samedi 6 juillet 2013

Jean-Claude Vannier, héros (trop) méconnu...

Jean-Claude Vannier "L'Enfant Assassin des Mouches" (1972)
ou "Diptères et psychédélisme"


Qu'une telle merveille ait attendu plus de 30 ans pour se voir publiée, de découvrir que dormaient dans les tiroirs de Jean-Claude Vannier de si fines mélodies dépasse l'entendement. Que cette aeuvre (osons !) magistrale soit enfin disponible pour que le monde s'en délecte n'est, donc, que justice.

Composé, ciselé et finalement enregistré, début 1972, au Studio des Dames avec la crème des musiciens de studio d'alors (dont Claude Angel ou Marcel Azzola, excusez du peu !), L'Enfant Assassin des Mouches prouve aux oublieux l'excellence du compositeur et son importance dans une aeuvre essentielle du répertoire se Serge Gainsbourg : l'Histoire de Melody Nelson (dont Vannier co-composa certaines pistes et arrangea la totalité avec l'auteur). Pas étonnant qu'on retrouve la même « patte » ici et c'est, de fait, presque un prolongement, un univers cousin même si d'autres parfums (jazz et classique contemporain, principalement) y imposent une résolue différence.

Comme Melody Nelson, L'Enfant Assassin des Mouches est un trip psyché-ochestralo-progressivo-pop totalement de son époque et pourtant d'une étonnante fraicheur où, à renfort de chorales, de cordes, de cuivres, de percussion, d'un sens mélodique hors du commun et d'une qualité d'arrangeur qui laisse pantois, Jean-Claude Vannier déroule une musique qui doit autant à Ravel et Strauss qu'à Pierre Henry et Michel Colombier, Burt Bacharach, King Crimson ou les Beatles... Violence et douceur, kitsch et avant-garde s'y côtoient dans un chaotique et pourtant évident « tout » qui ne peut que satisfaire l'amateur de musique exigeante et prospective.

Une réussite cet Enfant Assassin des Mouches (au concept/allégorie pondu par un Gainsbourg inspiré par ce qu'il entendait) ? Indéniablement. Et un peu plus que ça même, une pépite sauvée des eaux qu'on se réjouit d'avoir le loisir d'apprécier et qu'on ne peut que recommander, chaudement.


1. L'Enfant La Mouche Et Les Allumettes 4:22
2. L'Enfant Au Royaume Des Mouches 3:57
3. Danse Des Mouches Noires Gardes Du Roi 3:20
4. Danse De L'Enfant Et Du Roi Des Mouches 2:52
5. Le Roi Des Mouches Et La Confiture De Rose 6:28
6. L'Enfant Assassin Des Mouches 1:52
7. Les Gardes Volent Au Secours Du Roi 6:55
8. Mort Du Roi Des Mouches 3:29
9. Pattes De Mouches 0:51
10. Le Papier Tue-Enfant 2:44
11. Petite Agonie De L'Enfant Assassin 0:31


Jean-Claude Vannier - piano, clavecin, toy piano, bombarde, flûtes, direction
Claude Angel, Denys Lable, Raymond Gimenez - guitare
Tonio Rubio - basse
Pierre-Alain Dahan - batterie
Jean-Pierre Sabar - piano
Marc Chantereau - percussions
Philippe Mathé - percussions, saxophone soprano
Jean-Louis Chatemps - saxophone soprano
Marc Steckar - trombone, tuba
Marcel Azzola - accordéon
Pierre Llinares - bugle, cordes
Jean Gaunet, Ginette Gaunet, Hubert Varon - cordes
Chorale des Jeuneses Musicales de France - chœurs
Louis Martini - direction chorale

 CECI EST UN RECYCLAGE DE L'ANNEE DU DRAGON  

1 commentaire:

  1. Bin mouê, je l'apprécie beaucoup, cet étrange objet, très avant-gardiste pour l'époque et que je rentre dans la catégorie rock progressif (qui ne stagne pas). En accord avec le commentaire (cela arrive des fois ha ha ha) (ma seule différentiation est que je trouve la gainsbourg influence peu présente, le "génie", la force créatrice de Vannier se suffisant à elle-même), je pense que cemusicien/compositeur n'a jamais eu réellement la place qui lui revient, alors qu'en France on s'extasie devant tant de branquignols (mâles et femelles) sans voix ni inspiration (et que la liste est longue...).
    Merci d'avoir exhumé ce que je ne suis pas loin de considérer comme un chef d'oeuvre.

    ps: je me suis toujours posé la question de savoir si les photos de couvertures d' album avec des modèles posant nu, avaient été prise en été ou en hiver!

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