, pour beaucoup, du vrai premier album du groupe, celui où tout prend forme. Et plein de bonus extraits du coffret 1970-75, parce que vous le valez bien !

Genesis "Trespass" (1970)
ou "Pas encore tout à fait tranchant"


Ha, Trespass ! Oubliés les errements psyché-pop d'un premier album dispensable, rétamées les petites chansonnettes de 3 minutes, sorti Jonathan King , producteur, manager, découvreur, et ses ambitions mainstream... Genesis nait à sa nouvelle vie, celle d'un courant tout juste naissant : le rock progressif. Rien que ça, est une excellente nouvelle !
 
Mais il y a en plus d'excellentes chansons où le groupe, plus que de déployer les atours dont il avait fait montre précédemment, fait sa révolution. Les compositions s'en trouvent notablement allongées, le format chanson pop explosé en de précieuses pièces aux multiples développements et la palette sonore dramatiquement élargie. On y trouve aussi, enfin !, un Peter Gabriel ayant trouvé sa voix, et sa voie dans des paroles certes plus cryptiques mais aussi nettement plus intéressantes. Il est, il faut dire, bien secondé par les finesses et emportements de ses quatre condisciples notamment sur un Looking for Someone , un White Mountain ou, bien sûr !, un The Knife n'hésitant pas à sortir l'électricité dans des passages échevelés contrebalançant à merveille quelques douceurs pastorales bien senties. Mais, parce qu'il y a un mais, il n'y a pas encore tout à fait, si fondamentalement tout ce qui fera le Genesis légendaire est déjà présent, ni la précision instrumentale ni le souffle lyrique ni même l'imagination qui feront de Nursery Cryme, de Foxtrot et de Selling England by the Pound les chefs d'œuvre que nous connaissons. Et même The Knife, celui qui se rapproche le plus de ses épiques successeurs se voit handicapé par un guitariste certes talentueux  mais pas exceptionnel, Anthony Phillips, et un batteur qui se contente de suivre la trame du morceau, John Mayhew, c'est particulièrement évident quand on compare la version Trespass à celle du Genesis Live de 1973 où, vraiment, Hackett et Collins apportent leur pierre au glorieux édifice alors largement mené, outre l'évidence Gabriel, par un Tony Banks déjà très sûr de son fait.
Il n'y a pas non plus la mise en son permettant de parfaitement jouir de toutes les finesses et trouvailles du combo, problème d'ailleurs partagé pas Nursery Cryme produit par le même John Anthony qui s'arrêtera là. Problème qui a fort heureusement été largement solutionné dans le remaster définitif de 2008 sur lequel on regrettera simplement l'absence des inédits d'époque disponibles dans le premier Archives et, évidemment, dans le coffret 1970-1975. Un manque qui devient alarmant quand on sait l'intérêt de la bande son avortée Genesis Plays Jackson où les embryons de quelques futures compositions (jusqu'à The Lamb !) s'offrent déjà à nos oreilles ravies.

Trespass, s'il n'est donc pas tout à fait à la hauteur du "vrai" Genesis, est une belle galette progressive, la naissance réelle d'une des formations les plus passionnantes des années 1970 et, logiquement, un opus qu'on recommande chaudement, malgré ses quelques petits défauts parce que c'est ici que commence l'Histoire de Genesis et que ça mérite vraiment d'être écouté... Encore et encore.


1. Looking for Someone 7:06
2. White Mountain 6:45
3. Visions of Angels 6:51
4. Stagnation 8:50
5. Dusk 4:13
6. The Knife 9:00
Bonus
7. Going Out to Get You (Demo '69) 4:55
8. Shepherd (BBC Session) 4:04
9. Pacidy (BBC Session) 5:44
10. Let Us Now Make Love (BBC Session) 6:16
11. Provocation (Demo '70 - Genesis plays Jackson) 4:10
12. Frustration (Demo '70 - Genesis plays Jackson) 3:42
13. Manipulation (Demo '70 - Genesis plays Jackson) 3:49
14. Resignation (Demo '70 - Genesis plays Jackson) 3:01


Tony Banks – organ, acoustic & electric pianos, mellotron (tracks 2, 3, and 4), acoustic guitar, backing vocals
Peter Gabriel – lead vocals, flute, accordion (track 1), bass drum, tambourine, percussion
John Mayhew – drums, percussion, backing vocals
Anthony Phillips – electric guitar, acoustic guitar, dulcimer, backing vocals
Mike Rutherford – bass, acoustic guitar, nylon string guitar, cello (track 2), backing vocals

3 commentaires:

  1. Un signe qui ne trompe pas tout de même: en remontant le temps à partir de "The lamb..." ce disque non plus n'a pas déçu. la partie de guitare de the Knife (dans le live peut-être) était assez nerveux et jouissif, je réalise seulement avec ton article que ce n'était pas steve Hacket, cette manie de peu lire les notes de pochettes.
    Bizarrement l'album précédent, restera inconnu dans mon entourage jusqu'à ce qu'un curieux nous le trouve... Mais c'est pour plus tard

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    1. Pourtant, on entend bien que ce n'est pas Hackett, je trouve. Pas que le solo de Ant Phillips soit mauvais, il est tout à fait correct, juste qu'il manque de la dimension, de la technicité, du souffle lyrique qu'Hackett y a amené en live. La comparaison est confondante.
      L'album précédent, sans trop dévoiler la teneur de mon billet de demain, est tout au plus anecdotique, à réserver aux fans donc, et à ceux qui aiment ce genre de pop si typique de la fin des années 60.

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  2. Plutôt Zorn, qui est bien entamé mais pas tant que ça en fait.
    Et ces vacances ? Prêt pour la rentrée ?

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