mercredi 24 juillet 2013

Gregg à la coule

Gregg Allman "Laid Back" (1973)
ou "Brother's Soul"


Qu'est-ce qui pousse le leader d'une formation connue et reconnue à tenter l'expérience solitaire ? Des envies d'ailleurs, d'autre chose pardi ! Pas que Gregg Allman (des Allman Brothers Band, donc) s'éloigne drastiquement de valeurs roots si chères à sa formation tutélaire, notez, c'est toujours le terreau où croît son inspiration, sur Laid Back il les exploite différemment, tout simplement.

Diparues les jams péri-jazz à rallonge, finies les blues-rockeries aux intenses démonstrations guitaristiques et l'énergie qui va avec, Laid Back, comme son titre l'indique, est un album "à la coule" ou soul, gospel et folk constituent les forces vives, les fondamentaux stylistiques. Forcément, à l'époque, les afficionados des Brothers en furent pour leur frais et leur déception... Pourtant l'album est bon, vraiment bon.

De fait, si vous parvenez à passer outre une pochette d'une rare hideur (pourtant signée Mati Klarwein qui fit mieux sur le Bitches Brew de Miles Davis ou le Abraxas de Santana), c'est à une fort belle collection de chansons que vous aurez à vous frotter avec, en immanquable tête de gondole, une performance vocale aux petits oignons du leader (une de ses toutes meilleures en solitaire, ceci dit en passant) sur un album lui laissant toute la place, tout le loisir de la développer. On a même l'impression que ces chansons décontractées (laid back en VF) ont été conçues pour ça, pour enfin donner pleinement voie à sa voix. Ceci dit, les performances instrumentales ne sont pas tout à fait absentes de l'album, on notera ainsi la grâce du seul "Brother" ici présent, Chuck Leavell dont les discrètes interventions sont absolument à louer. Et que dire des deux guitaristes (les méconnus Tommy Talton et Scott Boyer) si ce n'est que leur art est au diapason d'une galette éminemment réussie. On devrait aussi mentionner le saxophoniste David Newman (ha ! le solo de Queen of Hearts !) mais, à tirer le fil, on finirait par louanger tout le line-up dans une fastidieuse énumération. Fi ! Ils sont tous bons, voilà, c'est dit !

En solo ou en groupe, Gregg Allman a rarement manqué son but. Sur Laid Back, il inaugure une carrière solitaire en dents de scie sous les meilleurs auspice avec ce qui demeure probablement la plus belle réussite d'icelle et la plus belle démonstration du grand vocaliste soul/blues qu'il a toujours été.


1. Midnight Rider 4:28
2. Queen of Hearts 6:17
3. Please Call Home 2:48
4. Don't Mess Up a Good Thing 4:13
5. These Days 3:56
6. Multi-Colored Lady 4:55
7. All My Friends 4:32
8. Will the Circle Be Unbroken 4:49


Gregg Allman – vocals, organ, acoustic guitar
Chuck Leavell – acoustic and electric pianos, vibes
Tommy Talton – acoustic, electric and slide guitars, dobro and tambourine
Scott Boyer – acoustic, electric and steel guitars, electric piano
David Brown, Johnny Sandlin, Charlie Hayward – bass
Buzz Feiten, Jim Nalls – guitar
Paul Hornsby – organ, keyboards, clavinet
David "Fathead" Newman – saxophone
Ed Freeman – strings
Max Cahn, Tony Posk – violin
Bill Stewart – drums
Butch Trucks, Jai Johanny Johanson – percussion
Carl Hall, Hilda Harris, Cissy Houston, Emily Houston, June McGruder, Helene Miles, Linda November, Eileen Gilbert, Maretha Stewart, Albertine Robinson – background vocals

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